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Seiyô Kibun (ARAI Hakuseki)

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Le Lapin de Clichy
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MessagePosté le: 26 Juin 2007 21:43    Sujet du message: Seiyô Kibun (ARAI Hakuseki)

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Bonsoir, こんばんは、


J'aimerais savoir s'il existe une traduction en français ou en anglais, assez facilement disponible (en bibliothèque ou à l'achat, dans la région parisienne) du Seiyô Kibun (西洋紀聞, Mémoire sur l'Occident) de Arai Hakuseki.

D'après mes recherches, une version anglaise a été réalisée par un missionnaire du nom de S.R. Brown et publiée à Shanghai en 1865-66 dans le Journal of the North China Branch of the Royal Asiatic Society... pas très accessible, vous en conviendrez, d'autant plus que cet ouvrage essentiel n'a visiblement pas été encore numérisé. Confused

J'ai pensé fouiller dans les collections de "La Croix" présentes sur http://gallica.bnf.fr, vu les liens entre Arai Hakuseki et le père Sidotti, mais autant chercher une aiguille dans un bol de râmen. Laughing

Il existe bien une édition du Seiyô Kibun (par Miyazaki Michio, chez Iwanami, 1968), mais je me sens tout à fait incapable de lire un texte aussi long et complexe en japonais du XVIIIème siècle. Auriez-vous des conseils à me donner, des pistes... ?

よろしくおねがいします!
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Le Lapin de Clichy
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MessagePosté le: 21 Jan 2008 21:36    Sujet du message:

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Salut,

Bon, je n'ai toujours pas trouvé d'exemplaire du Seiyô Kibun raisonnablement accessible (en même temps, personne ne m'y a aidé, ni sur ce forum ni ailleurs... Laughing ), mais j'ai tout de même trouvé, un peu au hasard, des informations intéressantes sur Arai Hakuseki et son œuvre dans l'ouvrage suivant : Des lumières et du comparatisme, un regard japonais sur le XVIIIème siècle, par Hisayasu Nakagawa, aux P.U.F. (1992).

Dans ce livre, H. Nakagawa, doyen de la Faculté des lettres de l'Université de Kyôto (Kyôdai 京大) a compilé plusieurs études sur les regards comparés d'auteurs européens sur le Japon, et d'auteurs japonais sur l'univers européen à l'époque d'Edo. Il se penche par exemple sur les premières traductions japonaises du Contrat Social de Rousseau, parues peu avant l'ère Meiji, et sur le problème que pose la transcription de concepts philosophiques nouveaux.

Or dans la seconde partie de l'ouvrage, au chapitre 10 intitulé "L'Encyclopédie et le Japon", Nakagawa se penche particulièrmeent sur le cas de Arai Hakuseki. Ce qui en est dit est suffisamment important pour que je me permette d'en faire une assez longue citation :

Citation:
Mais arrivons au XVIIIème siècle. A cette époque, le christianisme est rigoureusement prohibé, et tous les ports sont fermés aux navires étrangers, sauf celui de Nagasaki où continuent d'accoster des bateaux chinois et hollandais. En cette période où le Japon est presque complètement fermé aux étrangers, les Japonais qui s'intéressent à l'Europe ou au christianisme sont punis sévèrement, souvent de la peine de mort. C'est pourquoi les Japonais d'alors, en général, n'avaient aucune connaissance de l'Europe, hormis des informations superficielles concernant les Pays-Bas. Nous soulignons en général, car un fonctionnaire éclairé qui appartenait au gouvernement Tokugawa a été le seul à avoir, au début du XVIIIème siècle, une vision globale du monde : nous voulons parler d'Arai Hakuseki [...] Les connaissances de cet esprit encyclopédique s'étendaient de l'histoire du Japon à la linguistique, à la géographie humaine, et même à l'anthropologie. Il fut aussi un confucianiste important.

C'est en 1708, année où Hakuseki était lecteur et conseiller politique réformateur de Tokugawa Tsunayoshi, le cinquième shogun, qu'eut lieu l'affaire Giovanni Battista Sidotti, du nom d'un missionnaire italien qui avait débarqué à Yakushima, un ilôt au sud de Kyûshû. Le missionnaire italien fut amené bientôt pour interrogatoire à la prévôté de Nagasaki dans le Kyûshû. Mais l'obstacle linguistique était énorme : l'interprète japonais ne comprenait en effet que le hollandais, et l'Italien ne savait, lui, que l'italien. Sidotti, qui avait eu l'occasion d'être en contact pendant ses quatre ans de séjour dans la colonie espagnole de Manille (septembre 1704 - août 1708) avec des réfugiés catholiques japonais, avait certes quelques rudiments de japonais, mais ceux-ci étant trop insuffisants, on eut recours aux services d'un Hollandais pour s'enquérir, par le truchement du latin, de son identité : d'où il venait, quelle route il avait suivie, dans quel but il s'était rendu au Japon, toutes ces informations furent consignées dans le procès-verbal de la prévôté.

L'année suivante, ayant reçu du sixième shogun Ienobu l'ordre d'interroger Sidotti, qui avait été transféré à Edo (aujourd'hui Tokyo), Hakuseki interrogea quatre jours durant le missionnaire, en s'aidant d'un planisphère reproduit de celui qu'avait établi Matteo Ricci en Chine. Trois interprètes japonais envoyés de Nagasaki leur servaient d'intermédiaires. L'interrogatoire terminé, Arai en présente le rapport au shogun ; mais il n'en continua pas moins ses visites au missionnaire, désireux qu'il était d'approfondir ses connaissances personnelles sur l'Occident. Il compulsa dans le même temps le Recueil des renseignements provenant des Hollandais (Oranda fûsetsu gaki), tous les documents disponibles concernant les procès menés par les prévôtés contre les chrétiens. Il lut enfin les réfutations du christianisme qu'avaient rédigées les missionnaires apostats et les renégats japonais. Le résultat de ces recherches fut consigné dans les Informations sur l'Occident (Seiyô kibun) rédigées en trois volumes en 1715 (révisées en 1724 ou 1725).

Dans le premier volume, Arai raconte l'affaire Sidotti ; le second présente une géographie et une histoire du monde : Europe, Afrique, Asie, Amérique du Nord et du Sud. Le troisième est consacré au christianisme et contient les critiques que formula Arai à son sujet.

Quelles connaissances avait de la France cet encyclopédiste japonais, si l'on peut l'appeler ainsi ? Dans le deuxième volume des Informations, une seule page est consacrée à la description de la Gaule ou de la France. Elle contient la définition géographique de la France, et il y est relaté qu'en 1517, sous la dynastie Ming, un navire français fit escale pour la première fois en Chine. Elle présente aussi toutes les dénominations utilisées dans les pays européens et en Chine pour désigner la France. A la fin du deuxième volume, Hakuseki ajoute en appendice une histoire assez détaillée de la guerre de Succession d'Espagne [...] C'est là qu'on trouve pour la première fois, à notre connaissance, le nom de Paris en japonais :

Au mois de juillet [de "la première année de Shôtoku", à savoir 1711], l'armée hollandaise fait invasion dans le territoire de la France ; elle prend Bushomu [Bouchain] d'assaut, ville située à quarante lieues de Hareisu [Paris], la capitale ; les Hollandais, toujours en collaboration avec les Allemands, combattirent les soldats espagnols.

C'était tout ce que pouvait connaître Hakuseki de la France, au début du XVIIIème siècle. [...]

La description des pays européens dans les Informations est extrêmement sommaire. En outre, comme son œuvre contenait des renseignements sur l'Occident et surtout sur le christianisme, les descendants de Hakuseki, longtemps après sa mort, cachèrent le manuscrit au fond de leur maison. Ainsi régnait-il au Japon, avant le développement des études occidentales, par l'intermédiaire de textes scientifiques hollandais vers la fin du XVIIIème siècle, une ignorance presque complète de l'Europe.


Voilà donc pour les premiers contacts franco-japonais. C'est assez décevant, bien sûr, mais ça montre bien qu'il restait encore beaucoup à faire, au début de l'ère Meiji, pour familiariser les Japonais avec l'Occident. Et encore sous l'ère Heisei, me souffle-t-on à l'oreille... Mr. Green

Il est par ailleurs intéressant, en lisant la suite du chapitre consacré à l'Encyclopédie, de constater que les Français étaient alors relativement mieux informés sur le Japon que les Japonais ne l'étaient sur la France. Attrait de l'exotisme, peut-être, mais le climat intellectuel devait y être pour beaucoup.

Au fait, vous avez noté ? "Paris" est transcrit ハレイス, ce qui reflète la prononciation néerlandaise "Parijs"... J'ai sous les yeux une mappemonde japonaise datant de 1800, assez détaillée, qui porte フランス, バレイス, ベレスト, マルセイルレ (sic)... Smile
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MessagePosté le: 24 Jan 2008 10:51    Sujet du message:

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Mmmmh, j'en doute, personnellement. Cet article du dictionnaire de Bescherelle est particulièrement succint et n'englobe nullement l'ensemble des connaissances qu'un Européen de 1850 (suffisamment riche et instruit, bien sûr Wink ) pouvait avoir du Japon. L'importante correspondance des Jésuites aux XVIème et XVIIème siècles, les voyages de Kaempfer, de Siebold, de Titsingh, de Thunberg, les communications via Deshima ont tout de même permis à l'Europe d'avoir un aperçu raisonnablement précis des institutions, de la langue (penser au dictionnaire et à la grammaire du père Rodrigues, outil très précieux pour les linguistes d'aujourd'hui !) et de la société japonaises.

Au contraire, jusqu'au début du rangaku, la politique de sakoku et, surtout, le tabou du christianisme interdisait aux érudits et au reste des Japonais d'avoir une quelconque connaissance de l'Europe. Le peu d'informations dont dispose Arai Hakuseki, pourtant un personnage d'envergure, en est la preuve, ainsi que les difficultés de traduction rencontrées avec Sidotti.

Bien entendu, cela ne veut pas dire que les connaissances européennes sur le Japon étaient aussi bonnes en 1850 qu'en, disons, 1880. Il y a eu de nouveaux apports après l'ouverture du Japon, et cela n'empêche pas, évidemment, que le paysan européen moyen, en 1700 comme en 1850, devait être à peu près aussi ignorant du Japon que son confrère japonais de l'Europe.... Mr. Green
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