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heian
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 Posté le: 04 Juil 2005 21:18 Sujet du message: Leonard Tsuguharu Foujita
Note du Post : 4.2 Nombre d'avis : 5 |
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Bonjour, voici un post pour vous présenter un artiste que j'apprécie beaucoup dans sa sincérité et son style.
Foujita (l’orthographe n’est pas très orthodoxe… mais passée dans le langage courant) naît en 1886 à Tokyo d’un haut dignitaire de l’armée Impériale et décéde en 1968 à Zurich. Il commence ses études à l’Ecole des Arts de Tokyo, puis arrive à Paris en 1913 où il se lie d’amitié avec Matisse, Soutine, Léger, Derain, Apollinaire etc... Il poursuit ses études et participe au 1919 du Salon d’automne. Ces cinq premières années lui sont très pénibles, partagé entre les nouveaux courants picturaux (Fauvisme, Cubisme et premiers pas de l’abstraction) et les conditions de vie très dégradées par la période de guerre.
En 1917, il monte sa première exposition et se fait remarquer par Picasso, ce qui contribue grandement à lancer sa carrière. Comme tout artiste de l’époque, il passe ses soirées dans les cabarets de Montmartre et fait de nouvelles rencontres d’écrivains et de peintres : Max Jacob, Suzanne Valadon, Maurice Utrillo, Amedeo Modigliani…
Il gère sa vie entre la France, le Japon et les Amériques, souvent en fonction du climat politique. On peut le croiser à Tokyo de 1929 à 1931, puis au Brésil et en Argentine jusqu’en 1933. Après quoi le Japon le fait membre de la Nikakai (Société d’artistes Japonais fondée en 1914, connue aussi sous le nom de Second Division Society, ces divisions faisant référence au classement japonais des expositions artistiques) et participe à différents projets picturaux et festivals.
Encore deux ans à Paris, puis retour à Tokyo sous la menace pressante du nazisme, en 1941, où il est reçu à l’Académie Impériale des Arts et poursuit en parallèle son travail pour la Nikakai. C’est aussi une période de guerre et il réalise plusieurs œuvres décrivant les actions militaires en Chine et en Asie de Sud-Est. Puis retour aux USA en 1949, Paris en 1950, et en 1955, il adopte la nationalité française. Son nom de Léonard lui vient de sa conversion fervente au catholicisme. Il continue son travail sous un angle plus proche de la religion. Sa ferveur, illuminée à Saint-Rémi de Reims, le conduit à construire entièrement une chapelle (Chapelle Notre-Dame-de-la-Paix ou « chapelle Foujita ») à Reims toujours. Il conçoit l’ensemble, des plans jusqu’aux ferronneries, dans un style épuré, se rapprochant de l’art roman, et donc laissant une place importante aux fresques. Il en crée également les vitraux.
Ce qui est frappant chez lui est qu’il ne cherche pas l’avant-garde. Ses tableaux sont tout à fait dans les courants post-impressionnistes. J'y trouve aussi beaucoup de similitudes avec Modigliani, et des allusions à Van Gogh, Renoir ou Caillebotte. Il compose avec beaucoup de sincérité mais ne fait pas avancer son art au même titre que ses contemporains. Ce qui n’est évidemment pas condamnable, mais suffit pour ne pas le classer parmi les très grands que sont Picasso, Matisse ou Modigliani. Très sensible à son entourage, il peint souvent le paysage montmartrois auquel il voue beaucoup d'affection.
Il a également une prédilection pour les portraits
Egalement beaucoup d’autoportaits :
Et des nus :
Il a essayé de mêler son propre héritage culturel aux techniques occidentales. On trouve chez Foujita des aquarelles, des couleurs en demi-teinte, jamais d’explosions et un trait dans le dessin qui rappelle les Ukiyo-e d'Utamaro ou de Hiroshige.
Sources :
http://www.artyst.net/F/Foujita20/Foujita.htm
http://www.artnet.com/library/06/0625/T062500.ASP
Sylvie Buisson : Vie et œuvre de Foujita, ACR, 1987
http://www.ville-reims.fr/contenu/culture/chapelle_foujita.htmaris http://fr.wikipedia.org/wiki/Tsugouharu_Foujita
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"Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l'ouvrir."
P. Dac |
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remuka
7eme Dan
Inscrit le: 22 Sep 2003
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Pays, Ville: Tokyo, Setagaya-ku
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Posté le: 05 Juil 2005 13:56 Sujet du message:
Note du Post : 3 Nombre d'avis : 3 |
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Il fait aussi partie des artistes dont les oeuvres ont été confisquées par les Américains à la fin de la guerre, et qui n'ont pas été visibles par le public pendant une dizaine d'années, en raison d'un contenu fortement marqué par la propagande idéologique. Au fur et à mesure que les Japonais perdaient la guerre du pacifique, ses toiles se firent de plus en plus sombre, et l'idée du sacrifice pour la patrie un des motifs les plus récurrents. Des tableaux comme "Mort lumineuse aux îles Attu" (désolé, pas d'image sous la main) me semblent assez représentatifs de cette manière.
Je recommande la lecture de :
Grenades et amertume - Les peintres japonais à l'épreuve de la guerre 1935-1952 de Lucken Michael - Lien
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eguchi
Ceinture Marron
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Pays, Ville: paris
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Posté le: 25 Juil 2005 17:57 Sujet du message:
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J'ai vu un documentaire japonais que j'aimerais bien voir passer en France, ou il etait demontre de quelle facon il fut enrole de force comme peintre de l'armee et qu'il n'avait pas le choix de ses sujets .
Il etait oblige d'etre un peintre de propagande contre son gre, ensuite quand il voulu se refugier aux etats unis il fut egalement victime du racisme et evidemment designe comme peintre de propagande.
Cette periode contraste enormement avec ses annees d'insouciance et de liberte passees auparavant en France . Ensuite la France l'a accueilli (mais peu connaissent l'intermede de la guerre) et c'est la qu'il decida de devenir catholique et de se faire baptiser.
Je trouve l'histoire de ce type tres touchante, ca vaudrait le coup d'en faire un film.
J'aime beaucoup de qu'il fait aussi. |
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sadako1969
Ceinture Blanche
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Posté le: 26 Aoû 2005 15:21 Sujet du message:
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| oui, c'est très beau. Mes parents qui fréquentaient les milieux artistiques dans les années 50 le croisaient parfois dans les cafés, où il était surnommé "Fouji". il faudra que je demande quelques détails à ma mère. |
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TAMALA
3eme Dan
Inscrit le: 14 Juil 2004
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Points: 7652
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Posté le: 26 Avr 2010 16:21 Sujet du message:
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Je crois que les recherches récentes ont démontré qu'il a eu une réelle conviction patriotique avant et pendant la guerre. L'idée qu'il fut un peintre de propagande contre son gré a été construite après coup pour le réhabiliter.
Cela n'enlève rien à la beauté de ses œuvres ni à son importance dans l'histoire de la peinture du 20e siècle.
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eguchi
Ceinture Marron
Inscrit le: 01 Juil 2004
Messages: 317
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Pays, Ville: paris
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Posté le: 26 Avr 2010 18:59 Sujet du message:
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Bonjour Tamala, pourrais tu citer tes sources? Ca m'interesse.
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nihonga: http://eguchi.over-blog.com/ |
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Le Lapin de Clichy
2eme Dan
Inscrit le: 11 Mai 2007
Messages: 142
Points: 3251
Pays, Ville: Pas à Clichy, mais pas très loin non plus
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Posté le: 26 Avr 2010 21:44 Sujet du message:
Note du Post : 4 Nombre d'avis : 1 |
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| eguchi a écrit: | | Bonjour Tamala, pourrais tu citer tes sources? Ca m'interesse. |
La biographie de Foujita par Sylvie et Dominique Buisson (ACR éditions, 1987) cite des témoignages intéressants à ce sujet. Le photographe Ken Domon dit ainsi que
| Citation: | | "(...) ce n'est pas de son plein gré qu'il a peint des thèmes de guerre. Bien qu'artisan sachant se réjouir de peindre, il arrivait de temps en temps que les tableaux de guerre lui inspirent du dégoût. Il faisait en cachette des petits tableaux de nu ou de nature morte en même temps que les compositions pour l'armée. Quand je les ai découverts, il m'a dit avec un sourire que c'était pour se détendre. On n'avait pas le droit de peindre de tels tableaux." (p. 202) |
Frank Sherman, chargé de la section des beaux-arts et des artistes au sein des services d'information et d'éducation de l'armée d'occupation US et directeur de la maison d'édition Toppan, rapporte à propos de sa première visite à Foujita en 1946 :
| Citation: | | À l'opposé de son père [NOTA : le père du peintre, Tsuguakira Fujita, était médécin et général de brigade dans l'armée de terre impériale. Il était mort en mai 1941, à l'âge de 88 ans], Foujita n'avait jamais réellement été honoré par son pays natal et, quand je l'ai rencontré pour la première fois, il craignait d'être obligé de comparaître comme criminel de guerre comme Goebbels... alors que les travaux qu'il avait exécutés pour les militaires étaient vraiment inoffensifs (c'est réellement le mot qui puisse les qualifier !)" (p. 204) |
Ces deux témoignages ont donc tendance à minorer quelque peu la responsabilité de Foujita en tant qu'artiste de propagande, mais bien sûr, il est difficile de connaître ses propres sentiments à ce sujet. La lecture du texte de Sylvie Buisson suggère :
- que le retour de Foujita au Japon a pu être motivé (en plus du risque d'être arrêté en tant que sujet d'un allié de l'Allemagne nazie ; il quitte Paris le 23 mai 1940) par un sentiment de culpabilité envers son pays natal, trop longtemps négligé, mais aussi par piété filiale envers son père. Il aurait été, comme peintre de guerre, "obligé de tenir un rôle et de le rendre crédible à son corps défendant".
- qu'après la guerre, l'artiste s'est trouvé "entre deux feux", d'où un sentiment d'amertume qui se ressent dans ses oeuvres de l'époque :
| Citation: | | "En avril [1946], la nouvelle ''Association des artistes progressistes'' et son chef Uchida Iwao se rendent chez Foujita pour lui demander d'assumer toute la responsabilité criminelle de la propagande des militaires nationalistes. Alors que pendant la guerre, on avait trouvé que ses peintures n'exaltaient pas suffisamment l'esprit victorieux et la suprématie de l'armée nippone, maintenant, on le tient pour responsable, en tant que chef du groupe des peintres de guerre, de tous les crimes des militaires." (p. 204) |
Pour la thèse de la "sincérité patriotique" de Foujita dont parle Tamala, il faudrait peut-être consulter l'étude de Michael Lucken que recommandait Remuka plus haut.
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猛兎注意 !!! ● |
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TAMALA
3eme Dan
Inscrit le: 14 Juil 2004
Messages: 309
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Posté le: 29 Avr 2010 03:05 Sujet du message:
Note du Post : 3 Nombre d'avis : 1 |
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| eguchi a écrit: | | Bonjour Tamala, pourrais tu citer tes sources? Ca m'interesse. |
Je me fonde sur un compte-rendu d'ouvrage, écrit par Cléa Patin dans le numéro 39 de la revue Ebisu (p. 189-193), au sujet d'un ouvrage en japonais: Hayashi Yôko 林洋子, Fujita Tsuguharu: Sakuhin o hiraku - Tabi, Teshigoto, Nihon 藤田嗣治作品をひらく 旅、手仕事、日本 (A la découverte de Foujita - Voyage, travail manuel, japonité), Nagoya, Nagoya daigaku shuppan kai, avril 2008, 596 p.
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TAMALA
3eme Dan
Inscrit le: 14 Juil 2004
Messages: 309
Points: 7652
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Posté le: 01 Mai 2010 16:51 Sujet du message:
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Pour compléter mon message précédent, voici quelques citations du compte-rendu de Cléa Patin, dont j'ai donné les références:
| Citation: | Dans leurs recherches sur Foujita, les historiens de l'art ont pendant longtemps déploré trois freins majeurs: le tabou jeté sur les peintures de guerre, le contrôle farouche exercé sur les publications par la veuve de l'artiste, Fujita Kimiyo, et enfin, l'inauthenticité supposée ou avérée de certaines toiles. Ces difficultés, surmontables pour certaines, inhérentes à l'incertitude touchant la valeur de l'"art classé" pour d'autres, les ont conduits, dans les années 1980, à se focaliser sur la réhabilitation et le catalogage des collections, avant de s'attaquer à l'aspect le plus polémique de l'œuvre, à savoir les peintures de guerre." (p. 190)
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| Citation: | | Entre 1930 et 1949, Foujita peine à concilier des sentiments contradictoires: une profonde nostalgie pour l'environnement de son enfance, qui le mène à considérer Okinawa comme un paradis perdu, sa volonté d'être reconnu non pour ses succès à l'étranger mais pour son implication active dans le monde de l'art japonais, son élan patriotique - l'assimilation progressive des idées nationalistes le conduisent à produire en un temps record, à la demande officielle de l'armée, plus de 160 toiles de très grand format - et son esprit d'explorateur insatiable. Ces tensions le conduisent à s'engager comme reporter de guerre dans l'armée puis, à mesure que le confit s'intensifie, à durcir son style [...]. Sa relation à l'occupant américain portera les traces d'une même ambiguïté: reconnu outre atlantique pour son rôle au sein de l'école de Paris, mais discrédité comme peintre de guerre, il gagne New-York en 1949 sans parvenir à y faire sa place, et "rentre" définitivement à Paris, en 1950. (p. 193) |
Le compte-rendu dont je cite ici des extraits (et donc également, je suppose, l'ouvrage d'Hayashi Yôko dont il rend compte) est remarquablement nuancé et intelligent. Je n'ai cité que les passages faisant allusion directement à la question du patriotisme, mais le reste de l'article aborde d'autres aspects de Foujita: son cosmopolitisme, l'évolution de sa technique, etc.
Cléa Patin se réfère également au livre de Lucken déjà signalé par Remuka, Grenades et amertume.
Ca n'a rien à voir avec tout cela, mais j'en profite pour signaler qu'il y a deux grandes peintures murales de Foujita dans le grand salon de la Maison du Japon, à la Cité Internationale Universitaire de Paris (CIUP).
http://maisondujapon.cool.ne.jp/j_maison_du_japon.htm
J'ai eu la chance de les voir l'année dernière. Elles sont superbes.
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Sky_of_September
Ceinture Orange
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