[le sourd]

jeudi 13 novembre 2003, 13h01

Le Japon renonce à envoyer des soldats en Irak

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TOKYO (AFP) - Le gouvernement japonais a renoncé, au moins dans l'immédiat, à envoyer son armée en Irak après le sanglant attentat de Nassiriyah, une décision qui survient à la veille d'une visite, le week-end prochain, à Tokyo du secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld.

"Si la situation permettait aux Forces d'auto-défense (FAD, l'armée japonaise) de participer (à la mission en Irak), elles pourraient s'y rendre à tout moment. Malheureusement, nous ne sommes pas dans une telle situation", a reconnu jeudi le porte-parole du gouvernement Yasuo Fukuda. Pourtant, mercredi, le même porte-parole avait réitéré la volonté des autorités japonaises de dépêcher un petit contingent militaire en Irak d'ici la fin de l'année.

M. Fukuda a estimé jeudi que la situation était "changeante" en Irak, en récusant les accusations de volte-face. Des informations contradictoires ont circulé ces derniers jours à Tokyo sur un éventuel report de l'envoi de soldats japonais en Irak, illustrant l'embarras des autorités confrontées à une opinion publique hostile à l'occupation américaine. Les troupes japonaises étaient censées se rendre à Bagdad et dans le sud de l'Irak, à Bassorah et à Samawa, non loin de Nassiriyah, selon la presse japonaise.

Le Premier ministre Junichiro Koizumi a souligné que le Japon restait décidé à aider à reconstruire l'Irak "à condition que la situation le permette". "Nous ne pouvons pas baisser les bras à cause du terrorisme. La reconstruction en Irak est un problème qui concerne l'ensemble de la communauté internationale", a-t-il dit en réagissant à l'attentat de Nassiriyah. L'attentat au camion piégé, mercredi, a fait 27 morts, dont 18 Italiens. Le gouvernement japonais avait prévu de dépêcher une première mission de reconnaissance de 150 soldats dans le sud de l'Irak, en principe le mois prochain, pour préparer l'arrivée d'un corps expéditionnaire de 600 à 700 hommes en janvier. Prévu initialement en novembre, ce déploiement des FAD avait déjà été ajourné par le cabinet après les attentats meurtriers perpétrés contre le siège de l'ONU à Bagdad en août.

L'envoi de l'armée japonaise en Irak constituerait une première, d'une grande portée symbolique, la Constitution pacifiste du Japon promulguée en 1946 lui interdisant de participer à des opérations de sécurité collective. Le Parlement avait d'ailleurs dû voter, en juillet, une loi spéciale autorisant l'expédition d'un millier de soldats en Irak pour des missions humanitaires, logistiques et médicales. Toutefois, celle-ci interdit l'envoi de troupes dans des zones de combat. De fait, si le Premier ministre japonais s'est personnellement engagé aux côtés des Américains en Irak, fidèle à une alliance privilégiée, il est contraint à la prudence sur ce dossier ultra-sensible. Il est soucieux de ne pas froisser l'opinion --près de 60% des Japonais seraient opposés à la décision de dépêcher des troupes en Irak-- et doit aussi tenir compte des sensibilités de son principal partenaire gouvernemental, le Komeito, parti bouddhiste et résolument pacifiste.

M. Rumsfeld est attendu vendredi au Japon et doit rencontrer le lendemain le ministre de la Défense Shigeru Ishiba. Il visitera aussi les deux principales bases américaines au Japon, Yokosuka (près de Tokyo) et Okinawa (sud). L'Irak et la Corée du Nord sont au menu des entretiens. Lors de la visite du président George W. Bush le mois dernier à Tokyo, M. Koizumi avait promis une aide financière de 5 milliards de dollars en faveur de l'Irak jusqu'en 2007, soit l'enveloppe la plus généreuse après les Etats-Unis.

[semioden]

les américains veulent semble-t-il , importer de la chair à explosif ?

[eve]

Bizarre ca. Est-ce la pression de la population qui aurait gagné ? Non, quand même pas... Il a du se passer un truc dans les hautes sphères qui les a fait changer d'avis...

[ElieDeLeuze]

On se demande tous quelle mouche a bien pu piquer Y. Koizumi, de faire annoncer au lendemain des élections, que le Japon n'enverra pas de troupes armées (d'une armée qu'il n'a pas, selon la contitution), et qu'il n'y aura donc pas d'opération de logistique ou humanitaire japonaise en Irak.

Je ne peut m'empêcher de rappeler à tous que cet exploi en communication contradictoire se déroule sous fond de crise nippo-nordcoréenne. Je ne parle pas seulement des têtes nucléaires supposées de Kim Jong-Il, mais aussi de la guerre diplomatique sur les rapts de Japonais par les hommes de main de ce même Kim. En faisant le lien entre l'Irak et la Corée du Nord, d'un point de vue japonais, le point commun, c'est l'Amérique. Celle de Bush, s'entend.

Ainsi nous souvenons-nous que les velléités nipponnes en Irak firent suite à la visite de ce même Bush qui avait garé sa limousine sur le même lotus que Koizumi. Connaissant cette Amérique-là, je comprends l'angoisse des Japonais, qui veulent à tout pris éviter le conflit ouvert en force avec les Nordcoréens. Lors de cette rencontre au sommet, on peut très bien s'imaginer que les affaires se sont réglées entre amis: D'un côté un Japon qui envoie un joli chèque pour l'Irak, cadeau diplomatique livré avec le sourire et en uniforme, et de l'autre côté, des Etats-Unis qui laissent le Japon gérer la crise Nordcoréenne afin d'éviter à Bush de recevoir les foudres de son opinion publique, et aux Japonais de recevoir des missiles dans leur soupe au miso.

Avec leur annonce de retrait, avant même d'avoir envoyé le moindre samouraï, les Japonais sautent sur le premier prétexte qui passe pour assurer leurs arrières dans leur opinion. Car un mort Japonais dans une mission à l'étranger signerait la condamnation à mort de la future armée japonaise régularisée dont Koizumi rêve. L'enjeu n'est pas l'Irak, dont le Japon n'a que faire, et n'est qu'à moitié la relation avec les Etats-Unis: c'est plutôt une prudence inhérente à la préparation de l'opinion nationale et internationale à une réforme constitutionnelle sur l'armée.

J'ai l'air d'ironiser sur ce projet de moins en moins caché en critiquant: c'est une illusion. Je me moque, certes, un peu de ces manoeuvres assez transparentes, mais l'idée même de normaliser la position du Japon sur la scène internationale remporte, en fait, mon suffrage. Ce qu'il adviendra d'un Japon un peu plus libre de sa défaite de 1945, seul l'avenir le montrera, car moi, je n'en sait rien.

[dju]

[Lp]

Le vent tourne, les elections US sont tres proches, moin d'un an et Bush est sur le rush de sa campagne.

Un desengagement precipite de l'US s'est fait sentir cette semaine, alors pourquoi les japonais iraient-ils combattre ou meme preter assistance pour une mission condamnee d'avance ?

La situation est hors de controle, l'administration Bush est en echec en Irak comme de nombreux specialistes l'avaient predis, l'administration Koizumi se retrouve piegee dans sa position "suiviste" jusqu'au "boutisme" et les recentes elections ont montre un veritable changement de tendance au sein de la classe politique japonaise.

Les USA resteront cependant un puissant allie des nippons, mais un desir d'independance se fait sentir quand a la politique exterieure, notamment la presence du Japon en tant que veritable puissance pouvant influencer le cours des evenements.

[jolan]

Tout a fait d'accord avec Lp, les choses ont changes en l'espace de tres peu de temps. Mais ce qui predomine, c'est toujours ce sentiment doux-amer de "ca va aller mieux", "ca peut pas etre pire", comme si les gens ne realisent pas ce qui se trame reellement... Et puis un jour, Bim! tout va nous tomber dessus! Alors il faudra plus faire semblant d'ouvrir les yeux, et esperer que ce ne sera pas trop trop tard (le trop en plus est volontaire). En France on a deja eu ce genre de choses (Elections 2002), mais dans un contexte global comme celui la, ca devient franchement inquietant...