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"Thatchériste nippon", le chef du gouvernement a fait de l'Archipel un pays à deux vitesses

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eve
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MessagePosté le: 12 Nov 2003 23:30    Sujet du message: "Thatchériste nippon", le chef du gouvernement a fait de l'Archipel un pays à deux vitesses

 Note du Post : 4.5   Nombre d'avis : 2
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Une analyse de l'action gouvernementale sur l'emploi, au lendemain des éléctions...
_____________________________

ANALYSE
"Thatchériste nippon", le chef du gouvernement a fait de l'Archipel un pays à deux vitesses

LE MONDE | 10.11.03
Disparité et précarité de l'emploi sont à la hausse, la protection sociale s'effrite.
Tokyo
de notre correspondant

La plupart des analystes attendent peu de changements des grandes orientations de la politique économique après la victoire de la coalition conservatrice aux élections législatives de dimanche 9 novembre. Et c'est bien le problème. Excepté la poursuite de ses "réformes structurelles" (privatisation de la poste et des régies des autoroutes), le premier ministre, Junichiro Koizumi, n'a guère proposé de mesures concrètes pour remédier à la déflation qui grève les bénéfices des entreprises et encourage les réductions d'emplois. Son second mandat s'annonce moins facile que le premier, en raison d'une situation sociale qui s'aggrave.

Le redressement économique de ces derniers mois, qui devrait se traduire par une croissance annuelle de 2,5 %, place, certes, le Japon dans le peloton de tête des pays dont l'économie est en expansion. Il dope également le marché boursier. Mais les sondages indiquent que les Japonais restent inquiets pour l'avenir.

Les deux années écoulées - celles du gouvernement Koizumi - ont été les dernières de la crise "molle" à laquelle est confronté le Japon depuis l'éclatement de la "bulle" spéculative, au début des années 1990. Une situation amortie par la richesse accumulée et des atermoiements politiques qui, en constituant des freins aux recettes néolibérales, ont contribué à préserver la cohésion sociale. Mais cette crise touche à sa fin et la presse insiste sur l'urgence à prendre en compte la gravité de la situation.

Alors que la croissance des années 1960-1980 tirait quasiment l'ensemble du pays, c'est un Japon à deux vitesses qui apparaît aujourd'hui. Les bonnes nouvelles à la Bourse concernent quelque 5 000 entreprises du secteur manufacturier, phares de la prospérité certes mais qui n'emploient guère plus de 10 % du salariat et sont à l'origine de 19 % du produit intérieur brut. Leurs profits augmentent, mais ceux de la plupart des petites entreprises diminuent. Sur le plan social, les disparités s'accentuent, notamment sur les salaires et le niveau d'éducation. Et les discriminations augmentent. Les poches de pauvreté extrême, plus voyantes, restent néanmoins circonscrites. Mais le sentiment de la majorité d'appartenir à une vaste classe moyenne qui prévalait dans les années 1960-1980 a fait long feu.

Les ménages à revenu intermédiaire sont les principales victimes de la stagnation. Les hauts revenus sont, en revanche, peu touchés, comme en témoigne la poursuite de la consommation de produits de luxe. Le taux de chômage (5,1 %) reste en outre élevé pour le Japon et le nombre des travailleurs précaires a augmenté (10 millions si on inclut les femmes, dont 4 millions de jeunes, qui vivent de petits boulots).

Il y a, certes, dans les grandes villes, une offre de travail qui permet à beaucoup de se débrouiller. Mais, en province, des régions sont sinistrées par les délocalisations et, partout, nombreux sont ceux qui puisent dans leur épargne pour combler la diminution généralisée de revenu disponible. Le taux d'épargne des ménages, longtemps le plus élevé du monde, a baissé, passant de 11 % en 1998 à 6,6 % en 2002.

La stagnation économique, conjuguée au vieillissement (qui entraîne une baisse de la population active), est devenue la préoccupation majeure de l'opinion, inquiète du chômage et de l'avenir du financement des retraites.

La politique du gouvernement n'apaise guère ces inquiétudes : ses "réformes structurelles" (privatisation des autoroutes et de la poste) visent à redresser les finances de l'Etat, lourdement endetté, mais non à dégager le pays de l'ornière. A part une réduction du montant officiel des mauvaises créances des banques (- 15 % en mars) et une diminution des dépenses publiques, le bilan économique du gouvernement Koizumi est maigre. Et beaucoup d'économistes estiment qu'il est erroné de mener une politique de réforme structurelle en période de dépression cyclique. Ils suggèrent plutôt un programme de lutte contre la déflation.

L'actuel redressement de la conjoncture - le troisième en dix ans - n'est pas dû à des mesures fiscales ou à un plan de relance. Il est le fruit des restructurations du secteur privé et des performances à l'exportation sur des marchés actuellement porteurs (Etats-Unis et Chine). Cette reprise dépendante de l'étranger est fragile.

Le gouvernement continue toutefois à demander aux Japonais des "sacrifices". Ils étaient prêts à les consentir lorsque M. Koizumi est arrivé au pouvoir, porté par une vague d'espoirs de changement. Mais, deux ans après, l'opinion ne sent guère les effets supposés récompenser les efforts qui lui ont été demandés : le chômage persiste, la précarisation de l'emploi s'accroît, la protection sociale s'effrite.

Tout le monde est d'accord sur le constat. Le "modèle" des années 1960-1980, qui a permis de hisser l'Archipel à la deuxième place de l'économie mondiale, est dépassé. Il résultait d'équilibres socio-économiques que l'éclatement de la bulle financière et la mondialisation ont rendu obsolètes. Mais l'alternative se fait attendre. Après avoir suscité un certain engouement, les recettes néo-libérales ont montré les limites du tout-marché. Une partie du secteur privé s'est restructurée (délocalisations, réduction des effectifs, flexibilité du travail, augmentation des travailleurs temporaires), aux dépens de l'emploi. L'absence d'un réel projet de société nourrit désormais une inquiétude sourde, qui est à l'origine de la résistance diffuse aux réformes et qui pèse sur la consommation. Et le gouvernement n'accompagne guère les efforts de restructuration du secteur privé par une politique de bien-être social susceptible de rassurer les Japonais.

C'est pourquoi certaines personnalités du monde des affaires, soutien traditionnel du Parti libéral-démocrate au pouvoir, ont pour la première fois soutenu l'alternance. Les patrons les plus progressistes y voient une chance de réactiver l'intérêt pour la politique et de mettre en place un projet de "société de bien-être" destiné à enrayer les phénomènes d'exclusion. Une politique de compensation sociale menée avec succès par le PLD en période de forte croissance et qui lui avait permis de désamorcer les crises et de maintenir une certaine stabilité sociale que le thatchérisme de Junichiro Koizumi, en accentuant les disparités, est en train d'entamer.

Philippe Pons

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 11.11.03

http://www.lemonde.fr/web/recherche_articleweb/1,13-0,36-341367,0.html
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Lp
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MessagePosté le: 13 Nov 2003 02:20    Sujet du message:

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Mr Pons une nouvelle fois nous fait part de ses analyses toujours tres justes et bien referencees, cependant les structures japonaise sont tres loin de fonctionner de la meme facon que celles existantes en Europe et aux USA.

Le travail constitue l'un des pilliers de la societe, la majorite de la population est certes attiree par le bien etre mais par l'effort, par l'investissement en temps sur un projet de carriere, et dans la majorite des cas ca marche.

Sans les efforts de chaque individu le Japon ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui, les crises conjucturelles ne viendront pas a bout d'un systeme elles le feront evoluer et je pense que Mr Koizumi n'est pas la personne qui a compris cette tendance, il ne fait que gerer un espoir depasse, hors des conditions actuelles.

Les reformes sans une veritable vision ne meneront nulle part, la politique japonaise a atteint ses limites bien avant 1988, elle s'est arretee au traitee de redition en 1945 et depuis n'a evoluee que vers une societe d'autogestion dirigee par les grands groupes prives qui se sont substitues a l'etat au fur et a mesure des annees. (emploi a vie, carriere ou l'anciennete est au coeur du systeme, prime en tout genre, etc, etc...)

La societe japonaise evolue mais en dehors des debats politique qui ont finis par lasser une population deja tres mefiante vis a vis de ce corps tres peu en ecoute envers elle, en preuve en est, recemment le profond desaccord de la population sur le dossier irakien, Mr.Koizumi est passe outre la voie de ses concitoyens amplifiant le fait que la politique japonaise n'existe pas.
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