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On a deja parlé de cet expo, en voici un commentaire :


Bon-jour-a-mi-hu-main-ser-rons-nous-la-pince

ADEN | 04.11.03

A la maison de la Culture du Japon, le cycle "Hommes et robots" propose toutes une série de projections, colloques et rencontres pour se familiariser avec l'univers des êtres de fer et de boulons.
Les robots sont partout. Et pis que tout, ils sont insoupçonnables. La preuve : dans l'exposition Fantaisies cybernétiques, qui constitue l'un des temps forts du cycle "Hommes et Robots" à la maison de la Culture du Japon - qui propose en outre jusqu'à fin janvier projections, colloques, et rencontres autour de ce thème -, le visiteur non averti peut avoir cette désillusion : il ne voit de robots nulle part. Les seuls bipèdes visibles dans les vastes salles ne sont pas des droïdes à peau de métal, mais des êtres humains tout comme lui.

Les vrais robots, les robots en chair et en os - pardon, en fer et en boulons -, on pourra les voir au sous-sol, au cours de démonstrations (du 19 au 22 novembre). En attendant, même si nous ne le savons pas, nous sommes cernés. On devine leur présence dans le programme informatique des postpets, dont une nuée d'enfants se disputent le plaisir de l'entretien. Il s'agit de prendre soin, via la souris d'un ordinateur, de petites créatures informatiques "vivant" dans notre boîte à e-mails (si l'on omet de les nourrir, elles peuvent refuser de délivrer les messages). Il y a aussi ce dispositif étonnant qui mesure en microvolts les réactions d'orchidées dans une serre. Ou encore ce système électronique grâce auquel, après avoir inscrit notre date de naissance et notre date de mort fictive, on voit défiler le nombre de secondes déjà vécues et celles qui nous resteraient à vivre. Curieusement, cette installation amuse beaucoup plus les enfants que leurs parents : un petit garçon de 6 ans prévoit en rigolant sa mort pour la mi-novembre, tandis qu'à côté de lui sa mère s'angoisse : "Bien sûr que non, dit-elle, que tu ne mourras pas dans dix jours."

Au fil des salles, on apprend l'origine tchèque et théâtrale du mot "robot", de robota, signifiant " corvée ". Ou bien que le tout premier robot japonais, construit en 1928 avec les yeux d'un Européen, les lèvres d'un Africain, les joues d'un Asiatique et les cheveux d'un Amérindien, pouvait esquisser un sourire. Ou encore qu'il existe à présent des sortes de tamagocchis qui, accrochés au cou d'un chien, traduisent en sentiments ses divers aboiements.

Oeuvres cybernétiques et documents vidéo illustrent ainsi la conception particulière qu'ont les Japonais des robots. Comme l'explique le critique d'art Takashina Shûji, les habitants de l'archipel ont "de tout temps considéré les animaux, les plantes, mais aussi les objets usuels inanimés comme des êtres dotés de sentiments, à la manière des humains". Cette vision animiste du monde, mêlée à leur savoir-faire technologique, font que les Japonais considèrent le robot comme un allié, et même comme un ami. Une perception que l'on retrouve dans le concept de "robots de compagnie" tels que les chiens Aibo, ou dans différents films d'animation, d'Astroboy au Valeureux Raideen (qui seront projetés à la maison de la Culture du Japon à partir du 6 novembre).

Cette vision diffère radicalement de celle des Occidentaux, pour qui l'être humain seul est capable de sentiments, et pour qui les robots, conçus dans le but de servir l'homme, sont potentiellement menaçants. Ce qui explique peut-être le ton de vague inquiétude qui pointe dans la voix d'une visiteuse : "Encore quelques années, et on sera dans Star War."

Orianne Charpentier

Hommes et Robots à la maison de la Culture du Japon, 101 quai Branly, Paris 15e, 01 44 37 95 01. Rens www.mcjp.asso.fr.
Exposition Fantaisies cybernétiques, jusqu'au 31 jan du mar au sam de midi à 19 h, jeu jusqu' à 20 h ; 5 €, tarif réduit 3 €. Projections de films du 6 nov au 24 jan, les jeu, ven, sam à 14 h et 16 h 30 ; 4 €, tarif réduit 3 € (certaines projections sont gratuites). Démonstrations de robots du 19 au 22 nov, mer et sam à 14 h, 16 h 30 et 19 h, jeu et ven à 16 h 30 et 19 h. Colloques les 13 déc et 15 jan.

http://www.lemonde.fr/web/recherche_articleweb/1,13-0,36-340740,0.html