MIHAMA (Japon) (AFP) - L'opérateur de la centrale nucléaire de Mihama (centre) a avoué mardi l'insuffisance de ses inspections de sécurité, et en particulier l'absence de contrôles efficaces depuis 28 ans sur un conduit de vapeur non radioactive dont la rupture a fait quatre morts lundi.
Kansai Electric Power Company (KEPCO), société privée cotée en Bourse qui gère la centrale de Mihama, a admis que la canalisation qui a explosé lundi vers 15H30 (06H30 GMT) ne correspondait plus du tout aux normes de sécurité. La paroi du conduit ne faisait plus que 1,4 mm, nettement en dessous des 4,7 mm requis, a reconnu un porte-parole de KEPCO, Haruo Nakano.
"Nous avons effectué des inspections visuelles mais jamais par ultrason" depuis 1976, a-t-il admis. Les tests ultrason ne sont pas obligatoires même s'ils sont les seuls à pouvoir déceler une corrosion interne.
La vapeur échappée de la canalisation n'était pas radioactive mais atteignait une température de plus de 140 degrés, selon KEPCO.
"Nous sommes responsables", a ajouté le directeur du contrôle de la qualité, Koji Ebisuzaki, lors d'un point presse tenu à Mihama, à 350 km à l'ouest de Tokyo.
Sept employés restaient hospitalisés mardi dans la préfecture de Fukui, où se trouve Mihama. Deux étaient dans un état critique, dont un homme brûlé sur 80% du corps et ne respirant qu'à l'aide d'un appareil, ont précisé les autorités hospitalières.
L'accident est le plus meurtrier de l'histoire nucléaire du Japon. Intervenant après une longue série d'incidents moins graves, il a relancé les doutes sur les mesures de sécurité prises par les dix sociétés privées qui gèrent la cinquantaine de centrales nippones.
"Etaient-elles au point à la centrale de Mihama?", se demande le quotidien Yomiuri Shimbun (conservateur). La presse fait ainsi ses manchettes avec le chiffre "1,4" (millimètre) en référence à l'épaisseur de la paroi de la canalisation qui a explosé.
L'Agence pour la sécurité nucléaire et industrielle, qui a lancé sa propre enquête en plus de celle de la police, se focalisera sur ce problème, a indiqué à l'AFP Michio Yamaguchi, un responsable de l'Agence.
"Nous n'avons pas encore tiré nos conclusions mais c'est une des possibilités", a-t-il dit.
Quant à l'enquête policière, un porte-parole de la police locale a refusé de confirmer des informations de presse selon lesquelles une inculpation formelle pour incurie était en préparation contre KEPCO.
Le vice-président de la centrale de Mihama, Akira Kokado, a admis que l'accident allait miner la confiance dans une source d'énergie d'un peuple ayant subi des bombardements atomiques.
L'accident de Mihama a coïncidé avec le 59e anniversaire du largage de la seconde bombe atomique sur Nagasaki, le 9 août 1945.
"Nous espérons restaurer la confiance en enquêtant sur la cause de l'accident et en réexaminant les procédures d'inspection", a déclaré le vice-président.
L'association Greenpeace a appelé le Japon à "fermer son industrie nucléaire", prédisant d'autres accidents.
"Le résultat de l'enquête pourrait déterminer le cours de la politique nucléaire japonaise à l'avenir", assure le quotidien Mainichi Shimbun (libéral). Le Japon est le troisième producteur mondial d'énergie nucléaire, après les Etats-Unis et la France, selon l'Agence pour l'énergie nucléaire (AEN), basée à Paris.
L'accident ne compromet cependant pas la candidature japonaise pour le projet international de réacteur de fusion Iter, également voulu par la France, assure un responsable du Bureau de la fusion nucléaire au ministère des Sciences. "Il n'y a strictement aucun rapport", a déclaré à l'AFP Takashio Hayashi.
TOKYO (AFP) - Les autorités japonaises ont ordonné mardi aux compagnies énergétiques du pays de vérifier leurs installations nucléaires, au lendemain de l'accident à la centrale de Mihama (centre), qui a fait 4 morts et 7 blessés après une fuite de vapeur non radiocative.
L'Agence gouvernementale pour la sécurité nucléaire et industrielle a donné cet ordre après que l'opérateur de la centrale de Mihama eut avoué l'insuffisance de ses contrôles de sécurité.
La Kansai Electric Power Company (KEPCO) a notamment admis que la canalisation qui a explosé lundi vers 15H30 (06H30 GMT) ne correspondait plus du tout aux normes de sécurité. La paroi du conduit ne faisait plus que 1,4 mm, nettement en dessous des 4,7 mm requis, a reconnu un porte-parole de KEPCO, Haruo Nakano.
En conséquence, l'agence gouvernementale a déclaré que son enquête sur l'accident allait se concentrer sur l'épaisseur de cette paroi.
La police de la préfecture de Fukui, où se trouve Mihama, a pour sa part annoncé qu'une centaine d'agents enquêtaient sur cet accident.
La Société électrique du Kansai (KEPCO) a indiqué vendredi qu'elle avait détecté une petite fuite d'eau radioactive dans sa centrale nucléaire de Mihama (centre du Japon) où un grave accident a fait cinq morts le mois dernier.
Le niveau de radiation n'est absolument pas dangereux, a assuré KEPCO.
C'est jeudi soir que la compagnie a découvert un demi-litre d'eau radioactive ayant fui d'une unité de refroidissement du réacteur No 1 de la centrale, fermé depuis le début du mois. Une enquête a été ordonnée.
Selon le porte-parole de KEPCO, cette fuite n'a aucun rapport avec l'accident survenu début août. Le 9 août, de la vapeur non radioactive s'était échappée d'une canalisation qui avait rompu à la suite, vraisemblablement, d'une importante corrosion, provoquant la mort par brûlures de cinq employés.
Au lendemain de l'accident, le plus meurtrier de l'histoire du nucléaire nippon, KEPCO avait admis ne pas avoir correctement inspecté depuis 28 ans cette canalisation. Plusieurs enquêtes sont en cours, notamment pour déterminer si l'opérateur a fait preuve d'incurie.
comme quoi ils ont pris conscience de l'accident d'Août.....
Moi je suis abasourdi quand je vois un pays comme le Japon être autant à "l'arrache" ,(escuser moi de l'expression), au niveau sécurité et maintenance de ces centrales nucléaires...
ok leur train n'a que "40 secondes" de retard sur un an, mais ne serait-il pas plus préférable d'avoir une meilleure sécurité dans les centrales?.....
Il faudrait en parler aux familles de victimes....( paix à leurs âmes)
PS: désolé de m'emporter mais il y a un peu de quoi, "28 ans sans inspection correcte"......cette phrase me laisse "rêveur" _________________ "Ni Dieu, ni maître."
PS: désolé de m'emporter mais il y a un peu de quoi, "28 ans sans inspection correcte"......cette phrase me laisse "rêveur"
C'est la même qui m'a fait bondir !! Comment peux t'on dire que tout va aller mieux si la maintenance n'a aucune existance. Certes, je ne connais pas le budget de la centrale, mais il me semble qu'une partie de celui devrait être prévu pour la maintenance. C'est une des condition pour que cela fonctionne correctement. Sans elle, rien de bon ne se passe.
Je connais par expérience, un lieu PUBLIC en France, où avant qu'il y ait eu un gros problème, la maintenance était inexistante. Bons nombre de luminaires n'était pas remplacé alors que HS. C'est grave. Ce n'est qu'un peit exemple, mais je suis sur que la maintenance, même en France et dans tous les autres pays, non je ne parlerai pas de la Russie et autres pays ex-soviétiques (quand je pense qu'on refait un blocaus en béton au dessus de Tchernobobyl et cela pour la fin des temps ... ), est juste là pour faire beau. Ce budget est souvent coupé et le plus souvent, les personnes qui doivent le faire n'ont aucun matériels et moyens de la faire.
De toute façon, quand on parle de nucléaire, que ce soit civil ou militaire, tout va bien, il n'y a pas à s'inquièter. Le nucléaire est plein d'ombre où personne ne nous laisse allumer la lumière. C'est dommage, c'est la vie de la planète qu'on met en jeu (je tiens à préciser que je ne fais pas parti des écolgistes qui crient à l'infamie à cause du nucléaire, je suis pour bien au contraire, mais il y a des limites quand même).
Pour rebondir sur le sujet, voici un article proposé dans le Courrier International de cette semaine (n°733-18 novembre) qui met en rapport la sécurité des centrales nucléaire japonaises et les conséquences à leurs (in)capacité à résister aux catastrophes naturelles.
Fuse
JAPON - Si un séisme déclenche une tragédie nucléaire…
Le récent tremblement de terre de Chuetsu a rappelé la vulnérabilité du pays. Certains sites nucléaires semblent particulièrement menacés – et menaçants.
DE NAGOYA
La salle des commandes est fortement secouée. Tout le personnel est projeté à terre. La pression à l’intérieur de l’enceinte de confinement augmente, et les fissures provoquées par deux secousses successives s’élargissent. Une forte radioactivité s’échappe dans l’atmosphère. Les habitants des localités voisines reçoivent l’ordre de se réfugier dans de grands immeubles, plus étanches, mais la quasi-totalité des édifices de la préfecture de Shizuoka ont été endommagés par le séisme. Telle est la trame terrifiante de Shinsai Retto [L’Archipel aux catastrophes sismiques], un roman publié en octobre sur deux tremblements de terre quasi simultanés, l’un dans la région de Tokai, l’autre au sud de To-nankai, frappant la centrale nucléaire de Hamaoka. Son auteur, Akira Ishiguro, médecin, se passionne pour la géologie. Son précédent roman, Shito Nihon [Le Japon en ruine], qui imaginait l’île de Kyushu dévastée par des écoulements pyroclastiques [un mélange brûlant de gaz volcaniques, de vapeur d’eau et de particules solides], avait reçu une critique élogieuse des vulcanologues et des spécialistes de la prévention des désastres. Caractérisé par une description réaliste, le dernier en date, écrit sur la base d’enquêtes de niveau professionnel, a lui aussi été bien accueilli par les milieux autorisés.
Le nombre de morts serait de 1,76 million de personnes
La catastrophe décrite par Ishiguro – l’irradiation de 2,2 millions de personnes – ne peut malheureusement être perçue comme une simple fiction. Selon la Commission d’étude gouvernementale sur les séismes, la probabilité d’un tremblement de terre de magnitude 8 à proximité de la centrale de Hamaoka au cours des trente prochaines années s’élève à 84 %. “Si l’on en juge par la probabilité du séisme et la magnitude prévue, il n’existe pas au monde de centrales aussi menacées”, affirme Kiyoo Mogi, ancien président du Comité de coordination pour la prévision des séismes et professeur honoraire à l’Université de Tokyo.
A ce genre de remarque, la compagnie d’électricité Chubu Electric Power répond que la centrale a été construite en vue de résister à un séisme de magnitude 8,5, un chiffre supérieur à celui prévu par la Commission gouvernementale. Mais ces affirmations sont-elles vraiment fondées ? Certaines révélations nous permettent d’en douter. On a par exemple appris que plusieurs rapports d’inspection avaient été falsifiés et que du sable et du gravier susceptibles de provoquer une réaction alcaline dans la structure métallique avaient été utilisés pour la construction du réacteur n° 4. Cette réaction constitue ce qu’on appelle le “cancer du béton” : certains minéraux contenus dans ces matériaux provoquent une dilatation en réagissant avec les composants du ciment, ce qui provoque des fissures dans le béton et, bien entendu, réduit la résistance de l’ouvrage.
La falsification des rapports a été dénoncée par un ancien employé du fournisseur de sable impliqué dans l’affaire. “D’après nos calculs, il n’y a pas de réaction alcaline. Et les résultats des inspections visuelles sont eux aussi satisfaisants”, affirme-t-on à Chubu Electric Power. Pourtant, en octobre, l’Agence pour la sécurité nucléaire et industrielle s’est rendue sur place pour procéder à une inspection. A la suite de cette enquête, on a appris qu’une entreprise liée à ce fournisseur de sable avait falsifié des rapports d’inspection relatifs au réacteur n° 1 de la centrale de Fukushima. Récemment, plusieurs centrales ont fait l’objet de révélations de falsifications de rapports d’inspection ou de négligences dans les contrôles, à l’instar du réacteur n° 3 de la centrale de Mihama où la canalisation qui s’est rompue en août dernier [voir CI n° 720, du 19 août 2004]. Il y a deux ans, Tokyo Electric Power avait falsifié les résultats des tests d’étanchéité de l’enceinte de confinement de plusieurs de ses centrales. Il est difficile de faire confiance, dans de telles conditions, aux compagnies d’électricité.
En ce qui concerne la centrale de Hamaoka, d’aucuns soulignent que les critères de sécurité de Chubu Electric Power, fondés sur des hypothèses vieilles de plus de vingt ans et établis à l’aide de méthodes dépassées, sous-évaluent l’ampleur des secousses. “On ne dispose pas de toutes les données nécessaires sur ce séisme. Chubu devrait prévoir des secousses plus importantes”, s’inquiète le vice-président de l’Université de Kyoto, Kojiro Irikura, qui a rédigé l’étude gouvernementale. Si on applique les mêmes méthodes que celles utilisées dans cette étude, l’intensité de la secousse que subira la centrale risque d’être plus d’une fois et demie supérieure à celle prévue par Chubu.
Les réacteurs nos 1 et 2, les plus anciens, sont particulièrement préoccupants. A l’époque où ils ont été conçus, au début des années 1970, on ne connaissait pas encore l’existence à proximité d’une frontière de plaques tectoniques. C’est pourquoi la secousse prévue dans les plans de construction est plus faible que pour les réacteurs plus récents. D’après les calculs effectués par Hiroaki Koide, assistant au laboratoire d’expérimentation sur les réacteurs nucléaires de l’Université de Kyoto, si des vapeurs radioactives venaient à s’échapper de la cuve du réacteur n° 2, libérant une grande quantité de radioactivité dans l’atmosphère, le nombre de morts s’élèverait à 1,76 million de personnes avec un vent soufflant en direction de Tokyo et à 950 000 s’il soufflait en direction de Nagoya.
Takashi Soeda
AERA
Citation:
Sondage
Interrogés par le Nihon Keizai Shimbun à la suite du séisme de Chuetsu du 23 octobre (voir CI n° 732, du 10 novembre 2004), seuls 30,3 % des Japonais ont pris des mesures pour se préparer à un éventuel tremblement de terre (stock d’eau et de vivres, lampes de poche, etc.) ; 67,7 % n’ont rien prévu. Selon le même sondage, 14,1 % des personnes interrogées croient qu’il est possible de prévoir un tremblement de terre quarante-huit ou soixante-douze heures à l’avance, tandis que 58,4 % pensent que cette possibilité, qui n’existe pas aujourd’hui, sera demain une réalité. Pour le quotidien, ces illusions, largement diffusées par les pouvoirs publics, doivent rapidement être dissipées dans ce pays, où se produisent 20 % des secousses de magnitude 4 et plus enregistrées sur la planète.
Moi j'adore le Japon!!
mais quand je vois des articles comme celui-là, j'ai plus l'impression que l'on parle de l'Ex-Urss que du Japon...c'est quand même grave.
même si on ne peut pas prévoir les tremblements de terre, je m'attendais de leur part (autorités Japonaise), à un suivi plus sérieux que cela.
Ou même l'erreur étant humaine, qu'après avoir appris cela, il aurait pris des mesures, mais non.....
Citation:
....On a par exemple appris que plusieurs rapports d’inspection avaient été falsifiés et que du sable et du gravier susceptibles de provoquer une réaction alcaline dans la structure métallique avaient été utilisés pour la construction du réacteur n° 4........Récemment, plusieurs centrales ont fait l’objet de révélations de falsifications de rapports d’inspection ou de négligences dans les contrôles....Tokyo Electric Power avait falsifié les résultats des tests d’étanchéité de l’enceinte de confinement de plusieurs de ses centrales..
on est en Chine là ou dans un pays dictatoriale, ah non!! toujours au Japon, eux aussi ils savent faire des falsifications.
Citation:
Il est difficile de faire confiance, dans de telles conditions, aux compagnies d’électricité.....
c'est clair!!.
Citation:
Et les résultats des inspections visuelles sont eux aussi satisfaisants”, affirme-t-on à Chubu Electric Power....
ça c'est des inspections sérieuses qui vont faire évoluer les choses, et qui me rassurent
Au moins s'il y a une fuite radioactive et des morts , on pourra parler de meutre avec préméditation, ça au moins c'est une chose qui est sur!!.
Merci Fuse pour ces infos (rajoutée aux autres), qui me font descendre de mon petit nuage, et me rendre vraiment compte que le Japon et une nation comme une autre
PS: "l'argent est roi même au Japon." nouveau proverbe japonais _________________ "Ni Dieu, ni maître."
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), est juste là pour faire beau. Ce budget est souvent coupé et le plus souvent, les personnes qui doivent le faire n'ont aucun matériels et moyens de la faire.
