[nerbang]

Bonjour,
Je me posait une question, moi qui n'est jamais été au Japon (pas encore), on parle souvent des Yakuzas, mais sont-ils vraiment dangereux pour un Gaijin comme moi.
Du genre dans le métro ou la rue, sont-ils agressifs comme peuvent l'être certaines personnes en France pour te piquer ton oseille ?

[Shiseido]

Bonsoir,

[Alessandro]

Juste un petit site pour apprendre à parler comme un Yakuza si ca interesse

ici : http://www.jingai.com/yakuza/introduction.html

[Zeb]

Une histoire sur les yakuzas que beaucoup doivent déjà connaitre ici, mais qui laisse pensif: le tremblement de terre de 1995 à Kobe.


Dans un pays très touché par les séismes, Kobe demeurait une oasis de paix. Depuis 400 ans, cette élégante cité de la baie d'Osaka avait été épargnée par les catastrophes. Mais un matin de janvier 95, vingt secondes suffirent à transformer la riante métropole en un paysage de mort (5.000 tués). Privé d'eau et d'électricité, face à l'incurie d'un gouvernement incapable de leur apporter l'aide qui s'imposait, les habitants de Kobe durent reconstituer eux-mêmes le puzzle de leur monde éclaté :

- L'armée japonaise (stationnée à Himeji, proche de Kobe) était prête à intervenir pour aider avec la force dont elle dispose, mais l'administration du gouverneur de Kobe les en a interdit en raison des réserves exprimées par la Constitution japonaise!!

- Les bidasses américains, 50.000 au Japon, sont restés bien au chaud dans leurs casernes et ne sont pas venus une seule fois pour prêter main forte aux secours.

-Il a fallu attendre que les étrangers entrent dans la course pour que les Japonais se mettent en marche.
Les pro's des services d'urgence genre pompiers de Paris envoyés par la France (par pushing humanitaire de Jacques Chirac) sont arrivés a Tokyo pour aider car ils savaient ce que les paralysies bureaucratiques signifient au Japon ou il faut 7 sceaux sur un document (ringi) avant de faire exécuter un ordre.
Mais tout comme d'autres services d'urgences étrangers venus prêter main forte, les douaniers nippons de Narita les ont coincé à l'aéroport avec leurs clebs fantastiques. "Zavez les papiers du chien?"



C'est dans ce contexte de chaos et de désorganisation qu'au grand dam des autorités, le syndicat du crime Yamaguchi-Gumi, principale organisation de la pègre japonaise, forte de 30 000 adhérents en 95, fit preuve d'une efficacité qui devait lui valoir les gros titres de la presse et les éloges de tous. Il ouvrit au public, sans logement ni ressources, son bastion de la circonscription de Nada.
Et, avant même la fin des réplique, commença à distribuer de l'eau puisée à son puits et des repas préparés par sa propre cantine. L'information se répandit comme une traînée de poudre, et, en milieu d'après-midi, 200 personnes faisaient la queue devant le portail. Ce n'était qu'un début. Les hommes de main du syndicat passèrent les jours suivant à décharger des camions de riz, pâtes alimentaires, aliments pour bébé, pardessus, couches, sacs de couchage, radiateurs à pétrole, poêles transportables ou encore lampes torches. La citadelle du gang en fut transformée. Le parking fit office d'entrepôt. Toutes les marchandises y étaient étiquetés et Impeccablement empilées sous des tentes.

Bientôt, les jeunes mafieux, servirent 8000 repas par jour; 15 camionnettes de location sillonnaient la ville pour livrer des fournitures aux hôpitaux, aux centres d'hébergement et aux églises. Une femme se crut obligée de rappeler au prêtre de son quartier que tous ces dons provenaient de mains souillées de sang.

"Les voies du Seigneur sont impénétrables, répondit le brave curé. Voulez-vous des bananes ?"

Elle en prit.



Ca force le respect je trouve

[Shiseido]

[Botchan]

Voici une autre référence que le livre de Kaplan évoqué en première page de ce fil :

PIERRAT Jérôme et SARGOS Alexandre, Yakusa. Enquête au coeur de la mafia japonaise, Paris : Flammarion, 2005, p.255 (20 euros).

[al azif]

[Karakuri]

J'ai moi aussi deux petites anecdotes:
- Un soir, après une soirée arrosée avec des collègues à Sakae (centre de Nagoya), je loupe le dernier métro et me retrouve à devoir marcher jusqu'à chez moi dans l'ouest de Nakamura-ku, autrement dit "une paille". Ma longue marche commençait donc par la traversée d'une petite rue (pas bien belle) qui relie Sakae à Fushimi d'est en ouest. On y trouve, durant la journée, des vêtements de grandes marques européennes d'occasion (et en piteux état), des petits bouibouis sans aucun charme, des magasins aux volets descendus (et rouillés), mais à la nuit tombée c'est un quartier "chaud" et certains rabatteurs nous proposent même à nous, étrangers (pas honorables pour un sou), de choisir une donzelle sur la carte (c'est assez écoeurant, mais c'est comme ça). Des hosutesu (ou prostituées?) recompagnent leurs clients jusque dans la rue, et les remercient "chaleureusement" par de grandes courbettes et des また御越しくださいませ.... Bref, le quartier chaud se transforme en désert à mesure qu'on descend la rue en direction de la gare. Sur ma gauche se dresse un hôtel assez imposant, dont une entrée de service donne sur cette rue, et au pied de cet hôtel sont garées deux Toyota Celsior noires aux vitres teintées. Des mecs en costard sont appuyés contre les deux véhicules et un autre est assis au volant de la première. Lorsque je les remarque enfin, ils me fixent déjà, mais ayant la tête un peu ailleurs je n'en fait pas cas et ne me pose aucune question. Par contre, arrivé plus près d'eux, ils n'ont toujours pas cessé de me dévisager, et vu que ça m'agace, je les fixe également, en me disant que les Japonais n'aiment pas ce petit jeu de je te tiens par la barbichette et finissent toujours pas détourner le regard. Mais ce n'est pas du tout ce qu'il se passe, en arrivant à leur niveau je m'aperçois que ceux qui ne me regardaient pas me fixent également, qu'ils ont les cheveux frisés très court et de sales gueules pour certains. C'est alors que mon bon sens (que j'avais visiblement oublié dans le izakaya) me rattrape en courant, et que je compris (ou supposai) qui étaient ces mecs. D'autant plus que le boss du Yamaguchi gumi, étant de Nagoya et bien qu'incarcéré à ce moment là, avait rameuté un paquet de troupes dans sa ville pour y faire le deuxième "siège" après Kobe. J'ai donc continué ma route sans broncher et en prenant soin de ne pas me retourner, ni d'accélérer le pas, car les voyous aiment les gens qui ont peur.

- Une autre fois c'était à Kyoto, à deux pas de Gion dans une rue bondée. Un type en costard orangeâtre et trop grand pour lui se tenait debout au milieu du trottoir, large, mais trop peu pour cette foule compacte. Il n'empêche qu'il y avait autour de lui un halo de vide de 3 ou 4m²: les gens s'écartaient pour ne pas passer près de lui!

Une autre fois encore il y avait un homme à l'air patibulaire, qui portait un costard trop grand aussi, mais noir à grosses rayures marrons et coupé dans un tissu genre veste de Derrick-Allemagne-de-l'Est-1970 (!), qui me fixait dans le métro. Mais d'une part il a détourné les yeux (pourtant j'ai vraiment pas l'air méchant, et c'est toujours à moi que les mamies demandent d'attraper le PQ trop haut dans le rayon du super marché), et en plus pourquoi un yak prendrait le métro? C'était sans doute un faux...si si ça existe: j'ai eu un jour l'honneur de rencontrer un fils à papa qui roulait en AMG sans avoir jamais bossé, et qui s'habillait comme un gangster juste pour faire le kékos en ville.
_________________
........L.....
...Tokyo...
........o.....
........n.....

Petites histoires sur mon petit blog:
http://lugdunum-edo.blogspot.com/

[al azif]

pour moi , l'archétype du yakuza , c'est Takeshi Kitano (original hein) , avec ses tics sur le visage , ont sens le lourd passé qui pèse ... d'ailleurs , (bon avec l'écran entre lui et moi) on éprouve de l'empathie pour ce gars qui a souffert visiblement ... c'est ce qui fait toute sa popularité je pense ... ça rappelle beaucoup le type de personnage que jouait Jean Gabin avant 1940 : des criminels en fuite mais qui ont pas un mauvais fond , c'est le destin , la fatalité ... mais ces genres de films finissaient TRES mal alors qu'aujourd'hui on nous sert des happy end a tout bout de champ ..

[fqogil]

Quartier de Ginza à Tokyo l'année dernière, je me balade avec ma femme dans les rues transversales de la rue principal.

Quartier chic, magasins chic. Nous marchons dans une rue quand tout d'un coup, je vois dans une ruelle perpendiculaire, une Mercedes limousine préparée par MKB (gros préparateur Mercedes au Japon, un peu comme Brabus pour l'Europe).
Etant un grand amateur de belles voitures, je laisse ma femme et fonce, "tête baissée", dans cette ruelle.
Au fur et à mesure que je m'approche de la belle (c'était un modèle unique au monde), je vois une dizaine de Malabars autour de la voiture avec des gueules "Patibulaires" qui se tournent vers moi, tous en costards noir, cravates, lunettes noir et surtout, l'oreillette dans les oreilles.
Je me suis pris peur à 5 mètres mais j'avais l'appareil photo sorti et j'ai commencé à mitrailler la voiture.
Je me suis senti mal à l'aise et j'ai quand même fait une vingtaine de photos sans rien dire, juste en faisant des Wouaa, Olala, et plusieurs sourires. Eux pas un seul sourire !
Je suis certain qu'heureusement que j'étais étranger, autrement, ils m'auraient dit de rebrousser mon chemin.
Ma femme, qui était restée au croisement à env. 100 mètres, m'a traité de fou.
Moi, j'étais content, j'avais mes photos de l'engin.