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Abenomics à l'action

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So-chan
Ceinture Marron
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MessagePosté le: 20 Avr 2013 15:34    Sujet du message: Abenomics à l'action

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Abe Shinzo a déjà eu une expérience à la tête du pays qui s'est traduite par un échec total. Le manque de discipline de certains membres de son gouvernement, quelques scandales impliquant des ministres et sa surenchère nationaliste au détriment du sujet qui intéresse les japonais (le redressement économique) auront eu raison de son premier mandat. Ce sera cependant une maladie chronique dont il souffre depuis sa jeunesse qui le poussera à démissionner. Parallèlement à la crise politique qui touche le pays, Abe fait quelques interventions précisant son opinion concernant son désir de redresser le pays. Ce Japon qu'il aime tant doit se redresser. Abe, l'héritier d'une dynastie politique prestigieuse, doit prendre sa revanche et sauver le pays. La forte hausse du yen par rapport aux autres monnaies après la crise de 2008 a entrainé parallèlement à une baisse de la compétitivité prix des entreprises japonaises un mouvement de fusions et acquisitions outre mer. En raison du yen fort, les entreprises outre-mer de la planète sont de vrais affaires pour les sociétés japonaises. Les statistiques révèlent ainsi que les sociétés japonaises ont enregistré une expansion historique durant ces cinq dernières années. Ces investissement outre mer ont des implications géopolitiques. Le Japon ne renonce pas au futur potentiel de l’économie américaine et continue de miser sa future prospérité sur celle des Etats-Unis. En Australie, pendant ce temps, la plupart des investissements japonais sont en relation avec les ressources naturelles et il est bon pour le Japon d’être vu par les Australiens comme un pays sur lequel ils peuvent compter. La puissance des intérêts japonais au Vietnam joue en outre comme contrepoids par rapport aux inquiétudes sur la stabilité des investissements en Chine.
Un des secteurs les plus actifs en matière de fusions-acquisitions a été l’industrie pharmaceutique japonaise. L’exemple le plus médiatisé a été l’achat de l’entreprise pharmaceutique suisse Nycomed par Takeda Pharmaceutical en 2011, pour la somme énorme de 1,2 milliards de dollars environ. Mais il y a un autre cas intéressant à mentionner. En septembre 2009, Zeria Pharmaceutical, une entreprise japonaise connue pour ses médicaments traitant les problèmes digestifs, a acquis la société suisse Tillotts. Peu de temps après cette acquisition, un médicament de Tillotts, Asacol, utilisé pour traiter la rectocolite hémorragique et la maladie de Crohn, a été mis en vente sur le marché japonais. Abe Shinzo a été une des personnes à bénéficier de ce médicament. Son état de santé s'est amélioré de façon spectaculaire. De plus, le phénomène montant de la politique japonaise, Hashimoto Toru, l'influent maire d'Osaka, lui a redonné le goût de la politique. Il se présentera aux élections pour la présidence du PLD en Septembre 2012 et ce sera contre toute attente qu'il l'emportera. Puis il conduira son parti, tombé dans l'opposition après les élections de 2008 à une large victoire. La coalition PLD-Komeito obtiendra même une large majorité des deux tiers à la Chambre Basse lui permettant ainsi d'outrepasser les décisions de la Chambre Haute très divisée sur de nombreux sujets.

Cette victoire aurait elle été perçue comme un signe du destin par Abe ? En tous cas, il n'était pas question pour Abe de refaire les mêmes erreurs que lors de son premier mandat à la tête du pays. Mettant de côté ses positions nationalistes pour se concentrer sur le redressement économique du pays, Abe propose alors une série de mesures visant à contraindre la Banque Centrale (BoJ) à fixer un nouvel objectif d'inflation (de l'orde de 2 à 3%) et à mener une politique d'assouplissement monétaire illimitée, ainsi qu'un plan de relance de l'économie. Il accordera le poste de ministre des finances à l'ancien premier ministre Aso Taro (2008-2009) qui avait tout comme les autres dirigeants de la planète à l'époque répondu à la crise des subprime par un vaste plan de relance. Dans le but de mettre en oeuvre des réformes et de prendre des mesures efficaces en vue d'enrayer la déflation chronique touchant l'économie japonaise, Aso, 72 ans, qui a été premier ministre lorsque le PLD a perdu les élections en 2009 face au PDJ, occupera les postes de vice premier ministre, de ministre des finances et ministre des services financiers. Plusieurs postes ont également été accordés à d'anciens ministres du PLD. Ainsi, Amari Akira, 63 ans et ancien ministre de l'économie, de l'industrie et du commerce (METI), occupera le nouveau poste de ministre de la revitalisation économique. Motegi Toshimitsu, 57 ans, ancien ministre des services financiers a été nommé à la tête du METI. Il sera chargé de la mise en oeuvre d'une nouvelle politique énergétique à la suite de la catastrophe de Fukushima. Yoshihide Suga, 64 ans, l'un des plus proches alliés de Abe, a obtenu le poste de Secrétaire Général du Cabinet et de porte parole du gouvernement. Ce poste est important puisqu'il coordonne les politiques des différents ministères. Il faut aussi entrer au gouvernement ses adversaires lors des élections pour la présidence du parti espérant ainsi s'assurer l'obéissance du PLD. Tanigaki Sadakazu sera ainsi nommé ministre de la justice. Ishihara Nobuteru sera nommé ministre de l'environnement et de la gestion des crises nucléaires. Seules deux femmes font entrent au gouvernement. Mori Masako sera nommée ministre d'Etat pour l'autonomisation des femmes et l'éducation des enfants , ministre d'Etat chargé de la lutte contre le déclin démographique et ministre d'Etat chargé de l'égalité des sexes. Inada Tomomi sera quant à elle chargée de la réforme administrative et de la stratégie du Cool Japan.
Très rapidement, Abe encadre ses troupes, il n'est pas question que les ministres expriment une opinion différente de celle du cabinet. Ils sont également dépêchés sur le terrain. Parallèlement, Abe soigne son image pour s'assurer du soutien de la population. Tranchant avec les habitudes d'une classe politique plutôt timorée, la manière dont le nouveau premier ministre s'adresse au pays semble faire mouche. Abe, contrairement à ses prédécesseurs, a découvert ce que les nouvelles technologies peuvent apporter à la communication gouvernementale. Le 22 Mars, ses services ont mis en ligne une application pour smartphone, téléchargeable depuis le site du Kantei (la résidence des premiers ministres). Elle offre un accès à la page Facebook du bureau du premier ministre, des informations sur la politique mise en œuvre par le premier ministre ainsi que ses activités. Abe utilise aussi son propre compte Facebook pour préciser ses choix, mettre en ligne des photos prises pendant ses déplacements ou adresser des messages directs. Comme celui posté le 1er avril, jour de la nouvelle année fiscale, souhaitant le meilleur aux nouveaux employés en entreprise et aux étudiants entamant l'année scolaire. Abe Shinzo apprécie tellement les réseaux sociaux qu'il a fait voter au parlement une réforme autorisant leur usage dès la campagne des élections sénatoriales de Juillet 2013. Décidé à imposer son rythme aux médias traditionnels, il a mis fin aux briefings quotidiens instaurés lors de son premier passe à la tête du gouvernement. Désormais, il se réserve les annonces importantes et n'hésite pas à bousculer les habitudes. En Janvier, il s'est invité au milieu d'une émission de débats diffusée dans le Kansai et il choisit ses passages à la télévision sans se soucier de respecter l'équilibre entre les grandes chaînes nationales. Son attitude l'a même incitée à ouvrir aux enfants les portes de la résidence du premier ministre dans le quartier de Nagatacho à Tokyo. Le site n'a jamais été accessible au public.
Faisant de l'économie sa priorité, Abe est à l'origine de ce que les économistes et investisseurs appellent les Abenomics. « Le modèle adopté par le premier ministre a pour objectif de redonner une dynamique de croissance plus robuste à l'économie japonaise. Il part du constat que spontanément l'économie ne dispose pas d'une croissance très solide. La demande interne ne réagit principalement qu'aux incitations car la population qui vieillit ne dépense pas de façon excessive. En outre ce peu d'envie de dépenser est accentué par la déflation dans laquelle se trouve le Japon depuis le milieu des années 90. La baisse des prix qui caractérise la déflation incite à reporter dans le temps ses achats car ce sera moins cher plus tard. Par ailleurs et depuis le début de l'année 2012 les exportations chutent. Jusqu'à présent la hausse des exportations permettait de dynamiser l'activité. Ce n'est plus le cas. Abe veut inverser ces tendances et redonner à l'économie japonaise une dynamique qu'elle a perdue. Face à une demande faible, une déflation flagrante et une monnaie très chère, Abe décide d'inverser les priorités. Il souhaite mettre fin à la déflation pour inciter les consommateurs à dépenser. S'il y a un peu d'inflation il vaut mieux acheter aujourd'hui car demain ce sera plus cher. Cela relancera la croissance et l'emploi. » explique Philippe Waechter, directeur des études économiques chez Natixis Asset Management.
Abe Shinzo théorise donc un redressement du Japon au moyen de ce qu'il appelle les trois flèches : une politique monétaire très accommodante et audacieuse, une relance budgétaire et une stratégie de croissance à long terme.

LA PREMIERE FLECHE : LA RELANCE BUDGETAIRE

Le 11 Janvier, le gouvernement adopte un plan de relance massif élevé à 20 000 milliards de yen (175 milliards d'euros) en comptant les dépenses prévues par les collectivités locales et les contributions du secteur privé. Ce plan se distingue des précédents plans de relance mis en place par les autorités japonaises par son importance d'une part et par l'affectation des dépenses d'autre part. Ainsi, les dépenses de construction ou de réfection de routes et de ponts, voire d'amélioration des installations portuaires dépassent les 5 000 milliards de yens, soit environ 59 milliards de dollars. C'est assez peu. Et cet argent ira principalement à la reconstruction des zones sinistrées en mars 2011, à la prévention des catastrophes et au renforcement de la compétitivité des industriels nippons sur le marché mondial. Cela change des traditionnelles et généreuses subventions. Le plan prévoit ainsi la création d'un fonds de 150 milliards de yens pour encourager les entreprises à développer de nouvelles technologies. La Bande de Développement du Japon sera chargée de la répartition de ces fonds. Le plan prévoit aussi la création d'un fond de 200 milliards de yens pour encourager les fusions et acquisitions à l'étranger. Ce fonds sera géré par une autre banque publique, la JBIC (Japan Bank for International Cooperation). Le plan comporte également pour 83 milliards de yens de garanties de prêts et de prêts à taux avantageux pour les PME. D'autres fonds serviront à créer de nouvelles activités au travers de rapprochements entre différents secteurs.
Le 26 Fevrier, une rallonge budgétaire massive de 13.100 milliards de yens (quelque 105 milliards d'euros) est adoptée. Ce budget supplémentaire vient compléter le collectif initial de 90.300 milliards de yens (725 milliards d'euros) décidé par le précédent gouvernement de centre-gauche pour l'année courant du 1er avril 2012 au 31 mars 2013. Cette rallonge budgétaire est la deuxième plus importante de l'histoire après celle de 14.7000 milliards de yens adoptée face à la crise de 2008. Cette rallonge visera notamment à soutenir la reconstruction des zones sinistrées dans le Tohoku. De même, les dépenses militaires ont connu une hausse historique et visent à assurer le paiement des coûts du carburant et de maintenance pour les avions d'alerte précoce et de contrôle aérien, permettre la recherche sur la technologie radar capable de détecter des petits avions à longue distance , permettre les préparatifs pour l'introduction au Japon de l'avion de transport MV-22 Osprey de l'armée américaine. Cet avion à décollage vertical peut voler plus loin et plus vite que les hélicoptères actuels du Japon, permettant à ses troupes d'atteindre plus facilement les îles japonaises lointaines. Il s'agit aussi de moderniser quatre avions-chasseurs F15, acheter de nouveaux systèmes antimissiles PAC-3 et des hélicoptères. Les effectifs de l'armée seront également augmentés. Le gouvernement a également prévu des dépenses historiques dans la stratégie du Cool Japan afin de soutenir les exportations du secteur culturel japonais.

LA DEUXIEME FLECHE : LA POLITIQUE MONETAIRE


Tournant historique au Japon, Abe Shinzo a réussi en 4 mois à faire ce qu'aucun premier ministre japonais n'a pu faire en deux décennies : pousser la très orthodoxe BoJ (banque centrale japonaise) à pratiquer une relance monétaire massive. Déjà, peu après son arrivée à la tête du pays, Abe Shinzo en menaçant l'indépendance de la BoJ, a poussé le gouverneur de la banque centrale Masaaki Shirakawa à fixer un objectif d'inflation de 2% afin de lutter contre la déflation. Il sera également poussé à ouvrir de manière plus importante les vannes monétaires via un dispositif amplifié de rachat d'actifs financiers, afin d'encourager les entreprises à investir et les particuliers à être plus enclin à la dépense. Ces rachats d'actifs financiers incluent également les obligations d'Etat. Le taux directeur sera maintenu au jour le jour dans la fourchette de 0 à 0,1% afin de permettre un accroissement de la masse monétaire. En Mars, Shirakawa quittera la tête de la BoJ et Abe parviendra à imposer au poste de gouverneur Haruhiko Kuroda., « riche de l'experience acquise au ministère des Finances, puis comme président de la Banque asiatique de développement. Pendant la crise asiatique de la fin des années 1990, il était en première ligne pour observer l'échec de la sagesse conventionnelle poussée par le Trésor américain et le Fonds monétaire international. N’étant pas attaché aux doctrines obsolètes des banquiers centraux, il a pris l'engagement d'inverser la déflation chronique du Japon, fixant un objectif d'inflation de 2% » (Stiglitz). La déflation augmente le fardeau de la dette réelle (corrigée de l'inflation), ainsi que le taux d'intérêt réel. Alors qu'il n’existe que peu de preuves de l'importance de petits changements des taux d'intérêt réels, l'effet d’une déflation, même légère, sur la dette réelle, année après année, peut être important..
Le 4 Avril, Haruhiko Kuroda est même parvenu à impressionner les investisseurs et les économistes . Il est allé bien plus loin que ce que les marchés anticipaient. La BoJ a ainsi annoncé qu’elle comptait étendre la gamme et la quantité de ses achats d'obligations d'Etat. Elle va acquérir des titres à plus long terme, et augmenter par ailleurs la part des actifs plus risqués (fonds cotés et immobiliers), en visant un doublement du total acquis en deux ans. La BoJ a indiqué vouloir passer à une politique monétaire dont le but est d'élever la base monétaire de 60.000 à 70.000 milliards de yens par an (490 à 575 milliards d'euros), en plus d’un taux d'intérêt entre 0 et 0,1% au jour le jour, et ce afin de poursuivre l'assouplissement quantitatif. De la même façon, la BoJ a décidé d'augmenter ses achats de titres plus risqués comme les fonds cotés en Bourse (ETF) ainsi que les titres de fonds communs immobiliers japonais (J-REIT). Le rythme d'achat devrait s'élever d'environ 1.000 milliards de yens par an (8,2 milliards d'euros) pour les premiers et 30 milliards de yens par an (246 millions d'euros) pour les seconds. La BoJ s'engage aussi formellement à "poursuivre un assouplissement qualitatif et quantitatif dans le but d'atteindre un indice d'inflation de 2% aussi longtemps que nécessaire pour maintenir ce niveau-cible de façon stable". Ces décisions visent à faire baisser les taux d'intérêt sur les obligations à long terme et créer un contexte monétaire qui facilite les prêts d'argent aux particuliers et entreprises afin de les inciter à investir pour dynamiser l'activité. La position de Kuroda a accentué à la chute du yen par rapport au dollar et à l'euro ce qui rend les produits japonais plus compétitifs. Les industriels ont même très largement salué cette politique. Parallèlement le Nikkei atteint des sommets et retrouve ses niveaux d'avant la crise de 2008.

Le programme de relance économique de Abe Shinzo a conduit à une hausse de la confiance au Japon. Les japonais retrouvent espoir, les patrons ont de plus en plus confiance en l'avenir. Les consommateurs aussi sont de plus en plus confiants en l'avenir. Comme l'explique Stiglitz, un examen plus attentif des performances du Japon au cours de la dernière décennie ne suggère que peu de raisons justifiant un sentiment baissier persistant. En effet, la croissance de la production par travailleur au Japon a été très bonne depuis le début du siècle. Avec une main-d'œuvre en diminution, l'estimation standard de la production par travailleur au Japon en 2012 – c’est à dire avant Abenomics – faisait état d’une croissance de 3,08% par rapport à l’année précédente. Il s’agit d’une performance beaucoup plus robuste qu’aux Etats-Unis, où la production par travailleur a augmenté de seulement 0,37% l'an dernier, et beaucoup plus forte qu'en Allemagne, où elle a reculé de 0,25%. Néanmoins, comme beaucoup de Japonais le pressentent à juste titre (selon Stiglitz), Abenomics ne peut que contribuer au redressement du pays. Le FMI, l'OCDE et le G20 ont décidé de soutenir cette politique de relance. Les prévisions de croissance japonaise ont également été revus à la hausse et le FMI estime même qu'un retour à l'inflation est possible dès 2014 et pourrait atteindre 3%. Aussi, plusieurs entreprises, répondant à l'appel de Abe, ont concédé des hausses de bonus à leurs salariés voire des hausses de salaires.
Fortement soutenu par la population avec des taux de soutien dépassant largement les 60%, Abe Shinzo lance sa troisième flèche.

LA TROISIEME FLECHE : LA STRATEGIE DE CROISSANCE A LONG TERME

Il faut que le retour à la croissance soit durable et Abe en a bien conscience. Mais pour cela il faudra mettre en œuvre d'importantes réformes structurelles visant à ouvrir l'économie du pays, restaurer la compétitivité des industriels japonais, pousser les femmes à travailler, enrayer le déclin démographique, réformer le système éducatif... Les mesures devraient être compilées en Juin mais voici déjà plusieurs des mesures qui ont été confirmées par le gouvernement.

L'Ouverture économique du Japon

Soucieux de rattraper ce qu'il perçoit comme un retard et de redynamiser son économie, le Japon s'engage dans de multiples cadres de négociations d'accords de libre-échange. Derniers pourparlers en date, ceux organisés à Séoul du 26 au 28 mars avec les Chinois et les Sud-Coréens. Les trois pays, qui génèrent 20 % du produit intérieur brut mondial, ont amorcé des discussions dans ce sens.
Le 25 mars, Tokyo avait convenu avec l'Union européenne d'engager officiellement des négociations pour un accord similaire. Le 15 mars, le premier ministre Abe Shinzo annonçait la participation de l'archipel aux pourparlers sur le partenariat transpacifique, le TPP, un cadre réunissant plusieurs pays riverains du Pacifique et qui est une priorité du président américain Barack Obama. Cet accord réunit Bruneï, Chili, Nouvelle-Zélande, Singapour, Australie, Malaisie, Pérou, États-Unis, Vietnam, Canada, Mexique. La Thaïlande, les Philippines et la Corée du Sud pourraient aussi annoncer prochainement leur participation. Cet accord avec le Japon est déjà la plus importante zone de libre échange de l'histoire avec 40% de la production mondiale.
L'économie japonaise est caractérisée par un puissant protectionnisme : le marché intérieur japonais est sous la domination des entreprises japonaises. De plus, les entreprises étrangères tentant de s'implanter au Japon renoncent souvent à le faire étant donné qu'elles ont du mal à faire face aux entreprises locales. Face à ce manque de concurrence étrangère, les entreprises japonaises assurées de dominer l'important marché local mais en déclin (127 millions de consommateurs potentiels) ont de moins en moins cherché à s'implanter à l'étranger laissant la place aux groupes sud coréens (Samsung, LG, Hyundai et bien d'autres). De ce protectionnisme découle également le syndrome des Galapagos, propre au Japon : par exemple les téléphones japonais proposés au Japon par des groupes comme NTT Docomo, ne sont pas vendus à l'étranger. Ces téléphones ne sont destinés qu'à la clientèle japonaise.
Parallèlement les mesures protectionnistes dans le secteur agricole sont la cause des prix élevés de plusieurs produits alimentaires. Le secteur agricole dont la dernière réforme date de l'occupation américaine. Le système agricole actuel limite à 1,05 hectares la superficie moyenne des parcelles rizicoles (sachant que le riz récolté sur 1 hectare rapporte environ 10 400 euros). Les lois relatives à la restriction de terres (qui ont pour but de promouvoir la possession des terrains par les agriculteurs eux même) ont pour conséquence d'empecher les particuliers et les sociétés n'appartenant pas au monde agricole de prendre part à la production. Les propriétaires sont réticents à laisser leurs terrains à ceux qui souhaitent pratiquer l'agriculture puisqu'ils espèrent souvent que ces terrains soient utilisés comme zones residentielles. Ainsi, il est difficile de rassembler les parcelles pour agrandir les exploitations. C'est sans compter sur le manque de main d'oeuvre (l'age moyen d'un agriculteur japonais est de 65,8 ans et la population agricole de l'archipel a chuté de 22% en 5 ans).
Ainsi les agriculteurs japonais ne sont pas encouragés à la rentabilité ou à l'exploitation de masse mais sont "protégés".
Protégés par des taxes sur les produits agricoles venant de l'étranger qui assurent la main mise des agriculteurs nippons sur le marché intérieur. Ainsi le Japon impose une taxe de 800% à l'importation de riz étranger, de 33% à l'importation de bœuf étranger.
Le TPP a pour objectif d'instaurer une zone de libre échange en Asie-Pacifique et donc de lever TOUS les tarifs entre les pays. Il se trouve que cet accord englobe des champions dans le domaine de l'agriculture et d l'agroalimentaire : les Etats Unis, l'Australie, le Viet Nam ce qui pourrait couter tres cher aux agriculteurs nippons.
Si les entreprises japonaises soutiennent l'entrée du Japon dans le TPP (la Keidanren, le puissant patronnat japonais fait pression sur le gouvernement pour que celui ci rejoigne le TPP), les agriculteurs ne sont pas de cet avis. Si pour les entreprises japonaises, ce TPP est une chance que le Japon ne doit pas manquer, pour les agriculteurs ce TPP ferait s'effondrer l'agriculture japonaise.
Le TPP devrait ainsi permettre de soutenir la consommation au Japon (baisse des prix des produits alimentaires) et offrir des débouchés importants aux entreprises japonaises permettant ainsi la création d'emplois. Les règles commerciales seront également simplifiées par le TPP permettant aussi aux PME de s'implanter plus facilement à l'étranger (moins de démarches administratives). Dans le cadre du TPP, la propriété intellectuelle sera protégée permettant ainsi de rendre plus efficace la lutte contre les contrefaçons, les piratages et téléchargements illégaux. Un enjeu important pour le Japon qui est le 2e exportateur mondial de produits culturels (anime, manga, Jmusic, dramas, cinéma, jeux vidéo). Les conditions d'accès aux visas seront également facilitées entre les pays membres, il sera plus facile de voyager dans la zone. Les voyages d'affaire seront ainsi plus faciles à mettre en œuvre. La libéralisation des services financiers facilitera l'accès aux banques et compagnies d'assurance à des marchés étrangers. De même la libéralisation des investissements encouragera l'expansion outre mer des entreprises japonaises (facilitation des procédures de fusion et acquisitions). Les règles de concurrence des différents membres vont converger.
Conscient des difficultés que rencontreront les agriculteurs japonais, le gouvernement prévoit une réforme agraire visant à rendre l'agriculture plus intensive et productive. Dans le même temps, les Etats Unis, l'Australie, le Canada, la Nouvelle Zélande ont concédé quelques arrangements avec le Japon. Notamment, au cours de son sommet à Washington avec Barack Obama, Abe a réussi à obtenir à ce que certains produits agricoles sensibles ne soient pas totalement exemptés de tarifs douaniers en échange d'une baisse progressive et non soudaine des tarifs douaniers qu'imposent les USA concernant les importations automobiles.
A propos de ces accords, M. Abe n'hésite pas à parler de "dernière chance" pour le Japon et rappelle qu'en 1949 le premier Livre blanc de l'après-guerre sur le commerce mentionnait que "l'indépendance économique ne peut même pas être une aspiration sans la promotion du commerce mondial". Si l'archipel "devait rester le seul refermé sur lui-même, nous n'aurions aucune perspective de croissance, a-t-il déclaré le 15 mars au moment de l'annonce sur le TPP. Les entreprises étrangères n'investiraient pas au Japon. Les talents ne s'y intéresseraient pas"
Il s'agit également de rattraper le retard pris sur le voisin sud-coréen, dont les chaebols (conglomérats) concurrencent directement les géants japonais de l'automobile et de l'électronique. Séoul a déjà conclu des accords de libre-échange avec l'Union européenne - avec des résultats qui satisfont les deux parties - et les Etats-Unis. Au demeurant, 36 % du commerce sud-coréen se fait dans le cadre de ces accords, contre 17 % pour celui de l'archipel.

La restauration de la compétitivité des industriels japonais

Les mesures seront compilées en Juin mais nous avons déjà quelques aperçus. Le Conseil pour la Compétitivité des Industries Japonaises dont font partie plusieurs grands patrons et les membres du gouvernement a notamment préconisé la création de zones économiques spéciales (exonérées de charges, d'impots sur les sociétés...) pour attirer les industriels étrangers. Il souhaite aussi la baisse de l'impôt sur les sociétés de 40% actuellement (l'un des plus élevés) à 25% (l'un des plus bas). En contrepartie, l'impôt sur les nouvelles sociétés devrait augmenter de 4% (le plus bas) à 10% (au même niveau qu'aux Etats Unis). Une importante réforme du marché du travail est aussi prévue et va dans le sens de l'instauration d'une flexisécurité. En effet, la difficulté de licencier des employés au Japon est l'une des causes expliquant le recours aux emplois précaires. Plusieurs mesures visent aussi à faire augmenter la productivité horaire des japonais. Dans le cadre de la réforme éducative qui prévoit notamment plusieurs mesures en vue de lutter contre le harcèlement à l'école et à sanctionner les punitions corporelles pratiquées par des enseignants, l'enseignement de l'anglais sera réformé. Le niveau TOEFL en anglais devrait ainsi être le minimum requis pour poursuivre ses études supérieures ou encore pour travailler dans la fonction publique. Il s'agit aussi d'attirer les enseignants qualifiés étrangers afin d'enseigner la langue. De même le gouvernement soutiendra les réformes auxquelles procèdent actuellement les universités japonaises qui souhaitent s'internationaliser (cursus en anglais, attirer les étudiants étrangers, recrutement d'enseignants étrangers...). Les entreprises japonaises recrutent aussi de plus en plus d'étudiants étrangers au Japon dans le cadre de leur mouvement d'internationalisation. La réforme éducative sera aussi axée sur la modernisation du système éducatif dans le cadre de l'économie numérique. Les tablettes pourraient ainsi remplacer les manuels scolaires et les cahiers.
Le gouvernement prévoit aussi la mise en place d'incitations fiscales en vue de pousser les entreprises qui ont délocalisé leurs activités à cause du yen fort à relocaliser leurs activités.
Mikitani Hiroshi, patron de Rakuten et membre du Conseil pour la Compétitivité des Industries Japonaises a été à l'origine de la création du sommet de la nouvelle économie à Tokyo et qui devrait à présent se tenir tous les ans et réunir les décideurs de la nouvelle économie. Vice-président de Google, cofondateur de Twitter, créateur de Skype ou père de Pinterest, une brochette de patrons étrangers d'entreprises florissantes d'Internet étaient réunis mardi 16 avril à Tokyo. « Je veux que les pionniers de l'Internet nous parlent de l'innovation dans le monde et que le contenu de leur propos soit rapporté au gouvernement japonais de Abe Shinzo», a expliqué Mikitani Hiroshi. Les intervenants ont compilé 7 recommandations transmises au gouvernement Abe dans le cadre de sa stratégie de croissance à long terme. Premièrement, il est nécessaire de créer un environnement social où les entrepreneurs qui prennent des risques pour proposer des changements sont respectés et soutenus, par des aides financières, des prix, etc.. Deuxièmement, il est nécessaire de prendre des dispositions nationales pour aider les entrepreneurs, en créant par exemple une « Silicom Valley » japonaise où seraient regroupés dans des conditions avantageuses des sites de formation et des entreprises venant de toute l'Asie. Parallèlement, on pourrait organiser des événements avec des entrepreneurs du monde entier, manifestations auxquelles participeraient les étudiants, et qui seraient largement relayées sur Internet. Troisièmement, il faut faire fructifier les atouts dont dispose déjà le Japon: une main-d'œuvre travailleuse et méticuleuse, des infrastructures solides, un respect de la technologie, etc. Parallèlement, il faut rendre les élèves plus autonomes et inventifs dans la façon de résoudre par eux-mêmes un problème (le système actuel d'enseignement et de contrôle des connaissances repose souvent sur des questionnaires à choix multiples où il faut pointer la bonne réponse parmi 4 prédéfinies. Or dans la vie professionnelle, on est souvent confronté à des situations pour lesquelles il n'existe pas de solution préexistante à sélectionner: il faut la trouver soi-même). Quatrièmement, les institutions comme les entreprises privées doivent davantage s'internationaliser. Le renforcement de l'enseignement de l'anglais est aussi considéré comme crucial, de même que l'allègement des procédures administratives et fiscales pour inciter davantage d'étrangers de valeur à venir développer leur talent sur le territoire japonais.
Cinquièmement, il est nécessaire de faire venir des enseignants et d'imminents spécialistes du monde entier pour former les jeunes à qui revient l'innovation de demain. Mieux enseigner et plus tôt non seulement les technologies informatiques, mais aussi les modèles économiques et financiers, les méthodes de gestion, promotion et vente. Sixièmement, il faut prendre des dispositions fiscales et autres qui, comme à l'étranger, aident les jeunes pousses. Par exemple en réduisant les impôts pour les surnommés « business angel », ceux qui prennent des risques en investissant pour la création et le développement de jeunes entreprises porteuses d'un projet novateur. Favoriser les « spin-off » par des mesures fiscales incitatives et abaisser l'impôt sur les sociétés à un niveau semblable à ce qu'il est à l'étranger. Septièmement, s'impose une réforme profonde des régulations et normes draconiennes qui entravent l'innovation, par la simplification de toutes les procédures entourant la création d'une entreprise, sa gestion, le développement et l'enregistrement de ses produits, etc.

La féminisation de la population active

Selon une étude du FMI, le PIB du Japon augmentera de 9% si le taux d'activité féminin est au même niveau que le masculin. Abe en a bien conscience et a dévoilé sa stratégie le 19 Avril. Afin de réduire les listes d'attente en garderies, le gouvernement encouragera la construction de garderies supplémentaires ou encore l'élargissement de garderies déjà existantes au moyen de subventions et de déréglementations. L'objectif est ainsi d'accueillir 200 000 enfants supplémentaires d'ici 2015 et encore 200 000 supplémentaires d'ici 2017. Parallèlement, le gouvernement subventionnera les entreprises qui permettent aux hommes et aux femmes de quitter leur emploi jusqu'à ce que leur enfant ait 3 ans. Actuellement, les employés ont le droit à un congé parental de 12 à 18 mois. Afin de s'assurer que ces personnes retournent au travail une fois le congé terminé, le gouvernement envisage la mise en place d'un autre fonds afin de les aider à récupérer leurs compétences professionnelles. La taille des nouveaux fonds et le nombre de travailleurs qui pourront prendre des congés parentaux plus longs n'ont pas encore été fixé.

La légalisation des casinos

Macao est réputé pour son industrie du casino

Au pays du pachinko, une étude de l'Université d'Osaka estimait à 44 milliards de dollars les potentiels revenus annuels d'une industrie du casino sur le sol japonais en 2009. Il faut dire que le Japon dispose de nombreux atouts dans sa manche : la 3e économie mondiale, une population de 127 millions d'habitants, la proximité avec les métropoles chinoises (Pékin, Shangai...) et leurs hommes d'affaires fortunés. Autant de caractéristiques qui feraient du Japon le grand favori de la course au nouveau Macao si les casinos y étaient les bienvenus. Les magnats de l'industrie du casino sont déjà attirés par cette perspective : les géants de Singapour que sont l'Américain Las Vegas Sands et le Malaisien Genting Group ont d'ores et déjà manifesté leur intérêt pour le futur marché japonais.
Abe Shinzo avait appelé à la légalisation des casinos depuis 2001. Les élus japonais sont ainsi de plus en plus nombreux à se positionner en faveur de la légalisation des casinos qui pourrait favoriser le secteur du tourisme. Cependant, l'idée est contestée par les sociaux démocrates et les communistes qui sont inquiets des impacts sociaux d'une telle réforme. Cependant, la perspective de l'adoption d'une telle loi dans les deux ans est jugée raisonnable. Le PLD et le Komeito réfléchissent d'ailleurs à la mise en place de zones spéciales ou seraient implantés des complexes touristiques incluant des hôtels, salles de conférences, casinos.

SOURCES :
http://abonnes.lemonde.fr/japon/article/2013/04/12/le-japon-presse-de-sceller-des-accords-de-libre-echange_3159064_1492975.html

http://lecercle.lesechos.fr/economistes-project-syndicate/joseph-e-stiglitz/221169856/japon-dessous-revolution-shinzo-abe

http://www.japantimes.co.jp/news/2013/04/20/national/abe-vows-to-help-women-in-workforce/

http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20130404trib000757535/la-banque-du-japon-boj-poursuit-sa-politique-d-assouplissement-monetaire.html

http://www.nippon.com/fr/column/g00065/

http://www.clubic.com/humour-informatique-geek/live-japon/actualite-555002-live-japon-1er-sommet-economie.html

http://www.japantimes.co.jp/news/2013/04/23/national/ldp-looks-to-double-jet-programs-ranks-in-three-years/#.UXaI3EZOLmI

http://www.clubpoker.net/japon-legalisation-casinos-toujours-etude/n-7700

http://www.japantimes.co.jp/news/2013/04/26/business/national-casino-ban-might-fold-under-abenomics/#.UXpy4EZOLmI

http://www.japantimes.co.jp/news/2013/03/26/reference/curse-or-cash-cow-japan-ready-for-casinos/#.UXp060ZOLmI

Le Yomiuri Shimbun et le Nihon Keizai Shimbun.

EDIT : Il ne faut pas en conclure pour autant que le Japon s'est enfin réveillé, c'est sur la bonne voie mais il faut attendre. On saura vraiment si les Abenomics fonctionneront en Juin d'abord (la compilation de la stratégie de croissance et sa mise en application) puis après les élections de la Chambre Haute (pour s'assurer que tout ceci n'est pas qu'une simple illusion ayant pour cause une échéance électorale importante).
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MessagePosté le: 09 Mai 2013 16:11    Sujet du message:

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La nouvelle stratégie du Cool Japan

Le potentiel de ce que l'on nomme le Cool Japan (Jpop, drama, anime, films d'animation, cinéma, manga, design d'intérieur, architecture, cuisine japonaise...) a trop longtemps été sous estimé par les japonais. Cette situation est en train de changer.
Le gouvernement est en train de travailler à la mise en place d'une collaboration avec le secteur privé avec de profiter du potentiel de la culture populaire japonaise qui suscite de plus en plus d'intérêts à travers le monde. Matsuo Yukata, professeur agrégé de technologie de l'information à l'Université de Tokyo est en train de travailler avec le Ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (METI) afin de créer "une carte des tendances en Asie". Selon la carte, l'anime japonais "Naruto" devrait connaitre un grand succès en Chine dès cet été. Pour le Vietnam et la Corée du Sud, il est prévu que Inu Yasha et Pokemon connaitront aussi un grand succès. Les prévisions sont basées sur une analyse des données sur ordinateur incluant le nombre de références faites sur les réseaux sociaux comme Twitter pour environs 5000 anime, mangas et jeux vidéo.
Les données recueillies durant l'année écoulée sont utilisées pour prédire les changements de tendance.
Cette carte sera consultable gratuitement sur internet à partir de Mai. Un des objectifs sera de fournir des informations aux entreprises afin de les aider à élaborer leurs stratégies marketing. En raison des coûts importants liés à l'étude de marché, beaucoup d'entreprises du secteur culturel sont frileuses à faire ce genre d'investissements. « Il est très important d'avoir directement connaissance des besoins des consommateurs dans les différents pays » a expliqué Matsuo. Un brillant exemple de réussite lié à la connaissance des besoins des consommateurs dans les différents pays est la gamme de produits Hello Kitty vendus par Sanrio Co. Les filiales locales ainsi que des entreprises locales partenaires ont permis d'effectuer divers changements au personnage afin de répondre aux besoins locaux. Cela a conduit à mettre des moustaches ou des grains de beauté à Hello Kitty dans certains pays. Les produits Hello Kitty sont à présent disponibles dans 109 pays.
Quand la société d'édition Kodansha Ltd a décidé d'exporter son populaire Kyojin no Hoshi, un manga de baseball également adapté en anime, en Inde, elle a effectué des changements drastiques afin de remplacer le baseball par le cricket. Koga Yoshiaki, le responsable de l'entreprise en charge des affaires commerciales à l'international a expliqué : «Ce n'est pas parce qu'une œuvre est exceptionnelle qu'elle deviendra un grand succès planétaire. Une stratégie de Cool Japan efficace exigera une connaissance précise de la zone ou les produits seront exportés. »
Le gouvernement Abe a mis en place un « Conseil de la Promotion du Cool Japan » qui a tenu sa troisième réunion le 30 Avril. Akimoto Yasushi l'auteur compositeur qui est également le producteur du très populaire groupe AKB48 a déclaré : « Le Japon ne peut pas gagner à moins que nous unissions tous nos atouts ». Ce conseil dévoilera une liste de recommandations lors de sa prochaine réunion.
Le gouvernement a essayé de faire sa part en organisant des expositions afin de faire découvrir la culture Jpop, mangas et anime à l'étranger. Cependant, jusqu'à il y a peu son soutien a été trop timide et les entreprises se sont montrées trop frileuses à franchir le pas. Cette complaisance a permis à la Corée du Sud d'inonder les marchés mondiaux avec sa Hallyu, la vague culturelle coréenne.
A partir de maintenant, le gouvernement japonais soutiendra directement l'exportation de tous les produits culturels liés au Cool Japan. Le gouvernement a ainsi décidé de réserver 9,5 milliards de yens (97 millions de dollars) du budget national afin de subventionner le doublage et le sous titrage des œuvres exportées. Il va également allouer 50 milliards de yens du budget de l'année fiscale en cours afin de mettre en place un fond en collaboration avec le secteur privé. Ce fond appuiera la création de « centres commerciaux japonais » qui rassembleront des restaurants, des librairies et des boutiques vendant des vêtements japonais. Le programme vise à fournir un soutien à long terme par le gouvernement afin de financer des activités commerciales que les banques ne sont pas vraiment désireuses de financer parce que les profits à court terme ne peuvent pas être garantis. Un officiel de la division des industries créatives du METI a dit « Si la valeur de la culture japonaise augmente, un nouveau modèle commercial pourrait émerger dans lequel des produits connexes, comme des jouets et des articles de papeterie, pourraient aussi se vendre plus.
Oshita Yoshiyuki, qui dirige le centre de la politique des arts et de la culture chez Mistubishi UFJ a expliqué : « Bien entendu, nous soutenons largement le soutien fiscal audacieux et sans précédent du gouvernement. Mais il est également nécessaire d'encourager la prochaine génération de créateurs en apportant un soutien aux artistes de sorte à avoir un effet d'entraînement. »

Pour en savoir plus :

http://ajw.asahi.com/article/behind_news/social_affairs/AJ201305010053

http://www.globaltimes.cn/content/778502.shtml#.UYupr0ZOJjo

http://mainichi.jp/english/english/perspectives/news/20130507p2a00m0na001000c.html

La Hallyu n'a qu'à bien se tenir, la machine Cool Japan est lancée !
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MessagePosté le: 07 Aoû 2013 19:21    Sujet du message:

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Une hausse du salaire minimum est envisagée

Une commission gouvernementale a convenu Mardi de recommander que le salaire horaire minimal national soit augmenté de 14 yens ce qui le porterait à 763 yens.
Il pourrait ainsi s'agir d'une deuxième hausse consécutive à deux chiffres du salaire minimum national. Celui ci avait augmenté de 12 yens en 2012.
Cette hausse devrait entrer en application dès l'automne.

Le gouvernement souhaite réduire les déficits de 1,7 billions de yens

Selon les grandes lignes de son plan budgétaire à moyen terme, le gouvernement prévoit d'améliorer le solde budgétaire primaire des gouvernements centraux et locaux en réduisant les déficits de 1,7 billions de yens au cours des 2 prochaines années.
Au cours d'une réunion du Conseil sur la politique économique et fiscale Vendredi 2 Aout, le gouvernement a présenté les grandes lignes de son projet et a établi des lignes directrices quant aux demandes de crédit budgétaires pour l'exercice 2014.
Dans le cadre budgétaire à moyen terme, jusqu'à 3,6 billions de yens ont été affecté comme réserves budgétaires spéciales pour les zones de croissance.
Cependant il n'y a eu aucune décision quant à l'opportunité d'augmenter la TVA à 8% en 2014 puis à 10% en 2015. Le gouvernement attend l'automne pour déterminer si oui ou non il y aura bien une hausse de la TVA.
D'ici à 2015, le gouvernement a pour objectif de réduire de moitié le déficit du solde primaire en pourcentage du PIB.
Le gouvernement s'est aussi engagé à parvenir à un excédent du solde primaire d'ici 2020.
Les estimations du projet reposaient sur une croissance du PIB nominal d'environs 3% et un taux de croissance réel de 2% au cours des 10 prochaines années.
Pour réduire les déficits des autorités centrales et locales de 1,7 billions de yens en deux ans, ce plan vise à réduire le déficit budgétaire primaire du gouvernement central de 8 billions de yens en 2014 et en 2015.
Pendant ce temps, les allocations budgétaires devraient se concentrer sur les zones de croissance comme la recherche médicale et l'agriculture permettant ainsi aux ministères et aux organismes de faire des demandes budgétaires connexes atteignant un total d'environs 3,6 billions de yens.
Les ministères et les organismes seront poussés à tailler dans les dépenses discrétionnaires comme par exemple les travaux publics d'environs 10%.

Le gouvernement s'attaque à la réforme du système de sécurité sociale
Le Conseil National sur la Réforme de la Sécurité Sociale, présidé par le président de l'université de Keio, Atsushi Seike, a commencé à compiler son rapport final sur la réforme de la sécurité sociale qui sera remis à Abe Shinzo le 6 Aout. Nombre de points nécessitent de plan amples de débats afin de mettre en place un système durable.
L'un des points centraux des débats du Conseil est comment réformer les systèmes fournissant des services de soins médicaux et infirmiers.
La division du travail entre les hôpitaux japonais n'est pas claire et de nombreux lits d'hospitalisés sont réservés aux personnes dans un état critique comme par exemple des personnes ayant besoin d'une chirurgie et des traitements après coups.
Ils ont quelques lits pour les patients qui ont besoin d'une réadaptation, d'une aide au retour à une vie normale à domicile ou d'autres besoins communs aux personnes agées.
Le Conseil a la tâche importante d'élaborer des mesures concrètes afin de mieux aligner les fonctions des hôpitaux et des lits d'hospitalisés sur les besoins d'une société de plus en plus agée et de créer des cadres de coopération afin que les patients agés qui ne sont plus dans un état critique puissent être transférés chez eux dès que possible.
Le gouvernement a tenté d'aider les hôpitaux à mieux coordonner l'utilisation de leurs lits d'hospitalisés en contrôlant les frais des services médicaux.
Mais environs 80% des hôpitaux sont privés et ils ont tendance à prendre des décisions axées sur les bénéfices. Ainsi, la situation n'a pas évolué.
Le Conseil a conclu que le contrôle des frais des services médicaux a des effets limités. Il a présenté un plan visant à créer un fond à l'aide de l'augmentation de la TVA afin de verser des subventions aux régions ou l'on s'efforce d'harmoniser l'utilisation des lits d'hôpitaux et ou l'on approfondit la coopération entre les exploitants de soins de services médicaux et infirmiers.
Il sera toujours question pour le gouvernement de contrôler les frais des services médicaux.

Le Conseil passa aussi beaucoup de temps à discuter de la reconstruction financière du régime national d'assurance maladie géré par les administrations municipales. Le régime national d'assurance maladie est appelé "la dernière forteresse pour le maintien de l'assurance maladie universelle". Parce qu'il couvre les personnes agées, les chomeurs et les personnes à faible revenu, les dépenses du gouvernement ont fortement augmenté. Le régime national d'assurance maladie a ainsi enregistré un déficit d'environs 300 milliards de yens par an.
Afin d'améliorer la situation financière de ce régime, les membres du conseil ont convenu qu'il faut transférer la responsabilité de ce système aux préfectures et non aux municipalités comme c'est le cas actuellement afin de couvrir des zones plus larges. Mais les gouvernements préfectoraux se sont montrés plutôt réticents à l'idée de prendre la responsabilité d'un régime qui reste dans le rouge.
Les fonds qui seront financés en augmentant la charge financière sur les associations d'assurance maladie des grandes compagnies afin de venir en aide médicalement aux personnes agées sont vus comme comme une source prometteuse permettant de couvrir les déficits. Environs 230 milliards de yens par an devraient être trouvés de cette façon.
En changeant le régime afin que la charge financière soit décidée selon le revenu, le cout pour les petites et moyennes entreprises sera plus faible et les dépenses du gouvernement dans ce domaine pourront être réduites.

De plus, il a été décidé que l'âge à partir duquel les employés toucheront leur retraite sera progressivement porté à 65 ans d'ici 2025 pour les hommes et d'ici 2030 pour les femmes.

sources : Yomiuri Shimbun

La réforme de la sécurité sociale : doubler les contributions des personnes agées

Le Conseil National sur la Réforme de la Sécurité Sociale propose d'augmenter les contributions des personnes agées et des salariés à hauts revenus ainsi que plusieurs autres réformes afin de rendre le système plus soutenable.
Le projet vise à augmenter les contributions des patients agés de 70 à 74 ans dans les hôpitaux à 20% des couts médicaux totaux contre 10% actuellement.
Pour les salariés à haut revenu, le projet prévoit une hausse des paiements directs des services de soins infirmiers qui sont actuellement fixés à 10% des couts totaux. Sont également prévus un impot sur leur revenu de retraite et sur leurs primes d'assurance santé.
Le projet propose que les contributions pour les services de soins médicaux couteux soient augmentés pour les hauts revenus et abaissés pour les patients à faibles revenus. De plus, les primes d'assurances santé seront réduites pour les personnes à faible revenu agées de 65 ans et plus.

http://www.japantimes.co.jp/news/2013/08/02/national/japan-social-security-reform-proposal-seeks-to-double-contributions-from-seniors/#.UgKRPUZOKP8

LE FMI RECOMMANDE AU JAPON DE DOUBLER LA TVA


Le FMI a pressé le Japon de mettre en oeuvre l’intégralité du plan de réformes économiques baptisé «Abenomics» pour que la croissance perdure, dans son évaluation annuelle de l’économie japonaise publiée lundi.
L’économie du Japon devrait afficher 2% de croissance en 2013, grâce aux mesures budgétaires et d’assouplissement monétaire, mais elle devrait ralentir à 1,2% en 2014, affirme le Fonds monétaire international.
Le FMI a souligné «les changements spectaculaires» et «le programme ambitieux» de la politique économique du Japon qui a permis «à la conjoncture de s’améliorer considérablement».
La croissance a grimpé à 4,1% en rythme annualisé au premier trimestre, a noté le chef de la mission du FMI au Japon Jerry Schiff, lors d’une conférence téléphonique lundi à Washington.
«Après des décennies de lente déflation, la Banque centrale japonaise (BOJ) est entrée dans un nouveau territoire en visant une inflation de 2%», souligne le FMI ajoutant que si la hausse des prix est encore à -0,3% sur un an en mai, elle est «en progrès constant depuis trois mois».
Le FMI prévoit une inflation remontant à 2,9% en 2014, notamment du fait de la hausse de la taxe sur la consommation.
Sans cet effet, l’inflation sous-jacente sera plutôt de 1,25%, dit le Fonds. Le yen apparaît très légèrement «sous-évalué» pour l’instant, ce qui «n’est pas problématique si les réformes économiques sont appliquées dans leur ensemble».
Le FMI enjoint ainsi le Japon de mettre en place les réformes structurelles et budgétaires prévues dans le troisième pan du programme à «trois flèches» des autorités nippones.
Les réformes «doivent être concrètes et de grande envergure», estime le FMI dans son avis, citant notamment une réforme du marché du travail ouvrant davantage l’emploi aux femmes.
Le Fonds réclame aussi un «plan budgétaire à moyen terme crédible» pour réduire l’endettement.
«Si les progrès ne sont pas complets sur les réformes structurelles et budgétaires, cela pèsera sur la confiance et mettra en danger la réussite de la nouvelle politique (...) en comptant trop sur la politique monétaire», dit encore le FMI qui prévoit alors que «cela aura des conséquences négatives pour le Japon et l’économie globale».
L’institution assure en revanche que si «une dérèglementation des services intérieurs et de l’agriculture intervenaient, accompagnées par une amélioration des marchés de l’emploi et une plus grande offre du capital-risque, il y aura possibilité d’une croissance de 2% pendant une décennie».
En revanche, «sans plan crédible» d’assainissement budgétaire, en cas de «programme Abenomics incomplet», affirme un scénario du FMI, l’assouplissement de la politique monétaire «peut devenir un fardeau et affecter le reste du monde avec un yen trop faible».

http://www.liberation.fr/economie/2013/08/05/le-fmi-presse-le-japon-de-mener-a-bien-les-reformes-economiques_922957
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MessagePosté le: 07 Aoû 2013 20:55    Sujet du message:

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Comment faire de la participation accrue des femmes à la vie économique le moteur de la croissance

Opinion de Iwata Kimie, l’ex-vice présidente de Shiseido qui est aujourd’hui à la tête du Japan Institute of Workers’ Evolution :
Abe Shinzô, le premier ministre voit la participation accrue des femmes à la vie économique comme un élément essentiel de sa stratégie de croissance. Je m’en réjouis, car aucun chef de gouvernement japonais ne l’a fait avant lui. Il propose trois mesures pour y parvenir : éliminer la pénurie de places en crèche, porter à trois ans la durée maximale du congé parental, et garantir qu’il y ait au moins une femme parmi les cadres dirigeants de chaque société.

Eliminer la pénurie de places en crèche, un aspect essentiel
Le nombre de places en crèche est une question cruciale à résoudre d’urgence si l’on veut faciliter la participation des femmes à la vie économique. Le premier ministre pense que la création de 400 000 places supplémentaires en cinq ans permettra d’atteindre cet objectif. Mais il y a quelques années, le Bureau du Cabinet estimait la demande latente à 850 000 places. La création de 400 000 places supplémentaires ne suffira donc pas à remédier à la pénurie.
La ville de Yokohama était celle où les listes d’attente pour une place en crèche étaient les plus longues de tout le pays. Elle a annoncé ce printemps le succès de son plan accéléré sur trois ans pour réduire à zéro cette attente. Si la participation accrue des femmes à la vie économique devient une priorité aboslue pour le gouvernement et des collectivités locales, l’objectif pourra être atteint non pas en cinq ans mais en trois. Les chiffres annoncés aujourd’hui, cinq ans, 400 000 places, ne me satisfont pas entièrement, mais j’espère que l’objectif d’éliminer la pénurie de places en crèches sera rapidement réalisé.

Un congé parental de trois ans ?

La législation actuelle fixe à un an la durée du congé parental, et inclut la possibilité de le prolonger de six mois. Le premier ministre a demandé aux entreprises de prendre l’initiative de le porter à trois ans. Cela me semble positif, dans la mesure où cela permettra aux femmes de choisir à quel moment elles veulent recommencer à travailler après avoir eu un enfant. C’est d’autant plus vrai qu’actuellement la pénurie de places en crèche fait qu’il est plus facile d’en trouver une pour un enfant de trois ans, âge auquel les écoles maternelles accueillent aussi les jeunes enfants.
S’il s’agit de rassurer les femmes qui prennent un congé parental en leur faisant savoir qu’elles disposent d’un maximum de trois ans pour retrouver leur travail après la naissance d’un enfant, je m’en réjouis. Par contre, faire de trois ans la norme du congé parental pour les femmes ne pourrait avoir qu’un effet néfaste sur l’emploi et le développement de carrière des femmes, et ne servirait pas l’objectif de promouvoir la participation des femmes à la vie économique.
Les femmes doivent pouvoir prendre ce congé non seulement en sachant qu’elles pourront retrouver le monde du travail une fois qu’il sera terminé, mais avec la certitude qu’elles pourront ensuite progresser dans leur carrière. L’objectif de porter à trois ans la durée du congé parental est-il compatible avec celui de garantir qu’il y ait au moins une femmes parmi les cadres dirigeants de chaque société ? Un congé parental de cette longueur nuit généralement à une carrière professionnelle. Même un plan de retour à l’emploi ne peut compenser une telle durée. En réalité, rares sont les femmes qui s’arrêtent trois ans même lorsque leur entreprise leur donne cette possibilité : la majorité choisissent de revenir après un an environ, parce qu’elles pensent à leur carrière.
Enfin, cet engagement du premier ministre de porter le congé parental à trois ans me paraît dépassé, parce qu’il projette l’image de femmes qui consacrent trois ans de leur vie à être des mères à plein temps. La plupart des jeunes pères souhaitent participer plus activement à l’éducation de leurs enfants, et il faut pour cela promouvoir la prise de congé parental par les hommes. La déclaration du premier ministre va dans le sens contraire.
L’important n’est pas d’encourager les femmes à prendre un long congé parental de trois ans, mais de développer dans les meilleurs délais assez de places en crèche pour qu’il n’y ait plus d’attente, pour que les jeunes mères puissent retourner dans la vie active au moment qui leur semble opportun.

Pour la «discrimination positive»

La troisième mesure, « garantir qu’il y ait au moins une femme parmi les cadres dirigeants de chaque société » me plaît parce qu’elle est facile à comprendre. Pour qu’une femme devienne cadre dirigeant, il faut augmenter l’implication des femmes dans la vie professionnelle, et faire progresser le pourcentage des femmes dans les professions d’encadrement. La loi sur l’égalité des sexes dans l’emploi a été adoptée il y a 27 ans. Les entreprises accordent aux hommes et aux femmes des opportunités égales, mais les femmes ne parviennent pas à avoir la même vie professionnelle que les hommes et n’occupent que 10 % des postes d’encadrement. Cela montre qu’il faut plus que l’égalité des chances hommes-femmes pour faire disparaître la discrimination vis-à-vis des femmes. Pour y arriver rapidement, des mesures spéciales, du type «discrimination positive», sont nécessaires.
Il est indispensable de fixer des objectifs chiffrés à chaque entreprise en fonction de sa situation propre. Pour y arriver, il faut non seulement aider les femmes à trouver l’équilibre entre le travail et l’éducation de leurs enfants, mais aussi mettre en place des mentors ou des femmes qui puissent servir d’exemples pour la formation des ressources humaines féminines ou la manière de les apprécier.
J’appelle le gouvernement à agir et à rendre obligatoire ces mesures de discrimination positive dans toutes les entreprises.

Éliminer les heures supplémentaires

Une mesure importante est absente du programme du premier ministre pour stimuler la participation des femmes à la vie économique : la révision de l’éthique du travail au Japon. Aujourd’hui, on trouve normal de travailler de très longues heures et d’accepter des mutations n’importe où au bon vouloir de l’employeur. Cet éthique du travail présuppose que chaque homme est marié avec une femme qui a choisi de rester à la maison pour le soutenir. Une femme qui a des enfants ne peut pas travailler de cette manière. Cela explique que même si les femmes qui ont des enfants parviennent à continuer à travailler, leurs employeurs ne s’attendent pas à ce qu’elles occupent des fonctions importantes chez eux.
Pour que les femmes puissent continuer à travailler en élevant leurs enfants, et que certaines d’entres elles occupent des postes d’encadrement et accèdent à la fonction de cadre dirigeant, il faut changer l’éthique de travail et passer à un mode dans lequel les heures supplémentaires ne sont plus considérées comme allant de soi. Seuls les dirigeants des entreprises peuvent en faire une réalité, mais différents dispositifs réglementaires, notamment l’obligation de mieux payer les heures supplémentaires, peuvent les aider à y arriver.

Voilà, en quelques mots, mon point de vue sur les mesures à prendre pour promouvoir la participation des femmes à la vie économique. Cela peut sembler demander beaucoup, mais je suis convaincue que la vie professionnelle des femmes sera radicalement transformée si seulement deux d’entre elles deviennent des réalités : des places en crèches pour tous, et la disparition des heures supplémentaires.

http://www.nippon.com/fr/currents/d00087/
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MessagePosté le: 08 Aoû 2013 02:55    Sujet du message:

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Les répercussions sur l'économie de la hausse de la TVA



Les chiffres préliminaires du PIB japonais pour avril à juin seront annoncés lundi. Ces chiffres sont très attendus car le gouvernement devrait les utiliser comme un des critères de décision pour la hausse de la TVA des 5 pour cent actuels à 8 pour cent en avril prochain. Le premier ministre Shinzo Abe a déclaré qu'il prendra sa décision au plus tôt en automne. Mais certains, au sein du gouvernement et du Parti libéral démocrate, proposent que le plan soit reporté ou modifié en partie.
La NHK a interrogé Hideo Kumano, économiste en chef au DAI-ICHI Life Research Institute.

Comment le gouvernement va-t-il prendre une décision à propos du projet de hausse de la TVA ?

Pendant les élections à la Chambre basse de la fin 2012, Shinzo Abe et son parti ont promis de prendre une décision reflétant la conjoncture économique. Avec l'application du train de mesures connu sous le nom d'Abenomics, une croissance de l'économie japonaise de 3 pour cent en termes réels est projetée pour la période allant jusqu'à juin dernier, aidée par le yen faible et des prix des actions élevés. Cela offre un environnement favorable à une hausse de la TVA.
Mais une fois que le gouvernement aura pris une décision, il faut s'attendre à ce que les consommateurs se précipitent pour acheter des biens durables tels que des appareils électroménagers et des voitures, à partir d'octobre au plus tôt, avant la hausse. Néanmoins, il est difficile de prédire les effets négatifs sur l'économie de ces achats de dernière minute après que le taux de la TVA aura été rehaussé en avril prochain. Par conséquent, le premier ministre Abe devra prendre une décision politique concernant la hausse.

Pourquoi certaines personnes ont-elles suggéré des révisions partielles au projet de hausse ?

Juste avant la hausse précédente, la folie dans les magasins a temporairement stimulé l'économie. Puis, certaines personnes ont exprimé leur opposition à la hausse, expliquant qu'elle faisait courir le risque d'un renversement de cette tendance positive.
Mais le plus important est pour le Japon de surmonter ses dettes publiques massives tout en stimulant la croissance économique. Maintenant, l'écart entre les dépenses publiques et les revenus fiscaux atteint environ 34 mille milliards de yens, ou 350 milliards de dollars. C'est un chiffre combiné qui couvre les finances aussi bien du gouvernement que des administrations locales.
Le gouvernement envisage de réduire de moitié le déficit à 17 mille milliards de yens d'ici 2015, dans deux ans à partir de maintenant. Si la hausse de 3 pour cent est appliquée comme prévu, les revenus fiscaux s'en trouveront augmentés de 8 mille milliards de yens. Le gouvernement devra ensuite obtenir le reste par le biais de coupes budgétaires. D'un autre côté, si la TVA reste à son niveau actuel de 5 pour cent, le gouvernement devra réduire ses dépenses de 17 mille milliards de yens. C'est un scénario tout à fait impossible. Par conséquent, je pense que le gouvernement n'a pas d'autre choix que d'appliquer la hausse, même si elle a un impact négatif.
Ce que le gouvernement doit faire maintenant est de continuer à élaborer une stratégie de croissance qui permette à l'économie de survivre à l'impact négatif possible des répercussions projetées. Conformément au plan en deux étapes, la TVA devrait être de nouveau rehaussée en octobre 2015. Il est impératif que le gouvernement soutienne chaque année sa stratégie de croissance et maintienne une croissance économique robuste afin de surmonter les obstacles à l'augmentation prévue de la TVA.
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MessagePosté le: 08 Aoû 2013 08:01    Sujet du message:

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So-chan a écrit:
Comment faire de la participation accrue des femmes à la vie économique le moteur de la croissance


Je ne sais pas si ce fil peut-être l'endroit du débat, en tout cas il n'a pas l'air de faire réagir grand monde Laughing

Sur la participation des femmes à la vie économique, autrement dit, comment éloigner les femmes de leurs préoccupations familiales pour les mettre au travail, c'est exactement ce qu'a fait l'occident dans les années 1900 et on a vu le résultat :

- augmentation conséquente de la masse salariale et par conséquent baisse à long terme du salaire (le droit au travail de la femme devient une obligation pour subvenir aux besoins de la famille)
- augmentation du taux de divorce
- la Finlande où on a poussé la théorie du genre à son maximum reste un pays où les femmes choisissent des métiers "sociaux" et les hommes des métiers techniques ou à haute responsabilité, donc le côté "parité" est fallacieux*

Bref... C'est du réchauffé de longue date, ça ne fonctionne pas un peu comme les QE illimités et en plus ça détruit la famille et les individus (pas facile d'assumer devoir séduire son patron plus que son mari...).
Ce Monsieur Abe est notre Giscard d'Estaing à nous. Par ses réformes économiques il coule le Japon pour de bon.

*C'est une constante, les hommes vont là où les salaires sont élevés et les responsabilités hautes :
- Le métier de professeur des écoles, très majoritairement masculin est devenu très majoritairement féminin après la disparition de l'autorité sociale et scolaire du professeur et la baisse drastique de son pouvoir d'achat.
- Certains hommes ont laissé les femmes faire de la politique à haut niveau, dès lors que le pouvoir avait migré ailleurs... Dans les banques et les organismes financiers. Ceux-ci sont dirigés par des hommes.
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MessagePosté le: 08 Aoû 2013 14:16    Sujet du message:

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Oui donc selon vous les femmes doivent s'occuper des enfants et de la maison et le mari doit travailler. Les femmes ne doivent pas travailler mais s'occuper de l'éducation enfants. Sauf que la réalité actuelle ne permet plus un telle situation sauf si le mari est riche.
L'objectif est aussi de permettre aux femmes de travailler tout en ayant des enfants : actuellement beaucoup de femmes s'arretent de travailler après leur premier enfant car il leur est difficile de concilier vie professionnelle et nécessité de s'occuper des enfants. Pourquoi ? Trop d'heures sup, pas de place en crèche....
En plus, si les femmes avaient le même taux d'activité que les hommes, selon le FMI le PIB japonais croitrait de 10%.

LE GOUVERNEMENT VEUT REDUIRE LES DEPENSES PUBLIQUES DE 62 MILLIERDS D'EUROS EN TROIS ANS

Le gouvernement japonais prévoit de sabrer les dépenses publiques de quelque 62 milliards d'euros lors des deux années budgétaires à venir, d'après un projet présenté jeudi 8 août. Ce projet budgétaire courant jusqu'en mars 2016 vise à éviter à la dette de déraper encore davantage, alors que le pays est déjà le plus endetté de toutes les nations développées.
Sa dette représente 245 % du PIB en 2013, d'après le FMI. Ce dernier a encore réclamé lundi au Japon un "plan budgétaire à moyen terme crédible" pour réduire cet endettement colossal, dans son rapport annuel sur l'économie du pays.
Le projet présenté par le gouvernement, prévu de longue date, confirme l'intention des autorités de réduire de moitié le déficit public entre mars 2011 et mars 2016 – hors paiement du service de la dette toutefois, qui a représenté la somme faramineuse de 171 milliards d'euros dans le budget annuel 2013-2014.
Tokyo prévoit notamment de réduire les dépenses publiques de 8 000 milliards de yens (62 milliards d'euros) entre avril 2014 et mars 2016. Cela représente, en moyenne, une réduction des dépenses d'un peu plus de 4 % par an. Le détail des mesures prises pour y parvenir n'a toutefois pas été présenté et devrait être faire l'objet d'annonces ultérieures.
Cet engagement d'austérité pourrait toutefois être difficile à tenir car le premier ministre conservateur, Abe Shinzo, a justement bâti tout un pan de sa politique économique sur la relance budgétaire. Le gouvernement a consacré plus de 40 milliards d'euros aux travaux publics dans son budget pour l'année d'avril 2013 à mars 2014, qui s'ajoutent à une somme voisine déjà intégrée dans un plan de relance mis sur les rails en janvier.
Il s'agissait de la première "flèche" d'une stratégie qui en compte deux autres : un assouplissement monétaire considérable de la Banque du Japon, lancé en avril, et des réformes structurelles pour doper le potentiel de croissance, amorcées depuis juin mais qui doivent encore être mises en place.
Ces réformes comprennent des dérégulations, une restructuration du secteur agricole et la signature d'accords de libre-échange avec l'Union européenne et les Etats-Unis notamment.
La Banque du Japon a par ailleurs décidé jeudi de maintenir inchangée sa politique d'assouplissement monétaire. Les neuf membres du comité de politique monétaire de l'institut d'émission ont voté pour le maintien du rythme d'achat actuel de divers titres financiers, notamment des obligations d'Etat, afin de doubler la masse monétaire en deux ans et de sortir le pays de la déflation.
"Les économies étrangères se dirigent de façon générale vers une amélioration (...). En conséquence, les exportations [du Japon] accélérent. L'investissement des entreprises a cessé de faiblir (...) et l'investissement public continue d'augmenter (...). La consommation privée reste solide", s'est félicité la BoJ.
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MessagePosté le: 08 Aoû 2013 17:56    Sujet du message:

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Citation:
En plus, si les femmes avaient le même taux d'activité que les hommes, selon le FMI le PIB japonais croitrait de 10%.


PIB et qualité de vie sont deux choses différentes. Et puis le FMI...
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MessagePosté le: 12 Aoû 2013 09:51    Sujet du message:

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Yaotomi a écrit:
So-chan a écrit:
Comment faire de la participation accrue des femmes à la vie économique le moteur de la croissance


Je ne sais pas si ce fil peut-être l'endroit du débat, en tout cas il n'a pas l'air de faire réagir grand monde Laughing

Sur la participation des femmes à la vie économique, autrement dit, comment éloigner les femmes de leurs préoccupations familiales pour les mettre au travail, c'est exactement ce qu'a fait l'occident dans les années 1900 et on a vu le résultat :

- augmentation conséquente de la masse salariale et par conséquent baisse à long terme du salaire (le droit au travail de la femme devient une obligation pour subvenir aux besoins de la famille)
- augmentation du taux de divorce
- la Finlande où on a poussé la théorie du genre à son maximum reste un pays où les femmes choisissent des métiers "sociaux" et les hommes des métiers techniques ou à haute responsabilité, donc le côté "parité" est fallacieux*

Bref... C'est du réchauffé de longue date, ça ne fonctionne pas un peu comme les QE illimités et en plus ça détruit la famille et les individus (pas facile d'assumer devoir séduire son patron plus que son mari...).
Ce Monsieur Abe est notre Giscard d'Estaing à nous. Par ses réformes économiques il coule le Japon pour de bon.

*C'est une constante, les hommes vont là où les salaires sont élevés et les responsabilités hautes :
- Le métier de professeur des écoles, très majoritairement masculin est devenu très majoritairement féminin après la disparition de l'autorité sociale et scolaire du professeur et la baisse drastique de son pouvoir d'achat.
- Certains hommes ont laissé les femmes faire de la politique à haut niveau, dès lors que le pouvoir avait migré ailleurs... Dans les banques et les organismes financiers. Ceux-ci sont dirigés par des hommes.


Elle est bien bonne Laughing . Allez hop, bobonne à la cuisine.
Les pays scandinaves marchent bien mieux que la France me semble-t-il. Et la théorie du genre, je suis tout à fait pour. Les pays embourbés dans leur vision traditionnelle de la famille et de l’apartheid sexuel imposé déclineront.
Pour une fois je suis d'accord avec So-Chan, même si je vois Abe d'un très mauvais oeil en règle générale. Si il arrive à faire péter les heures supplémentaires non payées et à augmenter le salaire minimum, pourquoi pas après tout. Mais le revers sera surement la déréglementation du travail...
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MessagePosté le: 12 Aoû 2013 12:25    Sujet du message:

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Citation:
Elle est bien bonne Laughing . Allez hop, bobonne à la cuisine.


Il y a peut-être un juste milieu entre ça et transformer les japonaises en bonnes petites salarywoman non ? Rolling Eyes

A mon avis, le but d'Abe n'a rien à voir avec une quelconque revendication d'égalité des sexes. Son objectif est purement économique: des femmes qui travaillent plus consomment, potentiellement, plus.

Le développement personnel, la qualité de vie, le bien être du couple ou des enfants passent de toute façon après.
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