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[Littérature] 'Une histoire des samouraïs' - 'Le crépuscule des Samouraïs', 2 livres, 2 approches

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Fuse
6eme Dan
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MessagePosté le: 21 Aoû 2010 02:38    Sujet du message: [Littérature] 'Une histoire des samouraïs' - 'Le crépuscule des Samouraïs', 2 livres, 2 approches

 Note du Post : 4.66   Nombre d'avis : 6
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Les samouraïs, les ninjas, les geishas… Voila bien des mots qui provoquent souvent autant de fantasmes chez des amateurs du Japon que de méconnaissances. Il suffit de rechercher ces termes dans un moteur de recherche pour s’en rendre compte, une vraie ratatouille !

Le nombre d’ouvrages sur ces ‘concepts’ sont pourtant nombreux et écrits par des personnes issues de milieux très différents. Un clivage est pourtant souvent revendiqué : celui des ouvrages dits ‘sérieux’ des milieux universitaires et ceux liés aux auteurs « fans » du Japon.

Opposer les deux revient souvent débuter une discussion sans fin sur « Qui à le droit/mérite d’écrire sur l’histoire japonaise ? » et « Les mauvais bouquins sont pour les gros fans nunuls et les bons ouvrages pour les ‘vrais’ étudiants méritants ». Les uns ne vont jurer que par les ouvrages ciselés des maitres tailleurs que sont les historiens émérites tandis que les autres, souvent issus d’un jeune lectorat, crient que « les ouvrages ‘de références’ des grands historiens sont bien gentils mais souvent illisibles et indigestes pour les grands débutants qu’ils sont ». Bref, une bataille rangée entre des sourds.

Nous allons donc comparer 2 ouvrages de vulgarisation sur les samouraïs qui visent à présenter à peu près le même sujet à des lecteurs débutants ou n’ayant pas vraiment une grande connaissance du Japon et ne souhaitant pas, pour le moment, investir dans de longues heures de lecture d’ouvrages de 800 pages. La différence viendra tout simplement de la qualité d’écriture de l’auteur, de sa connaissance et de la fiabilité des informations qu’il se propose de partager à son lecteur. Car il s’agit bien de lui le plus important. Nous présenterons, thème par thème, les qualités et les défauts des 2 ouvrages. Aux futurs lecteurs alors de choisir l’ouvrage qui lui convient avec le rapport qualité/prix. Même si cela me semble inutile à préciser, je n’ai évidemment aucun intérêt à favoriser l’un ou l’autre des deux ouvrages. Pour autant, je ne cacherai pas non plus mon avis, subjectif, sur les dits ouvrages. Libre ensuite à chacun de me contredire et d’argumenter dans un sens différent à la suite de ce post. Je précise enfin que j'ai lu ‘en biais’ les 2 ouvrages (mais sur plus de 2 heures chacun) en prenant des notes et en les comparant sur plusieurs thèmes.

Voici les 2 ouvrages en question, dans l’ordre de publication :

Une histoire des samouraïs
Robert Calvet
Bibliothèque historique Larousse
Septembre 2009
207 pages
16 €

Amazon : http://www.amazon.fr/Une-histoire-samoura%C3%AFs-Robert-Calvet/dp/203583984X/ref=sr_1_2?s=books&ie=UTF8&qid=1282335235&sr=1-2

**********************************************

Le crépuscule des Samouraïs
L’âge d’or des guerriers japonais au tournant du XVIIe siècle
Julien Peltier
Économica
Juin 2010
272 pages
23 €

Amazon : http://www.amazon.fr/cr%C3%A9puscule-Samoura%C3%AFs-Peltier-Julien/dp/2717858946/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1282335268&sr=1-1
**********************************************

Commençons donc !
Pour les pressés, il vaut mieux sauter tout le texte pour s’intéresser uniquement à la conclusion pour acheter l’ouvrage qui convient le mieux à vos besoins.


* 1er point de comparaison : le sujet et la présentation de l’ouvrage

- « Une histoire des samouraïs »
Le sujet : présenter la classe sociale guerrière japonaise symbolisée par le personnage du samouraï à travers l’histoire japonaise de la fin de l’époque Heian à la fin de l’époque Edo avec la disparition du shogunat des Tokugawa à la fin du 19ème siècle.
La présentation de l’éditeur sur Amazon énonce simplement quelques aspects de la vie des samouraïs sans préciser le plan de l’ouvrage.
Le livre est agréable au toucher et ne présente aucun gros défaut pouvant gêner un lecteur lambda. L’auteur a d’ailleurs volontairement refusé d’utiliser des ‘notes de bas de page’ durant tout le livre. Intéressantes pour indiquer des précisions ou des références, elles peuvent gêner ou freiner la lecture d’un débutant. Le milieu de l’ouvrage comporte une dizaine de pages en couleur regroupant différents visuels et quelques cartes accompagnées d’explications. La fin du livre comporte : une liste des shôguns avec leur période de pouvoir, un glossaire des termes spécifiques, une chronologie, des références bibliographiques (en français et en anglais) et enfin la table des matières.

- « Le crépuscule des Samouraïs »
A la lecture de la présentation de l’éditeur sur Amazon, le sujet semble beaucoup plus ambitieux ! Il « invite à revivre l âge d’or des guerriers japonais [.] plonge le lecteur au cœur de batailles épiques. Il retrace les parcours et dépeint les caractères des héros du passé, qui ont façonné le destin du pays. [.] Il bat en brèche les clichés tenaces auxquels l’univers méconnu du Japon féodal est trop fréquemment réduit. C’est en cela que Le Crépuscule des samouraïs fait œuvre utile. » Bref, ça va décoiffer ! Si l’on s’en tient à la table des matières, l’auteur souhaite présenter la classe sociale guerrière japonaise de la fin de Heian au début de l’ère Edo c'est-à-dire au début du 17ème siècle.
L’ouvrage assez massif reste pourtant agréable au contact et semble assez résistant pour une consultation assidue.
L’auteur utilise les notes de bas de page et se rapproche ainsi des ouvrages plus universitaires même si cela peut dérouter des lecteurs débutants. L’ensemble de l’ouvrage comporte de nombreux visuels, cartes, encadrés explicatifs dans le texte et de petites chronologies en tête de chapitre. La fin de l’ouvrage reprend une chronologie plus générale, une liste des shôguns de 1192 à 1638, une bibliographie très fournie d’ouvrages en français et en anglais, un glossaire des termes.


* 2ème point de comparaison : « rassurer le lecteur et respirer le sérieux »

- « Une histoire des samouraïs »
Il est édité par Larousse que l’on peut considérer comme un gage de qualité pour le grand public. On imagine mal une édition aussi sérieuse (on pense tout de suite au dictionnaire Larousse) prendre le premier gars trouvé en bas de la rue pour écrire un ouvrage sur le Japon. Ce n’est d’ailleurs pas totalement faux. R. Calvet a déjà écrit quelques articles et d'autres ouvrages dont un sur le Japon : « Les Japonais : Histoire d'un peuple » chez Armand Colin en 2003. Ce livre, de 368 pages, a eu un certain succès et bénéficia d’une seconde édition augmentée et remise à jour en 2007. Il proposait un rapide panorama de l’histoire japonais des origines au 20ème siècle. L’auteur appartient au monde enseignant et a suivi un cursus universitaire classique en histoire occidentale puis en histoire japonaise.

- « Le crépuscule des Samouraïs »
Il est édité par Économica. Editeur quasi inconnu du grand public, Economica est surtout présent dans le droit et un peu aussi dans celui de l’histoire militaire. Ce secteur lui vaut d’ailleurs une réputation assez sulfureuse. Dans le secteur de l’histoire, les auteurs, peu connus, sont souvent issus des milieux militaires et proposent des travaux sur des sujets très précis pour un lectorat pointu appréciant la tactique ou la stratégie. C’est un peu les militaires qui parlent aux militaires avec des idées de militaires. Il y a pourtant des ouvrages plus généraux dont fait partie « Le crépuscule des Samouraïs ». L’auteur, Julien Peltier, déclare lui-même dans sa biographie et son site Web ne pas avoir suivi un cursus universitaire d’histoire. Il travaille dans la communication/Web et ne parle, ni ne lit, le japonais contemporain ou classique. Il s’agit de son premier ouvrage et il déclare une passion vieille de 10 ans et la gestion d’un site (clan takeda) de fans du Japon et de l’Asie pour justifier sa démarche.


* 3ème point de comparaison : « organisation du texte, pédagogie et connaissances apportées… »

- « Une histoire des samouraïs »

Par son choix de ne pas utiliser les notes de bas de pages ni même de kanji pour les termes ou les noms japonais, l’auteur se place clairement d’un point de vue d’un lecteur débutant voulant s’intéresser à ce sujet sans rien connaître par avance. L’ouvrage se construit autour de 3 grandes parties.
Une première partie ‘chronologique’ « Les samouraïs dans l’histoire » où il décrit, époque par époque, les évolutions de la classe sociale guerrière japonaise, sa prise de pouvoir, les conflits entre clans, les grandes figures militaires, etc. Il n’oublie pas pourtant de consacrer quelques chapitres sur les développement/problèmes agricoles, les évolutions techniques et économiques, les autres classes sociales : les divers clergés, la bourgeoisie et surtout la paysannerie.
La deuxième partie, essentiellement thématique, se centre sur le quotidien du samouraï dans la société japonaise médiévale ou moderne : le samouraï dans son habitat, l’éducation, les armes, le bushido, la féodalité, etc.
La dernière partie est consacrée aux « samouraïs rêvés ». L’auteur y regroupe tous les grands mythes où il est difficile de démêler la réalité et fantasme littéraire comme pour Miyamoto Musashi, le mythe des 47 ronins, les ninjas, etc. ou les valeurs guerrières propagées, a posteriori, avec certaines « adaptations » par les yakuzas, dans la figure du samouraï dans le cinéma, le militarisme des années 1930, etc.
La lecture est fluide et l’on sent que l’auteur fait toujours attention à garder un style assez neutre et clair pour éviter de perdre son lecteur sous les noms et les faits. Il y réussit surtout dans la seconde partie bien évidemment. Malgré cette approche vulgarisatrice (dans le bon sens du terme), R. Calvet reste prudent. Il indique toujours où sont les limites des connaissances apportées. Ainsi, sur des sujets comme les ninjas ou Miyamoto Musashi, toujours un peu tarte à la crème, mais indispensables car attendus par les lecteurs, il les place dans cette troisième partie où, tout en indiquant les origines historiques ou littéraires des informations qu’il énonce, il peut se laisser un peu dériver vers un texte plus romancé. On reste pourtant dans la limite du raisonnable.

- « Le crépuscule des Samouraïs »
On sent rapidement chez l’auteur une tension et une nervosité dans l’écriture. J. Peltier voudrait rester accessible tout en essayant de tout décrire et en se concentrant sur son sujet : la classe guerrière japonaise. Cela donne un résultat assez mitigé et un texte parfois confus.
L’ouvrage est aussi divisé en 3 parties qui restent pourtant très liées. L’ouvrage dans son entier est chronologique. La première partie débute à la fin de heian jusqu’à Muromachi. La deuxième partie se concentre sur Oda Nobunaga et Toyotomi Hideyoshi et leurs combats. La troisième partie laisse la part belle à la bataille de Sekigahara et à l’avènement du shogunat des Tokugawa en passant par un long chapitre sur Miyamoto Musashi.
Dans ces trois parties, l’auteur a souhaité insérer des chapitres plus thématiques et des ‘encadrés’ sur les armes, les châteaux ou les ninjas par exemple. Malheureusement, cela rend le récit chronologique encore plus complexe, voire indigeste. Le nombre infini de noms et d’évènements qui se succèdent au fils des pages perd le lecteur. Les encadrés sont noyés au milieu du texte est sont quasi impossible à retrouver sauf à feuilleter l’ouvrage dans son ensemble en espérant par hasard tomber dessus. La chronologie des évènements oblige souvent l’auteur à se répéter sur tel ou tel personnage ou évènement sans pour autant avoir la possibilité d’approfondir réellement son propos. Il n’arrive pas à s’extraire du récit, pourtant parfois romancé dans l’élan de l’écriture. Il n’y a aucune véritable présentation des mondes paysans ou de la bourgeoisie. Pas d’explication des évolutions démographiques, économiques ou technique du pays durant la période. Seules les religions sont un peu abordées.
Les sujets « tarte à la crème » sont très mal présentés. Les ninjas ou la vie de Miyamoto Musashi sont décrits d’un seul tenant sans distinguer le mythe de la réalité et dans un style très romancé. Tout le texte reste fortement « premier degré ». Cela manque de nuances. On sent l’auteur vraiment dépassé par l’ampleur du travail à vouloir tout dire de l’histoire guerrière du Japon, toute les batailles, tous les personnages, tout en essayant de rester accessible à un lecteur débutant. Cela ne fonctionne mal et c’est la confusion qui règne pour le lecteur malgré la bonne volonté sincère de l’écrivain.


* En conclusion

2 ouvrages, 2 approches différentes et surtout 2 auteurs avec un regard presque opposé.

- « Une histoire des samouraïs » est clairement réfléchit et rédigé par Robert Calvet comme un ouvrage à destination de grands débutants s’intéressant au mythe du samouraï et à sa place dans l’histoire et la société japonaise. Il choisit et assume clairement de rester très général dans sa chronologie des évènements pour se concentrer sur des thématiques plus simples à décrire sans assommer le lecteur sous des tonnes de noms ou de faits. La structure de l’ouvrage est claire et permet facilement au lecteur de retrouver tel ou tel chapitre pour une relecture rapide. Malgré son aspect simplifié, l’auteur n’en n’oublie pas d’ajouter des chapitres sur la société japonaise dans son ensemble pour replacer la classe guerrière japonaise dans un contexte plus large. Il conserve aussi la prudence naturelle des historiens de métier. Il prévient le lecteur des sources historiques ou littéraires des informations qu’il propose. Il rassemble les sujets les plus difficiles dans une troisième partie bien spécifique où il se permet quelques passages plus romancés.
Bref, un ouvrage agréable, dans un ton assez pédagogue et qui remplit parfaitement son but. Présenter la figure du samouraï dans la société japonaise à un public débutant tout en lui permettant, s’il le souhaite, d’aller plus loin avec la bibliographie en fin de volume. Les limites ainsi fixées sont bien sûr autant de critiques pour un lecteur plus averti. Pas de retranscriptions des noms en kanji, pas de références d’ouvrages japonais, peu de cartes et pas d’extraits de documents, une histoire japonaise survolée, des thématiques simplifiées qui mériteraient chacune un ouvrage complet.

- « Le crépuscule des Samouraïs » présente un paradoxe. Il se destine clairement à un lectorat débutant. L’auteur n’a aucune étude sur le Japon, ne parle pas japonais et ne bénéficie d’aucune caution universitaire pour valider un travail plus érudit. Pourtant Julien Peltier s’entoure de tous les attributs d’un ouvrage classique d’histoire : de nombreuses notes de bas de pages, des cartes et documents à foison, une très longue bibliographie, une chronologie très précise, etc. On dirait du Canada Dry…
Malheureusement, en voulant « trop bien faire » et « pouvoir tout dire sans oublier personne » en jouant sur les 2 tableaux, il en oublie le lecteur. Plus de 200 pages de chronologie à lire d’une seule traite relève d’un vrai challenge, même pour un lecteur confirmé. L’ouvrage est donc difficile à lire, ne permet pas de comprendre véritablement l’histoire japonaise et la place des samouraïs au sein de celle-ci. Incapable de « ralentir le rythme », l’auteur n’arrive pas à s’extraire du récit, et ne livre aucune véritable piste réflexion sur ce qu’il énonce. Il mélange facilement, mythe, réalité, et indique souvent des informations issues d’autres ouvrages sans vraiment les expliquer voire à les comprendre. Les documents, pourtant parfois intéressants, sont noyés dans le texte et il est pratiquement impossible de les retrouver par la suite. C’est vraiment dommage car ce type d’ouvrage doit pouvoir être repris rapidement par un lecteur qui souhaite consulter simplement un petit passage sur tel ou tel sujet sans forcément tout relire. Il n’y a pas de véritable pédagogie dans le texte. On avale de la date et de l’évènement. Point. Les titres, mal choisis, peuvent dérouter un débutant et feraient bondir un étudiant confirmé : « Zenith - Une guerre de 100 ans », « Le baiser de Judas », « les lièvres et la tortue », « Pour qui sonne le glas », etc. Quel intérêt ? Quel est le but recherché ? C’est vraiment se tirer une balle dans le pied.
Malgré une volonté certaine de l’auteur à vouloir faire partager une passion pour les samouraïs et l’histoire japonaise, l’ouvrage est en grande partie raté. D’un côté, il risque de frustrer un lecteur débutant qui va se perdre dans la longue chronologie des noms et des évènements sans vraiment ressortir da la lecture avec le sentiment d’avoir appris quelque chose. De l’autre côté, un étudiant confirmé considérera le livre comme un recueil de blagues et s’en amusera au dépend du but premier de l’ouvrage. La volonté de partager peut effectivement être le moteur pour écrire un livre mais il ne faut pas en oublier une méthode rigoureuse et surtout son lectorat pour réussir un ouvrage agréable et instructif à la fois.


Cordialement,


Fuse
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JulienPeltier
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MessagePosté le: 24 Aoû 2010 10:46    Sujet du message:

 Note du Post : 3.6   Nombre d'avis : 5
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Bonjour à tous,
Je suis Julien Peltier, l’auteur du livre évoqué par Fuse. C’est étrange de revenir sur les forums de passionnés du Japon. La dernière fois que je les avais parcourus, c’était il a quelques années maintenant, dans l’intention de « recruter » pour l’association Clan Takeda, force emphase et discours pompeux à l’appui. Comme de juste, Forum Japon n’avait pas été épargné ! À cette époque, un léger contentieux m’avait opposé à Fuse, que je croyais avoir apaisé à la suite de notre entrevue. Il faut croire qu’il n’en fut rien. C’est en tout cas le goût que me laisse la lecture de ta critique, Fuse. J’imagine que tu vas contester tout lien avec ce précédent fâcheux, mais il me semble que l’honnêteté intellectuelle imposait d’apporter cette précision.

Fuse, j’entends bien les réserves introductives sur la subjectivité et la lecture « en biais » (deux heures par livre assorties de notes). Pourtant, je ne peux pas m’empêcher de voir dans ton long message un exercice de style, à l’issue courue d’avance. Le gentil passionné, non japanophone, n’a bien sûr pas la moindre chance de sortir vainqueur du duel qui l’oppose au docteur en Histoire auréolé de gloire universitaire. Et cependant, même si j’en suis flatté, je n’ai manifesté aucune vélleité de comparer mon travail à celui de M. Calvet. Il va sans dire que le premier ouvrage d’un trentenaire ne doit pas soutenir la comparaison avec le fruit d’une carrière entière passée à étudier. Et j’imagine que tel était le message implicite contenu dans ta critique, très orientée en dépit de toutes les précautions d’usage posées d’emblée, me semble-t-il.

Je plaide coupable concernant l’avalanche de noms propres, et l’enchaînement chronologique parfois conduit au pas de charge. Mon directeur de collection, le général Bonnemaison, m’avait mis en garde. La seconde version du manuscrit, quoique « délayée », est peut-être encore un peu dense. La suppression de nombreux personnages secondaires, et l’ajout d’une notice portant sur les personnages, ne sont peut-être pas encore suffisants pour mémoriser tous ces noms. À l'inverse, je ne suis pas responsable de la politique tarifaire de l'éditeur. Pour répondre au « procès en amateurisme », l’argument est imparable. Certes, je ne suis pas historien de métier. Je reconnais également volontiers l’orientation romanesque, « l’élan », et je les revendique. C’est précisément le ton que j’ai voulu donner à ce livre : un essai fondé sur des sources solides, mais qui ne perd pas de vue l’incroyable souffle épique qui porte cette partie de l’histoire japonaise. C’est par ailleurs dans ce sens que j’ai choisi mes titres.

En revanche, j’estime que certaines de tes remarques relèvent de la calomnie gratuite. En quoi la réputation des éditions Economica, qui se vantent de compter au nombre des tout premiers éditeurs académiques, est-elle « sulfureuse » ? Sur quoi te bases-tu pour dire, je cite, que l’auteur « mélange facilement, mythe, réalité, et indique souvent des informations issues d’autres ouvrages sans vraiment les expliquer voire à les comprendre » ? Sur quoi s’appuie l’accusation de décrire « les ninjas ou la vie de Miyamoto Musashi (…) sans distinguer le mythe de la réalité » ?
Certes, je le redis, ma profession n’est pas celle d’historien. Pour autant, je me suis astreint à une grande rigueur dans la rédaction de cet ouvrage. Pour combler mes lacunes, j’ai sollicité l’aide de bons connaisseurs. Par exemple, M. Jolivalt, auteur d’Esprits et créatures fabuleuses du Japon, qui a également contribué à la traduction du Shôninki paru chez Albin Michel, m’a été d’un secours inestimable sur les questions de japonais ancien. M. Sabouret, directeur de recherche au CNRS et, par son intermédiaire, M. Souyri, ont eu la gentillesse de me faire part de leurs encouragements. Je suppose que ces noms ne vous seront pas inconnus. Même si je suis ravi de faire sourire qui que ce soit, ces messieurs ne semblent pas, quant à eux, avoir trouvé que Le Crépuscule des samouraïs tenait du « recueil de blagues »…

Pour finir sur une note positive, et presque amusante, il se trouve qu’un libraire du XIX° arrondissement, qui proposait d’organiser une petite soirée de lancement pour mon livre, m’a justement demandé mon avis sur l’ouvrage de M. Calvet. J’ai répondu, non sans orgueil, je le reconnais, que malgré tout le respect et l’admiration qui lui sont dus, son livre, que j’attendais avec impatience, m’a laissé sur ma faim. Et le libraire de proposer une confrontation ! Je ne l’ai pas relancé depuis, et je doute que M. Calvet, si nous l’invitions, réponde par la positive. Mais si toutefois cela devait arriver, j’imagine que cela t’intéressera d’assister à cela, Fuse, puisque tel était ton propos. Dans ce cas, je me ferai un plaisir de t’inviter.

Cordialement,
Julien Peltier
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Julien
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Botchan
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MessagePosté le: 24 Aoû 2010 22:23    Sujet du message:

 Ce message n'a pas encore été noté.
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Et bien, en tous cas, votre modestie et votre franchise, M. Peltier, donne envie de vous lire, car au moins, vous savez ce que vous ne savez pas ! Je veux dire que la science sans fausse prétention, ça fait du bien.
Sur ce forum, on a vu des "scientifiques" moins bien se débrouiller.

Je n'ai lu aucun des deux livres présentés ici, mais à la bonne heure...

PS : M. Peltier, qu'est-ce qui vous différencie de M. Calvet dans votre compréhension des "samourais" ?
(évidemment, la réponse ne m'empêchera pas de lire vos deux livres, au contraire même, je pense) Wink
_________________
"Avec ce pouvoir [de la réthorique], tu feras ton esclave du médecin, ton esclave du pédotribe et, quant au fameux financier, on reconnaîtra que ce n'est pas pour lui qu'il amasse de l'argent mais pour autrui, pour toi qui sais parler et persuader les foules." Platon, Gorgias (IVème siècle avant J-C) - NB : suis privé du droit de notation depuis Fukushima, devinez pourquoi !-
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Fuse
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MessagePosté le: 25 Aoû 2010 11:35    Sujet du message: une longue réponse...

 Note du Post : 5   Nombre d'avis : 3
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Le coup de l’attaque personnelle, qui me place dans le rôle du très gros méchant frustré, cela devient un classique. Dommage que je n’ai ni le talent, ni la verve de Vincent Guillon pour surfer dessus.


Il y a encore quelques jours, les deux ouvrages étaient placés côte à côte dans certaines librairies parisiennes dans la section histoire japonaise/Asie, visiblement mis en concurrence. C’est logique. Ils s’intéressent au même sujet, se destinent, globalement, au même public et sont sortis presque en même temps (neuf mois à peine de décalage). Les comparer n’est donc pas un péché.

Il ne s’agit pas d’opposer un jeune auteur issu du monde des fans ‘tout mauvais et méchant’ à un historien expérimenté ‘tout génial et trop trop beau’ pour mon plaisir personnel. Le plus important reste ici le lecteur et uniquement le lecteur !

J’ai donc essayé de me placer comme simple lecteur en me posant juste deux questions :

- Que cela soit par une lecture ‘simple’ c'est-à-dire sans m’arrêter à chaque phrase pour en analyser la portée et la comparer à un autre livre ET/OU en « piochant » des informations dans un chapitre sur un sujet précis, qu’est-ce que j’ai pu retenir de l’ouvrage ?

- Que valent les informations données par l’auteur sur des ‘sujets attendus’ et sur des sujets plus convenus. Par ‘sujets attendus’ j’entends bien sûr ceux que l’on rencontre dans la majorité des sites Web sur les samouraïs faits par des fans (bushido, pouvoir, origine d’une classe sociale, armes, armures, ninja, célébrités, batailles, etc.). Les ‘sujets convenus’ concernent surtout la chronologie des faits, les institutions, les interactions avec les autres classes sociales, etc.

En résumé

Quel ouvrage récent sur les samouraïs peut-on conseiller à un débutant sans connaissances préalables qui souhaite en apprendre plus sans trop s’investir (en temps et en argent).

Pour ce public de départ et avec cette idée de qualité/coût/temps investi, je conseille largement un ouvrage par rapport à l’autre, aussi anonyme et subjectif que je puisse être. Aucune autre chose ne m’intéresse, même si rien n’empêche d’être persuadé du contraire et de l'argumenter. Au final ce sont les lecteurs/acheteurs qui décideront et cette conversation, bien malgré moi, participe à ta publicité et à celle de R. Calvet. D’ailleurs, à en croire Botchan, tu as déjà gagné un lecteur.

***************************************************

Maintenant, je vais me permettre de répondre à ton message sur les critiques que j’ai pu formuler.

* Sur l’éditeur
L’éditeur « Économica », bien que très reconnu dans le monde du droit, à une image bien plus réservée chez les universitaires dans le domaine de l’histoire. On peut considérer cela comme une « guéguerre » entre chercheurs civils versus militaires de carrière ou y voir une question de fond sur comment comprendre l’histoire. Comme tu sembles connaître des célébrités, tu n’auras aucun mal à te renseigner plus précisément et à confronter les points de vue.


* Sur le mélange réalité/mythe et le manque de recul, voire de compréhension des faits.
Prenons un exemple dès le début de l’ouvrage. Les deux textes s’ouvrent sur la fin de Heian et le conflit Taira/Minamoto. Deux thèmes importants ne sont pas à oublier pour bien assimiler cette période :
A- L’évolution des liens et des rivalités qui existent entre noblesse de cour et clans guerriers de provinces ;
B- Les raisons de la rivalité entre Taira et Minamoto et la manière de concevoir l’exercice du pouvoir par les deux clans.

Le crépuscule des Samouraïs
A- Dans le récit, l’on comprend parfaitement que la noblesse liée à la capitale perd peu à peu son pouvoir au dépend de nouveaux clans qui s’accaparent les terres provinciales administrées jusqu’alors sous un modèle continental chinois impérial (je caricature beaucoup pour simplifier). Néanmoins, sauf pour les Minamoto et les Taira, liés à la famille impériale, aucun lien n’est décrit entre province et capitale.

B- Sur la rivalité entre les 2 clans, nous avons peu d’infos, sauf qu’ils se détestent et n’hésitent pas à se trahir dès que possible. Des cartes présentent (dans mes souvenirs) les zones d’influences des deux clans et la chronologie des batailles. L’importance est donnée surtout au récit des batailles, des alliances et des trahisons. X fait ceci, il bat Y ici puis va là et bataille contre Z, etc. C’est un choix tout à fait respectable et qui permet de bien comprendre le déroulement de cette guerre et donne la part belle aux rebondissements. La victoire des Minamoto débouche très rapidement sur l’arrivée des Hôjô, et le récit se poursuit sur le problème de la régence.

Que manque t-il ? Du lien, des raisons (réelles ou revendiquées), des causes profondes de ces conflits, de ses évolutions, des innovations qui vont être apportées pour déboucher à la période du moyen-âge. Le récit ne peut suffire à expliquer cela à un débutant qui ne va retenir qu’une succession de batailles et de victoires.

Une histoire des samouraïs
Même si l’ouvrage de R. Calvet le survole à peine, il indique clairement :

A- Que la grande majorité des clans provinciaux sont liés, à divers degrés, à la noblesse de la capitale et donc à la famille impériale (comme pour les Taira et les Minamoto). Pourquoi ? Les intrigues, les cadets, les revers de fortunes, le trop petit nombre des postes/charges impériales disponibles et bien d’autres faits dans la capitale poussent certains membres des familles nobles à tenter leur fortune en province et peu à peu se lier aux clans guerriers locaux. La rivalité/jalousie capitale/province se transforme alors et permet la suite des évènements. Légitimés par les mariages/associations avec des membres de la noblesse, utilisés de plus en plus comme bras armé par l’Empereur et s’accaparant impunément des terres tout en mettant en place des liens comparables à la vassalité occidentale, les clans provinciaux considèrent être en position pour réclamer et assoir leur puissance militaire sur le ‘pays’ et sur la famille impériale. Bien sûr la réalité est beaucoup plus complexe. Les liens sont décrits dans l’ouvrage et une clarté s’en dégage.

B - La concurrence que se livrent les deux clans envers la famille impériale est déjà ancienne et débouche sur une mise à l’écart des Minamoto au point que ceux-ci ne voient que le conflit armé comme réponse. Après sa victoire, Taira no Kiyomori a choisi de reprendre, en grande partie, la manière de gouverner des Fujiwara pour éviter une rupture trop franche. Vivre dans la capitale, s’associer par les liens du mariage à la famille impériale, mettre la main sur l’empereur et ainsi diriger le pays en son nom. À l’inverse, dès sa prise de pouvoir, Minamoto no Yorimoto refuse cette manière de gouverner. Il déplace le siège du pouvoir effectif à Kamakura en créant de nouvelles institutions et assemblées tandis qu’il fait ‘simplement’ surveiller l’empereur considéré déjà comme un simple outils/symbole. Cette importante, voire primordiale, rupture et cette mise en place de nouveaux organes de pouvoir en privilégiant les liens vassaliques au dépend de la proximité familiale de l’empereur est indiquée dans l’ouvrage, même si cela reste très rapide. Pour un débutant, cette approche permet la mise en place d’une structuration et, je pense, d’une meilleure compréhension de ce monde du début du moyen-âge.

Encore une fois, l’ouvrage de R. Calvet est très loin d’être parfait. Il répond cependant très correctement à un lecteur débutant en indiquant les engrenages qui font évoluer les situations et permettre des innovations, les jonctions entre les moments forts et épiques. Ce que l’on perd en qualité de récit et compensé par une clarté des évènements et des causes des évolutions… le tout accessible à un débutant !


* Sur les ninjas.
N’ayant que mes notes, et mes souvenirs, mes indications ci-dessous mériteront certainement d’être vérifiées par la suite.

Le crépuscule des Samouraïs
La partie sur les ninjas est placée au sein du récit général de l’ouvrage (vers le milieu il me semble). Le texte commence par une chronologie dès le 16ème siècle des ninjas. Vient ensuite une importante description sur les pouvoirs, organisations, armes, techniques... Peu de notes de bas de pages. Difficile de distinguer ce qui est de l’ordre de l’information de ce qui est de l’ordre du récit ou du ‘on dit’.

Une histoire des samouraïs
Le chapitre est placé dans une section « Les samouraïs rêvés » ce qui indique déjà clairement au lecteur un écart et une prudence par rapport au reste de l’ouvrage, plus réaliste. Le chapitre commence par présenter 3 origines possibles des ninjas, références à l’appui. La description se poursuit sur l’organisation et de l’importance de ces clans à travers les époques.

Même si dans les deux cas, les archives et d’études manquent, la présentation de R. Calvet permet d’avoir déjà une mise en garde sur la difficulté de présenter les ninjas et leur origine à un lecteur avant de succomber quelque peu au récit plus ‘aventure’ de ces personnages, ô combien fantasmés. Le nombre d’informations sur les ninjas (organisation, armes, techniques, etc.) est plus important dans l’ouvrage de Julien Peltier mais cela me semble, à la lecture, déconnecté de la réalité. J’ai lu des textes équivalents dans des jeux de rôles (jeux papier ou jeux vidéos) à vocation ludique.


* Sur Miyamoto Musashi.
Voila bien un sujet tarte à la crème tant le personnage a une importance minime dans l’histoire japonaise générale qu’il a une célébrité mondiale dans les domaines artistiques et sportifs.

Le crépuscule des Samouraïs
La partie sur ce personnage se situe vers la fin de l’ouvrage. Dès le début, le texte part sur mode du récit et de l’aventure romancée. Cela débute par « Une aurore lugubre éclaire en demi-teinte la vallée de Sekigahara, etc. ». L’aventure du personnage commence et ne s'arrêtera pas. Le mélange réalité/fiction de la biographie du personnage, ses théories sur le monde, le combat, le bushido est complet. On remarque aussi une forte d’empathie entre l’écrivain et le personnage.

Une histoire des samouraïs
Le chapitre est aussi placé aussi dans une section « Les samouraïs rêvés ». Voila le lecteur prévenu. La première phrase de ce chapitre commence par une mise en garde de l’auteur qui informe, encore, le lecteur de la difficulté à distinguer réalité et légende dans le personnage de M. Musashi. R. Calvet énonce alors quelques dates et débute un très court récit. Cela reste clair et sobre, mais un peu trop court.

Le nombre des informations (réelles ou rapportées) sur la vie, les combats et les idées attribuées à M. Musashi sont bien plus importantes dans l’ouvrage de J. Peltier, Le crépuscule des Samouraïs. Le récit est associé à un profond respect du personnage par l’auteur qui se sent facilement à la lecture. Cependant, encore une fois, il est impossible de distinguer récit romancé et informations réelles pour un lecteur débutant. Nous sommes très proches du roman, d’un résumé de la Pierre et le Sabre et non d’un ouvrage d’histoire pour jeune public.


* Pour en terminer
En conclusion, bien que l’ouvrage de R. Calvet soit beaucoup moins généreux en dates, évènements, personnages, cartes, récit épique etc. que celui de J. Peltier, il me parait beaucoup plus simple à lire et clair pour comprendre et apprendre. Son pragmatisme, son écriture et sa rigueur en font un ouvrage beaucoup plus adapté au public défini au départ. Il apparait comme beaucoup plus équilibré, et son manque d’exhaustivité sur les guerriers et compensé par des informations complémentaires sur le monde paysan, la bourgeoisie, les évolutions techniques/économiques qui apportent une vision plus globale du monde japonais.

Je me place encore une fois d’un point de vue d’un « public débutant ». Aucun des deux ouvrages n’est parfait et de nombreux aspects ne sont que survolés ce qui paraîtra souvent frustrant pour un lecteur plus averti.


Cordialement,

Fuse


ÉDIT : coquilles (toujours trop nombreuses) enlevées dans le texte.


Dernière édition par Fuse le 25 Aoû 2010 15:23; édité 2 fois
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JulienPeltier
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MessagePosté le: 25 Aoû 2010 13:07    Sujet du message:

 Note du Post : 3.5   Nombre d'avis : 2
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Botchan, merci. Je ne suis sans doute pas si modeste que tu le crois, mais je veux bien prendre la franchise ! Smile

Fuse, merci pour cet avis mieux argumenté, plus nuancé, et qui me semble plus honnête. C'est dans le même souci d'honnêteté que je mentionnais notre léger différend d'autrefois, je ne crois pas qu'il soit utile d'invoquer Stéphane Guillon dans cette affaire Wink
Evitons, si tu veux bien, les anathèmes du genre du "recueil de blagues".

Il est vrai que j'ai opté pour une approche plus événementielle, notamment dans le but de satisfaire les lecteurs désireux d'approfondir leur connaissance de l'histoire militaire japonaise. À mes yeux, ce choix était précisément justifié par le fait que d'autres ouvrages, dont celui de M. Calvet, traitaient déjà de manière pertinente d'autres thèmes et articulations. Cela répond aussi, partiellement, à la question posée par Botchan, bien que je ne revendique pas une "différence de compréhension", plutôt une simple "différence d'approche". Je comprend aussi mieux ta remarque concernant Economica, qui fait effectivement souvent la part belle aux sujets tactiques et stratégiques. Cette thématique m'intéresse, et j'ai essayé d'y apporter ma contribution, parce qu'elle me semble tout à fait légitime lorsque nous parlons des usages d'une classe guerrière, et que ce sujet, mieux maîtrisé par les soldats que par les universitaires (en caricaturant aussi), est en conséquence souvent escamoté ou traité superficiellement dans les essais des seconds. Et puis, s'inscrire dans une collection intitulée "Guerres & guerriers" imposent quelques règles et orientations.

Je ne peux, naturellement, pas vraiment souscrire à ce tu écris sur les ninja et Musashi, dans la mesure où je me suis efforcé de distinguer le grain de l'ivraie, non sans mal, certes. Concernant Miyamoto Musashi, pour lequel je n'ai aucune empathie particulière, je me suis essentiellement basé sur le travail de Kenji Tokitsu, qui dresse une bonne synthèse des différentes recherches et controverses entourant le personnage. S'agissant des ninja, au vu de la profusion d'ouvrages pseudo-historiques et surtout mystico-farfelus, j'ai du croisé de nombreuses sources. Je citerai tout de même l'oeuvre de Stephen Turnbull, dont j'ai tenté de restituer les fréquents traits d'humour décochés aux tenants de la vision "super-héroïque" du ninja.

Je conclurai par une évidence : toute personne qui se lance dans la rédaction d'un livre espère bien être lue par le plus grand nombre. Elle ne parvient pas nécessairement à ses fins, loin s'en faut, mais lui reprocher de ne pas se soucier du lecteur me paraît saugrenu. Cela étant, le livre appartient au lecteur dès qu'il le tient en main, et son avis lui appartient. Je suis prêt à recevoir les bonnes comme les mauvaises critiques. C'est mon premier livre, je ne suis qu'au début du chemin.

PS à l'attention de Botchan : pas tant de Monsieur ni de vous, s'il te plait. Je me plais à croire que le fait d'avoir écrit un livre ne fait pas de moi une personne plus respectable que n'importe quel internaute du forum. Et puis, il y a fort à parier que nous nous sommes déjà tutoyés, ici ou là, dans le temps Wink

Au plaisir,
Julien
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MessagePosté le: 27 Oct 2010 15:59    Sujet du message:

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Bonjour,
Avec votre permission, je me permets un tout petit coup de pub, assorti d'une invitation, pour faire bonne mesure Smile
Alors voilà, mon livre Le Crépuscule des samouraïs a reçu une bonne critique des magazines Zoom Japon et DSI (Défense et Sécurité Internationale). Si cela vous intéresse, je vous invite à lire la seconde en ligne ici :
Arrow http://www.dsi-presse.com/?p=2358

D'autre part, j'organise une petite soirée "conférence" et rencontre à la librairie "La Lucarne des Écrivains", le vendredi 12 novembre prochain, à partir de 19h30.
Voici l'adresse de la librairie : 115, rue de l'Ourcq, 75019 - Paris


L'entrée est libre, et tous ceux qui le souhaitent sont les bienvenus.
Au plaisir de croiser certains d'entre vous !
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MessagePosté le: 02 Nov 2010 21:52    Sujet du message: une histoire de samurai

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Julien peltier...
Votre style me plait. ne vous connaissant ni d'adam ni d'Eve, et étant un novice pour tout ce qui touche le japon et son histoire, je vais m'intéresser de près à votre ouvrage...
merci d'être là.
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MessagePosté le: 03 Nov 2010 10:21    Sujet du message: Re: une histoire de samurai

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Le_vagabond a écrit:
Julien peltier...
Votre style me plait. ne vous connaissant ni d'adam ni d'Eve, et étant un novice pour tout ce qui touche le japon et son histoire, je vais m'intéresser de près à votre ouvrage...
merci d'être là.


Merci, c'est très gentil ! Embarassed
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MessagePosté le: 14 Déc 2010 16:16    Sujet du message:

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Bonjour,
je passe juste annoncer que j'ai eu le privilège d'être l'invité de France Inter, lors de l'émission "2000 ans d'Histoire" d'aujourd'hui. Si les samouraïs vous intéressent, je vous invite donc à écouter ou podcaster le programme ici
Arrow http://www.2000ans.com/
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MessagePosté le: 25 Avr 2012 16:42    Sujet du message:

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Bonjour à tous,
Je fais un passage pour annoncer une prochaine réédition du Crépuscule des Samouraïs. Je ferais de mon mieux pour tenir compte des remarques constructives glanées sur le forum, en remerciant tous ceux qui ont lu l'ouvrage, tout en tâchant de ne pas trahir l'esprit originel. A bientôt, sans doute à la rentrée Smile
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