[Max]

source: le nouvel obs

Cinquante ans après ses grands débuts à l'écran, Godzilla, monstre japonais kitsch et culte, est sur le point de prendre une retraite anticipée mais sans doute provisoire.

L'icône du cinéma fantastique japonais ne fait plus recette dans les salles obscures et les studios nippons Toho ont donc décidé que le 28e Godzilla, qui sortira cette année à l'occasion du cinquantenaire du lézard mutant, serait le dernier avant au moins dix ans.

«Nous avons fait tout notre possible (...) mais nous n'avons pas réussi à attirer de nouveaux fans», admet Shogo Tomiyama, producteur exécutif des studios. «Nous ferons donc du film du cinquantenaire un événement, la quintessence du meilleur, et ce sera la fin jusqu'à nouvel ordre.»
Attendu pour décembre, «Godzilla: Final Wars» (»Godzilla: guerres ultimes») opposera dans des combats titanesques le dinosaure génétiquement modifié à une dizaine d'ennemis anciens et nouveaux. Ce sera le film le plus cher jamais produit par Toho, même si, comme depuis le début, le monstre devrait être encore joué par un acteur affublé d'une lourde combinaison...

M. Tomiyama n'a pas voulu dévoiler l'histoire mais a souligné que le film évoquerait le passé de Godzilla. Connu au Japon sous le nom de «Gojira» -contraction des mots gorille et baleine- le monstre créé par un accident nucléaire a fait ses débuts en 1954 dans un classique en noir et blanc sous la baguette d'Ishiro Honda. Déjà, la créature était jouée par un acteur dans une combinaison à fermeture éclair qui déambulait dans une reproduction miniature de Tokyo.

Reflet des angoisses d'un Japon marqué par les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki, le film fut un grand succès et Toho enchaîna les suites. Mais au fil des ans, les intrigues éculées et les effets spéciaux dépassés ont réduit l'attrait du monstre.

Selon Toho, ses Godzilla ont attiré près de 100 millions de spectateurs, et les plus fervents amateurs se trouvent aujourd'hui dans la génération vieillissante des baby boomers japonais. «Contrairement aux premiers Godzilla, la plupart des remakes n'ont attiré que les inconditionnels ou les enfants», souligne Risaku Kiridoshi, un observateur de la culture populaire japonaise.

Déjà par le passé, Godzilla a envisagé de tirer sa révérence pour cause de désaffection du public. En 1968, Toho avait annoncé la fin de la saga avec «Les envahisseurs attaquent», épisode dans lequel Godzilla affronte une dizaine de monstres. Mais le succès inattendu du film a conduit la firme a en produire six de plus.
Après l'échec en 1975 des «Monstres du continent perdu», Toho semblait une nouvelle fois prêt à mettre le gros reptile à la retraite. Mais un nouveau succès en 1984 a poussé la firme à tourner 11 films supplémentaires.

M. Tomiyama refuse de dire à quoi pourrait ressembler le Godzilla de la prochaine génération mais il estime qu'il faudra innover. Bien que la taille de la bête ait fluctué au gré des films entre 50 et 100 mètres, une chose n'a pas changé: la créature a toujours été jouée par un acteur, qui doit enfiler une combinaison en caoutchouc de 50 kilos avant d'aller dévaster des maquettes de villes japonaises fidèlement reproduites.
«Sans une personne pour interpréter Godzilla, ce serait juste de l'animation», souligne Risaku Kiridoshi