[dareka]

De retour avec un film intéressant dont je vais vous parler un peu après les deux-trois liens qui vont bien :



La page Imdb : http://french.imdb.com/title/tt0794350/
Le site officiel japonais : http://www.soreboku.jp/index.html
Le trailer en japonais : http://www.youtube.com/watch?v=UvRMouIFNkM
Le synopsis : Un jeune homme de 26 ans est accusé de 痴漢 (chikan / attouchement) par une jeune fille qu'il aurait "caressé" dans le train. Il est arrêté et traduit en justice...

Petit avis perso :

D'un point de vue formel, on trouvera rarement plus classique, pour ne pas dire carrément académique. Il est évident qu'il n'y a rien de personnel dans la réalisation si ce n'est -bien logiquement- le bon goût de laisser à la caméra le temps de montrer les choses. On est loin par contre, et fort heureusement à mon goût, d'un style épileptique plus "moderne." Le souci n'en restant pas moins peut-être un manque de sublimation de l'image qui aurait pu rendre le sens du film plus intense. La photographie étant, à ce titre, loin d'être, là aussi, particulièrement exceptionnelle. Nous sommes très loin d'un
The Assassination Of Jesse James By The Coward Robert Ford (j'adore ce titre) par exemple. Les lieux d'action des deux films sont bien sûr très différents, mais Soredemo Boku Ha Yatte Nai manque, malgré tout, de quelque chose de plus artistique, de plus personnel (comme l'est Kuchu Teien par exemple.) Ajoutons aussi un "score" que j'ai trouvé assez désagréable et, franchement, inutile. Trop gaie, la musique que l'on entend parfois dénote par rapport à l'ambiance du film et n'est qu'un prétexte, grossier à mon goût, de transition d'une scène à une autre.

Tout ces défauts (à mes yeux) ne vont pourtant pas jusqu'à être rédhibitoires, et il serait d'ailleurs dommage de ne pouvoir passer outre. Parce que l'histoire contée est intéressante et surtout traversée par une certaine critique du système judiciaire japonais (il serait bien intéressant de trouver de tels films par chez nous aussi) et surtout, presque étonnamment, de la mentalité japonaise. En effet, même sur le plan de la justice, il est expliqué, clairement et sans ambages, à quel point la nécessité de ne perdre la face devant autrui, les supérieurs, prime sur la recherche pure de la vérité dans une affaire de justice ; où est aussi mise en jeu la vie, la réputation, l'honneur d'un homme, en l'espèce innocent, que l'on accuse de l'acte de chikan.

La première partie consiste en l'incarcération en préventive de l'individu (Teppei Kaneko joué par un Ryo Kase tout en retenue et mesure, très bon) et ses multiples passages en interrogatoire plus que factices, puisque déjà condamné a priori par tous ceux qui sont censés faire la lumière sur l'affaire. On cherche à le déstabiliser, le violenter mentalement, on veut le pousser à avouer...

Le seconde partie (très longue) concerne le procès de celui qui clame depuis le départ qu'il n'a rien fait. A partir de là, on peut franchement dire que l'aspect académique du film en fait presque un documentaire ; sans pourtant le clamer clairement, et c'est un peu cela qui m'ennuie. Là aussi, il est surtout très intéressant de voir un peu comment fonctionnent les rouages de la pensée japonaise par le prisme judiciaire.

Voilà, je dirais donc que ce film vaut le détour pour sa manière assez claire mais non violente (je suppose que ça reste probablement trop japonais, sur ce plan-là) de dénoncer les us d'une justice japonaise qui est loin de ne fonctionner que par les valeurs supérieures de la morale impartiale pure. Je trouve que, malheureusement, ce film ne s'intensifie pas suffisamment par son propos et son image pour être réellement un excellent un film ; ce qu'il aurait pu devenir.

Pour finir, vous noterez la présence de Koji Yakusho qui, pour le coup et probablement pour rentrer dans le cadre académique du film, joue de manière très rigoureuse, sans un cheveu qui dépasse, sans un bout d'âme qui brûle plus que le reste (contrairement à son personnage habité de Takabe dans Cure)

Comme d'habitude, je n'irais pas plus loin dans l'analyse. Il faudrait alors commencer à détailler plus finement, ce qui casse automatiquement le plaisir de découvrir le film le plus à nu possible.

[remuka]

Ce film a été un grand succès ici quand il est sorti (peut-être en partie parce que le réalisateur était le même que celui de Shall We Dance, qui a fait twister Koizumi à l'époque ).
Je ne l'ai toujours pas vu... Mais qu'il est sur ma liste. Je suis très curieux de voir comment ont été traités les abus du système judiciaire japonais... (voir notramment un des fils sur la peine de mort au Japon).
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[dareka]