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"Lost in translation" : un film japanophobe ?

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Igirisujin
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Inscrit le: 24 Sep 2003
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MessagePosté le: 26 Jan 2004 14:31    Sujet du message:

 Note du Post : 5   Nombre d'avis : 2
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desole, j'ai pas tout lu mais en somme La vison de Tokyo est simple:

Coppola ne cherche pas l'ame de Tokyo ou la vrai Tokyo, elle filme Tokyo d'une facon simillaire a la perception des 2 acteurs principaux (qui ne sont pas japonophile, ne connaisent pas le pays et les coutumes et ne sont pas la pour les comprendres).
Ce qui en resulte, ce sont les perceptions marquantes des personages principaux qui sont peut etres des stereotypes pour certains mais il faut ce rappeler qu'il y a une base de verite sur chaque stereotype. Les japonais sont petits (en effet en general, regarder votre album photo)
Tokyo est donc filme pour insister sur les sentiments des protagonistes.
Il ne faut pas chercher l'ame de tokyo dans ce film car il se trouve les personnages ne la recherche pas.
Il en faut pas confondre la realite et la realite percu par les personnages.
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ElieDeLeuze
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MessagePosté le: 26 Jan 2004 15:53    Sujet du message: Coppola

 Note du Post : 4   Nombre d'avis : 1
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Moi aussi, j'ai un avis sur la question :
C'est un film sur deux Américains. Tokyo est un accessoire, comme Manhattan chez W. Allen en d'autres temps. Si la vie de deux Américains vous intéresse, allez voir le film. Si Tokyo vous intéresse, allez voir Tokyo...

Ps. Je viens d'entendre que Coppola a reçu un Golden Globe pour ce film. No comment.
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Jonquille
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MessagePosté le: 26 Jan 2004 16:29    Sujet du message:

 Note du Post : 4.66   Nombre d'avis : 3
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J'ai vu le film ce week-end avec mon mari japonais.
A aucun moment nous n'avons été vraiment choqués par une remarque "japanophobe".

Bien sûr, les deux protagonistes sont perdus et ont un mouvement de repli face à ce choc de culture. Quand ils profèrent des méchancetés, le spectateur est tout à fait conscient que c'est eux qui dépassent les bornes.
Après tout, entre étrangers, de quoi parlons-nous ?
Nous parlons des choses qui nous dérangent, de notre chez-nous qui nous manque etc...

Pour nous c'était particulièrement rigolo parce qu'on comprenait ce qui déconcertait les deux héros ! D'où un sentiment de supériorité phénoménal ! Razz

J'ai trouvé intéressant la façon dont la Miss Copola a fait s'exprimer le manque de communication dans les deux couples.
L'épouse aux US qui envoie à son mari des coupons de moquettes pour qu'il choisisse la moquette de son bureau, le mobilier... ! Mais qui ne lui demande jamais si ça va, ou des choses personnelles... Twisted Evil
Le pire c'est que c'est souvent comme ça dans la réalité...
Bref, la réflexion sur le dés-amour est intéressante et puis une pincée de Japon en toile de fond, c'est déjà pas si mal.

Bon, il y a des plans qui font un peu "touriste" (Kyoto) mais rien de bien méchant.
_________________
Après tout, je ne suis qu'un végétal jaune !
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AMATERASU Yadénana
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MessagePosté le: 26 Jan 2004 18:42    Sujet du message:

 Note du Post : 4   Nombre d'avis : 2
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Jonquille a écrit:
Pour nous c'était particulièrement rigolo parce qu'on comprenait ce qui déconcertait les deux héros ! D'où un sentiment de supériorité phénoménal ! Razz


Tout à fait, c'est extrèmement jouissif de "comprendre" les dialogues en japonais, alors qu'il ne sont pas sous-titrés... C'était d'ailleurs LA grande idée du film...
De plus, les appréhensions et doutes des paumés sont d'autant plus risibles que l'on a parfois vécu la même surprise sur certains points culturels ou sociaux montrés dans le film (et que l'on a parfaitement intégré maintenant)... Ce qui fait que l'on regarde se film un peu comme les japonais Wink .

En tout cas c'est un film très plaisant à voir (j'me suis bien marré Laughing ), et en ce qui concerne le potentiel message japonophobe, je ne pense pas que se soit le thème du film (c'est plutôt : voilà ce qui vous attends au Japon SI vous ne faites aucun effort vers la compréhension ce pays).

>100% d'accord avec Elie !

Pour la note d'humour : Enfin un film sain, c'est à dire où le gaïjin n'essaie pas de se tuuuut une japonaise Razz .
_________________
Dans ses yeux, y'a tant d'soleil
Que quand elle me regarde, je bronze.
Renaud.
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Olivier L.
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MessagePosté le: 26 Jan 2004 21:23    Sujet du message: Intention d'auteur, regards de spectateurs.

 Note du Post : 4   Nombre d'avis : 1
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Bonjour,

ElieDeLeuze a écrit :
"Si la vie de deux Américains vous intéresse, allez voir le film. Si Tokyo vous intéresse, allez voir Tokyo..."

Et si le récit de la rencontre d'un acteur vieillissant et d'une jeune femme désoeuvrée dans le Tôkyô d'aujourd'hui vous intéresse, allez voir le film. Smile


Michael_Voyageur a écrit :
"Après réflexion et lecture des diverses opinions je trouve personnellement que l'interrogation de Breillat sur une possible lecture au 1er degré du film est évidemment possible mais bien trop facile : quels sont les films pour lesquels il n'y a absolument aucune possibilité de lecture au 1ere degré , voir meme au degré zéro ? (montrez moi ce film là et je vous donne son degré zéro) ou existe-t-il un seul film qui n'utilise absolument aucun cliché que ce soit au 1er, au 2nd ou énième degré ? J'aimerais bien voir une telle chimère, on pourait aussi s'amuser comme Breillat à compter combien de cliché par image on peut trouver."

L'intervention de Breillat n'est aucunement en opposition avec l'évidence que tu énonces. Motivée par un antiaméricanisme primaire, elle développe cette lecture-là du film.
Des amies japonaises, résidentes américaines de longue date, n'ont pas compris mon appréciation positive du film. Elles n'ont vu que la "charge japanophobe" relevée par Breillat comme lecture possible du film.
Comme plusieurs intervenants de ce fil de discussion l'ont souligné, l'intention de la réalisatrice n'est pas de présenter les Japonais/ le Japon, encore moins, sans doute, d'en présenter une caricature. Cependant, c'est rarement guidés par la seule intention de son auteur que nous apprécions un film ; c'est surtout avec ce que nous sommes (culture, histoire personnelle, humeur du moment, etc...).

Je partage ton appréciation du film. Mais je sais aussi que nous y mettons beaucoup du notre, de notre connaissance du Japon et des Japonais notamment.

Les sketches de Coluche m'ont toujours fait rire (encore aujourd'hui). Pourtant certains de ces sketches confortent quelques-uns de nos compatriotes dans leur racisme (même après l'engagement contre la "connerie humaine" de Coluche au côté de SOS-Racisme !).

Michael_Voyageur a écrit :
"Par ailleurs voilà quelques détails intéressants sur Catherine Breillat , personnellement je trouve interessant de relire son parcours pour éclairer sa critique pour le moins singulière."

Deux autres cinéastes : Claire Denis ("Chocolat", "Trouble Everyday") et Damien Odoul ("Errance"), partagent cette analyse...
Et notons que plusieurs critiques de la presse américaine ont relevé le côté "Japan bashing's comedy" du film. Et la presse américaine s'y connaît en matière de "Japan bashing".

Michael_Voyageur a écrit :
"Au vu des critiques et interdictions essuyées par les films de Braillat je pense que justement c'est plutot elle qui devrait s'inquitéter des lectures au "1er degré" de ses films...
D'autre part un film n'a pas besoin de se faire interdire au moins de 16 ans pour avoir de la "profondeur"...
Certaines réflexions peuvent etre suggérées de manieres à la fois plus simples et plus subtiles. D'ailleurs cet art de suggérer de façon subtile sans aller jusqu'à tout expliciter, je trouve ça finalement très proche de la culture japonaise, et encore une autre qualité (cachée?) du film de Sofia Coppola...
"

Une fellation, même très subtilement suggérée, est à interdire à la vue de très jeunes personnes...
Et que nous dit l'antisémitisme avéré d'un Céline sur son oeuvre littéraire ?

La subtilité n'est pas le fort de Breillat comme en témoigne son tout dernier film "Anatomie de l'enfer". C'est une cinéaste féministe qui martèle depuis longtemps que "la sexualité humaine est un rapport de forces où les femmes sont toujours les proies des hommes".
A mon goût, "Ah, ma soeur !" et "Romance" sont deux très bons films pour la réflexion qu'ils ont suscitée...


Au moins, la critique de Breillat aura déclenché ici l'espression de points de vue divers et pertinents sur le film (et même au-delà) de Sofia Coppola... Tant mieux ! Smile
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Olivier L.
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MessagePosté le: 26 Jan 2004 21:24    Sujet du message: Les mystères de "Lost".

 Note du Post : 4   Nombre d'avis : 2
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Libération, mercredi 7 janvier 2004.
"Le deuxième film de Sofia Coppola, sur un Américain déphasé à Tokyo : drôle et diffus."
Par Didier Peron

Gros succès indé surprise outre-Atlantique, cinq fois nominé au x Golden Awards (meilleurs scénario, film, acteur, actrice, metteur en scène), étape préliminaire décisive aux oscars, Lost in Translation est, après Virgin Suicides, le second film de Sofia Coppola. La fille Coppola est certainement la personne la plus proche de l'idée que l'on peut se faire de certains personnages de Salinger, riches, surdoués, d'un élitisme caustique, le tout submergé par un nuage parfumé de tristesse chic, moue boudeuse à la vie, gros yeux noirs que l'on fait au destin, ruban de soie et de cendres.

Zombie.
Sofia Coppola n'a pas vraiment besoin de travailler, elle a lancé à 20 ans avec une copine, quasiment pour rigoler, une ligne de vêtements Milk Fed au Japon, qui a si bien cartonné qu'elle lui assure désormais des fins de mois cinq étoiles. C'est comme ambassadrice de cette marque qu'elle s'est mise à fréquenter plusieurs fois par an Tokyo, descendant, pauvre petite fille riche, au Park Hyatt, tour infernale de plus de cinquante étages dotée d'un bar panoramique ouvrant, tel un aquarium bleuté, sur les splendeurs clignotantes de la capitale nippone.

Lost in Translation se déroule ainsi presque entièrement entre les murs de ce palace où débarque dès la première scène Bob Harris (Bill Murray), acteur fameux venu cachetonner pour 2 millions de dollars dans la pub d'un whisky. Complètement hagard, tentant de décompenser les effets désastreux du jet-lag et de l'insomnie par l'absorption de grosses quantités d'alcool, Harris a de plus en plus l'air de ces zombies mondialisés qui hantent les halls de transit des aéroports et des grands hôtels, perpétuels déterritorialisés qui n'aiment rien tant que d'être loin de chez eux mais qui, au fond, sont horripilés au dernier degré par tout ce qui ne colle pas avec leurs us et coutumes indigènes. En cela, le Japon est évidemment un terrain d'expérimentation particulièrement efficace. Pays profondément américanisé après la défaite en 1945, longtemps premier de la classe du capitalisme triomphant à l'image exacte du maître à penser US, c'est aussi l'espace de la différence irréductible.

Entre reconnaissance absolue et perte de tous les repères, le film chaloupe, accroché à son antihéros de quinqua défait. Tout le début de Lost... est une suite de gags où le corps de grand échalas lessivé de Bill Murray est livré aux affres de l'incompréhension. Par-delà l'infranchissable faille linguistique, le no comprendo est général et d'autant plus amusant qu'il est surjoué par Harris, archétype du grincheux de service fermement décidé à profiter de ce trip au pays de l'exquise urbanité pour rompre les derniers liens avec la communauté humaine.

Art du cliché.
On a pu dire ici et là que le film transportait dans sa valise un peu trop de gags fonctionnant à la xénophobie antijaponaise. Certes, Lost... repose en partie sur la coexistence burlesque entre la nonchalance de l'Américain Murray et l'empressement des Japonais, et plutôt aux dépens de ces derniers. Mais on peut aussi bien analyser le film autrement : comment réagit un représentant de la culture dominatrice américaine, porte-drapeau vivant de deux emblèmes yankees (whisky et cinéma) plongé à l'état de minorité dans un environnement civilisationnel fort comme peut l'être le Japon, culture autarcique et de haut lignage s'il en est ? Shiva Naipaul (frère précocement décédé du prix Nobel V.S. Naipaul) écrivait dans son Voyage inachevé que "tout voyage est un processus d'autoanéantissement". Lost in Translation explicite cette idée à sa manière glamour, avec un art du cliché touristique assumé (voire fétichisé : le quartier de Shibuya la nuit avec ses façades vidéo, le karaoké, l'altérité culinaire radicale..). Plus le film avance, nouant soudain une idylle platonique avec une autre jet-laggée, Charlotte (Scarlett Johansson), plus Harris, rouleur de mécaniques blasé, rejoint à son tour les espaces flottants de la ville futuriste, crooner murmurant, individu anonyme dans la jungle des parapluies à l'heure des ondées tropicales.

Dilemme.
Sofia Coppola n'a pas son pareil pour fixer en un plan ces épiphanies rares qui ne relèvent ni d'un sens du récit (ici plus que lâche) ni d'une particulière virtuosité. Simplement, la légèreté de la forme finit par manifester une profondeur de fond, l'étude en mode mineur d'un certain état de l'individu moderne déchiré entre les souffrances de l'ubiquité et les ravissements de la solitude ultime.
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Ceiba
1ere Dan
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MessagePosté le: 28 Jan 2004 09:25    Sujet du message:

 Note du Post : 3   Nombre d'avis : 1
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A noter que Lost in translation a été largement plébiscité lors de la cérémonie des Golden Globes, prélude généralement aux Oscars (ce qui ne garantit en rien la qualité du film, j'en conviens!!)

http://www.thegoldenglobes.com/welcome.html?yearz/G-2003.html

Hier a d'ailleurs été donné la liste des nommés en lice pour les oscars, confirmant cette tendance :
http://www.oscar.com/nominees/nomineelist.html

on peut y remarquer la présence en force du film de Sofia Coppola (en espérant la récompense du talent de Murray, malgré une concurrence certaine) mais aussi celle de The Last Samuraï, avec notamment Ken Watanabe pour le second rôle.

Résultats le 29 février!
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FayaChonch
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MessagePosté le: 28 Jan 2004 20:00    Sujet du message:

 Ce message n'a pas encore été noté.
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Merci Ceiba !!
Voici le site officiel:
http://www.lost-in-translation.com/

amusez vous a traduire les mots en japonais qui apparaissent ci et la au fil de la navigation sur le site.
Smile
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Michael_Voyageur
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MessagePosté le: 31 Jan 2004 08:38    Sujet du message: Re: Intention d'auteur, regards de spectateurs.

 Note du Post : 4.5   Nombre d'avis : 2
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Olivier L. a écrit:

L'intervention de Breillat n'est aucunement en opposition avec l'évidence que tu énonces. Motivée par un antiaméricanisme primaire, elle développe cette lecture-là du film.
Des amies japonaises, résidentes américaines de longue date, n'ont pas compris mon appréciation positive du film. Elles n'ont vu que la "charge japanophobe" relevée par Breillat comme lecture possible du film.


En fait, je ne suis aucunement en opposition ou en désacord avec l'évidence que Breillat énonce. Si tu me lis bien tu veras que je dis au contraire que la critique de Breillat est évidemment exacte et facile. Ce qui ne veux pas du tout dire qu'elle est fausse ou incorrecte ni que je suis en désaccord avec elle. Je dis juste que sa critique est évidente, facile, triviale et sans être fausse manque singulièrement de pertinence et de lucidité.

De la même façon je ne trouve pas d'opposition entre la critique de Breillat et celle de Libération que tu cites ci dessus. En fait la critique de Breillat est même mentionée par Didier Peron (Libération), je le cite :

Didier Peron a écrit:
Art du cliché.
On a pu dire ici et là que le film transportait dans sa valise un peu trop de gags fonctionnant à la xénophobie antijaponaise. Certes, Lost... repose en partie sur la coexistence burlesque entre la nonchalance de l'Américain Murray et l'empressement des Japonais, et plutôt aux dépens de ces derniers

Simplement lui ne se contente pas de ce genre de lecture au 1er degré et essaye de voir un tout petit peu plus loin : "Mais on peut aussi bien analyser le film autrement ..." plus toute la suite.

C'est exactement ce que je suggérais quand je demandais pourquoi se contenter de la lecture la plus évidente/triviale du film ? Est-ce vraiment le boulot d'un(e) critique de cinéma de signaler uniquement l'aspect le plus plat et superficiel d'un film, ou bien doit-il aussi comme Didier Peron essayer de depasser la facilité et trouver d'autres lectures ou analyses un peu plus profondes ?"


Olivier L. a écrit:

Comme plusieurs intervenants de ce fil de discussion l'ont souligné, l'intention de la réalisatrice n'est pas de présenter les Japonais/ le Japon, encore moins, sans doute, d'en présenter une caricature. Cependant, c'est rarement guidés par la seule intention de son auteur que nous apprécions un film ; c'est surtout avec ce que nous sommes (culture, histoire personnelle, humeur du moment, etc...).

Je partage ton appréciation du film. Mais je sais aussi que nous y mettons beaucoup du notre, de notre connaissance du Japon et des Japonais notamment.

Tout à fait d'accord, et cela est vrai pour n'importe quel film. Quel que soit le film que nous visionons nous y mettons bcp du notre. Quelle que soit notre bonne volonté on ne peut pas faire totalement abstraction de soi, de sa culture, de ses connaissances en voyant un film.
Par ex, en regardant un film américain on ne paut pas oublier ce que nous savons des USA et de leur culture, certains comme Breillat s'arreteront à cette grille de lecture : le film est américain donc il est forcément bouré de cette terrible vision américano-centriste insuportable , et on peut aussi se contenter comme Breillat de dénoncer impitoyablement tous les clichés qu'elle croit détecter.

Certains autres essaieront d'aller un peu plus loin en sachant depasser les clichés qui existent forcément dans tous les films, et même dans chaque image de chaque film, quelle que soit sa nationalité ou son origine (avec un peu de bonne volonté Breillat aurait pu trouver 100 fois plus de clichés, même en ne visionant que la bande annonce du film). Bien sur on peut s'amuser à relever comme ça tous ces clichés un par un, mais n'y a-t-il vraiment rien de mieux à faire ? (nous on est pas payer pour ce genre de jeu stupide, alors on peut aussi essayer de comprendre le film et aprécier son message... non ? Rolling Eyes )
C'est juste le fait de ne proposer que cette lecture unique et primaire qui me parait extremement dommage et je déplore chez Breillat. Tous qui ont visioné le film et avec qui j'ai pu en discuter ont tous compris que les clichés employés etaient employés volontairement et servaient à merveille le propos du film, pour l'instant je ne vois que Braillat pour s'être arreté à la lecture la plus plate et triviale.
Si tous le monde en y mettant un peu du sien parvient à comprendre aisément le propos et la profondeur du film, pourquoi est-ce que Breillat ne mettrait pas aussi un peu du sien et dépasserait sa vision puérile ? Ou bien est-ce trop lui demander ? Confused

Citation:
Deux autres cinéastes : Claire Denis ("Chocolat", "Trouble Everyday") et Damien Odoul ("Errance"), partagent cette analyse...
Et notons que plusieurs critiques de la presse américaine ont relevé le côté "Japan bashing's comedy" du film. Et la presse américaine s'y connaît en matière de "Japan bashing".


Oui, oui comme dit le critique de Libé "On a pu dire ici et là" que le film était plat, ennuyeux, superficiel et bouré de clichés primaires.. etc. Je ne crois pas du tout que Breillat soit la seule au monde a avoir une lecture aussi plate, en effet rien n'interdit d'avoir une vision au 1er degré d'un film, il ne s'agit pas d'un crime quand même. Que ce soit Breillat ou d'autres m'importe peu, on pourait rajouter à la liste Zidane, C.Lambert, A.Delon, JC Van Damme, Berlusconi, G.W.Bush, B.Spears, La Cicciolina, bref ça ne change pas le fond du problème : il y a en effet une analyse très plate et superficielle du film, et plusieurs analyses à différents niveaux, plus complexes et profondes, il ne tient qu'à chacun de faire un petit effort ou pas pour découvrir/comprendre la richesse du message, et l'ingéniosité de Sofia Coppola pour nous transmettre ce message particulèrement riche et profond. Ce que nous retirons du film dépend de cet effort.

Du coup, Claire Denis , Damien Odoul , la Cicciolina de même que les critiques de la presse américaine qui ont eu la même vision que Breillat baissent dans mon estime, désolé pour eux.


Citation:
Une fellation, même très subtilement suggérée, est à interdire à la vue de très jeunes personnes...
Et que nous dit l'antisémitisme avéré d'un Céline sur son oeuvre littéraire ?

La subtilité n'est pas le fort de Breillat comme en témoigne son tout dernier film "Anatomie de l'enfer". C'est une cinéaste féministe qui martèle depuis longtemps que "la sexualité humaine est un rapport de forces où les femmes sont toujours les proies des hommes".

En effet, on aura remarqué que la subtilité n'est pas le fort de Breillat, je ne te le fais pas dire. Et c'est exactement mon opinion quant à comprendre comment/pourquoi elle ou d'autre pu pondre ce genre de critique au 1er degré : certaines personnes, indépendamment de ce qu'elles ont pu faire (y compris des chefs d'oeuvre absolu) ont apparemment de la difficulté avec la subtilité, il faut leur donner de bons gros clichés et leur expliquer lourdement plusieurs fois avant qu'elles finissent par comprendre. Souvent aussi ces personnes là, lorsqu'elles finissent enfin par comprendre diront que le message etait trop direct ou l'expression trop lourde etc, bref ce sont d'éternels insatisfait : soit c'est trop subtils pour eux, soit c'est pas assez subtil...
C'est étrange comme certains cherchent à faire preuve de subtilité (avec plus ou moins de réussite) dans leurs propres oeuvres ou bien réclament cette lecture à corps et à cris, ou s'insurgent quand on ne leur accorde pas... mais refusent totalement de faire le plus petit effort pour trouver la moindre subtilité dans l'oeuvre des autres ?

En tout cas merci pour l'idée de débat que je trouve excellente. Cependant j'ai peur que la critique de Breillat nous ait fait passé à coté de toute la richesse du film de Sofia, il me semble que de nombreux aspects du film n'ont pas encore été abordés ou à peine effleurés. Enfin libre à chacun de les découvrir en revoyant le film avec un regard ouvert et receptif (pas comme certains suivez mon regard...). Rolling Eyes

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Michael_Voyageur

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Olivier L.
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MessagePosté le: 08 Fév 2004 23:10    Sujet du message: Une oeuvre impressionniste.

 Note du Post : 2   Nombre d'avis : 1
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Bonjour,

"Si tous le monde en y mettant un peu du sien parvient à comprendre aisément le propos et la profondeur du film, pourquoi est-ce que Breillat ne mettrait pas aussi un peu du sien et dépasserait sa vision puérile ? Ou bien est-ce trop lui demander ?"

Tu veux dire "Si tous le monde en y mettant un peu du tien..."... Smile
Toute la problématique de ce fil de discussion est bien là (au-delà même du film de Coppola d'ailleurs)!
L'appréciation du film par Breillat n'est aucunement "puérile", elle est pertinente. Elle est d'autant plus pertinente que Sofia Coppola, qui a vécu au Japon, n'a que des impressions sur ce pays (elles forment le décor de son film) et bien peu de connaissances sur le Japon (voir interviews...).
Breillat souligne la superficialité du film. elle a raison, le film, du moins son propos, est superficiel. Cependant, sa critique ne vise pas juste sur ce point car la réalisatrice ne prétend pas à la profondeur, bien au contraire.

"...J'ai séjourné au Japon quand j'avais une vingtaine d'années. J'y suis allée 6 ou 7 fois sur une période de quelques années. Mes souvenirs d'avoir vécu là-bas sont des instantanés photographiques"
[Mon film est] "... comme une collection de moments".
"J'adore l'aspect visuel de la ville et son atmosphère. Je ne connais pas d'autre endroit où j'ai l'impression d'être sur une autre planète.
Une chose que j'aime à Tokyo, c'est le mélange bizarre des cultures occidentales. Comme, par exemple, découvrir un bar New Yorkais avec une chanteuse de jazz chantant 'Scarborough Fair' au 10e étage d'un immeuble de bureaux.
"

Imaginez la stupéfaction de cette jeune femme lorsqu'elle a découvert des MacDo dans Tokyo ! Wink
C'est donc cela le "choc des cultures" de Sofia : retrouvez à l'étranger un peu de chez soi !!

Son film n'est pas un discours mais un kaléidoscope sonore et visuel. S. Coppola revendique une oeuvre impressionniste. Chacun y projette sa propre expérience/réflexion indépendamment de l'intention de l'auteur. La profondeur que tu trouves au film est celle de ton propre regard sur le film...
Coppola ne joue pas avec des clichés sur le Japon (un "second degré" qui nécessiterait une bonne connaissance du Japon); elle s'est servie de ses propres impressions sur le Japon pour construire le décor accablant (pour les deux personnages principaux) de son film. Une vision, on le constate, bien superficielle et publicitaire comme le souligne l'offre touristique de l'hotel Park Hyatt Tokyo présentée ci-dessous.

Faisons crédit à la réalisatrice que son intention n'est pas japanophobe.

"...Je pense que, comme j'ai une vraie affection pour Tokyo et mes amis là-bas, et c'est quelque chose que j'aime vraiment, mon film ne peut pas être percu comme malintentionné, inspiré par cela.
Vous savez je ne suis pas super politiquement correcte pour penser à tout cela. J'ai écrit ce que j'aime.
Plus tard je me suis demandée si mon film n'était pas injurieux, mais j'ai eu le sentiment que non...
"

Cependant, les protagonistes de son film sont souvent irrespectueux envers les Japonais et leur culture. Et c'est là l'irrespect typique de personnes qui, bien que vivant à l'étranger, ne cède rien de ce qu'elles sont.
Lorsqu'on fait ses premiers pas dans un pays inconnu, on commet des impairs, non pas intentionnellement mais par méconnaissance de la culture du pays, entre autres ignorances. Sofia Coppola en est restée là de son appréciation du Japon...
En restituant ses propres impressions (Ô combien superficielles !) sur le Japon, elle peut donc, sans même s'en rendre compte (!), construire une vision peu flatteuse (voire japanophobe) du Japon.

Remarquons d'ailleurs que ses impressions sur le Japon correspondent aux clichés courants sur Tokyo et le Japon (voir le film du Français Jean-Pierre LIMOSIN "Tokyo Eyes", 1998). C'est dire la superficialité du regard qu'a porté Sofia Coppola sur le Pays du Soleil Levant !


"En tout cas merci pour l'idée de débat que je trouve excellente. Cependant j'ai peur que la critique de Breillat
nous ait fait passé à coté de toute la richesse du film de Sofia, il me semble que de nombreux aspects du film n'ont
pas encore été abordés ou à peine effleurés. Enfin libre à chacun de les découvrir en revoyant le film avec un regard
ouvert et receptif (pas comme certains suivez mon regard...).
"

Ah.. ?
Tu n'as pas dû bien lire les interventions variées de ce fil de discussion car, justement, la critique de Breillat a contribué à l'exposé de divers aspects du film par les participants à cette discussion.
Mais l'erreur d'appréciation et chaque fois qu'un point de vue autre sur le film ne contredit pas celui de Breillat mais enrichit l'intérêt que l'on peut porter au film.


Interviews de Sofia Coppola (en anglais) :
http://www.greg.org/sofia_coppola_interview.html
http://www.joblo.com/index.php?id=2491
http://www.screenwritersutopia.com/interviews/sofia_coppola.html
http://enjoyment.independent.co.uk/film/interviews/story.jsp?story=473848

Critique (en anglais) :
http://www.thetyee.ca/Entertainment/current/Bashing+Japan+-+People+Love+It.htm
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