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Les quatre trésors du lettré

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ElieDeLeuze
7eme Dan
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MessagePosté le: 30 Juil 2007 18:25    Sujet du message: Les quatre trésors du lettré

 Note du Post : 5   Nombre d'avis : 7
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Le calligraphe ne se sépare jamais de ses quatre trésors : pinceau, encre, pierre et papier. C'est le matériel minimum pour pouvoir calligraphier, et c'est aussi l'essentiel. Ces quatre attributs font l'objet d'une grande attention, car en prendre soin revient à respecter l'art que l'on pratique au delà des objets. Je vais essayer de vous parler de ces quatre trésors en partant de ma pratique, en vous montrant mes trésors et en partageant mon expérience. Les discours savants et autorisés sur le sujet se trouvent sur la toile et en bibliothèque sans besoin de mon aide.


1. Le pinceau.

Un pinceau de calligraphie est soit loup, soit chèvre. Alors que les chèvres sont souvent effectivement en poils de chèvres, les loups sont surtout en poils de martre. Mais il n'y a pas de dogme dans le domaine : tout animal à poils est susceptible de finir en pinceau. La pratique a montré que la dureté des poils, leur élasticité ou leur faculté à retenir l'encre sont des éléments primordiaux dans le choix de l'animal. Selon le style de calligraphie, il faudra des poils plus ou moins souples. La règle est facile à retenir, et tient surtout du bon sens : plus la calligraphie est de style formel droit, plus le poil devra être dur. Mais rien ne vous empêche de faire des kanji en kaisho avec un pinceau souple, à condition d'avoir un bras en acier et une concentration de fer ! Le manche est traditionnellement en bambou, mais en fait, il n'a strictement aucune incidence sur la calligraphie. C'est avant tout un soucis esthétique et de préférence pour les matériaux naturel qui rend le plastic impopulaire.

Ci-dessus, vous voyez mon pinceau chèvre favori, en bambou, corne noire et poils de chèvre, pour la pratique des styles cursifs. Il est posé sur un pose-pinceau en porcelaine dont la seule utilité est d'éviter de tacher la table. Ces petits objets sont de toutes formes et de toutes sortes de matériaux, et j'ai ici pris un porte-baguette pour cet usage, une anguille, aussi délicieuse dans le donburi que grâcieuse sur le bureau.

Il faut apporter un certain soin aux pinceau pour ne pas avoir à en changer trop souvent. D'abord, il faut impérativement les laver à l'eau froide après usage, afin qu'il reste le moins possible d'encre dans les poils. Les encres naturelles sont peu abrasives, mais les encres chimiques vous cassent les poils du pinceau rapidement. Pour le séchage, la tradition veut qu'on les fasse pendre à un portique, comme ci-dessus. Je me plie volontiers à cette pratique, mais si le pinceau est vraiment bien lavé et bien essoré, il ne sera pas endommagé même s'il reste encoulé dans un tissus, tant qu'il est aéré. Le portique a surtout l'avantage d'être une solution idéale pour ranger une série de pinceaux. Bien entretenu, il n'y a aucune raison que le pinceau ne dure pas quelques années. Et contrairement à une idée fort répendue, les moins chers ne sont pas forcément les moins bons. Les pinceaux les meilleurs sont chinois, les pires aussi. Dans le choix d'un pinceau, il faut surtout veiller à ce qu'il corresponde bien à l'usage que l'on en a. Mon meilleur pinceau chèvre est japonais, et c'est mon professeur elle-même qui les fait venir du Japon pour ses élèves. Je profite de son expertise et ne cherche pas vraiment à tous essayer ce qu'on trouve sur le marché.

Ce petit tour d'horizon ne répond pas à tout, alors n'hésitez pas à demander ce que vous voulez, je répondrai du mieux que je peux.


Prochain chapitre : l'encre.
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ElieDeLeuze
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MessagePosté le: 31 Juil 2007 21:23    Sujet du message: Re: Les quatre trésors du lettré

 Note du Post : 5   Nombre d'avis : 4
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2. L'encre.

Comme le pinceau, l'encre est absente de la génèse de l'écriture en Chine. Les carapaces de tortues, les pierres, le bronze... les supports exigeaient que les caractères fussent gravés. Les anciens Chinois utilisaient des calames pour le tracé avant gravure et une sorte de laque. Le choix du pinceau et de l'encre comme mode d'expression date de la fin de la dynastie des Han, vers 200 avant J.C.

Les petits batonnets d'encre sont bien connus, et sont tous à base de noir de fumée. On consume pour cela ce que l'on veut, mais la pratique montre que les meilleurs résultats sont avec le bois de pin, qui fait une encre mate, et des huiles comme le colza ou de soja, qui donnent une encre luisante. Mais sur cette base se greffe des secrets de fabrication bien gardés pour obtenir le résultat idéal : une encre dense, d'un noir profond, légèrement bleuté ou ambré, d'un odeur délicate et qui ne s'altère pas avec le temps. La colle utilisée pour faire les petits blocs compacts est traditionnellement à base de poisson au Japon, mais les possibilités sont multiples et chaque fabricant a sa recette. Frotter le batonnet sur la pierre avec un peu d'eau demande beaucoup de patience, et c'était l'une des corvées des apprentis. On ne peut pas vraiment concerver de l'encre sous forme liquide longtemps, mais quelques jours, c'est possible. Les batonnets, par contre, peuvent devenir centenaires, et l'encre de qualité s'améliore avec l'alongement du temps de stockage. Mais sur le marché, il n'y a pas que des millésimes... alors mieux vaut utiliser ce que l'on a, à moins de recevoir en cadeau une encre fabuleuse de la main d'un Maître qui en saura la valeur.

En fait, l'encre en bouteille prête à l'emploi n'est pas mal du tout. Souvent trop épaisse, un peu d'eau suffit pour fluidifier. Cette encre industrielle peut avoir quelques potions magiques pour la stabiliser ou lui donner tel ou tel aspect recherché peut en faire un mélange de produits chimiques bien mystérieux. Souvent plus abrasive pour les pierres et les poils de pinceau, il suffit de bien laver ses instruments pour profiter de sa facilité d'emploi. Je tiens une confidence de mes deux professeurs de calligraphie : l'usage de l'encre tout prête est tellement généralisé et certaines encre de qualité tout à fait honnorable que même des professionnels y ont recours. Aucune honte, donc, à prendre dans mes bagages, mon petit pot d'encre chimique tellement pratique. La plupart du temps, on commence à frotter de l'encre, et on ralonge avec de l'encre chimique. Pour cela, évidemment, on utilise pas les pierres les plus précieuses, et on lave très soigneusement le tout après usage.

prochain chapitre : la pierre à encre(suzuri)
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ElieDeLeuze
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MessagePosté le: 02 Aoû 2007 16:56    Sujet du message:

 Note du Post : 5   Nombre d'avis : 3
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3. La pierre à encre :

Appelée 硯 - lire suzuri en japonais, yan en chinois - elle est la plus précieuse en cela qu'il est assez difficile d'en trouver une bonne et que c'est le plus cher de ces trésors. De plus, c'est la seule à durer. On use des tonnes de papier, des charettes de pinceaux, des montagnes de bâtons d'encre... alors qu'une bonne suzuri reste en service plus longtemps qu'une vie. Cela provoque un attachement sentimental chez le calligraphe, car c'est le compagnon d'un long voyage, une amie dont la générosité de tarit jamais.

Une suzuri peut être faite d'à peu près n'importe quel matériau, pourvu que le grain permette de frotter de l'encre afin que le mélange s'oppère avec l'eau. La céramique, la porcelaine, la terre cuite tout aussi bien qu'une série de roches ont pu servir à faire des suzuri dans la longue histoire de l'écriture en Chine et au Japon. Mais il est devenu extrèmement rare de voir une suzuri qui ne serait pas en pierre, car lla pierre a une dimension particulière : non seulement c'est le meilleur matériau pour faire de l'encre, mais c'est le plus résistant à l'emploi et au temps. Le plus important étant le doux équilibre entre les propriétés objectives de la pierre à faire une bonne encre, et un rapport subjectif à sa beauté et sa provenance. Elles existent en toutes sortes de formes, des plus géométriques aux plus irrégulières, et les décorations varient de l'extrème cisèlement à un aspect minéral brut. On utilise deux types de roches : soit les roches éruptives sous-marines, plus résistantes et de meilleure qualité, soit les roches sédimentaires d'origine argileuse, plus friables et de moins bonne qualité. Les meilleures mines sont en Chine. Les mines les plus extraordinaires sont épuisées, ou bien produisent très peu. Les pierres anciennes de qualité supérieure sont donc très recherchées. Au Japon, les meilleurs gisements sont épuisés, mais il y a encore des fillons intéressants. Je possède quatre pierres à encre de types différents.

玄晶石 - genshô-seki
Pierre à encre japonaise très courante, elle permet de faire assez repidement de l'encre assez fin. Mais elle absorbe trop l'eau et l'encre sèche trop rapidement, il faut régulièrement diluer et remélanger. Je peux y mettre de l'encre industriel pour mes exercices, sans avoir de regret. C'est cependant ma première pierre.

端渓石 - tankei-seki (en chinois duanxiyan)
Ces trois pierres sont chinoises. Venues de la Province de Guangdong (Canton), au sud de la Chine, les pierres de Duan sont considérées comme les meilleures. Il existe plusieures mines, et toutes les pierres n'ont pas le même aspect ni la même qualité, mais elles sont toutes d'une grande douceur, le grain dur, la couleur violacée ou verdâtre, et font une belle encre.
L'une est ronde avec deux yeux verts, Sa couleur tire nettement sur le violet, le vert est clair et régulier. Ce n'est pas une pierre d'une grande valeur et elle est assez courante, mais elle est belle, de bonne qualité, avec des taches vertes qui la singularisent. Elle a été achetée à Taïwan avant de me parvenir, ce dont je suis très heureux. Ses dimensions en font une pierre pour les jours où je suis assez courageux pour frotter assez d'encre pour des exercices au grand pinceau, quoi que je fais aussi des mélanges encre naturel / encre chimique pour les séances longues. J'aime ses lignes pures, cette suzuri me fait penser aux précieux bols à thé qui donnent cet autre précieux liquide. L'encre y est comme mis à l'honneur.
Une autre est verte et platte (en bas à droite). D'une autre mine que la pierre ronde, elles est très douce, et l'eau perle sur sa surface comme sur du papier huilé. Les pierres plattes permettaient à l'étudiant de ne pas transporter de pierre trop lourde. Leur petit réceptacle à eau en fait des pierre pour calligraphie au petit pinceau, et j'avoue que je l'ai plus acheté pour compléter ma petite collection que pour l'utiliser vraiment. J'aime sa couleur très régulière presque irréelle.
La troisième est la plus précieuse (en bas à gauche). Cette pierre à encre traditionnelle illustre bien le délicat équilibre entre la forme naturelle du minéral et le travail de la main de l'homme. Une gravure discrète mais très fine, quelques traces brutes sur les côtés, une ligne latérale qui suit les mouvements naturels de la pierre, le minutieux travail de polissage, la douceur des lignes... cette petite merveille m'a été donnée en cadeau. Ces pierres sont considérées comme les meilleures parmis les quatre célèbres sites : Duan (Guangdong), Cheng (shandong), Tao (Gansu) et She (Anhui).
Mais je me demande parfois si je suis bien en mesure d'en apprécier la valeur. Je passe de l'une à l'autre, j'expérimente, je tente des mélanges plus ou moins fluides, je change d'encre, je repasse à l'encre chimique pour gagné du temps... et je ne sais pas encore quoi penser réellement de tout cela. Je sais simplement que j'ai de la chance de pouvoir toucher à ces pierres, d'essayer par moi-même les différentes encres qu'elles produisent, et de lentement me construire mon expérience. Cette pierre de Duan est un cadeau très précieux, témoignage d'une amitié profonde, qui ennoblit ses qualités propres et en font une pierre très chère à mon coeur.

Prochain chapitre : le papier.
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ElieDeLeuze
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MessagePosté le: 16 Aoû 2007 17:40    Sujet du message: papier

 Note du Post : 5   Nombre d'avis : 2
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4. Le papier.

Le papier pour calligraphie n'a pas vraiment de nom, car c'était le seul papier que connaissaient les Chinois et les Japonais. Il en existe tellement de sortes qu'on ne s'y retrouve pas vraiment. D'un point de vue pratique, il vaut mieux demander à votre professeur de calligraphie le papier qu'il utilise et de vous y conformer. Le secret réside dans le délicat équilibre en la faculté d'absorbtion et la surface lisse agréable. Plus le papier est rugueux, plus il est difficile de garder le contrôle du pinceau et l'écoulement de l'encre.

Les papiers sont tous faits de fibres végétales, mais les recettes varient beaucoup selon les régions et les fabricants. Pour les étudiants, on trouve des papiers cadriés. Il y a parfois neuf cases, parfois quatre avec ou sans traits en biais. Ces repères sont à la fois utiles et handicapants. Cela permet de copier avec plus de précision et de mieux se rendre compte de la composition et des proportions, mais cela empêche de voir le caractère dans sa globalité. C'est comme si le blanc était une composante intégrante du caractère qu'il faut aussi apprendre à maîtriser. Il faut garder ce blanc pour "mettre" le vide au bon endroit.

La feuille blanche n'est pas vierge. Elle porte en elle tous les caractères, le tracé noir les révèlent seulement. Le noir dessine le blanc.
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ElieDeLeuze
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MessagePosté le: 28 Juil 2010 20:44    Sujet du message:

 Note du Post : 4   Nombre d'avis : 2
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Pour l'encre, il faut penser à des tas de facteurs. Ambré/bleuté comme vous le dites, bien sûr, mais aussi concentré/dilué et chinois/japonais.

Ambré/bleuté:
Selon que l'encre est faite avec de la combustion d'huiles 油煙 ou de résidus de conifères 松煙, la nuance sera différente.

Chinois/japonais:
Les liants ne sont pas les mêmes. La colle mêlangée est d'origine porcine en Chine, à base de peau (il me semble) alors que traditionnellement, les Japonais font de la colle avec des restes de poissons. Le brillant n'est pas le même, la consistence non plus. L'encre chinoise est réputée plus gluante, voire grasse.

concentrée/diluée:
Dans la pratique, les nuances de couleurs ressortent surtout avec l'encre diluée et dans les "trainées" sèches. C'est très léger, presque comme une teinte dans le reflet et pas vraiment dans l'encre en soi.


En plus, dans la vraie vie, les encres industrielles (japonaises) permettent de foncer la teinte. Pour les formats un peu grands, on ne peut de toute façon pas faire assez d'encre à la pierre, ça prendrait des jours. Tout le monde le fait, désolé de tuer le mythe.

Personnellement, je préfère un noir bleuté assez concentré, un peu sec. Non seulement le contraste est plus fort, mais le trait est plus profond et les traces sèches sont magnifiques quand on a un peu de chance. Et puis je trouve le noir intense plus spirituel. Une couleur plus légère, plus acqueuse, ça fait trop sumi-e (peinture à l'encre).

EDIT: Le hasard fait que j'ai trouvé une image de mon encre sur internet

Ceci dit, l'encre de Nara est la plus réputée, et certainement la plus fine.
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ElieDeLeuze
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MessagePosté le: 30 Juil 2010 00:41    Sujet du message:

 Note du Post : 4.5   Nombre d'avis : 2
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Je ne sais pas si Tfisa nous lit toujours, mais voici deux exemples exhumés de mes archives pour montrer que le choix de la couleur dépend de ce que l'on exprime.

Le vent. Pour ces tourbillons d'air, j'ai préféré une encre ambrée chinoise assez sèche, afin que le frottement fasse entendre graphiquement le souffle de cet embrun et que la nuance chaude de l'encre ambrée donne une note méridionale, d'une saison d'été. C'est aussi la forme cursive du caractère du phoenix. Or, cet oiseau renait des cendres, du bois, élément terrien qui s'élève vers les airs. L'encre ambrée chinoise correspondait mieux à cet esprit et à ce motif.



La lumière. Pour montrer la lumière, il faut la révéler, lui permettre d'exister. Donc, ce qui compte, c'est le reflet et en même temps la profondeur de l'intensité de cette lumière. Le noir profond, froid et compact d'une encre japonaise bleuté va justement avoir la densité et l'intensité recherchée. Contrairement au scan, le papier montre la surface lisse et luisante de cette masse noire, qui capture la lumière. Le contraste excessif entre le blanc et le noir est le même que celui de la source de lumière dans l'obscurité, mais le noir représente la lumière et le blanc la nuit, car c'est du blanc nocturne du papier que nait la forme noire qui se détache comme la lumière. L'effet lisse reflétant légèrement la lumière y fait échos.

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ElieDeLeuze
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MessagePosté le: 12 Mar 2011 21:38    Sujet du message:

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Quelque chose me dit que tu as acheté un petit set chinois fabriqué à la va-vite.
Le batonnet de pierre, surement pas du jade mais plutôt de la pierre de lune, c'est un sceau. Il faut y faire graver son nom en kanji (ou en hanzi chinois) pour pouvoir l'apposer à la fin, quand ton oeuvre est complète et que tu la signes. C'est une affaire sérieuse: on ne met pas la trace de son sceau pour le plaisir de partout sur l'importe quelle feuille d'exercices ratés. Quand on tient UNE bonne calligraphie, on la met de côté et si on la trouve toujours bonne quelques jours ou semaines après, on appose son sceau pour la signer. On met son nom en petits caractères correspondant au style calligraphier aussi, juste au dessus. On place cette signature à un endroit harmonieux. Il faut que le sceau garantisse l'équilibre de la composition, et surtout pas la mettre en danger.

La pâte rouge, c'est tout simplement la couleur du sceau. On tamponne le sceau dans cette pâte rouge pour bien en mettre uniformément sur toute la surface et on applique à l'endroit choisi. On essuie aussitôt, il ne faut pas que des restes de pâte rouge sèche sur le sceau. C'est vulgaire et fait "baver" le sceau lors d'application ultérieur à cause de restes durcis dans les rainures de la gravure.

Il est évident qu'un calligraphe n'aura un sceau qu'en style sigilaire, pas de choses fantaisistes modernes. Par contre, rien n'empêche de rajouter au sceau du nom un autre sceau d'humeur, avec un petit dessin évocateur ou mieux, une maxime gravée qui correspond à l'esprit artistique de votre calligraphie.

A ma grande surprise, il ne semble pas immodeste de la part d'un étudiant encore médiocre par définition de signer une calligraphie. Cela montre simplement qui fait quoi à son niveau, il n'y a pas de snobisme de la signature, alors que l'indulgence n'est pas vraiment garantie dans les cours de calligraphie japonaise, bien au contraire.
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MessagePosté le: 27 Mai 2011 10:09    Sujet du message:

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Bonjour Elie,
J'aurais une petite question à te poser:
Dans le cadre du nihonga, je m'intéresse à la peinture à l'encre en particulier des contours, mais aussi de l'usage de l'encre en général dans le sumi-e.
J'aimerais savoir s'il y a une raison à choisir une pierre circulaire et donc frotter circulairement le pain d'encre, ou une pierre rectangulaire, ce qui amène a frotter de haut en bas?
Excuses moi si la question te semble incongrue.
J'utilise par ailleurs de l'encre chinoise prête à l'emploi, et je trouve qu'elle brille trop.
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ElieDeLeuze
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MessagePosté le: 27 Mai 2011 17:11    Sujet du message:

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Pour le sumi-e, je ne vois pas trop comment se passer de vraie encre... par contre pour les pierres, la seule différence est le grain, pas la forme. Tu frottes comme tu veux, mais le grain fin des pierres chinoises duanxiyan est préférable à tout, si tu veux mon avis.

Je ne fais que de la calligraphie, pas de peinture, mais on en parle régulièrement en cours et la prof semble penser que l'encre toute prête est tout simplement pas faite pour ça. Par expérience, je peux confirmer quand même que les nuances de gris et les lavis à plusieurs nuances en un seul coup de pinceau sont nettement mieux avec de l'encre superhypertraditionnel et des crampes dans le bras. Je ne sais pas pourquoi les particules d'encre sont plus coopératives quand on frotte son batonnet soi-même.

L'encre chinoise, c'est rarement une bonne idée. Autant certains de leurs pinceaux sont fabulissimes, autant j'ai l'impression qu'ils ont perdu la recette de l'encre de qualité. C'est toujours trop gras, les encres chinoises. A moins de trouver des batonnets à base de suie de pins. Ceci dit, j'ai un batonnet de Taïwan qui me va très bien. Sinon, achète de la belle encre de Nara, c'est le plus sûr.
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MessagePosté le: 28 Mai 2011 06:54    Sujet du message:

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Merci de ta réponse et de ton conseil. Encre de Nara en pain je suppose? Je vais chercher cela.
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