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Seppuku ou le suicide honorable

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Iwa
1ere Dan
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Inscrit le: 21 Sep 2003
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MessagePosté le: 12 Jan 2004 12:13    Sujet du message: Seppuku ou le suicide honorable

 Note du Post : 4   Nombre d'avis : 7
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Le Seppuku, ou suicide rituel, est plus connu en Occident sous le nom de Hara Kiri.
Il s’est développé comme partie intégrante du code du Bushido dans le Japon médiéval aux environs de 1192 à 1868. La légende veut que se soit Minamoto no Tometomo qui commit le premier ce suicide rituel particulièrement douloureux, prenant exemple sur les femmes chinoises qui s’ouvraient le ventre afin de préserver leur vertu en prouvant qu’elles n’étaient pas enceintes. Le seppuku devient alors l’unique moyen de racheter ses fautes ou de prouver sa fidélité de part la force de caractère, le courage et la bravoure qu’il exige.

En 1716, le livre « Hagakure » donna un sens plus dramatique encore au seppuku ; résumé par la phrase « la voie du samouraï, c’est la mort ».

Au Japon, la dernière manière d’assumer un échec est de le laver par le sang lors d’un suicide organisé soigneusement.

Il y a quatre grandes raisons de faire seppuku :

* le cas le plus connu est celui de la défaite au combat. Le samouraï préférait se donner la mort lui-même, entouré de ses compagnons plutôt que d’être pris et torturé par l’ennemi.

* le Kanshi, ou les remontrances ; les vassaux du shogun accompagnaient leur critique par leur suicide. Le samouraï pouvait également protester contre une injustice en attirant l’attention du seigneur qui reconsidérait alors une action imprudente ou indigne et, sauvant ainsi la vie de ses comparses. Nobunaga Oda reçut de cette manière une lettre de reproche d’un de ses vassaux qui, en commettant le seppuku lui ouvra les yeux sur la situation catastrophique au Japon.

* le Tsumebara, ou sanction pénale, fut institué par le shogun Tokurawa. Le seppuku permettait au guerrier et à son clan d’éviter honte, exil ou prison. Cette sanction était une offre de rachat soumisse par le seigneur à son vassal.

* le Junshi, ou accompagnement dans la mort, devint l’amorce du suicide de groupe. En effet, les samouraïs faisaient preuve de leur dévouement total et aveugle en leur maître en le suivant par delà la mort. En Chine où cette pratique était la plus répandue, elle était l’unique raison qui ne faisait pas suite à un échec.
Qu’il soit pour montrer son mépris envers l’ennemi, pour protester contre une injustice ou pour préserver sa dignité, le seppuku était une action valorisant grandement la personne qui le pratiquait.

Le seppuku était entièrement codifié et devint un véritable rituel régit par une étiquette. Il se commettait en public mais, devant une assemblée restreinte. De plus, chaque participant avait un rôle bien défini et devait le suivre scrupuleusement.

Originellement il se déroulait sur un champ de bataille mais, le cadre fut rapidement remplacé par un jardin ou une cour quand le Bushido devint plus raffiné. Seuls, les guerriers étant sur le front pouvaient se permettre d’accomplir ce rituel très formel de manière plus hâtive et réduite à l’essentiel lorsqu’ils étaient sur le point d’être fait prisonniers par l’ennemi.

En temps de paix, le samouraï vêtu d’un kimono blanc, symbolisant la pureté, s’agenouillait sur un tatami. Un paravent le préservant parfois des regards mais le plus souvent il faisait face à l’assemblée. A son coté étaient disposés sur un plateau ouvragé pour l’occasion, des feuilles de papier de riz immaculées, un couteau court, appelé Tanto, de l’encre, une tasse de saké et un pinceau.

Le samouraï composait alors un court waka qui reflétait son état d’esprit et traduisait sa force de caractère. Après en avoir fait la lecture, il ouvrait son kimono, enlevant parfois totalement la partie supérieure de l’habit, et de ce fait exposant son abdomen. Il saisissait ensuite le poignard qu’il enveloppait d’une feuille de papier de riz et faisait pénétrer la lame dans la partie gauche de son ventre pour remonter en diagonale sur la partie opposée.

Ce découpage de l’abdomen était fort de symboles ; dans la tradition bouddhiste, l’abdomen inférieur, appelé Hara, est considéré comme la conscience d’une personne.
Le samourai réincérait ensuite le couteau dans sa chair pour faire une deuxième coupe de manière ascendante, vers le sternum, créant une croix dans leur ventre. Ce deuxième acte faisait preuve de l’acte de courage ultime. Cette forme de seppuku extrême était appelée le Giri no Jumonji.
Le Kaishakunin, ou officier de la mort, placé derrière le samourai, entrait alors en action, mettant fin à ses souffrances en le décapitant.

Être Kaishakunin était un grand honneur et l’homme était choisi avec soin, devant répondre à deux critères : être à la fois un proche du samouraï et une fine lame.
Le sabre mettant fin à la cérémonie du seppuku était ensuite détruit.

Le rôle des bushi (guerrier) diminua peu à peu, le Junshi fut interdit et l’esprit du seppuku se dégrada rapidement. Ieyasu TOKUGAWA, fondateur de la dernière grande dynastie de shogun en 1603, dut énoncer un édit interdisant cette pratique, faisant tomber des sanctions sur la famille du supplicié. Pourtant, la tradition était si profondément ancrée dans les mœurs, que en 1663, Nobutsuna MATSUDAIRA d’Izu, l’abolit totalement. Le général Nagi qui se suicida à la mort de l’empereur Meiji en 1912 fut un cas très connu de désobéissance.

L’affaire la plus célébre de seppuku dans l’histoire japonaise est celle des 47 Ronin.
Asano NAGANORI, seigneur d’Ako (ancienne préfecture de Kyoto), avait dégainé et frappé de son sabre Kira UENOSUKE qui l’avait publiquement humilié. Cela avait provoqué la colère du shogun, qui lui avait immédiatement confisqué l’ensemble des terres d’Asano, et lui avait ordonné de se suicider par seppuku.

À Ako, les vassaux d’Asano, devenus ainsi des ronin s’étaient dispersés, mais plusieurs d’entre eux s’étaient regroupés autour d’Oishi KURANOSUKE dans le but de venger leur seigneur. Oishi était parti s’installer à Kyoto où il avait fait semblant de mener une vie de débauché pour déjouer la surveillance de ses ennemis.

L’année suivante, il avait quitté Kyoto pour Edo, où étaient venus le rejoindre ses compagnons, qui eux aussi avaient choisi la clandestinité. Les 47 ronin avaient soigneusement préparé leur attaque, et avaient envahi le 14 décembre 1702 la demeure de Kira UENOSUKE avant de l’assassiner. Oishi et ses samouraïs s’étaient ensuite rendus en procession sur la tombe de NAGANORI, située dans un temple d’Edo afin d’y déposer la tête de Kira.

Ils furent ensuite condamnés à se donner la mort par seppuku, mais leur vengeance avait été saluée par les gens de l’époque comme un acte héroïque, et la famille UENOSUKE fut aussi condamnée à perdre son domaine.
L’histoire de cette vengeance devint une pièce de kabuki et son succès fut tel qu’il fut bientôt repris par le théâtre bunraku.

Le Seppuku est donc un suicide réfléchi, acte d’une grande finesse aux yeux des nippons, preuve indéniable d’un courage sans faille. De nos jours, bien que le suicide soit également déploré au pays du soleil levant, de nombreux Japonais choisissent encore de sauver leur honneur par le suicide. Bien que les mentalités aient évoluées, cette notion d’honneur est, quand à elle, toujours aussi profondément enracinée dans les mentalités, la faillite d’une entreprise, l’échec aux examens ou encore une histoire passionnelle, deviennent des raisons de mettre fin à ses jours pour se laver de toutes hontes.


Auteur : Kitsune
Date : 31 Décembre 2003


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ElieDeLeuze
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MessagePosté le: 12 Jan 2004 14:03    Sujet du message: Re: Seppuku ou le suicide honorable

 Note du Post : 3   Nombre d'avis : 1
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Tiré du film Shogun :


Illustrations plus anciennes :






Et pour le récit d'un seppuku, reportez-vous à Yukio Mishima :
Patriotisme
in Dojoji et autres nouvelles
ISBN: 2-07-042210-0
Lien Amazon
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Fuse
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MessagePosté le: 12 Jan 2004 14:31    Sujet du message:

 Note du Post : 4   Nombre d'avis : 2
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Amicalement

Fuse (avec ses excuses les plus plates)


Dernière édition par Fuse le 29 Mar 2004 01:12; édité 1 fois
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ElieDeLeuze
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MessagePosté le: 12 Jan 2004 14:44    Sujet du message: seppuku

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C'est ce film-là, Fuse ?
Harakiri de Masaki Kobayashi
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Fuse
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MessagePosté le: 12 Jan 2004 15:09    Sujet du message:

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vivi absolument.

Je crois avoir lu qu'il passait sur le cable ce mois-ci.

J'ai beaucoup aimé.
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Den
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MessagePosté le: 12 Jan 2004 18:23    Sujet du message: référence

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Merci Iwa pour ce post instructif.

Pour prolonger le débat, je rappelle un livre magistral sur le sujet, le célèbre ouvrage de Maurice Pinguet, La Mort volontaire au Japon (collection Tel, chez Gallimard).

A noter que cet ouvrage englobe le seppuku, mais ne s'y résume pas puisqu'il traite du suicide en général (dont le double suicide amoureux, par exemple, thème théâtral s'il en est un).

Ton message Fuse nous rappelle que bien souvent, l'image que nous retenons du passé et les actes eux-mêmes ne se recoupent pas... Mais pourrais-tu développer, ou préciser les cas qui te paraissent remarquables ?
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Iwa
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MessagePosté le: 12 Jan 2004 19:35    Sujet du message:

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Je ne pensais pas vraiment faire une explication approfondie au départ, mais plutot une pure description de ce qu'était le seppuku. Est ainsi présent la definition de l'acte, les raisons qui pouvaient pousser a cet acte, le "rituel" et une breve description des vassaux d'Asano.

Il est vrai que beaucoup de guerriers on tentés d'y échapper mais je l'aie ommis.
J'ajouterais un post sur le point de vue des guerriers.
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Mai
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MessagePosté le: 13 Jan 2004 01:03    Sujet du message:

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Merci pour ce sujet instructif sur un theme du japon a la fois celebre et meconnu.
J aurais des questions car je ne suis pas tres instruite sur le sujet.

le terme "hara kiri" n est celui que les japonais preferent car je crois qu il signifie "ventre ouvert" ou qqch qui ne reflete pas la dimension honorifique de ce rituel (c est ce que m avais dit ma prof de japonais) mais que signifie exactement seppuku?

qu en est il des kamikazes durant la secondes guerre mondiale? est ce considere comme un suicide pour l honneur au meme titre que le seppukku? ou "juste" comme un devouement guerrier?

aujourd hui au Japon, y a t il plus de suicide qu ailleurs de part cette tradition de seppuku?
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ElieDeLeuze
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MessagePosté le: 13 Jan 2004 01:33    Sujet du message: seppuku

 Note du Post : 4   Nombre d'avis : 2
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En fait, seppuku et harakiri s'écrivent avec les mêmes kanji, mais inversés :
切腹 seppuku [couper+ventre] lectures "on" (setsu+fuku/buku)
腹切 harakiri [ventre+couper] lectures "kun"

Je ne pense pas que les suicidés contemporains ne passent à l'acte dans la conscience d'une tradition et d'une attitude particulière par rapport à la mort. Le seppuku est un acte social, un sacrement qui a un sens dans un contexte particulier qui y mène. On ne fait pas seppuku parce qu'on est dépressif. Il faut, à mes yeux, distinguer le tragique cas du mal de vivre et la mort volontaire pour l'honneur. Le seppuku doit être compris dans son contexte impérial, shintô, aristocratique et/ou militaire, c'est à dire des éléments extérieurs. Le suicide pur et simple est lui provoqué par des élements intérieurs.

Une culture dans laquelle la mort volontaire est une réalité philosophique, sera, à mon avis, plus confrontée au suicide, tout simplement parce qu'elle en donne les moyens culturels. Je connais deux exemples : le Japon et le Danemark, qui ont des statistiques du suicide absolument vertigineuses. Depuis Kierkegaard, qui développa l'idée selon laquelle la seule issue à l'existence était le suicide si l'on n'admettait pas l'existence de Dieu comme réponse à l'interrogation existentielle, les Danois ont une interprétation chrétienne du suicide, contraire à celle de l'Eglise qui en fait un pécher capital. L'Eglise luthérienne danoise ne suit évidemment pas Kierkegaard, mais ses idées ont un véritable écho dans la population, et le suicide n'est pas condamné en soi par des objections théologiques, car l'argumentation de Kierkegard est présente dans les esprits. Les Japonais connaissent une mort volontaire acceptée socialement et qui a un sens dans leur échelle de valeurs. Ainsi le suicide devient-il une solution possible pour tous les Japonais, samourai ou non, même dans un contexte très différent de la mort par seppuku. A partir du moment où on ne condamne par le suicide dans tous les cas, chacun devient libre d'interprété sa propre situation par rapport au code de valeurs social, et de prétendre à un suicide honnorable, même pour des raisons complètement différentes des exigences du code d'honneur de l'ancienne aristocratie et du service à l'Empreur.

Dans tous les pays, le rapport au suicide dépend beaucoup de la façon dont le thème a été abordé dans la tradition intellectuelle au cours de l'histoire. En France, les suicidés n'ont toujours pas droit à des obsèques religieux catholiques, et l'on ressent souvent de la honte dans les familles concernées par cette tragédie. L'Allemagne a été ébranlée dans ses convictions et traditions chrétiennes lors du suicide de Annelore Kohl, la femme du chancelier célèbre. Victime d'une allergie au soleil virulente et empirant de mois en mois, elle a choisi la mort, même si elle avait toujours été une fervente croyante. Cela rappela le choc créé par Goethe et Les souffrances du jeune Werther qui avait déjà soulevé le tabou du suicide. Les Japonais ont une culture qui intègre la mort volontaire, et la réalité du suicide change au fil de l'histoire de la société. Simplement, ils sont peut-être mieux armés pour faire face à la mort volontaire d'un des leurs.
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Mai
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MessagePosté le: 13 Jan 2004 02:11    Sujet du message:

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merci pour ces eclaircissements meme si je ne pense pas que la "honte des familles" soit vraiment une question religieuse.
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