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le shô 笙

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pierrot
1ere Dan
1ere Dan


Inscrit le: 23 Sep 2003
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MessagePosté le: 12 Déc 2003 14:09    Sujet du message: le shô 笙

 Note du Post : 4.75   Nombre d'avis : 4
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Je vous propose de découvrir un instrument de musique très peu connu : le shô 笙. Voici la traduction d'un texte de Naoko Miyamaru présentant cet instrument :

Le shô est un instrument à vent utilisé pour le genre tôgaku (1) de la musique gagaku. En comparaison des mélodies jouées au hichiriki (2) et au ryûteki (3) dans les morceaux de musique classique japonaise, le shô permet d’interpréter principalement des harmonies de cinq à six sons. Sa tonalité est proche du son pur produit par de fines anches de métal, et tout en ayant été transmis en tant qu’instrument traditionnel japonais, il génère une sonorité pleine de transparence que l’on ne retrouve chez aucun autre instrument. Ce son a souvent été qualifié avec émerveillement de « lumière descendue des Cieux ». Autrefois appelé shô no fue, il est décrit de belle manière dans le Makura no sôshi (4) : « Il est agréable d’écouter le shô no fue lors d’une sortie en voiture, à la lumière de la lune. De par sa forme étroite, il semble difficile à manipuler. »

L’instrument a la forme d’un bol en bois appelé kashira, dans lequel sont fichés dix-sept tuyaux en bambou reliés ensemble par une bague d’argent, le bec se situant au niveau du kashira. D’une longueur de cinquante centimètres, son allure rappelle celle d’un phénix dont les ailes sont repliées, ce qui lui vaut aussi le nom de « hôshô ». Les sons se produisent en soufflant, ce qui fait vibrer de petits shita (anches) faits d’un alliage de cuivre appelé sawari, qui se trouvent à la base de quinze des dix-sept tuyaux de bambou. En bouchant les trous situés sur les bambous, on qui fait jouer le rôle de tuyau de résonance à la partie de ces derniers qui va jusqu’aux entailles appelées byôjô. En bouchant plusieurs des trous, il est possible d’émettre plusieurs sons en même temps. Par ailleurs, les shita qui sont extrêmement fins, sont des anches libres dans lesquelles a été faite une petite entaille en forme de carré ouvert sur un côté et dont le mouvement de va-et-vient permet de produire un son ininterrompu en soufflant ou en inspirant. Le principe est le même que celui de l’harmonica, mais le shô est un instrument très délicat qui peut ne plus produire de sons en cas de condensation due au souffle sur les shita ou produire des sons dissonants si la cire avec laquelle les shita sont fixés n’est pas à la bonne température. Lors de son utilisation, il est nécessaire de garder l’instrument chaud à l’aide d’un brasero et de régler la température et l’humidité.

Il existe de nos jours de nombreux instruments de la même famille en Chine et en Asie du Sud-Est. Leur origine est ancienne et il en a été retrouvé dans des ruines du cinquième siècle avant Jésus-Christ, en Chine. Le premier instrument de ce type serait encore plus ancien. Aux époques des Sui et des Tang, le shô à dix-sept tuyaux était utilisé, c’est celui qui a été introduit au Japon. En examinant les trois shô qui sont conservés au Shôsô-in (5), bien qu’il y ait quelques petites différences telles que la présence de shita et de byôjô sur l’ensemble des dix-sept tuyaux de bambou, on remarque qu’ils ont la même forme que les shô actuels. Il est surprenant de constater que cet instrument a été utilisé sous une forme quasi-inchangée pendant plus de 1200 ans.

Pour jouer du shô, on utilise le pouce et l’index de la main droite et tous les doigts de la main gauche à l’exception de l’auriculaire. Ce faisant, on produit des harmonies dites « aitake ». Les techniques importantes utilisées à cet effet, sont celles de « te-utsuri » et de « kigae ». Le « te-utsuri » consiste à changer d’harmonie en faisant glisser les doigts selon des règles déterminées qui permettent de garder les sons communs. Il ne s’agit pas de déplacer les doigts en une fois pour passer d’une harmonie à une autre. Le « kigae » permet d’alterner inspiration et expiration, mais il y a des règles de respiration afin de ne pas interrompre la mélodie. La musicalité particulière du shô qui passe d’une faible résonance qui prend de l’ampleur petit à petit à une autre sans discontinuité, est entretenue par ces techniques. Outre les aitake, on trouve aussi les « itchiku » qui consistent à créer des harmonies avec des sons simples utilisées lors des chants dits saibara et rôei (6). Il existe des façons de jouer particulières qui associent ces deux types d’harmonies dans les préludes dits « netori » et « chôshi ».

notes :
(1) Style de musique de cour (gagaku) venant de la Chine des Tang.
(2) Sorte de hautbois en bambou d’environ 18 cm, laqué en rouge ou brun à l’intérieur et à l’extérieur.
(3) Flûte utilisée lors des concerts de gagaku.
(4) Livre de chevet en 300 courts chapitres écrit dans un style poétique par Sei Shônagon, décrivant les us et coutumes de la cour de Heian-kyô.
(5) Grenier (kura) en bois de cyprès élevé aux abords du Temple Tôdai-ji à Nara, vers 760. Cette construction fut utilisée au VIIIe siècle pour entreposer plus de 3000 objets divers provenant des collections réunies par l’empereur Shômu et l’impératrice Kôken.
(6) Chants populaires accompagnés de musique gagaku.



lien sur le shô (en japonais) : http://www.page.sannet.ne.jp/k_nitta/gagaku1.htm

un autre (en francais) :
http://www.asza.com/isho.shtml
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pierrot
1ere Dan
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MessagePosté le: 19 Déc 2003 14:04    Sujet du message: le u 竿

 Note du Post : 5   Nombre d'avis : 1
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toujours d'après le même texte, voici le u 竿 (le caractère exact n'est pas celui-ci, mais on ne peut pas l'afficher), qui est proche du shô :

Le u qui appartient à la même famille que le shô, est un instrument qui est à peu près deux fois plus grand que ce dernier et dont le registre est plus bas d'une octave. Il y en a trois conservés au Shôsôin, mais au fur et à mesure que la musique gagaku a été adaptée au Japon, à partir du 9e siecle, le u a fini par ne plus être utilisé. De nos jours, il n'apparaît pas dans les représentations de gagaku et aucune oeuvre faisant appel à cet instrument n'est conservée. Le fait qu'il soit dans un registre grave et que sa sonorité tende à être effacé par les autres instruments, ainsi que le fait qu'il soit grand et donc difficile à manipuler seraient les raisons de ce délaissement. Cependant, il semble faire son retour depuis quelques années et il est de nouveau possible d'écouter sa tonalité profonde.




Voici une oeuvre recente ou le u est utilisé :

Umi, de Mayumi Miyata, 1984.
Cette œuvre se joue au « u » qui est un instrument deux fois plus grand que le shô. De même que le shô, le u a été introduit au Japon par la Chine à l’époque de Nara (710-784), mais il a cessé d’être utilisé et trois u sont conservés au Shôsôin. Récemment, cet instrument refait apparition lors de diverses occasions et il nous est désormais possible d’écouter sa tonalité douce. La sonorité du u apporte une sorte de sérénité comme si nous semblions nous enfoncer dans une mer profonde. « Umi » emprunte son nom à celui d’une mer légendaire où vivent des ermites en Chine et est une petite œuvre composée pour le u.


Ce qui amène la question suivante : qui est Mayumi MIYATA ?
réponse :

Mayumi MIYATA est l’interprète qui a fait découvrir au reste du monde l’instrument traditionnel asiatique qu’est le shô. Elle recherche avec passion les capacités multiples du shô par le biais des classiques de gagaku, bien sûr, mais aussi de la musique contemporaine, parfois en concert avec des orchestres.
Après avoir achevé des études de piano au Conservatoire de Kunitachi, MIYATA s’oriente vers la musique gagaku. A partir de 1979, elle participe à des représentations de gagaku au Théâtre National du Japon. C’est en 1983 qu’elle organise ses premiers récitals de shô et commence à attirer l’attention. Son troisième récital lui vaut de recevoir le prix Geijutsu-senshô du Ministre de l’Education pour les nouveaux talents. Par la suite, elle reçoit le prix artistique du concours annuel feminin Avon en 1987, le prix Kenzô Nakajima en 1993 et le prix d’encouragement du concours de la culture de Yokohama en 1998.

Elle se produit également à l’étranger a été acclamée à New York (1987), Paris (1989), Amsterdam (De IJsbreker, 1989), Seattle (1992), New York (Brooklyn Museum of Art, 1993), Milan (Scala Piccolo Teatro, 1994), Vienne (Konzerthaus, 1995). Par ailleurs, elle a aussi été invitée à divers festivals importants tels que les Cours internationaux de musique contemporaine de Darmstadt, le Festival de musique contemporaine de Donaueschingen, Extasis à Genève, Musica Viva à Munich, Musik Aktiv à Dortmund, la Semaine de musique contemporaine d’Orleans, Wien Modern, le Akiyoshidai International 20th Century Music Seminar and Festival (Japon), le Sapporo Pacific Music Festival, des représentations de John Cage en Italie ou encore le Festival d’automne de Paris.

MIYATA a été, jusqu’à présent, la première à interpréter de nombreuses œuvres récentes de compositeurs contemporains tels que John Cage, Tooru Takemitsu, Paul Mefano, Klaus Huber, Toshi Ichiyanagi, Maki Ishii, Jôji Yuasa, Toshio Hosokawa. En particulier, elle a su tirer le meilleur des capacités de l’instrument de musique qu’est le « shô » lors des premières mondiales des œuvres suivantes : les œuvres pour shô et percussions « Two3 » de John Cage en 1992 à Pérouse, « Cérémonial » de Tooru Takemitsu avec le Saitô Kinen Orchestra conduit par Seiji Ozawa la même année et « Utsurohi Nagi » de Toshio Hosokawa avec le WDR Symphony Orchestra de Cologne en 1996. Elle a aussi participé à la première représentation du nouvel opéra de Helmut Lachenmann « Das Mädchen mit den Schwefelhölzern » à l’Opéra de Hambourg en 1997, puis à la première représentation au Japon en 2000 et a aussi été invitée à celles de l’Opéra de Stuttgart en 2001/2002 ainsi que lors du Festival d’automne à Paris. En 2000, elle a pris part au Festival international de musique de Lucerne, à la première interprétation mondiale de l’œuvre de John Cage « 108 » avec le WDR Symphony Orchestra de Cologne, a fait ses débuts au Carnegie Hall et a joué avec le BBC Symphony Orchestra.

En 2001, en plus de sa participation aux représentations de l’Opéra de Helmut Lachenmann, MIYATA a fait des apparitions lors de la tournée européenne du NHK Symphony Orchestra conduit par Charles Dutoit, et a joué avec l’Orchestre philharmonique de la République tchèque sous la baguette de Vladimir Ashkenazy lors de la tournée au Japon. Lors d’une série de récitals, elle a interprété pour la première fois les œuvres solos pour shô de John Cage « One9 » et pour la première fois au Japon les œuvres « Two3 » ainsi que l’intégralité des classiques « chôshi » de gagaku.

En 2002, outre des participations au Festival de Musique de Salzbourg avec l’Orchestre symphonique SWR de Baden-Baden et Fribourg, à Berlin, au Alte Oper de Francfort et à la représentation de l’opéra « Das Mädchen mit den Schwefelhölzern » à Fribourg, MIYATA avait aussi projeté de jouer avec différents orchestres de renom, d’apparaître lors de concerts de musique de chambre et de récitals. En 2003, elle était invitée à des représentations de l’Orchestre de l’Opéra royal de Belgique dirigé par Kazushi Ohno, à la tournée européenne du NHK Symphony Orchestra sous la direction de Charles Dutoit et à jouer avec le New York Philharmonic sous la baguette d’André Prévin ainsi qu’au Festival d’Avignon.

Son interprétation de l’hymne national japonais lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver de Nagano en 1998 fut retransmise en direct à travers le monde et a attiré l’attention sur son talent.

Source (en japonais) :
http://www.kajimotomusic.com/artists/miyata_mayumi.html

Quelques CDs ou l'on peut ecouter Mayumi MIYATA jouer du shô (Amazon Japan) :
http://www.amazon.co.jp/exec/obidos/search-handle-url/index=classical-jp&field-keywords=%E5%AE%AE%E7%94%B0%E3%81%BE%E3%82%86%E3%81%BF&bq=1/ref=sr_aps_all_cm/249-7975957-8908334
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