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Pied
Modérateur
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Pays, Ville: Sendai, Kokubunchô
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 Posté le: 08 Jan 2009 18:30 Sujet du message: Re: Pas tout mélanger...
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| Robert Patrick a écrit: |
D'où le grand nombre de photos de nourriture, comme on prend en photos les cerisiers : quand tu vas chez un grand pâtissier, ton gâteau a une jolie forme, une jolie couleur, tu te dis "AH PUTAIN CE GÂTEAU JE VAIS TROP LUI BOUFFER LA CH.. Hum.. JE VAIS LE DÉGUSTER COMME IL SE DOIT !!!"
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Pourquoi tu censures chantilly ?
P!
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;-}
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とうきょうとっきょきょかきょく、きょくちょうまえ。 |
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Yumbee
Ceinture Orange
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Pays, Ville: Belgique
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Posté le: 08 Jan 2009 22:50 Sujet du message:
Note du Post : 4 Nombre d'avis : 1 |
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Merci Robert Patrick pour cette réponse. Et surtout d'avoir lu ce très long texte de mon blog. Ta réponse m'a permis de réfléchir encore plus sur divers points de vue. J'aimerais te répondre point par point.
1) Là, j'aimerais préciser une fois de plus que je ne m'en prends pas à la gastronomie, ni à la nourriture elle-même. Mais aux excès où elle conduit et à toutes les manifestations de ces excès. Je suis d'accord avec toi quand tu parles de la société infantilisée. Il y a bien sûr d'autres éléments que l'utilisation de la nourriture. Mais j'ai choisi le sujet de la nourriture parce qu'il y participe d'une façon particulièrement visible et dérangeante à mon goût. (Les fameux « Oishiiii ! » ou « Tabetaaai ! » etc. exprimés souvent de façon très immature ... ) J'aurais pu choisir les «Kawaiiii ! » qui comme « Oishii » frappent le plus les oreilles des personnes sensibles à ce phénomène d'infantilisation.
2) D'accord, il n'est pas question de leur reprocher leur histoire (qui est aussi la mienne d'ailleurs). Mais la société telle qu'elle est faite aujourd'hui, ne permet plus à personne d'exprimer sa façon d'être sans se confronter à la réalité du monde : omniprésence de l'internet, des blogs, de You Tube, de la télévision ...etc. Pour moi, les Japonais ne se montrent pas à leur avantage en se présentant au monde de cette façon obsessionnelle. Imagine la personne d'un pays pauvre découvrant sur internet les images de You Tube que j'ai montrées plus haut (ou les blogs). En tant que Japonaise, je n'en suis pas très fière. Que le Japon s'ouvre aujourd'hui au monde, ça ne peut leur faire que du bien...
3) Le problème de Gyaru Sone n'est même pas qu'elle mange trop, ni qu'elle brûle trop de calories. (Ça, c'est son affaire.) Mais que la télé diffuse ce spectacle sans arrêt comme si elle pouvait être le symbole d'une société japonaise qui accepte ou incite même les téléspectateurs aux jeux avec la nourriture. Dans ce sens, elle devrait même être un « contre-modèle ». Dans d'autres pays, ce serait le cas, peu de gens en difficulté de se nourrir ne pouvant pas accepter un tel comportement. Même l'image choque.
4) Là on revient de nouveau à la même confrontation : la gastronomie et la consommation, ou plus généralement, la culture et l'économie. Je suis d'accord avec toi quand tu lies la notion de mono no aware au fait de savourer quelque chose de bon. Le plaisir est éphémère. Il se savoure.
| Citation: | | "AH PUTAIN CE GÂTEAU JE VAIS TROP LUI BOUFFER LA CH.. Hum.. JE VAIS LE DÉGUSTER COMME IL SE DOIT !!!" |
Oui, c'est de la gastronomie, donc on peut évoquer le mono no aware, la poésie, d'accord.
Mais justement parce que l'on est en plein poésie, dans un moment unique rare et précieux, il ne s'accommode pas de l'excès qui reste toujours le thème qui me dérange depuis le début. Savourer un gâteau permet cette attitude proche de la contemplation. Par contre, se gaver ou remplir des pages internet de photos de nourriture, me semblent un comportement de pure consommation bien loin de toute forme de poésie. Un comportement exclu l'autre. On peut comparer cela avec la simplicité de la cérémonie du thé, par exemple. Quand tu es dans un processus de consommation, tu n'es plus dans la poésie (mono no aware). Ou inversement ...
| Citation: | Il me semble au contraire que le mono no aware tire son pouvoir de l'impermanence de toute chose et que c'est précisément ce concept qui donne à la nourriture une telle importance au Japon.
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L'impermanence est sublime dans la rareté. Les cerisiers, ça ne se passe qu'une fois par an. C'est ce qui fait la beauté de l'impermanence et de la mélancolie. Mais si ça se passe à chaque minute (consommation), ce n'est plus aussi beau... |
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Maitre K
Administrateur
Inscrit le: 20 Sep 2003
Messages: 2702
Points: 25951
Pays, Ville: Nishinomiya
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Posté le: 09 Jan 2009 01:32 Sujet du message:
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| Citation: | | Objectivement, on peut considérer un phénomène comme étant un problème quand celui-ci nuit à la société et a sur elle des conséquences dommageables. Ces phénomènes visibles au Japon actuel (d'ailleurs personne ici ne semble contredire cette réalité) ne sont-ils pas nuisibles ? |
Pour le moment, personne n'a pu prouver que ce phénomène est nuisible, désolé !
Les problèmes que tu soulèves (gaspillage des ressources, etc...) sont applicables à peu près à l'ensemble des pays développés, donc je n'y vois pas de relation direct avec le fait de sur-médiatiser la nourriture.
D'ailleurs, je me permets de noter que le Japon est souvent cité comme l'un des pays développé avant le moins de problèmes d'obésité. Ce qui fait un argument de le sens que parler beaucoup de nourriture n'implique pas forcément d'en consommer plus ! On peut aussi consommer mieux.
| Citation: | | Est-ce que c'est si ridicule de sentir dans ces phénomènes (un peu comme celui des Otakus ou des NEET), un signe de société malade ? Société de l'infantilisation. Et surtout l'insouciance et la légèreté des Japonais qui sont complètement à côté de la réalité mondiale. En tant que Japonaise qui a sa famille là-bas, je m'inquiète, c'est ce que tu appelle de la mauvaise fois ? |
Non, la j'appelle ça une perte de temps. Parce que si (et seulement SI), l'intérêt pour la nourriture représente un "signe de société malade" (ce qui n'est pas prouvé), alors tu t'attaques aux symptômes et pas la cause ! Si c'est un problème de société, supprime la nourriture et c'est dans un autre domaine que les gens iront se réfugier. Et sur le fond, aucune société ne peut se prétendre "sans problème", et par conséquent il y aura toujours un besoin d'une certaine "soupape de sécurité" qui permet aux gens de rêver / oublier / décompresser tout simplement. Que ce soit la bouffe au Japon, les jeux d'argent en France ou le foot en Italie.
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shikalover
5eme Dan
Inscrit le: 03 Oct 2006
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Pays, Ville: Prypiat
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Posté le: 09 Jan 2009 06:59 Sujet du message:
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| Maitre K a écrit: |
D'ailleurs, je me permets de noter que le Japon est souvent cité comme l'un des pays développé avant le moins de problèmes d'obésité. Ce qui fait un argument de le sens que parler beaucoup de nourriture n'implique pas forcément d'en consommer plus ! On peut aussi consommer mieux. |
Sauf que... avant Noel il y a eu une emission sur je ne sais plus quelle chaine Japonaise qui expliquait que les menages Japonais sont les number 1 pour le gaspillage de la nourriture. Ils achetent trop, ne verifient pas ce qu'ils ont dans le frigo, vont manger dehors alors qu'ils avaient prevu de cuisiner a la maison, cuisinent en trop grande quantite, oublient de cuisiner certains aliments qui doivent donc ensuite etre jetes etc... (Ca c'etait les raisons donnees).
Donc consommer mieux, ca reste a voir.
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Maitre K
Administrateur
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Points: 25951
Pays, Ville: Nishinomiya
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Posté le: 09 Jan 2009 10:22 Sujet du message:
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| Citation: | | Donc consommer mieux, ca reste a voir. |
Je parlais surtout d'un point de vue nutritif...
Même si tout est loin d'être parfait, je trouve qu'au Japon on a vraiment un choix de plats bon marchés, y compris lorsque l'on doit manger dehors, sans tomber dans le gros fast-food bien gras. Et la concurrence, le côté "sélectif" joue certainement un rôle la dedans, à savoir que les restos sont obligés de se bouger le cul pour garder leure clientèle.
Mais surtout je pense qu'en quantité, les japonais mangent moins que les occidentaux. C'est cela que je voulais souligner, à savoir que ce n'est pas parce qu'ils parlent beaucoup de bouffe et qu'ils regardent Gyaru Sone-chan à la TV qu'il mangent comme 4 dès qu'ils sortent.
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Rider's vision
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Posté le: 23 Jan 2009 02:30 Sujet du message:
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| Yumbee a écrit: | | Maitre K a écrit: |
La je suis d'accord, par contre ce que je n'arrive pas à voir c'est ou il y aurait un "problème" (selon certains intervenants)... Pour moi cela me semble un sujet de préoccupation pas plus coupable qu'un autre, et qui permet souvent de briser la glace sans trop risque de froisser son entourage. |
Bien sûr, quand ça reste dans un cadre convivial, il n'y a aucun problème. Un moment de plaisir gastronomique de temps en temps, ça fait du bien. Mais à partir du moment où l'on dépasse le seuil du normal (ce qui est le cas au Japon), ça commence à devenir gênant. Le problème, c'est justement cet excès.
Hormis ces émissions (toute la journée et tous les jours) dans lesquelles les célébrités « jouent » avec la nourriture, il y a tous ces sites internet commercialisant la nourriture d'une manière excessive et les blogs japonais qui ne parlent que de ça. Ici je suis peut-être plus concernée que vous. Parce que je suis Japonaise et je comprends automatiquement tout ce qu'ils disent ou écrivent. Parfois j'ai envie de voir autre chose à la télé ou de lire autre chose sur internet ... La nourriture est trop présente. Quand c'est trop, ce n'est plus sympathique. Chez soi ou en ville, où que l'on aille au Japon, on ne peut plus l'éviter.
Dans ce phénomène, je vois quelque chose d'inquiétant qui touche non seulement la vie alimentaire, mais aussi la société de mon pays. Pour moi, ce n'est pas un sujet à traiter à la légère ... |
Bonjour Yumbee,
là je crois que tu touches effectivement à un point essentiel du problème:
qui dit jouer avec de la nourriture dit abondance de celle-ci et donc dépréciation de celle-ci par une généralisation excessive...
C'est en quelque sorte une désacralisation de la nourriture comme bien "précieux" au sens "nécessaire" du terme, pour en faire un objet de martelage consommatoire, une sorte de "jouet" qui doit attirer l'esprit.
je comprends tout à fait que tu aies du mal à voir cette partie de ton pays, c'est enlever par là même toute la valeur de la gastronomie japonaise (que je respecte énormément tant sur le point gastronomique que pour la santé).
De même, enlever la valeur qualitative d'un aliment revient à evider de sa substance une population, à lui retirer une part de sa culture, ceci me semble important, et ceci doit te gêner à mon avis.
Je verrais mal, de mon côté, que la France en vienne à généraliser le caractère "ludique" que l'on accorde à la nourriture...surtout pour le pays de la gastronomie!
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