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"Le Soleil"

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al azif
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Inscrit le: 13 Aoû 2006
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Pays, Ville: Strasbourg

MessagePosté le: 06 Oct 2006 17:50    Sujet du message:

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C'est de mon message dont vous parlez ?
on doit pas avoir la même définition du terme "critique de film" , ou alors vous vous êtes arrétés a la première phrase de mon message .
lisez le jusqu'au bout , et vous devriez vous appercevoir qu'il n'est nullement question du film , mais de l'Histoire , la vraie ...


alors c l'arroseur arrosé un peu nan ?
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Wolverine
1ere Dan
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Pays, Ville: Planète Terre

MessagePosté le: 06 Oct 2006 19:09    Sujet du message:

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Je répondais à Botchan puisque le débat portait plutôt sur l'historicité du film que sur l'histoire elle-même.

En ce qui concerne le fait de savoir qui détenait le pouvoir au Japon pendant la guerre du pacifique, la question ne peut pas se résoudre en disant : c'est l'Empereur, c'est Tojo, c'est untel, etc. Tout simplement parce que l'exercice du pouvoir politique au Japon, à cette époque comme aujourd'hui encore, était (est) collectif. Il n'y avait pas l'équivalent d'un Hitler ou d'un Staline au Japon (que ce soit l'Empereur ou Tojo), c'est-à-dire qu'aucun individu ne concentrait de tels pouvoirs absolus entre ses seules mains. Il s'agissait d'un groupe d'hommes dont il est difficile d'évaluer la responsabilité individuelle pour chacun d'entre eux. Je rappelle par ailleurs pour les amateurs d'histoire que Tojo apparaît au tout premier plan seulement en 1941, alors que la guerre totale avec la Chine date de 1937, que le conflit en Mandchourie éclate en 1931, et que le Japon est dans une relation de tension permanente avec la Chine depuis au moins 1894-1895, si ce n'est avant. Donc tout mettre sur le dos d'un seul homme (que ce soit l'Empereur ou Tojo) est un raccourci facile qui n'éclaire pas du tout l'histoire du Japon.

Encore une fois, le problème de Sokourov n'est pas de savoir si l'Empereur est ou non responsable de la guerre. Son problème est de regarder comment se comporte un homme sans envergure face à des évènements qui lui échappent. Entre autre.
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Botchan
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Points: 11619

MessagePosté le: 07 Oct 2006 02:32    Sujet du message:

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Et bien voilà de quoi faire avancer ce fil dans le bon sens.

Artistiquement, le film vaut le coup d'oeil.

Mais pour ce qui est du "politiquement", il marche sur des oeufs (prière de ne pas trop se faire d'illusions sur "l'apolitisme"ou le "non intérêt de vouloir faire de l'histoire" d'une série de films portant sur... Hitler, Lénine et Hiro Hito!).

Si d'autres personnes ont vu le film et veulent partager leurs impressions, bienvenue !
_________________
"Avec ce pouvoir [de la réthorique], tu feras ton esclave du médecin, ton esclave du pédotribe et, quant au fameux financier, on reconnaîtra que ce n'est pas pour lui qu'il amasse de l'argent mais pour autrui, pour toi qui sais parler et persuader les foules." Platon, Gorgias (IVème siècle avant J-C) - NB : suis privé du droit de notation depuis Fukushima, devinez pourquoi !-
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dareka
2eme Dan
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MessagePosté le: 30 Sep 2007 17:02    Sujet du message:

 Note du Post : 3.5   Nombre d'avis : 2
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J'ai enfin eu l'occasion de voir ce film, Le Soleil de Sokurov, dont voilà le trailer (en japonais uniquement) et la critique artistique de DVDrama :

http://www.dvdrama.com/fiche.php?6654&mode=test&ouzesuis=2

Une photo de l'acteur qui incarne Hiro-Hito parce que, j'avoue l'avoir trouvé plus que bluffant :



Mon avis :

Tout d'abord, et que les choses soient claires, l'aspect historique m'échappe complètement. Je n'entends rien au véritable déroulement de cette fin de guerre et non plus rien au véritable rôle de l'empereur dans le dénouement de celle-ci.

Ensuite, et le plus important, ce film est un film magnifique. Voilà 20 minutes qu'il est fini et les émotions qu'il m'a fait ressentir n'ont pas encore fini de me secouer. Pourquoi ?

Premièrement, parce que, d'un point de vue formel, Sokurov est parvenu à développer une ambiance très intimiste, très proche de l'empereur, une ambiance qui lentement enveloppe le spectateur par sa chaleur, sa fragilité, son attention. Secondement, parce que le jeu d'acteur d'Issey Ogata est d'une beauté, d'une profondeur impressionnantes. On ne voit pas un homme jouer la comédie, on voit un homme vivre, on voit un empereur être. Sa gestuelle, le ton de sa voix, son regard, ses mimiques, tout cela est si beau, si pénétrant, si touchant. Dernièrement, et ce qui en découle, c'est l'image donnée de cet homme au centre de l'écran : un homme déconnecté, un homme tout guidé par des manières précieuses (mais aucunement ridicules), un homme né "descendant des dieux", un homme en plein questionnement, en plein trouble, bousculé entre ce qu'il est, ce qu'il devrait faire, ce qu'il doit faire, ce qu'il veut faire, ce qu'il va faire. Lors de ses confrontations avec Mc Arthur, que de manières toutes japonaises pour dire sans dire, esquiver pour approuver.

Ainsi, par-delà l'aspect purement historique que les grands experts ne peuvent se retenir de discuter, je ne vois qu'une oeuvre artistique sublime. L'empereur a-t-il réellement été comme cela ? Ses intentions, ses ordres ont-ils été ceux-là ? Tout cela et plus encore ne m'intéresse guère. Seule cette oeuvre dont le fond et la forme sont complètement éblouissant et dont l'acteur principal, renversant, comptent.
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dareka
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Points: 3987

MessagePosté le: 26 Oct 2007 15:21    Sujet du message:

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Idiot que je suis, il semble que je n'ai même pas donné le lien vers le trailer du film ! Alors, pour les curieux, le voilà (uniquement en japonais, donc) :

http://www.youtube.com/watch?v=NiILmcUL_ZA
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sakana ôji
3eme Dan
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Messages: 760
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Pays, Ville: tokyo

MessagePosté le: 27 Oct 2007 13:41    Sujet du message:

 Note du Post : 2   Nombre d'avis : 1
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Pour revenir sur le débat concernant les responsabilités de l'empereur dans la période militariste, je pense qu'entre 1926 et 1939 il ne faisait que donner son accord à des propositions de lois faites par l'Etat-major et le Conseil des ministres, parmi lesquelles l'expansion aggressive en Mandchourie et l'alliance avec les fascistes et les nazis.

Je crois que ça s'est gâté à partir de 1939, année à partir de laquelle l'empereur a décidé de se montrer ultra-directif et de faire valoir ses pleins pouvoirs. En effet, il y était d'abord implicitement encouragé par:

- ses ministres qui redoublaient de propagande mystico-shinto-nationaliste (nottament à l'initiative du ministre de l'éducation à partir de 1938)
- par la création d'un cabinet décisionel pour lui tout seul (dont je ne me rappelle plus le nom), en 1937.

Ces deux lignes ont eu semble-t-il un effet sur l'attitude même de l'empereur en tant que chef d'Etat, et l'ont poussé à prendre conscience de la gigantesque étendue de son autorité légale en tant que chef de guerre. Il semblerait en outre qu'il serait seul à l'origine de la création de l'innomable unité 731.

Pour finir, j'ai envie de dire qu'au vu du trailer, ce film a l'air d'être nettement moins objectif que La Chute (der untergang), qui a au moins le mérite de ne pas laisser de doute quant au fait qu'Hitler était une sombre ordure.
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dareka
2eme Dan
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Messages: 468
Points: 3987

MessagePosté le: 28 Oct 2007 07:53    Sujet du message:

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J'ai proposé dans ce fil Mettez ici vos videos (merci Kanayama Wink) un documentaire anglais concernant, donc, le rôle présumé de l'empereur pendant la seconde guerre. Parce que, n'étant pas complètement réfractaire à l'idée de me renseigner, j'ai voulu un peu "savoir".

Cela permettra -dans une toute petite mesure, bien sûr ; ce documentaire n'est pas la parole divine et est une gougoutte dans l'océan des travaux sur l'empereur- aux curieux qui parcourent forumjapon d'avoir sous les yeux un pendant documentaire (en anglais, malheureusement, pour les non anglophones) au film dont nous parlons ici.

J'aimerais juste préciser, selon l'analyse que je fais de ce film que j'ai visionné une 5ème fois cette semaine (eh oui, quand on aime...) que je ne suis pas certain que le réalisateur soit si complaisant envers l'empereur en cherchant à minimiser ses actes. Il cherche à rendre humain (comme vous et moi), certes, celui que tu sembles vouloir traiter de sombre ordure (comme Hitler) Mais, à bien y regarder, ses intentions ne sont pas, particulièrement, d'en faire un saint-homme.

Ces deux figures de l'histoire de la seconde guerre n'ayant pas non plus, à ma mini connaissance, ni la même histoire, ni les mêmes intentions, ni la même mentalité, ni le même entourage, ni, probablement, la même psychologie.

Le véritable Heika a eu l'influence sur la guerre qu'il a eu. Jugerons ceux qui veulent le faire et comme ils veulent le faire. Je ne le fais pas, parce que ce n'est pas mon rôle, ce n'est pas dans mes capacités culturelles, et que, ici, je fais le distingo très net entre un film sur l'empereur et ce qu'a pu être la véritable vie de l'empereur.

Je termine en disant que, nonobstant ces reflexions légitimes sur le regard du réalisateur sur Hiro-Hito, il ne faut pas chercher à dénigrer pour autant l'extrême qualité de ce film uniquement par ce biais-là.

Après, bien sûr, il est du bon droit de chacun de ne pas aimer Le Soleil sur le plan purement cinématographique.
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