Forum Japon

 

[ S'enregistrer ]   [ Rechercher ]    [ Liste des Membres ]    [ Groupes d'utilisateurs ]   [ FAQ ]  
[ Connexion ]   [ Mes messages privés ]   [ Profil ]
mémoire en philosophie japonaise

Recherche Rapide :
Aller à la page 1, 2  Suivante
 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    ForumJapon.com Index du Forum -> Arts & Traditions du Japon
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
JMA
1ere Dan
1ere Dan


Inscrit le: 16 Nov 2004
Messages: 413
Points: 2053
Pays, Ville: Shunan (Tokuyama), Japon

MessagePosté le: 13 Mai 2005 11:49    Sujet du message: mémoire en philosophie japonaise

 Note du Post : 4   Nombre d'avis : 3
Répondre en citant

Bon, ben voilà, j'ai remis aujourd'hui mon mémoire sur "L'expérience pure chez Nishida" en fac de philosophie (à l'Université Catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve, Belgique). Je me suis dit que je pourrais dire quelque mot de mon expérience...

Dans ma fac, la philosophie japonaise était totalement méconnue. On ne travaillait que sur la pensée japonaise traditionnelle, et pas en philosophie mais en fac de philosophie et lettres, section orientalisme (où il y a des mémoires qui se font sur le bouddhisme, etc.).

Il y a une dizaine d'années, un prof est arrivé (Bernard Stevens pour ne pas le nommer) qui s'est intéressé à l'école de Kyoto. Il a publié divers articles, puis des ouvrages (un sur l'école de Kyoto en général, l'autre sur Nishitani). Du coup il a fait connaître dans la fac la philo japonaise. Et il s'est mis à promouvoir quelques mémoires. Il y en a je crois 5 qui ont été réalisé sur des penseurs de l'école de Kyoto jusqu'à maintenant. Une thèse est en cours sur Nishitani...

Personnellement j'ai chosit de faire mon mémoire sur un philosophe japonais parce que j'étais déjà passionné par le japon (pratique de l'aïkido depuis des années, apprentissage du japonais depuis quelques années aussi). Les autres étudiants que j'ai rencontré qui travaille sur l'école de Kyoto vont plutôt dans le sens inverse: intérêt pour ce que dit le philosophe japonais puis à force de travailler dessus un intérêt pour le Japon en général qui apparait.

Je regrette que les cours de Japonais ne soit pas plus développé dans mon unif (seulement 2 ans possible, ce qui fait que je refais ma 2ième année encore et encore. Bon, j'apprends à chaque fois de nouvelles choses mais ce serait bien qu'il crée enfin une 3ième année Wink ).

Avec tout ça j'ai pu placer quelques termes en caractère japonais dans mon mémoire...

Sinon pour la philosophie japonaise, je suis quelque peu mitigé, mais en fait je suis mitigé pour la philosophie en général. Je suis quelqu'un de très empiriste dans l'âme (j'ai fait la psychologie avant la philo) et la philo est trop "spéculative" pour moi, trop déconnecté de la réalité à mon goût.

C'est la même chose avec la philo japonaise, avec la barrière culturelle et linguistique en plus Confused

Bon voilà, @ +
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
polutropos
Ceinture Orange
Ceinture Orange


Inscrit le: 29 Jan 2004
Messages: 24
Points: 174
Pays, Ville: France, Paris

MessagePosté le: 17 Mai 2005 06:23    Sujet du message: memoire philo

 Ce message n'a pas encore été noté.
Répondre en citant

Salut JMA!
Aurais-tu le temps de poster quelques mots sur le contenu de ce mémoire? Une petite notice? Un petit lien? Le post est alléchant Wink. Sinon pour ce qui est de la réticence à la philosophie en général, le sujet est un peu vaste. Certains esprit sont naturellement enclins à l'abstraction, d'autres plus prudents peut-être s'essayeront plutôt aux détails des choses. Il faut bien réconcilier tout cela à un moment ou l'autre. Etant loin d'être averti de philosophie orientale (le terme même me désespère), je ne pourrais guère aller plus loin...
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
JMA
1ere Dan
1ere Dan


Inscrit le: 16 Nov 2004
Messages: 413
Points: 2053
Pays, Ville: Shunan (Tokuyama), Japon

MessagePosté le: 17 Mai 2005 21:55    Sujet du message: Re: memoire philo

 Note du Post : 4   Nombre d'avis : 1
Répondre en citant

polutropos a écrit:
Aurais-tu le temps de poster quelques mots sur le contenu de ce mémoire? Une petite notice? Un petit lien? Le post est alléchant Wink.


L'expérience pure est le concept central du premier ouvrage de Nishida intitulé "Essai sur le Bien".

Généralement, il y a deux visions de la réalité: le matérialisme (il n'existe que la matière, et l'esprit est une illusion) ou le dualisme (la matière et l'esprit sont deux substances radicalement différente).

Le monisme neutre consiste en une voie moyenne entre le matérialisme et le dualisme, qui dit qu'en fait il existe une sorte de "matière première", de "brique originelle" de la réalité qui serait l'un et l'autre. Cette brique originelle serait fait de quelque chose qui serait antérieur à la matière et l'esprit. Par la suite, cette brique originelle se subdiviserait pour constituer d'un côté la matière et de l'autre l'esprit.

Cette brique originelle de la réalité, c'est l'expérience pure.

Bon, c'est de la métaphysique pur et dure Wink

L'expérience pure existerait avant toute division entre matière et esprit, entre sujet et objet.

Pour Nishida, on peut expérimenter concrètement l'expérience pure quant on est pleinement à ce qu'on fait, dans le concret, avant toute pensée.

Et là on retrouve toutes les intuitions du Zen, que Nishida tente de formuler dans le langage de la philosophie occidentale...

Voilivoilà

En français il n'y a pas grand chose. En anglais j'ai trouvé ça:

http://plato.stanford.edu/entries/nishida-kitaro/
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
polutropos
Ceinture Orange
Ceinture Orange


Inscrit le: 29 Jan 2004
Messages: 24
Points: 174
Pays, Ville: France, Paris

MessagePosté le: 23 Mai 2005 11:00    Sujet du message: référence

 Ce message n'a pas encore été noté.
Répondre en citant

Merci de ces précisions. Omoshirosou!
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Susanoo
Ceinture Marron
Ceinture Marron


Inscrit le: 11 Jan 2006
Messages: 32
Points: 1084
Pays, Ville: Kawasaki

MessagePosté le: 22 Jan 2006 13:54    Sujet du message:

 Note du Post : 4.5   Nombre d'avis : 2
Répondre en citant

Moi aussi je m’intéresse à la philosophie japonaise. En effet, il est clair que les études en langue française à ce sujet sont maigres mais tout de ces dernières années, on observe pas mal de mouvement avec des livres et des céminaires.
Je pense notamment à Jacynthe Tremblay, spécialiste de la philosophie japonaise (on peut le dire) qui a étudié de très près la philosophie de Nishida Kitarô, et à Bernard Stevens et ses nombreux articles et ses livres sur l’École de Kyôto.

Présentation d’oeuvre concernant la philosophie japonaise

Le jeu de l’individuel et de l’universel, de Nishida Kitarô et traduit par Jacynthe Tremblay. Les rapports entre l’individuel et l’universel sont un thème privilégié de la philosophie de Nishida.Nishida renverse la logique du sujet d’Aristote pour établir une logique du prédicat ou « logique du lieu », permettant une véritable connaissance de l’individuel. Nishida étudie aussi les rapports entre les individus, et entre l’individu et la société. Il n’a pas fait qu’importer la philosophie occidentale mais l’a intégré et réinterprétée afin de créer une philosophie originale.

L’éveil à soi, CNRS (2004) est un recueil de six essais de Nishida et traduit par Jacynthe Tremblay. Ces six essais parcourt à partir de 1917 l’ensemble de la philosophie de Nishida.

Logique du lieu et vision religieuse du monde, de Nishida Kitarô aux éditions Oiris et traduit par Yasuhiko Sugimura et Sylvain Cardonnel. Ce livre constitue à la fois le chant du cygne du philosophe et l’ouvrage le plus annonciateur du travail de ses épigones.

Le lieu, de Nishida Kitarô aux éditions Oiris.

La culture japonaise en question, de Nishida Kitarô aux éditions pof.

Logique du lieu et dépassement de la modernité t1 et t2 sous la direction d’Augustin Berque.Ousia.

Logique du lieu et oeuvre humaine, sous la direction de Augustin Berque et philippe Nys, Ousia, 1997, pp.9-34.

Invitation à la philosophie japonaise, de Bernard Stevens aux éditions du CNRS Itinéraire intellectuel Nishida Kitarô, qui cherché à associer la philosophie accidentale avec la pensée extrême-orientale. Ce livre nous renseigne sur l’influence de Nishida sur ses successeurs et la philosophie japonaise en générale

Topologie du néant. Une approche de l’École de Kyôto, de Bernard Stevens aux édition Peeters publishers.

Nishida, Revue philosophique de Louvain, numéro 1, février 1999.

De la praxis et la metania. La philosophie politique de Tanabe, in Etudes phénoménologiques, numéro 31-32, tome XVI, Ousia, Bruxelles, 2000, pp.185-207.

Quelques aspects de la philosophie japonaise, Conférences du CEJUL 98-99, Editions Céjul, liège, 2000.

Une heure avec Heidegger, de Tezuka Tomio et traduit du japonais par Bernard Stevens, in Philosophie, Editions de Minuit, Paris, mars 2001.

Si il y a d’autres livres ou articles en français (car c’est le but) que vous connaissait, merci de compléter cette liste. En regardant cette liste, on observe une focalisation sur l'École de Kyôto...

Il est vrai qu’à première vue, la philosophie est considérée comme rebutante et il est donc rare que quelqu’un qui s’intéresse, même de façon exclusive à la société japonaise, se focalise sur la philosophie de ce pays. En conséquence, la philosophie japonaise est très peu traduite. Peeters a dit, à propos de l’attitude des philosophes occidentaux envers la culture et la philosophie orientale, « Certes ceux qui se présentent en Occident comme les défenseurs de l’humanisme et de l’huminitas sont les premiers à prôner le dialogue, la communication, l’ouverture à l’autre et , de ce fait, aussi, par principe, l’interculturalité. Mais ils sont les derniers à savoir la pratiquer cette interculturalité, car incapables d’en parler autrement qu’à partir des concepts et références métaphysiques les plus convenus qu’ils ont appris sur les bancs de l’école de la philosophie ». Mais un philosophe n’est pas obligé d’apprendre l’allemand pour pouvoir lire Kant ou Heidegger. Ensuite, je reste assez en accord avec Peeters avec le fait il y a aussi le fait qu’au nom d’une prépondérance de la connaissance occidentale, et européenne en particulier, il y a des laisser pour compte.

A tous ceux s’intéressant à la philosophie japonaise.

Amicalement.
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Susanoo
Ceinture Marron
Ceinture Marron


Inscrit le: 11 Jan 2006
Messages: 32
Points: 1084
Pays, Ville: Kawasaki

MessagePosté le: 23 Jan 2006 06:09    Sujet du message:

 Note du Post : 5   Nombre d'avis : 3
Répondre en citant

LA SITUATION ACTUELLE DE L'ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE AU JAPON

Le système scolaire au Japon
. Le système japonais d'éducation se compose de maternelles, d'écoles élémentaires, d'écoles secondaires de premier et second niveau, d'universités, de collèges de formation spécialisée et de diverses autres écoles. Il est obligatoire de suivre une école élémentaire (6 ans) et un premier niveau de secondaire (3 ans) ou de suivre une école d'éducation spécialisée de 5 à 15 ans. Tout étudiant est obligé de passer un examen d'entrée pour accéder à une école de niveau supérieur à celui de l'enseignement obligatoire. Nous y trouvons des écoles de second niveau du secondaire (3 ans), des écoles de formation spécialisée etc. Le pourcentage d'élèves arrivant au deuxième niveau du secondaire est de 95-96 % environ. Quant aux institutions d'éducation supérieure, il y a les universités, les écoles de formation, les collèges de formation spécialisée offrant des cours post-secondaires, etc. Le pourcentage d'étudiants accédant à ce niveau est, de nos jours, environ 45-47 %.
L'éducation morale dans les écoles élémentaires et du premier degré secondaire.
Pour l'enseignement de la philosophie, il n'y a pas à proprement parler de classe de philosophie mais seulement des classes d'éducation morale jusqu'au second degré du niveau secondaire. À ce niveau, les enseignants apprennent à leurs élèves comment juger les questions morales et comment avoir une bonne conduite morale avec le but d'enseigner la bonne citoyenneté.
Pour le premier niveau des écoles secondaires, l'objectif de l'éducation morale est: " L'éducation morale vise à développer la moralité comme par exemple les émotions morales, le jugement moral et la volonté de pratiquer cette morale dans toutes les activités scolaires ".(Monbushô)
Ainsi, l'éducation morale au niveau des enseignements élémentaire et secondaire du premier degré inclut souvent un entraînement scolaire ou un complément de formation chez soi. Voici les 4 points défini par le Monbushô.
1. Concernant soi-même : prendre de bonnes habitudes, se maintenir en bonne santé physique et mentale, faire preuve d'espoir, de courage et de détermination, d'indépendance et du sens des responsabilités, poursuivre la vérité et des idéaux, développer sa personnalité.
2. Concernant les relations avec les autres : être poli envers autrui, aimer l'humanité, considérer et apprécier autrui, cultiver l'amitié, respecter les personnes de l'autre sexe, respecter les différences et les personnalités.
3. Concernant la nature et la vie : aimer et protéger la nature, respecter les animaux et les vies humaines, croire au sublime de la vie.
4. Concernant le groupe et la société : contribuer à la société, comprendre le sens des lois et les respecter, avoir le sens du devoir commun et de la solidarité, respecter la justice et la " fairness ", réaliser une société sans discrimination ni préjudice, comprendre l'importance du travail et du service social, aimer et respecter la famille, l'école, la région et le pays, contribuer à la paix et au bonheur universel.
L'éducation philosophique dans l'enseignement secondaire de second niveau

Dans les écoles secondaires de second niveau, la philosophie est enseignée dans la classe de Rinri (morale) qui est elle-même une matière de Komin (civisme, ou éducation civique). Le Komin comporte trois matières : société contemporaine (sociologie), éthique, politique et économie. Comme suggéré par le nom, l'importance est donnée, en classe d'éthique, aux questions de la vie, de la morale et de la politique, plutôt qu'aux questions philosophiques comme la métaphysique, la vérité et la connaissance, la science, la relation corps-esprit etc. En ce sens, la philosophie est la prolongation de l'éducation morale qui est offerte aux premier et second degrés du secondaire. L'éthique est en général une matière optionnelle. Le cours d'éthique a lieu habituellement une heure par semaine durant une année au second degré de l'enseignement secondaire.

Caractéristiques des livres d'étude et de l'éducation de la philosophie dans les écoles secondaires au Japon

D'abord, tout livre d'étude pour les écoles élémentaires et secondaires doit recevoir l'autorisation du Monbukagakushô. Au niveau élémentaire et premier niveau du secondaire, ces livres sont gratuits, et au niveau supérieur du secondaire, à un très bas prix. Les enseignants à ce niveau utilisent souvent un livre supplémentaire.
Afin probablement de réduire son prix, le livre d'étude est très mince. Néanmoins, on y trouve toutes les philosophies et les morales importantes du monde dans la table des matières. Ce sont les descriptions et les explications sur ces idées et philosophies qui sont très pauvres et superficielles. Par exemple, dans le cas du livre d'étude morale édité par Suken, il y a seulement quinze lignes (moins d'une page !) sur Nietzsche, dix lignes sur les stoïciens, treize lignes sur Freud, quatre lignes sur Bergson, treize lignes sur Honen, un des plus fameux bouddhistes japonais du XII-XIIIe siècle, vingt-cinq lignes (une page) sur la bioéthique et ainsi de suite. De nombreux enseignants utilisent un manuel supplémentaire ou une collection de problèmes dans leur cours. C'est souvent une sorte de dictionnaire ou glossaire de philosophie qui explique les termes techniques et les symboles philosophiques. C'est le rôle de l'enseignant d'enrichir et de développer le contenu réduit du livre d'étude. Il en résulte que l'enseignement dans un cours d'éthique dépend lourdement des compétences et de la volonté de l'enseignant. Cependant même pour un excellent enseignant, il y a une limite qui sont les quarante heures de cours prévues pour le cours d'éthique.
La troisième caractéristique est que les problèmes philosophiques et éthiques sont fortement liés aux problèmes du mode de vie quotidien dans la société contemporaine. Les questions philosophiques sont souvent réduites à ceux du sens de la vie personnelle. Comme mentionné déjà, l'éducation philosophique au second niveau du secondaire est l'extension de l'éducation morale donnée dans les niveaux précédents. Il est très curieux de trouver dans les livres d'étude cités que l'étude de la pensée traditionnelle japonaise est considérée comme un chemin à la prise de conscience de sa condition de Japonais dans la communauté internationale. Étudier le bouddhisme n'est pas trouver le moyen d'éviter la souffrance aux autres ni comprendre les efforts des boudhistes pour approfondir l'humanité, c'est comprendre la soi-disant exception de la culture japonaise dans le monde. On peut détecter clairement un préjugé nationaliste.
Au total, on peut dire que le contenu des livres de classe est beaucoup plus une histoire de la pensée que de la philosophie. Il est très difficile de définir ce qu'est la philosophie, mais on peut dire que l'essence de la philosophie réside dans le questionnement profond d'un sujet ou dans l'argumentation logique d'un thème. Ainsi que Wittgenstein l'affirmait, la philosophie est un acte, et non un savoir qui peut être enseigné. Néanmoins, les livres d'étude japonais, en harmonie avec les cours de morale japonais, semblent attacher plus d'importance à l'acquisition de connaissances générales ou historiques sur les idées, les philosophes et les religions. Le but de l'enseignement de la philosophie au Japon n'est ni la formation à la réflexion rationnelle, ni le développement de la capacité à construire une argumentation sur un sujet donné. On est bien loin de l'enseignement de la philosophie authentique qui consiste à approfondir sa réflexion personnelle comme on la trouve dans les oeuvres de Platon.

Examen d'entrée et problèmes de l'éducation au japon

L'enseignement de la philosophie au Japon consiste donc le plus souvent simplement à acquérir une connaissance générale sur les idées du passé. Cette tendance est causée et renforcée par les examens d'entrée à l'Université. Ces examens sont très souvent des questions à choix multiples ou du type " à compléter par un mot " semblable aux jeux de la télévision. Aujourd'hui, de nombreuses universités adoptent diverses façons de sélectionner les candidats, y compris un système d'admission sur recommandation, une procédure spéciale de sélection pour les étudiants adultes, etc. Cependant, l'approche la plus générale pour entrer à l'Université est de passer un test qui est le même pour toute la nation, test appelé NCUEEE (National Center for University Entrance Examination), ou de passer un examen spécifique à chaque université. Plusieurs universités exigent que les candidats passent les deux. Le nombre de candidats ayant passé le NCUEE a été de cinq cent cinquante cinq mille la dernière fois. Toutes les questions du test sont du type à choix multiples, et les réponses sont traitées par ordinateur. L'examen d'entrée spécifique aux universités contient habituellement différents types de questions ; beaucoup d'entre elles sont à choix multiples ou " à compléter par un mot ", mais quelques-unes demandent un très court essai d'une demi à une page entière. L'éthique est un des sujets optionnels du NCUEE et très peu d'universités proposent un test d'Éthique comme sujet de leur examen. C'est pourquoi la plupart des étudiants des écoles secondaires japonaises se préparent pour des questions du type : " Qui est le Grec ancien qui a écrit le Phédon, la République, etc. ? " ou " Quel est le nom de la plus grande oeuvre de Kant qui parle des limites de l'expérience et des possibilités de la métaphysique ? ".
De nombreux examens d'entrée en sciences humaines et sociales testent les connaissances générales, et la plupart sont du type à choix multiples, du type " mot à compléter " ou même du type vrai/faux. De tels tests seraient valides pour les mathématiques, les sciences naturelles et les langues étrangères. Mais quand les questions pour les sciences humaines et sociales sont de ce type, leur effet est catastrophique. Ils font croire à tort aux étudiants que ce qui est requis pour ces études est seulement de la mémoire et jamais une réflexion et la construction d'argumentations logiques. On comprend facilement comment ce type d'examen, si un étudiant se consacre à répondre aux questions, contribue à déséquilibrer ses capacités à la réflexion, l'argumentation et la discussion avec les autres.

À suivre...
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Susanoo
Ceinture Marron
Ceinture Marron


Inscrit le: 11 Jan 2006
Messages: 32
Points: 1084
Pays, Ville: Kawasaki

MessagePosté le: 30 Jan 2006 18:00    Sujet du message:

 Note du Post : 5   Nombre d'avis : 1
Répondre en citant

Encore quelques livres sur la philosophie japonaise en Français.

La revue Philosophie n79 "Phénoménologie japonaise". En voici le sommaire.
WATSUJI TETSURO, La signification de l'éthique en tant qu'étude de l'être humain.
BERNARD STEVENS, L'attrait pour la phénoménologie dans l'école de Ky-oto.
SYLVAIN ISAAC, Basho et individu chez Nishida.
EMMANUEL HOUSSET, Vie temporelle et singularité

Un petit résumé de la phénoménologie au Japon:(quatrième de couverture du livre) La phénoménologie s'est développée au Japon dans la première moitié du XXe siècle autour de l'école de Kyôto, influencée par Husserl, Scheler ou Heidegger mais aussi par la pensée japonaise traditionnelle. Traduite pour la première fois en français, la première section du grand livre de Watsuji, Rinrigaku倫理学 (éthique) , présente les grandes lignes de la pensée éthique de l'auteur dans une confrontation avec l'herméneutique phénoménologique de Heidegger. A travers une méditation sur la richesse sémantique des mots japonais aida (entre) et ningen (homme), dont il déploie les implications conceptuelles, Watsuji prône un autre point de départ que la subjectivité isolée d'inspiration cartésienne – qu'il voit percer encore derrière le Dasein heideggérien –, pour aborder les questions de l'action, du devoir, de la responsabilité, du lien humain. Dans une étude synthétique et récapitulative consacrée aux penseurs japonais inspirés par le phénoménologie, Bernard Stevens replace dans leur contexte historique les débats de l'école de Ky-oto, sans dissimuler certains de leurs partis pris idéologiques, et explore les rapports qu'ils entretiennent avec la phénoménologie allemande. L'article de Sylvain Isaac se consacre, quant à lui, à la personnalité philosophique sans doute la plus marquante de ce mouvement, qui en est aussi le fondateur, Nishida Kitarô. Il examine la manière dont celui-ci transforme en profondeur l'intentionnalité husserlienne dans le cadre d'une phénoménologie non-égologique de " l'expérience pure ".



Approche critiques de la pensée japonaise au XXe siècle sous la direction de Livia Monnet (professeur au Département de littérature comparée et au Centre d'études de l'Asie de l'Est de l'Université de Montréal. Elle est l'auteur de plusieurs livres et de nombreux articles sur la littérature et le cinéma japonais contemporains)
Quatrième de couverture: Au XXe SIÈCLE, le Japon aura laissé sur le monde une marque indélébile. Mais au-delà des coups d'éclat culturels, militaires et économiques, le pays du soleil levant est le lieu d'une pensée où la modernité est à la fois l'enjeu et l'acteur de profonds débats.
Cet ouvrage rassemble des articles de chercheurs provenant de six pays, incluant le Canada, les États-Unis, le Japon et la France. Leurs contributions sont autant d'incursions dans ce riche territoire qu'est la modernité japonaise. De l'histoire de l'art du début du siècle au système d'esclavage sexuel, de la citoyenneté des femmes à l'époque impériale aux positions totalitaires de Watsuji Tetsuro, proches de celles de Heidegger, l'histoire du Japon moderne est ici réexaminée dans ce qu'elle a de plus fondamental.
Ce qui unifie ces articles malgré la diversité de leurs approches et méthodologies (philosophie, littérature, sciences naturelles, géographie, entre autres), c'est une volonté constante de repenser le nationalisme culturel et son rôle dans la construction de la modernité japonaise, ainsi qu'un questionnement sérieux des paradigmes mêmes de l'histoire des idées.
Voici un lien menant à l'introduction.
http://www.pum.umontreal.ca/livres/fiches/pdf_site_web/appro_japon_intro.pdf



La lumière vient de l'orient - essais de psychologie japonaise de Hearn Lafcadio. traduit de l'anglais par Marc Logé dans la collection d'auteurs étrangers - paris mercure de France 1919.




Bulletin de la Société française de philosophie 2005, numéro 3 intitulé Tomonobu Imamichi, La pensée japonaise à l’orée du XXIè siècle.




Comment penser ensemble la modernité aujourd'hui? (La Modernité après le post-moderne, Maisonneuve et Larose, 2002) et La Situation du langage dans la critique littéraire au Japon " (Picquier 1989) de Ishida Hidetaka (Professeur à l'Université de Tokyo, Centre de Recherches sur les Sciences du langage).

Il y a eu un débat sur France culture intitulé:
Modernités philosophiques au Japon

"Toute à la représentation d'elle-même, la philosophie occidentale a tendance à rejeter les pensées autres dans le non-conceptuel, l'anhistorique, l'inanalysable. Ainsi de l'Orient : il est le radicalement autre, l'ailleurs folklorique ou fascinant. Dans cette catégorie occidentale qu'on appelle "pensée asiatique", le Japon tient une place singulière, du fait de sa proximité et de son étrangeté. Kojève le place hors de l'Histoire hégélienne et de sa marche dialectique, Heidegger réduit son altérité esthétique par sa propre ontologie du langage, Lacan affirme que la psychanalyse n'a pas de prise sur l'inconscient japonais.
La modernité du Japon ne cesse pourtant de dérouter ces simplifications. Relève-t-elle d'une exportation de la culture occidentale, comme la traduction japonaise récente du mot de philosophie pourrait en témoigner? Son étrangeté suscite parfois une démarche appropriative de la part des Occidentaux qui tentent d'hypothétiques synthèses entre tel concept issu de l'idéalisme allemand et telle notion de la tradition shintoïste. Au-delà de l'enfermement dans une tradition ou de la modernisation colonisatrice, les penseurs du Japon aujourd'hui présentent peut-être moins une autre modernité qu'une autre manière de penser le moderne." François Noudelmann

Invités
Ishida Hidetaka
Kobayashi Yasuo (Professeur à l'Université de Tokyo, Centre de Philosophie)
Michaël Ferrier (Professeur à l'Université de Chuo à Tokyo)

Je n'ai pas pu avoir l'archive... dommage!!!

Amicalement
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Botchan
4eme Dan
4eme Dan


Inscrit le: 11 Sep 2004
Messages: 672
Points: 11619

MessagePosté le: 30 Jan 2006 19:46    Sujet du message:

 Note du Post : 3   Nombre d'avis : 1
Répondre en citant

Holà jeunes gens qui vous intéressez à la philosophie japonaise moderne, voici le fil qu'il vous faut :

Les philosophes japonais

Benkun avait sorti une bibliographie,
Tamala y a posté l'entretien d'un jeune philosophe japonais très intéressant et
JMA et moi-même y avions eu un échange qui a gardé tout son intérêt (celui que je lui porte en tous cas!).

Voyant la dérive du fil, ce serait cool si tu, JMA, pouvait juste préciser ce dont tu veux parler sur ce fil : j'imagine qu'il s'agit de la situation institutionnelle de l'enseignement et la recherche en philosophie en Europe... sinon, c'est cool de préciser le thème (le fil est intitutlé "mémoire en philosophie").

J'espère bien que la discussion se poursuivra ! (bien entendu, à propos de la philosophie au Japon proprement dite, sur le fil donné en lien plus haut, merci).
_________________
"Avec ce pouvoir [de la réthorique], tu feras ton esclave du médecin, ton esclave du pédotribe et, quant au fameux financier, on reconnaîtra que ce n'est pas pour lui qu'il amasse de l'argent mais pour autrui, pour toi qui sais parler et persuader les foules." Platon, Gorgias (IVème siècle avant J-C) - NB : suis privé du droit de notation depuis Fukushima, devinez pourquoi !-
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
JMA
1ere Dan
1ere Dan


Inscrit le: 16 Nov 2004
Messages: 413
Points: 2053
Pays, Ville: Shunan (Tokuyama), Japon

MessagePosté le: 30 Jan 2006 20:24    Sujet du message:

 Ce message n'a pas encore été noté.
Répondre en citant

Botchan a écrit:
Voyant la dérive du fil, ce serait cool si tu, JMA, pouvait juste préciser ce dont tu veux parler sur ce fil : j'imagine qu'il s'agit de la situation institutionnelle de l'enseignement et la recherche en philosophie en Europe... sinon, c'est cool de préciser le thème (le fil est intitutlé "mémoire en philosophie").


Par rapport à l'autre fil consacré à la philosophie japonaise, j'avais créé celui-ci pour que l'on parle spécifiquement de l'enseignement de la philosophie japonaise dans nos pays à nous (France, Belgique), et de comme tu le dis si bien les côtés institutionnels de la chose.

C'est dans cette optique là que j'ai donné mon témoignage, aussi pour dire qu'il est tout à fait possible d'étudier ces sujets sans aller au Japon Rolling Eyes
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Susanoo
Ceinture Marron
Ceinture Marron


Inscrit le: 11 Jan 2006
Messages: 32
Points: 1084
Pays, Ville: Kawasaki

MessagePosté le: 09 Mar 2006 19:40    Sujet du message:

 Note du Post : 5   Nombre d'avis : 1
Répondre en citant

L'enseignement de la philosophie au Japon (suite)

ENSEIGNEMENT AU DEBAT

Les mauvais effets de l'approche japonaise traditionnelle de l'enseignement

Beaucoup d'étudiants sont vraiment perturbés quand ils comprennent que la façon d'étudier exigée par l'Université est complètement différente de celle à laquelle ils s'étaient habitués à l'école secondaire. Dans les universités japonaises, comme dans celles des autres pays, les enseignants demandent aux étudiants de trouver des thèmes nouveaux et originaux, de faire eux-mêmes leur recherche en utilisant les ressources telles que les bibliothèques, les musées, les sites Internet, ou des expériences précises, du travail hors université, des enquêtes... On leur demande aussi de discuter et de débattre avec les professeurs et les étudiants, et d'aboutir à des solutions ou des réponses. Cependant, beaucoup de ces étudiants ont très peu ou pas d'expérience dans la pratique de telles études, parce qu'ils n'ont travaillé que pour des tests de mémoire.

Dans l'enseignement universitaire, les faiblesses des étudiants en réflexion rationnelle et capacités de communication créent de sérieux problèmes. Selon un rapport résultant d'une enquête par la NCUEE datant de 1998, 80 % des présidents d'université pensent que leurs étudiants sont peu motivés pour attaquer un sujet par eux-mêmes et qu'ils ont des faiblesses à penser et s'exprimer logiquement.

La " pensée rationnelle " dont nous parlons est différente de la capacité à manipuler les abstractions et les symboles qui sont requises pour réaliser une déduction mathématique ou une déduction en logique symbolique, bien qu'une base commune existe. La " pensée rationnelle " mentionnée consiste dans la capacité d'argumenter rationnellement avec d'autres personnes sur un sujet d'intérêt en utilisant un langage commun et naturel. Les étudiants qui possèderaient la première seraient très pauvres dans l'expression. Il est clair que la raison de cette faiblesse vient du manque de dialogue en cours, autrement dit, du manque d'opportunités d'exprimer son opinion devant ses collègues et les enseignants, et de discuter avec eux d'un problème dans les classes du secondaire. En vérité, quand l'objectif est d'obtenir de bonnes notes sur des tests mnémoniques, il n'est pas étonnant que ces opportunités soient considérées comme inutiles.

Selon la philosophie traditionnelle japonaise, étudier signifie apprendre quelque chose de quelqu'un. C'est recevoir des connaissances de personnes pleines d'expérience et de savoir. Ce genre de représentation du savoir présuppose une société hiérarchique ; le savoir absolu se répand de haut en bas ; on doit seulement accepter et mémoriser le savoir autorisé. Beaucoup d'enseignants dans le secondaire et même des professeurs d'université croient encore à cette conception autoritaire du savoir.

Il est évident que ceci ne convient pas à la société contemporaine, et cause des problèmes posés par notre vie. Il y en a à trois niveaux :

-au niveau individuel, les étudiants ne peuvent pas être motivés réellement pour apprendre dans ce système autoritaire d'éducation. Ce système rend les étudiants très passifs à l'école et dans la vie quotidienne, dans l'attente permanente de directives de leur professeur ou de leur supérieur.
-au niveau de l'économie, la forme d'intelligence qui est mise en valeur dans cette approche autoritaire n'est d'aucune utilité dans notre société post-industrielle. Ce dont on a le plus besoin dans la société post-industrielle est une intelligence critique, flexible et créative qui peut produire de nouveaux produits, services, moyens de communications et connaissances. Ceux qui sont seulement efficaces à exécuter ce qui a été demandé ne conviennent pas aux affaires contemporaines.
-enfin au niveau politique, ceux qui ont la conception autoritaire du savoir ne peuvent pas créer une société véritablement démocratique. Ils préfèrent un gouvernement paternaliste qui prétend assurer la sécurité au détriment de la liberté. Bien que la société japonaise semble être démocratique - elle est en fait démocratique d'un point de vue légal -, elle contient encore beaucoup d'aspects autoritaires.

Les séminaires de licence et le progrès de l'enseignement du débat

Afin de combler la lacune entre les enseignements secondaires et universitaires, plusieurs universités japonaises ont créé des séminaires de licence ces dix dernières années. Dans ces séminaires, les professeurs enseignent aux étudiants de première année comment conduire un projet dans son champ de recherche, comment prendre des notes, utiliser les sources d'information comme les bibliothèques, lire avec une approche critique et évaluer ses sources, procéder à des expériences ou des observations scientifiques, mener des recherches sociologiques et hors de l'université, collecter et traiter des données, organiser ses idées, faire une bonne présentation, bien argumenter, écrire un essai, ... Ces talents ne sont pas enseignés à ce jour dans les universités japonaises. Les étudiants doivent les acquérir par eux-mêmes et de manière dispersée en imitant les professeurs et les élèves doués.

Depuis que plusieurs universités ont mis en place ce type de séminaire, des livres d'études additionnels ont été publiés. En particulier, le livre CHI-NO-GIHOH (la méthode du savoir), édité pour ces séminaires à l'Université de Tokyo, est devenu un best-seller dans presque toutes les librairies d'université. Un grand nombre de livres " Comment... " pour la rédaction d'un essai, la présentation orale, la discussion et le débat ont été publiés. Ils ne sont pas seulement utiles aux étudiants d'université mais aussi aux employés des entreprises qui sont intéressés par de telles méthodes et les talents de communication. Il semble qu'enfin les Japonais commencent à comprendre que la communication joue un rôle essentiel dans la créativité intellectuelle et que l'enseignement de la communication est indispensable au développement de l'intelligence générale des étudiants. En fait, plusieurs universités dans les années 90 ont créé des facultés ou départements appelés " département des communications ", " communications internationales " et " communications humaines " ou ont réorganisé la faculté d'éducation générale en ces nouvelles facultés.

Dans ce courant, le débat a attiré l'attention comme une méthode pédagogique efficace pour faciliter l'acquisition de la réflexion logique et critique. Le débat est le type de discussion dans lequel plus de deux parties prennent des positions opposées sur un sujet particulier et une troisième partie juge laquelle des parties a donné l'argumentation la plus solide. De fait, tout le monde prend part à un débat au sens large dans diverses situations de la vie sociale. Le cas le plus représentatif est celui des débats judiciaires en cours. Mais le débat dont nous parlons comme outil pédagogique est celui du type compétition. Bien qu'il y ait plusieurs versions des règles et procédures telles que les procédures américaines, le débat d'Oxford, le type de contre-interrogatoire, le style " Oregon "etc., un débat de compétition inclut les éléments suivants :

-discours constructifs : affirmations, négations, interrogatoires croisés.
-discours de réponse : négations, affirmations.

L'enseignement du débat a été introduit par des professeurs d'université, spécialement de langue et littérature anglaises. Cependant cela s'est étendu ces dix dernières années aux écoles des cycles primaire et secondaire. Aujourd'hui, le débat est pratiqué dans beaucoup de cours du primaire et secondaire tels que la littérature japonaise, la société contemporaine, l'éthique, la politique, l'économie et l'histoire. Les enseignants ont modifié la forme originale du débat pour l'adapter aux différents sujets. Dès les années 90, une série de livres intitulés " Le nouvel âge du débat en classe " ont été publiés. Cette série est une collection de guides pour les enseignants des cycles primaire et secondaire pour introduire le débat pédagogique dans leurs cours. La série comporte à présent quinze volumes. De plus, quelques programmes éducationnels à la télévision et des tournois de débats tenus par L'association japonaise pour le débat ont aussi aidé à populariser le concept de débat.

Je ne peux indiquer le pourcentage d'enseignants du primaire et du secondaire qui ont introduit le débat dans leurs classes. Cependant, il est évident que le débat comme méthode pédagogique se popularisera de plus en plus, puisqu'il y a deux ans, le ministre de l'ECSST à créé un cours d' "Étude Générale" à partir de la moitié supérieure du cycle primaire jusqu'au niveau secondaire. Un cours d'"Étude Générale" a des objectifs similaires à ceux des séminaires de licence à l'université, à savoir : le développement de la réflexion et de l'apprentissage actif, l'apprentissage de la méthode pour étudier et faire des recherches. De deux à quatre heures par semaine sont consacrées à ce cours, chaque enseignant pouvant organiser ce cours selon ses propres méthodes. De nombreux enseignants ont commencé à voir dans le débat pédagogique une méthode efficace pour atteindre les objectifs du cours.

Le débat comme outil pédagogique en morale et philosophie

Comme on l'a vu, il n'existe pas de cours de philosophie, mais seulement des cours d'éducation morale au niveau primaire et secondaire au Japon. Le débat pédagogique est souvent introduit dans le cours d'éducation morale ; il y a plusieurs guides pour enseignants pour apprendre à mener des débats dans une classe d'éducation morale. Les morales appliquées, comme la bioéthique, l'environnement, l'éthique médicale, l'éthique de l'ingénieur, l'éthique dans les affaires... sont devenues très populaires au Japon ces dix dernières années ; ces sujets sont souvent évoqués dans les mass media. Il y a donc de nombreuses et abondantes sources pour un débat dans les cours d'éducation morale.

Le but de ces cours d'éducation morale est plus pratique que celui du cours d' "éthique" dans le secondaire supérieur. Quoique le but de celui-ci inclût la compréhension théorique et philosophique de l'éthique, celui du cours d'éducation morale est principalement l'acquisition d'attitudes et de jugements moraux dans la vie quotidienne. Il est clair que le débat ou le dialogue en général approfondit la réflexion individuelle, mais, à mon avis, il est aussi très efficace pour l'éducation morale des niveaux primaire et secondaire.

L'éthique n'a jamais consisté en une attitude visant à suivre sans esprit critique les règles comme la tradition morale venant des parents et des enseignants. Les règles morales venant de la tradition ne peuvent pas guider nos conduites, car elles se contredisent quelquefois, sont dépassées et manquent de principes de base. En vérité la simple affirmation de la tradition et des habitudes n'est rien d'autre qu'une attitude autoritaire. L'attitude morale, en conséquence, consiste à réexaminer les règles et les propositions morales existantes pour discerner le vrai bien de ce qu'il n'est pas. L'éthique demande une réflexion critique sur les sujets moraux, de même que la science demande l'examen critique des théories existantes.

De ce point de vue, les débats sur les questions morales sont pédagogiques. D'abord, en débattant, les opposants doivent trouver les raisons de défendre leur position respective sur une question morale. Trouver une raison sur une proposition morale, c'est trouver une valeur fondamentale qui supporte cette proposition. Par exemple, la proposition morale que l'on doit respecter les règles de circulation est supportée par une valeur plus fondamentale que la vie et la sécurité doivent être protégées. De plus, il est nécessaire d'examiner si la demande est vraiment supportée par la raison ; par exemple, si une règle de circulation n'est pas utile pour protéger les piétons, la proposition de respecter les règles de circulation n'est pas supportée par la raison. Ces raisonnements au cours du débat nous font comprendre quelles règles et demandes morales sont fondamentales, lesquelles en sont dérivées, la distinction entre l'essentiel et l'accessoire dans les questions morales. Ils nous donnent aussi l'opportunité d'examiner si les règles sociales qu'on a traditionnellement considérées comme règles morales sont vraiment en accord avec les valeurs morales fondamentales. On comprend alors que certaines règles sociales sont simplement des coutumes arbitraires, sans lien avec des valeurs morales. Le débat est un bon moyen d'éviter l'autoritarisme. Il est particulièrement nécessaire pour une société comme le Japon, dans lequel l'autoritarisme est encore vigoureux.

En second, je crois, avec R. M. Hare (1963) et d'autres philosophes, que la moralité est basée en dernière analyse sur la capacité à " se mettre à la place de l'autre ". Tout principe moral, que ce soit la déontologie kantienne, l'utilitarisme, ou l'éthique individuelle, nous demande l'attitude d'adopter la position de l'autre. Selon Jean Piaget (1995), le développement de l'intelligence consiste à se "décentrer", ce qui objectivise un point de vue particulier en liaison avec d'autres possibles ou différents. Se décentrer revient à reconnaître que son propre point de vue est un des nombreux autres possibles, à le coordonner avec d'autres différents, et à en faire une synthèse. On peut dire la même chose sur le développement de la moralité. La moralité est finalement basée sur la socialisation d'une personne. En ce sens, le débat facilite l'acquisition du point de vue de l'autre, par anticipation des opinions des opposants et par le passage du rôle d'affirmation à la négation.

Dans les écoles primaires et secondaires du Japon, la philosophie est enseignée dans le cadre du Riniri (éthique), un sujet de Shakaika (éducation civique). Une plus grande importance est attachée aux questions morales qu'aux autres sujets philosophiques. Le concept traditionnel de savoir qui dit que cela ne signifie rien d'autre que mémoriser conserve de l'influence. Il a eu un mauvais effet sur l'enseignement de la philosophie qui ne peut exister sans réflexion critique. Cependant, l'enseignement au développement de la réflexion, de la recherche et de la communication est récemment devenu la préoccupation des enseignants et des spécialistes en éducation. Le débat pédagogique est souvent introduit dans les cours de sciences humaines et sociales, y compris l'éthique et la philosophie. Le débat est aussi efficace pour l'éducation morale parce qu'il fournit des possibilités d'examiner si les règles sociales sont vraiment reliées aux valeurs morales. Il aide également à l'acquisition de la qualité de considérer le point de vue de l'autre, qui est le fondement de la moralité
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    ForumJapon.com Index du Forum -> Arts & Traditions du Japon Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure
Aller à la page 1, 2  Suivante
Page 1 sur 2

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


Powered by phpBB 2.0.16 © 2001, 2002 phpBB Group (Traduction par : phpBB-fr.com)