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Représentations artistiques occidentale vs extrême-orientale

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spip5
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Inscrit le: 26 Sep 2003
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MessagePosté le: 24 Nov 2003 23:54    Sujet du message: Représentations artistiques occidentale vs extrême-orientale

 Note du Post : 4   Nombre d'avis : 3
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Le sujet sur les BD franco-belges et les manga m'a rappelé des propos d'un des plus grands réalisateurs Hong-kongais qui ai existé, expliquant à l'inculte Charles Tesson (je me permets une telle virulence car je le connais) dans un entretien en 1984 pour Les cahiers du cinéma, d'où l'ouverture de ce sujet.
Citation:
"Pour les Occidentaux, il existe 3 principes fondamentaux: Dieu, l'homme, la nature ou encore la religion, la philosophie et la science. La conception occidentale de l'art est structurée par ces 3 éléments.
Ainsi dans la Grèce antique, tous les arts tendaient à imiter la nature, les oeuvres devaient être très exactes, et les thèmes étaient tous d'orientation religieuse. En outre, tous les courants philosophiques se fondent sur la raison.
La peinture occidentale peut se ramener à deux catégories. A l'époque classique, elle est très proche de la nature au sens où elle l'imite de façon quasi-scientifique; puis l'individu veut exprimer son moi, sa subjectivité, et ce sont le surréalisme et l'abstraction; l'abstraction est l'expression d'un ego, d'une intériorité, que le spectateur ne peut appréhender. En Chine (ou au Japon d'ailleurs), l'art est entre réalisme et surréalisme, quelque part entre ces deux extrêmes. Il n'y a jamais eu dans la peinture chinoise de réalisme qui soit l'imitation de la peinture. La peinture chinoise tend à exprimer l'art en soi. Une montagne, un petit chemin, un vieillard sur ce chemin [il dessine]: voilà une scène que le peintre n'a peut-être jamais vue telle quelle, qu'il a conçue et imaginée.
Dans la peinture occidentale, quel que soit le courant artistique, la toile est toujours remplie, entièrement peinte, couverte. En Chine, non, l'important c'est le vide, l'espace vide; en outre, la peinture ne doit pas être d'une habileté technique excessive, elle doit garder un certain "naturel". Tout ceci joue pour mes décors. Vous avez du remarquer que j'emploi peu de couleurs. Moins il y a de couleurs, plus elle est facile à contrôler. Ensuite, j'emploi beaucoup de brouillard, de fumées, c'est le vide.
Au cinéma, pas moyen d'avoir du vide sans cela, tous ces procédés tendent à créer le vide. De toute façon, je ne crois pas au réalisme dans le cinéma, ce que les yeux voient doit traverser la lentille, subir ensuite le traitement chimique de la pellicule, chaque étape induit une transformation qui fait que l'objet filmé est proche de la réalité mais différent"

Auriez-vous d'autres exemples de propos (ou plus simplement des réferences) sur les différences des modes de représentations Question Ou encore sur la place du "vide" dont parle King Hu en Extrême-Orient Question
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roban corpo
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MessagePosté le: 27 Nov 2003 20:14    Sujet du message: vide et kazari ...

 Note du Post : 3   Nombre d'avis : 1
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Salut,

Je ne suis pas specialiste de la peinture extreme-oriental, mais dans les propos de King Hu, il y a un truc qui me chiffonne :
Citation:
Ainsi dans la Grèce antique, tous les arts tendaient à imiter la nature, les oeuvres devaient être très exactes (...) A l'époque classique, elle est très proche de la nature au sens où elle l'imite de façon quasi-scientifique
Dans la peinture Japonaise par exemple, la reproduction a l'identique de scenes naturalistes est extremement frequente (qui n'a pas vu ces reproductions de grues cendrees dans une riziere, ces cerisiers en fleurs, ... peintes avec la volonte d'etre le plus proche de la realite ?)

Je ne pense pas que l'on puisse ainsi simplifie autant l'art chinois et japonais a un seul courant, courant du "vide". Concernant la peinture japonaise, le minimalisme connait actuellement un interet nouveau pour nous autres occidentaux. Mais a celui ci s'oppose le "kazari" qui est utilise pour les objets et se traduit par une profusion de decorations (kazaru). On peut employer ce terme a la peinture. Une peinture qui ne laisse aucune place au "vide" puisque toute la toile ou l'objet peint est rempli.

Je vais tenter de me renseigner sur ce sujet, car il est assez interessant, je viens de le decouvrir cache dans ce forum.


Ps : "l'inculte Charles Tesson" ...Ah ?? Je le connais aussi un peu, il me semble qu'il est specialiste du cinema japonais ... et su sport filme a la television (notament le foot !!)
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spip5
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MessagePosté le: 28 Nov 2003 12:54    Sujet du message:

 Note du Post : 1   Nombre d'avis : 1
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Evidemment, tout résumer au "vide" est fort probnablement réducteur, j'attendais des interventions à ce propos Very Happy , justement parce que je n'en connais guère plus en art pictural, que cette opposition "perspective-plein / vide-applat".
Aurais-tu des images comme celles auquelles tu dit penser ?

[mode_hs=ON]
roban corpo a écrit:
Ps : "l'inculte Charles Tesson" ...Ah ?? Je le connais aussi un peu, il me semble qu'il est specialiste du cinema japonais ... et su sport filme a la television (notament le foot !!)
Effectivement, il est spécialisé sur: le sport à la télé, le ciné hong-kongais, le ciné indien et les jeux-vidéos. Toutefois, puor avoir suivit ses cours, sa connaissance des jeux vidéos est illusoire: il a joué à 2-3 jeux et semble de suite les avoir considérés comme des réferences, sans avoir prit la peine de tenter de constituer préalablement une histoire des jeux vidéos. J'espère que les 2 étudiants de maîtrise traitant des jeux vidéos et qu'il dirige cette année sauront lui enseigner le nécessaire Wink . Pour ce qui est du cinéma japonais, même si cette année il fait à ce sujet un cours de licence, il s'en tiens aux auteurs consacrés (Mizoguchi, Ozu, Naruse et Kurosawa). Si on cherche parmis ses écrits (c'est-à-dire dans les Cahiers du Cinéma), ce que j'ai fait sur environ la tranche 1999-2001, on trouve 1 seul article qu'il ai écrit sur le Japon Evil or Very Mad , à l'occasion du n° spécial Kurosawa, article sur cet auteur et Shakespeare, soit une approche fort peu originale, pour ne pas dire surfaite. Toutes les critiques sur les films nippons de la période ne sont pas de lui.
Si je me permets une tele virulence à son égard, c'est précisement car il est considéré comme un "spécialiste" de ce cinéma alors que je cherche désespéremment quelq'un pouvant proposer une histoire du cinéma nippon qui soit alternative, ce qui me semble être un grand manque dans le monde francophone.
[mode_hs=OFF]
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JoeyCape
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MessagePosté le: 29 Nov 2003 12:09    Sujet du message:

 Note du Post : 2   Nombre d'avis : 2
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Bonjour a tous,
En cours, cette semaine, mon professeur d'allemand nous a fait faire un comparatif entre le Jugendstil et la peinture japonaise d'Ogata Korin. J'ai ete tres surpris car les differences etaient, sur cet exemple, vraiment minimes: meme representation de la Nature, memes couleurs, memes dynamiques...
Surpenant non ?
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Matsuko
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MessagePosté le: 29 Nov 2003 22:59    Sujet du message:

 Note du Post : 4.33   Nombre d'avis : 3
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Au contraire, il n'y a rien de surprenannt. Il faut savoir que dés 1856, le Japon conclue des traités de commerce avec la Russie, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et la France et les Pays-Bas. C'est à partir de cette époque que le Japon s'ouvre au monde et que la diffusion de ses arts et ses cultures débute. L'influence de cette ouverture dans l'art occidental est sans precedents: l'Art nouvveau et le Jugendstil utilisent alors la technique de la xylographie (sculpture sur bois utilisée dés le 8ième siècle en Orient) en s'inspirant des produits d'art et d'artisanat japonais.
Les Impressionnistes de la première et deuxième génération seront certainement les plus influencés par l'entrée des arts asiatiaques en occident. Le japonisme va être le point fort de la révolution picturale débutée par les Impressionnistes.

De ce fait, il n'y a strictement rine d'étonnant: les arts japonais sont l'un des courants les plus influents du Jugendstil.

Citation:
Je ne suis pas specialiste de la peinture extreme-oriental, mais dans les propos de King Hu, il y a un truc qui me chiffonne :Citation:
Ainsi dans la Grèce antique, tous les arts tendaient à imiter la nature, les oeuvres devaient être très exactes (...) A l'époque classique, elle est très proche de la nature au sens où elle l'imite de façon quasi-scientifique
Dans la peinture Japonaise par exemple, la reproduction a l'identique de scenes naturalistes est extremement frequente (qui n'a pas vu ces reproductions de grues cendrees dans une riziere, ces cerisiers en fleurs, ... peintes avec la volonte d'etre le plus proche de la realite ?)


On ne peut pas, je le pense, comparer le degré d'importance de la mimésis chez les grecs antiques et la peinture japonaise; La peinture japonaise se base déjà sur un système de perspective extrémement spécifique (qui a d'ailleurs révolutionné notre système académique lors de sa découverte, et que les impressionnistes se sont empressés de réutiliser). De plus, la peinture grecque antique se basait systématiquement sur un modèle réel et voulait être purement et simplement le 'miroir du réel', alors que la peinture japonaise tend plus à l'imaginaire, à l'illustration ou la narration d'un récit.

Enfin, je suis assez perplexe par les propos de King Hu, qui se permet une certaine généralisation des arts chinois et japonais... et il est inutile de dire combien ils sont différents. La question du "vide" est primordiale au Japon, mais elle est beaucoup moins subtile en chine, et même franchement inexistante... Shocked Etranges propos?????
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spip5
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MessagePosté le: 20 Déc 2003 23:10    Sujet du message:

 Ce message n'a pas encore été noté.
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Je suis tombé là dessus aujourd'hui et ça m'a semblé à propos. C'est extrait d'un mémoire de DEA: Les outils musicaux dans les films de Takeshi Kitano: musique et musicalité de CHO Hye-Kyung (d'origine coréenne et non japonaise), 2002, Université de Paris 3.

L'image à 2 dimension, dans la peinture comme au cinéma

"L'image picturale de la tradition japonaise est marquée par une certaine platitude, une bidimensionalité flagrante. L'ukiyo-e (estampe japonaise de la période Edo) est représentative de cette manière d'"aplatir" l'image.
Donald Richie a montré qu'on pouvait retrouver la bidimensionalité de l'estampe japonaise même dans les héritiers éloignés comme manga ou dans les films comme Tampopo (1986). Cette bidimensionalité nommé par Noël Burch "reconnaissance de la surface picturale (acknowledgement of the pictorial surface (1))", est souvent renforcée par l'existence du "cadre", comme dans le cas du 2ème épisode de Rêves de Kurosawa où "les pêchers en floraison sont rendus comme des frises (peach blossoms are likewise rendered as friezes blossoms alone, one framed scene after another like panels in a classical screen (2)).

Cette "platitude" bidimensionnelle dans le cinéma comme dans la peinture est due aussi à l'usage de la lumière et de l'ombre. D. Richie relève une particularité asiatique en la matière: "in Asia, [...] the rendering of light is not among major traditional aesthetic concerns. Shadows were seen as unaboidable in the dramas, and happily banished as soon as electric lighting became available. Though, once they were missing, shadows came to be valued by traditionally minded intellectuals, the popular preference, in Japan at any rate, is indicated by the full, flat lighting of the Kabuki stage and the full, flat lighting of the ordinary Japanese film. The concept of light and shade as an aesthetic principle arrived in Japan very late - imported from the West".

selon Richie, l'artiste japonais, traditionnellement, s'intéresse plus à la surface, au contour et à la bi-dimensionalité: non pas à la vraisemblance ni à la perspective, ni à l'illusionnisme. "The principle of mimesis is an exotic and alien import into late nineteenth-century Japan".Pourtant, le concept de mimesis ou bien simplement d'imitation n'est pas inexistant au Japon. Richie dit qu'il est fondé sur une hypothèse différente de celle de l'Occident: "Japanese mimesis, for example, has been defined as 'a tendency to value symbolic représentation more highly than realistic delineation'. Thus 'mimesis meant not an imitation of outward appearance but a suggestion of inner essence, for true reality lay under the physical surface' (3)".
La plupart des artistes traditionnels japonais suivent la loi de l'art, non pas la loi de la vie (loi de la nature), d'où vient le rejet du réalisme de l'art japonais, au profit de la valeur esthétique qui "prévaut sur les croyances religieuses, les devoirs éthiques et les conforts matériels" (4).
D. Richie achève son analyse en ces termes: "Japan's rejection of the representational, a trend still continuing, goes then beyond a mimetic theory to reach a cognitive theory, and it is this which becomes visible in Japanese art, be it classical waka poetry, landscape gardening, paintinf, the haiku, flower arranging, or filmmaking."



1: Noël Burch, To the distant observer: form and meaning in the japanese cinema, 1979.
2: Donald Richie, 100 years of japanese movies, 1994.
3: Kôdansha Encyclopedia of Japan, s.v. 'aesthetics', cité par D.Richie.
4: Katô Shûichi, Form, style, tradition: reflections on japanese art and society, cité par D.Richie.
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Den
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MessagePosté le: 23 Déc 2003 16:23    Sujet du message: eaux troubles de l'esthétique...

 Note du Post : 4   Nombre d'avis : 2
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Bonne idée d'avoir relancé ce sujet, les amis (j'avoue être passé à côté jusqu'à maintenant Embarassed ).

Merci Spip pour les citations.

King Hu a écrit:
Ainsi dans la Grèce antique, tous les arts tendaient à imiter la nature, les oeuvres devaient être très exactes, et les thèmes étaient tous d'orientation religieuse.


Ma foi, oui, mais mes souvenirs de philosophie en terminale sur Platon me rappellent que l'artiste, par delà l'imitation de la nature, recherche en fait la vérité.

(Ce qui ne veut rien dire, d'ailleurs.)

Ensuite, la rapide analyse de King Hu sur les catégories asiatiques et occidentaux de l'art me paraît en fait très juste.

Citation:
La peinture chinoise tend à exprimer l'art en soi. Une montagne, un petit chemin, un vieillard sur ce chemin [il dessine]: voilà une scène que le peintre n'a peut-être jamais vue telle quelle, qu'il a conçue et imaginée.


Mystères de l'Asie...
Que signifie "La peinture chinoise tend à exprimer l'art en soi" ? Qu'est-ce que "l'art en soi" ? Je ne sais pas. Si une bonne âme pouvait m'expliquer...
J'ai l'impression qu'il affirme une conception esthétique proche de l'art pour l'art.

Citation:
Dans la peinture occidentale, quel que soit le courant artistique, la toile est toujours remplie, entièrement peinte, couverte. En Chine, non, l'important c'est le vide, l'espace vide; en outre, la peinture ne doit pas être d'une habileté technique excessive, elle doit garder un certain "naturel".


L'idée selon laquelle l'artiste occidental remplit la toile (ou en BD, la case) et pas l'artiste asiatique, je la partage bien sûr.

Pour le vide, que l'on nomme en japonais le MA, je suis entièrement d'accord.
C'est une notion centrale dans l'esthétique japonaise. Et c'est très difficile à saisir (je ne prétends pas la saisir). Le fait est que le MA est un critère d'importance dans toute organisation spatiale (dont l'aménagement intérieur par exemple) : il y a des espaces inoccupés, et ils ont un rôle. C'est le vide qui n'est pas rien. Avec naturellement des liens vers la pensée bouddhiste Zen.

Matsuko a écrit:
De plus, la peinture grecque antique se basait systématiquement sur un modèle réel et voulait être purement et simplement le 'miroir du réel', alors que la peinture japonaise tend plus à l'imaginaire, à l'illustration ou la narration d'un récit.


Ton message est très intéressant et source de réflexions, mais certaines de tes affirmations me paraissent ratisser trop large.
La peinture grecque classique (comme son héritière occidentale) s'est toujours délectée de scènes mythologiques ou historiques, qui "racontent" quelque chose. Et la peinture ou la poésie (classique) ont également une tendance à la représentation du réel (ou plutôt du vécu d'ailleurs, ce qui n'est pas tout à fait la même chose): portrait de tel grand acteur de kabuki dans l'ukiyo-e, le haiku et son "impression vécue instantanée"...
Enfin c'est le genre de sujet dont on discute des heures.

D. Richie a écrit:
In Asia, [...] the rendering of light is not among major traditional aesthetic concerns. Shadows were seen as unaboidable in the dramas, and happily banished as soon as electric lighting became available. [...] The concept of light and shade as an aesthetic principle arrived in Japan very late - imported from the West".[/i]


Humm... Confused On peut toujours se battre sur des mots et brasser de grands concepts, mais... Bon, en gros pour le Japon et la lumière je conseille à D. Richie la lecture de L'Eloge de l'Ombre de Tanizaki.
L'architecture japonaise est certainement bien plus consciente de l'importance de la lumière qu'il ne le croit.
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ElieDeLeuze
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MessagePosté le: 23 Déc 2003 19:23    Sujet du message: Re: eaux troubles de l'esthétique...

 Note du Post : 5   Nombre d'avis : 1
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Je partage entiérement l'avis de Den et réfute avec lui l'avis du spécialiste sus-cité sur la lumiére et son arrivée soi-disant tardive dans l'esthétique japonaise. C'est une ineptie.

L'Asie connut l'encre et le papier trés tot, ce qui fonde á mon humble avis une esthétique du noir et blanc comme les peintres flamands et holandais ont voulu fonder l'esthétique de l'ombre et de la lumiére avec deux bons millénaires de retard. Au lieu de les opposer, on ferait mieux de rapprocher ces deux conceptions du sujet esthétique.

Car il ne faut pas s'y tromper, c'est á une époque aussi tardive que l'age d'or hollandais que la lumiére est devenue un sujet de peinture en soi. La laitiére de Vermeer n'est pas le sujet du tableau, c'est la lumiére sur son visage. Si Vermeer avait pensé qu'un pot de chambre avait mieux reflété la lumiére, il n'y aurait jamais eu de laitiére dans l'histoire de la peinture. Avant, de l'antiquité á la renaissance, c'est le volume et les proportions qui comptent, les ombres et la lumiéres étant les artifices du peintres pour rendre le volume en deux dimensions. Ce cher D. Richie se trompe de cible en tirant á boulet rouge sur l'Asie : ce sont les Européens qui ont instrumentalisé la lumiére pour d'autres buts esthétique, alors que les Asiatiques ont toujours gardé un rapport immédiat entre le signifiant et le signifié pictural (en clair, l'ombre ne représente jamais autre chose que l'ombre).

Ainsi l'Asie n'a-t-elle pas attendu les occidentaux pour développer une esthétique de la lumiére, par un soucis permanent de la nuance lumineuse autant que chromatique dans leur production picturale, des estampes á la calligraphie. Il y a en ce moment une Francaise qui revient de Chine et qui a suivi l'enseignement des derniers Maitres calligraphes d'avant la révolution culturelle, et elle bassine tout le monde dans tous les talk-shows de toutes les télés francophones du monde (derniérement á Bibliothéque Médicis sur TV5) - si j'avais su, je l'aurais écouté plus attentivement sur les mystéres du gris délavé en calligraphie Confused Le blanc de la feuille est essentiel á l'existence du motif représenté dans l'art pictural asiatique, et c'est justement le rapport des contrastes entre l'un et l'autre qui révéle l'image. Ainsi, le trait d'un kanji calligraphié (ou le tronc d'un arbre dessiné) peut etre le motif lui-meme et l'ombre de lui-meme en meme temps, révelé par la lumiére de fond du papier blanc qui existe dans l'oeuvre par le vide.

En implorant votre indulgence pour une démonstration assez brouillonne, j'attire votre attention sur la constante asatique de l'art pictural total : tout ce qui est mis sur le papier est peinture, de l'écriture calligraphiée, aux estampes, en passant par les illustrations de poésie, les rouleaux décoratifs pour tokomono et les paravents. La notion de MA, vide qui se lie au plein sans s'y opposer pour former le tout, ainsi que le sens de la luminosité des pigments autrement plus riches qu'en occident á la meme époque, ne sont que des expressions différentes du meme art de l'ombre et de la lumiére que nous idolatrons depuis les Hollandais. Le succes des Rembrandt, VanGogh, Vermeer et autres peintres de Skagen auprés des Japonais n'est-il pas la preuve qu'ils ont justement une perception esthétique déterminée par le plein et le vide sous toutes ses formes, qu'ils retrouvent justement dans ces peintres ?

La réceptivité exceptionnelle que montrent les Japonais pour les peintres de la lumiére que sont les impressionistes francais, l'école danoise de Skagen, et le grand siécle flamand démontre de facon irréfutable á mes yeux que ce sont les occidentaux qui ont, á une date récente, (re)découvert l'éthétique asiatique millénaire.



source : The TNM Collection
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Shiseido
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MessagePosté le: 30 Déc 2003 17:10    Sujet du message: Eaux limpides et diaphanes de l'esthétique...

 Note du Post : 5   Nombre d'avis : 1
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Den a écrit:
Pour le vide, que l'on nomme en japonais le MA, je suis entièrement d'accord.C'est une notion centrale dans l'esthétique japonaise. Et c'est très difficile à saisir (je ne prétends pas la saisir). Le fait est que le MA est un critère d'importance dans toute organisation spatiale (dont l'aménagement intérieur par exemple) : il y a des espaces inoccupés, et ils ont un rôle. C'est le vide qui n'est pas rien. Avec naturellement des liens vers la pensée bouddhiste Zen.


Cette réflexion me renvoie au travail de Roland Barthes(Cherbourg, 1915 — Paris, 1980), le grand sémiologue (littéralement : qui étudie les signes) auteur (qui a marqué toute une génération) de Mythologies, Le plaisir du texte et surtout de L'Empire des signes, livre éblouissent qui nous intéresse ici. Livre d'art autant que "premier roman de R.B.", sorti en 1970, source intellectuelle tirée de trois brefs voyages réalisés entre 1966 et 1968 au Japon en tant que conférencier Occidental dans les écoles et Universités Franco-Japonaises

Cependant, L'Empire des signes n'est pas un livre sur la Japon. Roland Barthes est là-bas lecteur, non visiteur. Il étudie dans une langue "aérienne" les signes passionnants que renvoient le Japon. Ces quelques citations éclairent : Il faudrait faire un jour l’histoire de notre propre obscurité, manifester la compacité de notre narcissisme, recenser le long des siècles les quelques appels de différence que nous avons pu parfois entendre, les récupérations idéologiques qui ont immanquablement suivi et qui consistent à toujours acclimater notre inconnaissance de l’Asie grâce à des langages connus (l’Orient de Voltaire, de la Revue Asiatique, de Loti ou d’Air France)., aussi : L’auteur n’a jamais, en aucun sens, photographié le Japon. Ce serait plutôt le contraire: le Japon l’a étoilé d’éclairs multiples, ou mieux encore: le Japon l’a mis en situation d’écriture., ou encore : L’Orient et l’Occident ne peuvent donc être pris ici comme des "réalités", que l’on essaierait d’approcher et d’opposer historiquement, philosophiquement, culturellement, politiquement. Je ne regarde pas amoureusement vers une essence orientale, l’Orient m’est indifférent, il me fournit seulement une réserve de traits dont la mise en batterie, le jeu inventé, me permettent de "flatter" l’idée d’un système symbolique inouï, entièrement dépris du nôtre.

Roland Barthes était inévitablement dans la quête des signes, mais aussi du vide. Dès les premières pages, une calligraphie du MU (il est ici appelé MU et non MA), le vide - calligraphiée par une étudiante Japonaise - occupe une page entière (désolé pour la répétition).
Cette civilisation où tout est signe sans jamais renvoyer à un signifié ultime le fascina et lui permit de sortir de l'enclos sémantique et symbolique de l'Occident.
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Logan
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MessagePosté le: 30 Déc 2003 18:47    Sujet du message:

 Ce message n'a pas encore été noté.
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Depuis que l'Europe n'est plus le centre économique du monde. On essaye désespérement de s'accrocher à l'idée que nos arts, nos idées, plus généralement notre culture, est plus riche que celle de nos voisins.

Bref, on veut savoir qui a la plus grosse.

Dans ce contexte et si je vous suis bien, ce n'est pas demain la veille que les chantres de la culture française, reconnaitrons l'immense influence qu'à pu avoir l'art pictural asiatique sur les peintres européens.

N'oubliez pas que l'Europe n'a toujours pas reconnu a sa juste valeur l'héritage philosophique et scientifique des arabes de la période du bas moyen-age.
_________________
Un petit bye bye. Merci à ceux nombreux avec qui j'ai eu plaisir à débattre de tout et n'importe quoi.
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