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Source : Courrier Internationnal

Japon: l'art contemporain atterrit en province

KANAZAWA (Japon), 17 déc (AFP)

Un drôle de vaisseau spatial vient d'atterrir au coeur de Kanazawa, le "petit Kyoto du Nord": le Musée d'Art Contemporain du 21ème siècle.

Ce nouvel espace dédié à l'art contemporain ne peut que surprendre dans cette ville de province paisible, et plutôt conservatrice, de 450.000 âmes.

Kanazawa est d'abord renommée pour ses productions artisanales de laques, de porcelaines ("kutani") et de soieries. Elle a été épargnée par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale et a su préserver des quartiers entiers d'anciennes maisons de geishas et de samouraïs.

Le musée est situé à deux pas du vieux château du 16ème siècle, qui appartenait à la famille du général Toshie Maeda, et du fameux jardin Kenroku-en (commencé à partir de 1676), considéré comme l'un des trois plus beaux du Japon. La nuit, le musée apparaît d'abord comme une soucoupe volante.

Une structure circulaire de 113 mètres de diamètre sur 360 degrés, toute en verre, transparente et lumineuse, enchâsse des bâtiments aux formes géométriques diverses (qui ont entre 4 et 12 mètres sous plafond), où sont éparpillés une quinzaine d'espaces d'expositions et autres lieux ouverts au public.

Ce complexe "spatial" a été conçu par Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa, le couple d'architectes à la mode au Japon.

Il s'étend à l'horizontal sur près de 30.000 m2, comme un microcosme, à l'emplacement d'une ancienne école.

Cette architecture, par son style un tantinet labyrinthique mais originale, primée à la Biennale de Venise l'été dernier, prône une approche inédite de l'art contemporain.

Le musée d'Art Contemporain du 21ème siècle de Kanazawa présente une collection permanente de plus de 200 oeuvres d'artistes du monde entier.

Il s'accompagne d'un programme éducatif inédit de sensibilisation à l'art contemporain pour les 38.000 écoliers de Kanazawa, avec la volonté de créer des échanges réguliers entre des artistes traditionnels et d'autres contemporains.

"Nous souhaitions créer un espace public décontracté qui permette d'expérimenter et d'apprécier l'art contemporain tout en apportant une énergie nouvelle, un vent de fraîcheur à Kanazawa", souligne le directeur du musée Yutaka Mino.

Depuis son inauguration début octobre, après six ans de préparation, dont plus de deux ans de travaux, le musée accueille plus de 200.000 visiteurs par mois de tous âges, venus de tout le Japon et aussi de l'étranger.

L'exposition inaugurale --"Les Rencontres au 21ème siècle: Polyphonies - Résonnances émergentes"-- présente les oeuvres de 40 artistes de 17 pays, notamment Gerda Steiner et Jörg Lenzlinger, Ernesto Neto, Jun Nguyen-Hatsushiba...

Dans la collection permanente, il faut citer l'Argentin Leandro Erlich ("Swimming Pool"), l'Américain James Turrell ("Blue Planet Sky") et l'Indien Anish Kapoor ("The Origin of the World").

"D'autres villes de provinces nous envient", assure le conservateur en chef du musée, Mme Yuko Hasegawa.

Peu de villes de provinces japonaises peuvent en effet se targuer de posséder un tel outil d'expression contemporaine. Qui a quand même coûté plus de 11 milliards de yens (81 millions d'euros).



Pour ceux qui sont au Japon et qui veulent d'y rendre, on en parle ici.
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La prise de conscience d'une femme semble commencer par son affrontement avec les méfaits de son mari. - Y.Kawabata -Le grondement de la montagne-

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Cette curatrice qui a longtemps travaillé au Canada est d'être à la tête d'un musée hors du commun dédié à l'art contemporain et à l'art dit local… Son idée est d'inclure l'habitant dans le contexte muséal, c'est-à-dire que le musée est d'abord aux habitants… En effet, les habitants de la ville n'étaient pas tous d'accord pour ce projet qu'ils jugeaient élitiste et coûteux… Les architectes de l'agence SANAA, Sejima Kazuyo & Nihsizawa Ryûei, ont donc mis l'accent sur la connexion à la topographie et la typographie de la ville en jouant sur l'articulation des espaces et leurs volumes… J'oubliai aussi la façade en verre (l'un des matériaux fétiches de Sejima Kazuyo) qui joue sur la bipolarité transparence/opacité… Ainsi, grâce à l'assemblage de ces éléments architecturaux et esthétiques, les habitants peuvent voir depuis l'extérieur l'intérieur du musée… Une partie gratuite et ouverte sur l'extérieur accueille le travail du plasticien perceptif James Turrell l'un des artistes les plus appréciés au Japon… Bref, un musée d'un blanc immaculé, tout en transparence et en opacité, à la volumétrie rare pour un musée (le cercle n'a jusque-là été utilisé… On opte plutôt pour le polygone, le rectangle…), et à la liberté spatiale…
Hasegawa Yuko a ce qu'elle mérite : musée ambitieux pour une curatrice ambitieuse