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Gunkanjima anciennement Hashima

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donephatay
1ere Dan
1ere Dan


Inscrit le: 21 Avr 2004
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MessagePosté le: 12 Déc 2004 17:01    Sujet du message: Gunkanjima anciennement Hashima

 Note du Post : 5   Nombre d'avis : 6
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Je ne sais pas si on en a déjà parlé, j'ai utilisé la fonction recherche, qui n'a rien donné, donc, je me lance ici.
Cependant, je n'ai pas beaucoup d'informations sur le sujet, mis à part de nombreuses photographies de l'île...Merci de compléter le fil si vous en savez plus, et corriger si je me trompe Smile
Peut-être n'est-ce pas le bon fil... j’avoue que c'est surtout pour les photos du site que je poste les liens. Si d'aventure je me suis trompée d'endroit, toutes mes excuses.


Où est située cette île?
Elle se situe à Takashima-cho, dans la préfecture de Nagasaki.


Histoire rapide:
Sur l'île de Hashima 「端島」 se déroulait des opérations d'extraction de charbon, cela à commencé en 1880.
Afin de loger les mineurs et leurs familles, on construisit les premiers immeubles, pouvant s'apparenter à nos blocs d'appartement, en 1918.
Large de 175 yards (...160 m? Shocked )et longue de 575 yards (...525 m...?? Shocked Shocked Shocked ), elle accueillit pourtant 5000 personnes à son maximum, faisant d'elle, a cette époque, la région la plus dense du Japon.

Pendant la 2nde Guerre Mondiale, l'île fut prise pour un cuirassé japonais et torpillée par un sous-marin américain, ceci dû à sa forme particulière (taille et forme des structures), c'est de-là qu'elle obtient le surnom de "Gunkanjima"...

gun : army; force; troops
艦 kan : warship
軍艦 gunkan : warship; battleship

En 1974, l'exploitation des mines est arrêtée et le gouvernement s'approprie l'île. L'endroit est alors abandonné, ne laissant que des ruines.
Depuis cette date, l'accès à l'île est interdit au public, cependant, il n'est pas rare de retrouver des graffiti, des ordures et autres traces de vie sur l'île ces dernières années...

Pour une histoire plus approfondie, je vous invite à aller sur ce site (en anglais)
Arrow Hashima the Ghost Island

Quelques Photographies :
Celles-ci, c'est avant la désertion de l'île.



Source : http://www.ne.jp/asahi/saiga/yuji/gallary/1974/top.html

Après le départ de tout le monde:



L' île en ruine...

Source : http://www.ne.jp/asahi/saiga/yuji/gallary/gunsu/gunsu-html/01.html


Un livre de photographie de l'île est aussi paru, de Saiga Yuji (dont les photos sont tirées).
En 1974, à 23 ans, il y passa 3 mois.
Il y prit des clichés de la vie avant, du départ des habitants, de l'arrêt de toute activité, finalement, de la mort de l'île...cette île qui ne vivait que par sa source de charbon.
Arrow http://www.ne.jp/asahi/saiga/yuji/index.html

Il parait aussi, que cette île a inspiré BRII ... du moins pour le nom de l'île où débarquent les lycéens (Senkanjima) :

ikusa : war; battle; campaign; fight
戦艦 senkan : battleshipp

Autres sources photos :
Arrow http://www.nagayo-net.com/~gunkanjima/
En japonais, on peut notamment voir des photos aériennes de l'île.
Arrow http://www.interq.or.jp/cool/unya/gunkanzima/
Disponible en japonais et en anglais, ces photos correspondent pour la plupart à la période prospère de l'île.
Arrow http://www.ambixious.co.jp/g3/
Plus graphique (nettement plus design, c'est clair!), le menu est en anglais, mais le reste en japonais. Cependant, on peut y voir des photos en couleurs. Une approche beaucoup moins triste de l'île ?

Je m'excuse de ne pouvoir approfondir plus que ca...
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La prise de conscience d'une femme semble commencer par son affrontement avec les méfaits de son mari. - Y.Kawabata -Le grondement de la montagne-
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eve
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Inscrit le: 20 Sep 2003
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Pays, Ville: Tokyo

MessagePosté le: 12 Déc 2004 18:29    Sujet du message: Re: Gunkanjima anciennement Hashima

 Note du Post : 3   Nombre d'avis : 1
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Très intéressant. Shocked
Une rapide recherche me confirme les dimensions de l'île : 幅160m、長さ480m.

Citation:
elle accueillit pourtant 5000 personnes à son maximum, faisant d'elle, a cette époque, la région la plus dense du Japon.


...et même du monde. 9 fois la densité de Tokyo à l'époque, me dit-on.

Voici une page contenant plein de photos de l'île en 1998 :
Arrow http://www.uchino.netfirms.com/sima/gunkansima/gunkansima.htm

Dans le même genre, une liste d'îles désertées au Japon, avec la population max :
Arrow http://www.din.or.jp/~heyaneko/0mujintou.html
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Fuse
6eme Dan
6eme Dan


Inscrit le: 29 Oct 2003
Messages: 348
Points: 18646
Pays, Ville: Paname

MessagePosté le: 14 Déc 2004 14:14    Sujet du message:

 Note du Post : 4   Nombre d'avis : 2
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Au lieu de me contenter de mal paraphraser les écrits de Ph. Pons dans son ouvrage Misère et crime au Japon du 17ème à nos jours chez Gallimard, je préfère vous en proposer un extrait qui décrit l’univers de cette île et, à travers elle, le monde mineurs et de leurs famille. Pour des raisons de commodités de lecture, j’ai préféré retirer les notes de bas de pages que vous retrouverez bien sûr en lisant cet ouvrage qui est très intéressant par de nombreux aspects.


Fuse




Mineurs, débardeurs et hommes de peine

Avec ses formes géométriques sombres se détachant sur la mer, on dirait la silhouette d'un navire de guerre, aussi a-t-on surnommé gunkanjima (l'île-cuirassé) cette petite île non loin de Takashima, au large de Nagasaki. Pendant la Seconde Guerre mondiale, d'ailleurs, des sous-marins ennemis auraient cherché à la torpiller. De son vrai nom, Hajima, cette île minuscule, dont «on peut faire le tour le temps de fumer une cigarette», disent les pêcheurs de la région, fut, jusqu'en 1975, une cité minière miniature perdue en mer. Pratiquement recouverte d'une robe de béton, hérissée de lugubres logements grisâtres d'une dizaine d'étages, Hajima fut une sorte de phalanstère asservi à la loi de la rentabilité : au lendemain de la guerre, huit mille mineurs et leurs familles s'entassaient sur cet îlot de quatre cents mètres de côté, sortant des galeries pour s'agglutiner dans des logements de troglodytes serrés les uns contre les autres. Aujourd'hui désertée, Hajima est un monument délabré de la révolution industrielle que personne ne visite, un haut lieu de labeur et de souffrance. Dans le cimetière de l'île voisine de Takashima, où se trouvait l'une des plus anciennes mines du Japon, dont le filon, exploité dès 1869 par le marchand et aventurier anglais Thomas Glover (sa vie aurait inspiré l'auteur du livret de Madame Butterfly) ne fut fermé qu'en 1987, une centaine de stèles portant des noms coréens rappellent que les Japonais n'étaient pas les seuls à avoir trimé dans les galeries s'enfonçant sous la mer.

Le charbon joua un rôle essentiel dans la modernisation du Japon, comme source d'énergie pour l'industrie lourde : à la mine de Miike, dans le Kyûshû, la plus importante, la production passa de 60 000 tonnes en 1877 à 599 000 tonnes en 1883. L'autre grande région minière était l'Hokkaidô. La production nationale atteignait deux millions de tonnes en 1888 puis dix-neuf millions en 1919.

Au cours de la période Edo, les mines étaient un monopole du shogunat : on exploitait l'or, l'argent et le charbon, utilisé comme combustible dans la production du sel. Au début de l'ère Meiji, l'État reprit cette activité avant de transférer les contrats d'exploitation au secteur privé. Mais il continua à envoyer dans les mines les prisonniers, des anciens discriminés et des paysans sans terre. Même après que les mines eurent été concédées aux intérêts privés, les travaux forcés continuèrent : en 1884, plus de la moitié des 2 340 mineurs de Miike étaient des prisonniers, généralement condamnés à des peines de plus de dix ans. Deux prisons avaient été construites sur le site de la mine. Par la suite, le nombre des prisonniers diminua, mais on trouvait encore en 1930 des condamnés parmi les mineurs de Miike. Les prisonniers travaillaient enchaînés et, comme les autres mineurs, à moitié nus. Le folkloriste Yanagida Kunio note qu « à Iriomote [archipel d'Okinawa], où avait été découvert un gisement, les prisonniers et les vagabonds étaient amenés de force : selon les journaux locaux, la situation y était atroce».

Afin de rester compétitifs face aux mines nationales qui disposaient de cette main-d'oeuvre corvéable à merci, les exploitants privés recoururent aux marchands de travail (oyakata) et créèrent des camps-dortoirs (naya) où les mineurs vivaient dans des conditions pratiquement carcérales. C'était le cas à Takashima, surnommée l'«île de l'enfer» car les conditions y étaient si impitoyables non seulement en matière de travail, mais encore d'hygiène (épidémie de choléra en 1884), que plusieurs révoltes éclatèrent.

Le travail dans la mine a toujours été perçu au Japon comme dur et dégradant. Les mineurs se surnommaient d'ailleurs les « condamnés» (gezainin) et appelaient la mine le «pénitencier» (gezaiba). Le rapport établi à l'époque Edo entre le travail de la mine et les condamnés de droit commun peut expliquer l'origine de ces expressions, mais il semble que les mineurs aient cherché plutôt à exprimer ainsi le sentiment d'être victimes d'un obscur châtiment, comme si une fatalité s'était abattue sur eux : ils commençaient souvent à travailler enfants, à sept ou huit ans, et sortaient rarement vivants des puits. Les maladies se déclaraient entre l'âge de vingt-deux et de trente-quatre ans et l'espérance de vie était courte. Dans un roman de 1908, Kofu (Le Mineur), l'écrivain Natsume Sôseki (1867-1916) fait dire au protagoniste : «Il y a des travailleurs de toute sorte dans ce monde mais il me semblait que celui qui était au bas de l'échelle et le plus cruellement exploité était le mineur.» Une remarque révélatrice de l'image de la mine à l'époque.

Les femmes n'étaient pas absentes de cet univers que l'une d'elles qualifia d'« enfer sous la terre » : il faut attendre 1928 pour qu'il soit interdit aux femmes de descendre dans la mine. Une interdiction qui ne fut respectée que dans les plus grandes d'entre elles et qui fut levée en 1938, en raison du manque de main-d'oeuvre. Ce n'est qu'en 1946, sous l'occupation américaine, qu'elle devint effective. Le travail des femmes consistait à transporter du charbon. En 1918, 80 000 travaillaient dans les mines, dont un quart dans les galeries (sur un total de 460 000 mineurs). Souvent, une femme, son mari et leurs enfants formaient une équipe. Les célibataires nouaient des relations avec leurs compagnons d'infortune comme en témoignent les chansons sentimentalo-érotiques de la mine.

Une femme qui avait travaillé dans les mines rappelait après la guerre que les galeries étaient pleines d'enfants de son âge (douze et treize ans). La mine lui avait ravi son père puis son mari. Elle transportait le charbon dans une sorte de caisse en bois (sura) tirée ou portée sur le dos, en avançant parfois sur les genoux et les mains, une lampe dans la bouche. Certaines portaient leur bébé dans le dos. La direction dédommageait cyniquement en cas d'accident : en 1923, deux cents yens pour une mort; cent yens si la victime avait commis une négligence et vingt yens pour la perte d'une jambe (à titre de comparaison, une femme avec son mari gagnait trente à quarante sen — soit un centième d'un yen — par jour). Le plus grave accident eut lieu dans une mine du Kyûshû en 1914: 669 morts.

Les conditions de vie étaient si misérables que les familles de mineurs n'avaient même pas de literie. Dans les dortoirs, il n'y avait pas de nattes. En Hokkaidô, où les mineurs furent longtemps des condamnés, ils vivaient dans des sortes de cellules appelées takobeya («chambre de la pieuvre») : comme la pieuvre prisonnière qui se tue en dévorant ses membres, les mineurs n'avaient guère de chance de sortir vivants de la mine. Même ceux qui n'étaient pas des repris de justice vivaient dans les «chambres de la pieuvre», en particulier les Coréens.

Ces derniers représentaient un tiers du nombre total des mineurs au Japon. À Iriomote (Okinawa) et à Hanaoka (région d'Akita), où une révolte fut matée dans le sang, les Chinois de Taïwan et du Fukien étaient, en revanche, les plus nombreux. Lorsque l'importation forcée de main-d'oeuvre commença au début des années 1940, les Coréens étaient pratiquement «kidnappés» et envoyés dans les mines, comme cela apparaît dans de nombreux récits. Ils travaillaient quatorze heures par jour et la répression à leur égard était particulièrement féroce en raison des préjugés raciaux. Ils étaient victimes, en outre, d'un ostracisme prononcé de la part de leurs compagnons de détresse japonais. Il semble pourtant qu'ait existé une solidarité avec les mineurs originaires des anciennes communautés discriminées (burakumin), comme en témoigne la grève à la mine d'Aso (Kyûshû), en 1932, où travaillaient un millier de Coréens. Même dans l'enfer de la mine, les burakumin étaient tenus à part : ils avaient des baraquements, des latrines et des bains séparés.

Les mineurs étaient placés sous le contrôle des marchands de travail (oyakata). Certains auteurs pensent qu'à l'origine les premiers exploitants avaient été d'anciens propriétaires terriens ou d'anciens samurai. Ils employaient dans les mines leurs subalternes habituels (petits paysans ou guerriers de basse classe) et y instaurèrent des relations oyakata-kokata. Avec le développement de l'exploitation, il fallut élargir le cercle de recrutement aux paysans pauvres (les «buveurs d'eau», mizunomi hyakushô) qui ne pouvaient plus travailler la terre, aux pêcheurs, aux vagabonds en tout genre, aux gens qui avaient fui la ville et rompu les amarres avec leur passé ainsi qu'aux discriminés. Une main- d'oeuvre difficile à contrôler. Et tout naturellement, le système d'oyakata se maintint. Il évolua cependant vers des relations moins fondées sur des intérêts mutuels que sur l'exploitation pure et simple : «Les mineurs ont le statut d'esclaves (dorei), écrit l'un d'eux. Si les relations entre les chefs et les mineurs avaient été celles de confiance entre un oyabun et un kobun, nous n'aurions pas eu à nous plaindre, mais c'étaient en réalité des relations entre un maître et ses esclaves [...]. Le chef est à la fois employeur, policier et juge [...]. Seule règne la violence.»


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