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Aïnou

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Shiro
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MessagePosté le: 12 Déc 2004 07:10    Sujet du message:

 Note du Post : 3   Nombre d'avis : 1
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A Hokkaido, il y a encore des noms de villages qui viennent de l'Ainu.

Comme par exemple celui-ci : 妹 背 牛
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cereal killer
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MessagePosté le: 12 Déc 2004 11:06    Sujet du message:

 Note du Post : 3.5   Nombre d'avis : 2
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Salut,

En effet, Shiro. Ce point a déjà été abordé dans ce sujet et ToMach avait cité le titre d'un livre spécialisé sur ce thème.

En fait, on peut dire que la plupart des noms de lieu (villes, montagnes, rivières, caps, etc.) de Hokkaidô viennent de la langue aïnoue. C'est le cas, entre autres, de Sapporo (sat-poro-(pet)=(rivière) large et sèche), Wakkanai ((yam)-wakka-nay=rivière d'eau (froide)), Noboribetsu (nupur-pet=rivière trouble), Erimo (enrum=cap), Shiretoko (sir-etok=bout du monde), etc.

Pour le nom de ville que tu soulève, Moseushi, il semble y avoir deux possibilité quant au sens :
mose-us-i = lieu où il y a beaucoup d'orties/ lieu où l'on coupe souvent les herbes.
(source : 1999年伝言板アイヌ語関係集)
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Shiro
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MessagePosté le: 12 Déc 2004 11:42    Sujet du message:

 Ce message n'a pas encore été noté.
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Pour le sens de Moseushi, je n'en ai aucune idee.

Je me renseigne mais mo vient de imoto, se vient de senaka
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cereal killer
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MessagePosté le: 07 Aoû 2005 13:41    Sujet du message:

 Note du Post : 4.25   Nombre d'avis : 4
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Salut,

J'ai profité de mes congés pour visiter deux sites archéologiques à Hokkaidô : les cavernes de Temiya 手宮洞窟 (à Otaru) et de Fugoppe フゴッペ洞窟 (à Yoichi).
Ces deux cavernes ont la particularité de présenter des gravures datant de la période Epi-jômon (続縄文時代 zoku jômon jidai).

En effet, a peu près du 1er au 7ème siècle, les habitants du Nord du Japon connaissent un mode de vie proche de celui de la période Jômon (chasse, pêche, cueillette...), alors que le Sud de l'archipel voit le développement de la culture Yayoi puis Kofun grâce notamment à l'introduction de la riziculture. Les gens de la période Epi-jômon sont sans doute les ancêtres des Aïnous.


Schéma reproduisant les gravures de la caverne de Temiya. (source)

Ces cavernes ont été découvertes en 1866 (Temiya) et 1950 (Fugoppe) et dateraient a peu près du 4ème/5ème siècles. Bien qu'on ait longtemps ignoré ce qu'elles représentaient, on considère aujourd'hui que les gravures de ces grottes sont des humains dont certains ont des cornes(/bois) ou des ailes, divers animaux, des bateaux, etc. Les humains ayant des cornes ou des ailes seraient des sortes de chamanes, ce qui laisse penser que ces cavernes servaient pour des prières, sans doute pour attirer les faveurs des forces de la nature et permettre aux hommes de pouvoir continuer à survivre grâce à la chasse et à la pêche.

Le fait qu'on trouve des dessins et gravures similaires dans d'autres régions d'Asie, notamment en Sibérie orientale (le long du fleuve amour), laisse penser qu'il y avait des échanges entre les différents peuples de ces régions. En outre, de nombreux objets (poteries, épées, etc.) ont été retrouvés sur ces sites.

Caverne de Temiya :

〒047-0041小樽市手宮1丁目3番4号
Temiya 1-3-4, Otaru-city, 047-0041
TEL : 013-24-1092
Entrée : 100Y

Caverne de Fugoppe :

〒046-0001余市町栄町87
Sakaemachi 87, Yoichi town, 046-0001
TEL : 0135-22-6170
Entrée : 200Y

Liens :
- Un intéressant article de Mark Hudson paru dans le Japan Times.
- Deux sites en japonais avec quelques photos :
http://www3.ocn.ne.jp/~yoiti/fugoppe.html
http://www.amateras.com/trip/japan/hokkaido/otaru.htm

A noter qu'entre ces deux sites se trouve celui d'Oshoro où il y a des cercles de pierres datant de l'époque Jômon. (Malheureusement, je n'ai pas pu y aller...)
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MessagePosté le: 08 Aoû 2005 15:37    Sujet du message: Pages oubliées...

 Note du Post : 3   Nombre d'avis : 1
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Il y a aussi des informations éparses dans le "recueil posthume" d'André Leroi-Gourhan, Pages oubliées sur le Japon édité par Jean-François Lesbre aux éditions Jérôme Millon. Et encore, plutôt que d'informations sur les Aïnous, il faudrait parler d'atmosphère de fin du monde :
Citation:
J'ai vu Munro, perdu à 75 ans dans un petit village où il recueille ce qu'il peut. Ses livres et ses papiers ont brûlé il y a quelques temps et il se remet mal du choc. Il est à craindre, étant donné l'état où je l'ai trouvé que rien ne soit publié avant sa mort. J'ai passé avec lui des moments merveilleux et c'est une grande pitié que de voir se perdre tout ce que 40 ans de fouilles et d'enquêtes lui ont appris. Je voudrais lui demander de publier sa classification des inao (point capital) mais est-ce fait pour la R.A.A. ? Si vous pouviez l'accueillir ou lui indiquer quelque voie dites-le moi vite. Il a tous les types d'inao avec leur sens et les commentaires et je sais par expérience que sans lui ces bâtons à copeaux sont inextricables.

(lettre à J. Buhot du 24 [?] septembre 1938, pp. 46-47)
Voir aussi :
Citation:
Je viens de recevoir deux lettres successives de Munro qui me déçoivent grandement. Il est très vieux, très fatigué et secrètement aigri. […] Je l'avais trouvé assez bien cet été et quelques détrails qu'il donnait étaient passionnants. Mais il m'effrayait un peu comme m'effrayent tous les hommes au bord de la dernière maladie et j'ai l'impression que ce n'est plus qu'une question de mois, peut-être un an ou deux. […] J'entretiens une correspondance avec lui, je lui le seul qui lui écrive encore et c'est vraiment très affligeant.

(lettre à J. Buhot du 15 janvier 1939, p. 83)

Je connais très peu le sujet, et je n'ai d'ailleurs pas fini de lire ce livre.
Mais voici trois références bibliographiques qui seront peut-être intéressantes au sujet des Aïnous :

– Arlette Leroi-Gourhan, Un voyage chez les Aïnous, Hokkaïdo-1938, Albin Michel, 1989.

et, à partir des travaux de Munro,

– B. Z. Seligman, Ainu creed and cult, London, Routledge & Paul Keagan, 1962.
– B. Ohlsen, AINU MATERIAL CULTURE from the notes of N. G. Munro in the Archive of the Royal Anthropological Institute, British Museum, Occasional Paper n°96, 1994.

(références données d'après les notes de l'éditeur du livre de Leroi-Gourhan ; je vais vérifie encore une fois qu'elles ne sont pas déjà dans les pages précédentes, j'éditerai au besoin...)
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Je n'ai pas de blog !!
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MessagePosté le: 27 Sep 2005 22:24    Sujet du message: Découverte de vestiges de rituels datant de la période Tobinitai et indiquant un lien avec la culture aïnoue

 Note du Post : 4   Nombre d'avis : 3
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Source : Hokkaidô Shinbun

Traduction libre pour ForumJapon

Vestiges de rituels de la période Tobinitai ayant été mis à jour. (Photo=Hokkaidô Shinbun)

Découverte de vestiges de rituels datant de la période Tobinitai et indiquant un lien avec la culture aïnoue

[Shari] L’institut de littérature de l’Université de Hokkaidô et le Musée du Shiretoko de la ville de Shari (district d’Abashiri) ont mis à jour pour la première fois les vestiges de rituels datant de la période Tobinitai (alentours des XI-XIIIème siècles) et lors desquels les os de membres antérieurs et postérieurs d’ours ont été célébrés, lors de fouilles qui ont eu lieu jusqu’au 26 septembre sur le site archéologique B du cap Chasikotsu à l’ouest du lieu-dit d’Utoro (ville de Shari). Cette découverte serait indice important démontrant le lien avec la culture aïnoue dans laquelle la nature et les animaux ont un caractère sacré, à l’instar du rituel iyomante (sacrifice rituel de l’ours).

"Nous ne disposions pas de preuves évidentes de rituels ayant pour objet l’ours lors de la période culturel Tobinitai. Il s’agit d’une découverte importante pour l’étude du processus de formation de la culture aïnoue", explique le professeur assistant Katô Hirofumi (archéologie préhistorique) de l’institut de littérature de l’Université de Hokkaidô.

La culture Tobinitai correspond à la fin de la période de la culture d’Okhotsk (V-XIIIème siècles). Les vestiges mis à jour se situaient dans le creux d’une habitation de type tate-ana (semi-enterrée) typique de la période d’Okhotsk, qui n’était déjà plus utilisée à cette époque. Des poteries de type Tobinitai en parfait état et les os de membres antérieur et postérieurs d’ours ainsi que des pointes de flèches en pierre ont été découverts à cet endroit. "Nous avons la preuve, grâce à cette découverte, que les ours faisaient l’objet d’un culte pour les gens de Tobinitai. On a également retrouvé des ossements datant de la période culturelle d’Okhotsk, et indiquant que les crânes d’ours servaient pour des rituels. Il est fort probable que les croyances faisant de l’ours un animal sacré aient été transmises à la culture aïnoue lors de la période Tobinitai", commente M. Katô.

"Il n’est sans doute pas faux de croire que les ossements d’ours et les poteries ont été disposés ensemble à la même époque. Il s’agit d’éléments de valeur permettant d’envisager que les rituels de la culture d’Okhotsk consacrés aux animaux ont été repris dans la culture aïnoue", raconte le professeur Utagawa Hiroshi (archéologie) de l’institut de sciences humaines et sociales de l’Université de Tôkyô, spécialiste de la culture d’Okhotsk. Outre l’identification des ossements d’ours par le laboratoire de datation du Musée de l’Université de Tôkyô, l’ADN et le lignage de ceux-ci seront analysé par l’Université de Hokkaidô.

* Culture Tobinitai
Cette culture est apparue par le fusionnement des cultures d’Okhotsk et Satsumon à la fin de la période culturel d’Okhotsk (V-XIIIème siècles). Elle est symbolisée par des poteries associant la forme de bol profond des poteries de type Satsumon aux motifs appliqués de cordons d’argile de la culture d’Okhotsk. On a retrouvé ce genre de poterie dans la zone allant de la péninsule du Shiretoko à Nemuro. Le quartier de Tobinitai de la ville de Rausu (district de Nemuro) où l’on a découvert pour la première fois des poteries de ce type en 1960, est à l’origine de cette appellation.


Notes :
- Le rituel iyomante est l'une des principales cérémonies religieuses aïnoues. Celui-ci consiste au sacrifice d'un jeune ours aui a été capturé à la fin de l'hiver et élevé pendant 1 à 2 années. Bien que cette pratique, aujourd'hui disparue, puisse paraître cruelle aux yeux d'Occidentaux, le sacrifice de l'ours est pour les Aïnous un moment important où tout le village (kotan) se réunit et prie pour que l'esprit de l'ours regagne le monde des kamuy. Cette coutume a pour but de s'attirer les faveurs des kamuy et d'entretenir de bonnes relations entre humains (aynu) et esprits (kamuy).

- Suite à la période Epi-jômon que j'ai évoqué un peu plus haut, ont voit apparaître dans le nord du Japon, Sakhaline et les Kouriles, deux styles culturels que sont la culture d'Okhotsk オホーツク文化 (env. V-XIIIème siècles) et la culture Satsumon 擦文文化 (env. VIII-XIIIème siècles). La culture Satsumon tire son nom des rayures régulières qui ont été faites sur les poteries qui lui sont particulières.
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Mapi
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MessagePosté le: 05 Fév 2006 00:08    Sujet du message:

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Je suis americain, et mon francais et tres mal.

Je suis tres interessent en la sujet des Ainous. Je suis demi blanc et demi japonais, donc je pense que je suis en peux similaire a les ainoues (Qui peut etre Caucasian). J'ai vu ce discussion parce'ce que j'ai cherche pour un place ou je peux acheter les cikarkarpe et les vetement ainoues. Est-ce qu'on connait ou on peut acheter ses vetements?
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Je suis americain, mais je serai un etudiant d'exchange la prochain annee en france.
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gaboriau
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MessagePosté le: 05 Fév 2006 00:30    Sujet du message:

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Allo, tu as essayé ce lien donné plus haut ? Wink

http://www.rakuten.co.jp/suteki/510265/
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MessagePosté le: 05 Fév 2006 11:54    Sujet du message:

 Note du Post : 5   Nombre d'avis : 3
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Je voudrais revenir sur 2 points :
* Le récit dont Blue Monday a bien voulu nous faire part dans la page précédente de ce fil... je ne résiste pas à vouloir en présenter une modeste traduction, pour le principe de communication aux non-apprenants :

Citation:
Merci de me donner l'occasion de me présenter... voilà, je suis né à "Chirotto-kotan", en 1949. Chirotto-kotan, Chirotto, l'expression veut dire "marais aux oiseaux", mais les idéogrammes qui lui ont été donnés [pour sa transcription graphique] sont "homme blanc". On lit "Chirotto" [alors que la lecture conventionnelle est hakujin]. Plus de 90% des terres du Hokkaidô sont de langue aïnu. Quelques unes n'en sont pas, Hakodate n'en est pas.

Chitose, Chitose était un endroit auparavant appelé "Shikotsu", ce qui signifiait "endroit chaud". Mais les Japonais [Wajin], venus après tout cela, trouvèrent le mot "Shikotsu" néfaste dans la mesure où il leur faisait penser à leurs mots "Mort" shi et "Os" "kotsu". Alors ils l'ont changé en cette expression de bonne augure : "Chitose", "mille ans". En langue aïnu, on donne aux toponymes un sens lié à la réalité des lieux ("endroit chaud", "grande rivière" etc.), mais les Japonais y ont accolés des idéogrammes sans aucun rapport avec tout cela.
Chirotto-kotan est un petit village d'une trentaine de maisons. 80 à 90% des familles sont Aïnus. Avec mes parents nous sommes Aïnus, mais de l'intérieur des terres... l'intrusion des Japonais [Wajin] a été plus tardive chez nous que sur le littoral, comme à Hidaka. Aussi, le métissage y a été plus tardif. Dans mon enfance, les femmes avaient tout le pourtour de la bouche tatoué, comme le voulait la coutume aïnu. Il y en avait plein des comme ça. De nos jours, il n'y en a plus. Et puis, les personnes âgées parlaient le Aïnu, mais ils ne nous l'ont pas appris. "Irankarapute", "Eiwankea"... c'est à peu près tout ce que je sais. J'apprends aujourd'hui, mais une fois devenu adulte, c'est très difficile.
Je suis allé à l'école élémentaire, mais c'était une petite école. Nous sommes trois Aïnus à avoir été allés à l'école cette année-là. Dans les environs, il n'y avait que des Aïnus, normalement tout le monde aurait dû pouvoir aller à l'école, mais il y avait une ségrégation : "Tout simplement parce que vous êtes des Aïnus"... "Ah, voilà un inu", disait-on à mon passage. Par le[inu] de Aïnu, on entendait le inu qui veut dire "chien" en Japonais. "Toutou, toutou toutou toutou"... L'appellation était bonne pour tous les autres Aïnus aussi, pas que pour moi. Encore aujourd'hui d'ailleurs, c'est ce qu'on entend dans les écoles. Mêmes les plus âgés étaient traités de la sorte. Aussi, j'étais très sensible à tous les mots commençant par "aï" et même à ce qu'ils désignaient, comme lorsque je voyais une "ice cream"... Dans les kermesses sportives, allez, on fait un peu de danse folklorique !
On se tient par la main et... personne pour me tenir la main. "T'es sale, tu pues", c'est ce qu'on me disait.
Je termine l'école élémentaire. Le collège dépend d'un autre district scolaire, je vais donc changer d'école et de camarades de classe japonais [wajin]. J'étais heureux de quitter les élèves dont j'avais été jusqu'alors la tête de turc, dorénavant, mes camarades ne me maltraiteront plus, c'est ce que j'espérais en entrant au collège. Un grand tort : ce fut pire. C'était un grand collège pourvu de trois classes au niveau de la première année, les trois Aïnus de Kotan avaient chacun été dispatchés dans une classe différente. Des maltraitances pires encore qu'à l'école primaire, il y avait une ségrégation. Quand les plats tournent à la cantine, on déteste se faire passer un plat par un Aïnu, n'est-ce pas ? "C'est dégoûtant, ça pue"... c'est ce que j'entendais.
Les Aïnus ont parcouru une histoire pleine de sévices, leurs terres, leur langue etc., tout plein de choses leur on été enlevées. Ils sont ainsi devenus pauvres. Rares sont les foyers aïnus à avoir une salle de bain. Etant pauvres, ils n'ont que de chiches vêtements. C'est peut-être pour ça que je sentais mauvais...
A la pause de midi, tout le monde allait au gymnase, courir en rond et s'amuser, mais bien entendu, il n'y avait personne pour s'amuser avec moi. Malgré cela, je courais en rond pour m'amuser, et ce faisant il arrive parfois que l'on se heurte à quelqu'un : "Je suis tout sale, j'ai heurté un Aïnu", c'est ce que l'on disait alors. Comme c'était toujours comme ça, à la pause de midi, et aux autres aussi d'ailleurs, je restais seul dans la classe, j'étudiais, je lisais, c'était comme ça. Aussi, mes résultats scolaires étaient plutôt bons.

Parmi les enseignants même il y a des discrimants, mais dans ma troisième année de collège, mon professeur principal était très bien. Il me poussa à continuer au lycée. C'est ce que je voulais aussi dans un premier temps, mais pensant aux trois années qui m'y attendaient, j'abandonnai l'idée.
A Asahikawa, il y a la grande Fête des Aînus de tout le Hokkaïdô, ma mère y participait. Une grande linguiste, disciple du défunt Pr Kaneda Ikkyosuke, s'y était rendue avec ma mère, qui lui demanda conseil à mon propos (je terminais mes études l'année suivante, mais en tant qu'Aïnu je n'avais aucun contact pour un emploi rémunéré à Hokkaïdô) : "Le mari de ma grande-soeur tient une librairie à Naka-meguro, à Tôkyô, ne voudrait-il pas y travailler ?" répondit-elle. Mes parents sautèrent sur l'occasion et j'allai à Tôkyô.
Trois jours après avoir fini mes études, j'arrivai à Tôkyô. Dans le train m'emmenant [par tunnel sous-marin] de Hakodate à Aomori, bien que je quittais là ma famille et ma terre natale, je pensais "Enfin éloigné du Hokkaïdô, je ne serai plus discriminé sous prétexte d'être Aïnu"... qu'est-ce que j'étais heureux !
En approchant de Tôkyô, alors que j'allais tirer ma valise du filet-à-bagages, l'homme assis devant moi m'aida à la descendre. A Hokkaidô, je n'avais jamais eu ce genre d'expérience. Comme je n'avais jamais été bien traité par un Japonais [wajin], je laissai s'échapper quelques larmes. Je pensai : "Qu'est-ce que c'est bien Tôkyô".


*D'autre part, je voudrai évoquer pour aller dans le sens de la valorisation de ce que je voudrais appeler la CIVILISATION aïnu, les travaux d'Amino Yoshihiko (Nihon towa nanika, 2000 ; voir les références infra) qui s'est efforcé de montrer le Hokkaïdô (et les Ryûkyû, "Okinawa") comme une des deux terres de contact du Japon central avec le continent (avec les terres du Sud du Kyûshû et des Ryûkyû).
Il montre les Aïnus comme un peuple de commerçants et de navigateurs recelant mille richesses... ce qui est indubitable lorsque l'on observe l'acharnement des Wajin à s'emparer de ces terres du Nord tandis que si l'on devait s'arrêter à la vision simpliste du "peuple barbare des Aïnus" (les inu...) véhiculait par la propagande nationaliste, il n'y a aucun lieu de comprendre les multiples tentatives des seigneurs du Honshû de s'emparer d'une "terre glaciale et peuplée de brutes"...
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"Avec ce pouvoir [de la réthorique], tu feras ton esclave du médecin, ton esclave du pédotribe et, quant au fameux financier, on reconnaîtra que ce n'est pas pour lui qu'il amasse de l'argent mais pour autrui, pour toi qui sais parler et persuader les foules." Platon, Gorgias (IVème siècle avant J-C) - NB : suis privé du droit de notation depuis Fukushima, devinez pourquoi !-
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jean hugues
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MessagePosté le: 31 Mar 2006 20:23    Sujet du message:

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il en reste donc plus que quelque milliers?

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