Le Japon se dépeuple rapidement

[Fuse]

On dirait que le problème est un sujet qui intéresse bien des médias en France. Voila l'article à paraître demain dans le Courrier International 725 du 23 septembre.



JAPON - La famille, une espèce en voie de disparition

Le déclin démographique, annoncé pour 2007, bouleversera la société. Les fêtes des enfants disparaîtront, les voitures seront biplaces et la colocation se développera...

Depuis plus d'un siècle, après la fête des Ancêtres [O-bon, à la mi-août], Kyoto a coutume de célébrer celle de Jizo, le bodhisattva protecteur des enfants. Ce jour-là, la tradition veut que les enfants se rassemblent autour des statues de Jizo installées au coin des rues, où ils reçoivent des gâteaux et participent à des tombolas. "Dans mon enfance, il y avait un nombre incalculable de gamins", se souvient Yoshio Otagaki, 68 ans, de la Fédération des associations de quartier de l'arrondissement de Shimo-kyo. Mais, aujourd'hui, la fête de Jizo est surtout devenue l'occasion pour les adultes qui ont grandi dans ces quartiers de boire du saké ensemble. Car, bien que cette célébration soit dédiée aux enfants, on n'en voit plus dans les rues. Selon la définition officielle, le foyer japonais "standard" est composé d'un couple et de deux enfants. Mais, aujourd'hui, la réalité est très éloignée de cette définition puisque la famille classique, réunissant parents et enfants sous un même toit, ne représente aujourd'hui plus que 32 % de l'ensemble des foyers. Et, dès 2007, selon l'Institut de recherche sur la protection sociale et la population, le nombre des "foyers célibataires" dépassera celui des foyers classiques, et la population entamera au même moment son déclin démographique. Le Japon se trouve donc à un tournant décisif.

Un taux de fécondité inférieur à 1,3
Comment la famille va-t-elle évoluer ? Quelle influence cette évolution aura-t-elle sur la société ? Au printemps dernier, Toyota Motors a mis en place une équipe interne d'étude de ces questions. Les données recueillies par l'entreprise indiquaient qu'en 2010 la majorité des adultes auront plus de 50 ans, le nombre de foyers comportant des enfants en bas âge sera en net recul et celui de couples âgés vivant avec un enfant adulte sera au contraire en progression... Toyota a décidé de se fonder sur l'analyse de ces données pour prévoir les futures tendances de la consommation. Interrogé par le constructeur automobile, un démographe lui a proposé de limiter à deux le nombre de sièges de la future Crown. La composition des foyers est elle aussi en train de se diversifier. Dans l'arrondissement de Setagaya, à Tokyo, une maison traditionnelle de dix pièces construite il y a cent cinquante ans abrite sept personnes des deux sexes sans aucun lien de parenté entre elles, n'ayant ni le même âge ni la même profession. Chaque colocataire a sa chambre, mais la cuisine et la salle de bains sont communes. Les courses et le ménage se font à tour de rôle. "Nous sommes un petit groupe d'adultes indépendants. Tous mes colocataires sont des amis sur qui je peux compter", se félicite Yoshie Sakamoto, âgée de 66 ans. "Avoir des contacts avec des gens de générations différentes est un luxe inaccessible lorsqu'on vit seul dans la capitale", ajoute Moeko Noguchi, une autre colocataire, âgée de 28 ans. Depuis que la municipalité de Kobe, à la suite du séisme de 1995, a fait construire des logements collectifs pour les personnes âgées redoutant de vivre seules, ce nouveau type de cohabitation non familial s'est répandu un peu partout dans le pays. Cette diversification remet aussi en question les fonctions fondamentales de la famille : protéger ses membres et élever les enfants. Selon Yukichi Fukuzawa, un penseur du XIXe siècle, l'un des devoirs de l'homme est d'élever les enfants pour qu'ils deviennent à leur tour des parents dignes de ce nom. Aujourd'hui, rien ne garantit que la famille demeurera le creuset des générations futures. L'an dernier, le PDG de Sony, Nobuyuki Idei, s'est entretenu à Paris avec Jacques Chirac. Grand connaisseur du Japon, le chef d'Etat français s'est répandu en éloges sur la haute technologie nippone, en formulant toutefois une réserve. "Il y a un domaine dans lequel vous devriez vous inspirer de notre pays, c'est la politique démographique." En multipliant les mesures natalistes, la France a réussi à faire redresser son taux de fécondité de 1,65 à 1,9 en dix ans. Au Japon, en revanche, ce taux est tombé sous la barre de 1,3 [à 1,29]. Le déclin de la population n'est cependant pas un phénomène soudain. Déjà en 1969, on pouvait lire dans un rapport de la Commission gouvernementale sur les questions démographiques : "La natalité de notre pays, sa capacité à renouveler les générations est insuffisante." Mais le Japon était alors en plein boom économique. Les gens croyaient en l'avenir et n'accordaient guère d'attention aux prévisions de déclin démographique. Trente-cinq ans plus tard, le prix à payer est élevé dans de nombreux domaines. La construction du barrage de Tokura, au nord de Tokyo, a finalement été abandonnée après l'annonce que la préfecture de Saitama, située en aval du barrage, se retirait du projet. En effet, alors que celle-ci prévoyait pour 2015 une population de 8 millions d'habitants, le chiffre a été réévalué à 7,3 millions, ce qui a rendu inutile l'édification d'un tel ouvrage hydroélectrique. Installations de production d'énergie, mais aussi routes, aéroports, logements..., tous ces chantiers doivent être révisés à la baisse, en raison de la faiblesse de la demande. Quand la population japonaise commencera à diminuer, ce seront d'abord les collectivités locales à faible natalité qui en subiront les conséquences. Il est tout à fait possible que ces collectivités en viennent à se disputer les familles. En 2005, le Japon se placera au dernier rang mondial pour la capacité d'une famille à prendre soin de ses membres, un rang établi par l'Institut de recherche démographique de l'université Nihon d'après le nombre de filles et de belles-filles par personne âgée. En 1990, l'archipel se situait en bonne position, avec un indice de 1,3, mais, en l'an 2000, ce chiffre avait chuté à 0,77. Sachant que le vieillissement de la population ira en s'accentuant, on peut se demander comment le Japon va faire face à un tel problème. En juillet dernier, lors des pluies diluviennes qui ont frappé la préfecture de Fukui [au nord-est de Kyoto], 70 % des victimes étaient des personnes de plus de 70 ans, qui n'ont pas été capables d'évacuer rapidement. Population élevée, société dynamique et pays prospère : un tel schéma n'est plus envisageable pour le Japon. Tous les plans pour l'avenir établis sur la base du "foyer standard" deviennent caducs.

Nihon Keizai Shimbun



Mariage
Le mariage n'est plus une nécessité mais un choix, pensent aujourd'hui 70 % des Japonais. Chez les jeunes de 20 à 39 ans, ce taux atteint 90 %. En 2003, 740 000 unions ont été célébrées, soit 30 % de moins qu'en 1972, l'année record en la matière. Des projections prédisent que ce nombre passera sous la barre des 500 000 en 2015. Selon une enquête réalisée par le Nihon Keizai Shimbun, un célibataire sur deux justifie sa situation par la difficulté de trouver un partenaire tandis qu'un sur trois évoque des difficultés économiques l'empêchant d'assumer une vie de couple. Un autre sondage, réalisé par le Mainichi Shimbun, témoigne de la progression du concubinage, en particulier chez les jeunes : plus d'un Japonais sur cinq entre 30 et 34 ans pratique ou a pratiqué cette forme d'union.

[Maitre K]

Botchan> Il est clair que nous ne somme pas sur la même longueur d'ondes et qu'il vaut mieux en rester la et recentrer le débat. Je pense que nous avons affirmé nos positions et continuer ainsi serait HS et violerait la charte. Je reste à ta disposition par MP si tu as autre chose à dire. Juste une petite chose, que tu ne sois pas en accord avec moin point de vue ne me dérange pas, je trouve au contraire que c'est ce qui fait le charme des débats sur un bon forum, mais essaye au moisn d'éviter les termes grossiers... (au fait, ton deuxième lien semble mort...)


Donc pour en revenir au sujet, je ne pense toujours pas que l'immigration est la solution à la dénatalité, tout simplement car les immigrés seront confrontés aux mêmes problèmes que les japonais: prix des logements familiaux et coût élevé de l'éducation des enfants. A mon humble avis, la première chose à faire serait de soulager financièrement les familles nombreuses et surtout au niveau de l'éducation. Les parents chercheront toujours ce qu'il y a de mieux pour les enfants, qu'ils soient japonais ou immigrés, et lorsque ce "mieux" est hors de prix, ils préfèrent donner un maximum à un enfant que de ne pas pouvoir tout assumer pour plusieurs enfants.
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I'm so gifted at findin' what I don't like the most
So I think it's time for us to have a toast

[Maitre K]

>D'abord, parce que les japonais ne voudront pas forcément faire un travail aussi pénible - autrement dit, c'est Abdel ou c'est personne.

Je de dirais "vrais".... pour certains pays d'europe ! Par exemple en Suisse, il est clair que pour trouver un suisse pur souche dans une entreprise de construction, il faut chercher un moment... Ceci dit, cette règle des travaux dits "pénibles" pour les étranger n'est pas tellement au valable au Japon. Non pas que la main d'oeuvre étrangère n'y existe pas, mais pas dans des proportions aussi importantes. Beaucoup de japonais travaillent encore dans ces domaines qui sont très touchés par la crise.

>Ensuite, parce qu'il paiera des impôts, de la TVA, des cotisations sociales, des cotisations retraites, ce que les personnes âgées au Japon ne peuvent plus faire. Et ses enfants feront pareil.

Tout à fait... à conditions d'avoir un travail, on en revient à ce que j'écrivais avant, c'est à dire que la demande n'est pas la _à l'heure actuelle_ , ce qui ne veut pas dire que ce ne sera jamais le cas bien entendu.

>Enfin, parce qu'on ne peut pas délocaliser des combinis, des petits boulots dans les services en Chine.

Sauf que ces petits boulots sont très prisés d'une part par les étudiants japonais qui n'ont parfois pas d'autre choix pour financer leurs études et d'autre part par une certains nombres de jeunes (mais aussi de moins jeunes) qui ne peuvent / ne veulent plus trouver de contrat en CDI pour avec les avantages / inconvénients qui vons avec. On en avait deja pas mal parlé sur les sujet concernant les "freeters".
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[Botchan]

Ok, juste pour dire que pour moi, y a pas de problème, on enterre la "hache de guerre". L'important est de s'exprimer en échangeant des arguments, des docs, des idées etc. et parfois quelques piques, auxquelles il faut savoir s'arrêter, c'est sûr.
Pour les "insultes", tu dois vouloir parler "des beunets qui se veulent bien se croire assez bêtes pour le soutenir envers et contre tout", mais je ne vise personne nominalement ! et pas toi , à moins évidemment qu'en effet tu soutiennes encore Ishihara après avoir pris connaissance des forfaits du bonhomme... je préfère juste croire que non.
Pour nous défendre tous les deux : parler des répercussions sociales et politiques fondamentales de la dénatalité japonaise était important tout de même (?) !
Top, c'est fini, j'en parle plus !
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"Avec ce pouvoir [de la réthorique], tu feras ton esclave du médecin, ton esclave du pédotribe et, quant au fameux financier, on reconnaîtra que ce n'est pas pour lui qu'il amasse de l'argent mais pour autrui, pour toi qui sais parler et persuader les foules." Platon, Gorgias (IVème siècle avant J-C) - NB : suis privé du droit de notation depuis Fukushima, devinez pourquoi !-