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Petite pensée littéraire du jour

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Unixorn
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Inscrit le: 21 Déc 2009
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MessagePosté le: 17 Fév 2013 17:00    Sujet du message: Petite pensée littéraire du jour

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Voilà, j'ai pensé à quelque chose ce matin, et j'aimerai que vous me fassiez part de vos commentaires, pour savoir si ça se tient et aussi parce que cela pourra éventuellement me servir (à un examen, d'où quelques références à certains éléments vu en cours).

La poésie japonaise, comme la poésie chinoise, fait grand usage de références intertextuelles : un terme utilisé dans un poème peut faire référence à son utilisation dans un autre poème, ou à ce poème lui-même. Cela implique que l’énonciateur ait les références nécessaires pour pouvoir le faire, mais aussi qu’elles soient possédées de l’auditoire.

Bien entendu, cela peut ne pas être le cas pour certains individus, et la culture littéraire permettant de le faire devient ainsi une ressource précieuse, permettant de se distinguer socialement, notamment lors des rencontres sociales autour de la poésie (à la cour pour l’époque ancienne, en tant que divertissement lucratif à l’époque Édo). Un socle de culture commun favorise ce procédé littéraire, et on ne manquera pas de constater qu’un certain nombre d’ouvrages, le classique des vers entre autres (les anthologies impériales de poésie dans le cas du Japon), faisaient parti de l’éducation d’un lettré. Un terreau abondant existait donc pour cela.

Vu la concision des poèmes chinois et japonais, la référence littéraire est à la fois nécessaire pour étendre le champ sémantique des mots et ainsi pouvoir dire plus en moins de syllabes (mores dans le cas du japonais), mais la favorise également.

En effet, un poème court, de longueur fixe et rimé (dans le cas du chinois) est bien plus aisé d’apprentissage qu’un équivalent prosaïque*, mais permet aussi d’en vérifier l’intégrité lors de la restitution. L’apprentissage d’une grande quantité de poèmes, justement nécessaire à l’utilisation fréquente de référence, devient ainsi possible et efficace.

Ces deux éléments (forme fixe, rime) peuvent être vu comme une sorte de code détecteur d’erreurs au sens de la théorie de l’information de Shannon : ils permettent de détecter certains types d’erreurs lors de la restitution, l’omission d’un mot par exemple. Toutes ne sont pas couvertes : une inversion de mots se trouvant avant une rime n’est pas détectée à l’aide de ce mécanisme.
Le poème lui-même ne comprend généralement pas de mécanisme de correction d’erreur : un poème endommagé, fragmenté, connu de manière incomplète ne pourra pas être « réparé » à partir des seules données qu’il contient.

Cela peut cependant être éventuellement le cas dans certains poèmes chinois à la structure très symétrique, dans le cas où un apprenant les aurait aperçus et mémorisés ; il s’agit alors de métadonnées, d’une connaissance sur le poème, qui s’ajoutant à celle du poème lui-même permet d’en restituer une partie altérée.

Beaucoup des premiers écrits sont poétiques (le classique des vers, le manyoshû). Cela ne tient probablement pas au hasard mais à la nécessité d’une efficacité dans la transmission du patrimoine oral, qui a ensuite été mis à l’écrit dans les ouvrages cités en exemple. Dans ce cadre, on comprend tout à fait que les techniques telles que celles précités soient mises à profit, car en dehors de toute considération esthétique, car elles leurs permettent une transmission efficace et intègre.

* il faudrait vérifier ça pour être rigoureux
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Yami*
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Inscrit le: 26 Juin 2011
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MessagePosté le: 18 Fév 2013 10:31    Sujet du message:

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Clap !

Citation:
* il faudrait vérifier ça pour être rigoureux
La scansion ou la cantillation favorisent la mémorisation. La preuve : les longues chansons de gestes n'étaient pas récitées d'un ton monocorde au moyen-âge : les rimes et le rythme du langage étaient des éléments importants pour les retenir.
Citation:
Ces deux éléments (forme fixe, rime) peuvent être vu comme une sorte de code détecteur d’erreurs au sens de la théorie de l’information de Shannon
Je ne m'attendais vraiment pas à le voir surgir au coin de ce message Very Happy

Mais en fin de compte, tu ne fais que constater des techniques de restitution et admirer leur utilisation par un phénomène culturel, non ? De mon humble point de vue c'est intéressant, mais ça reste théorique, il n'y a pas vraiment matière à discussion.
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Unixorn
Modérateur


Inscrit le: 21 Déc 2009
Messages: 689
Points: 2694
Pays, Ville: Paris ; Alsace

MessagePosté le: 18 Fév 2013 15:25    Sujet du message:

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Yami* a écrit:
La scansion ou la cantillation favorisent la mémorisation. La preuve : les longues chansons de gestes n'étaient pas récitées d'un ton monocorde au moyen-âge : les rimes et le rythme du langage étaient des éléments importants pour les retenir.


Oui, intuitivement, qui a fait l'essai de mémoriser un texte rimé et rythmé a dû se rendre compte que c'est plus facile que la prose.
Je me suis aussi rendu compte que je me sert parfois de la ligne mélodique des tons du chinois pour me souvenir du texte.

Je regrette malheureusement qu'à l'école comme au collège, on nous ait fait apprendre un tas de choses (poèmes, langues étrangères, ...) sans même prendre une minute pour nous expliquer ce que c'était*, ni se pencher sur des techniques de mémorisation efficace.

* Je trouve proprement hallucinant qu'on commence l'apprentissage des langues étrangères (souvent l'Allemand en Alsace) dès l'école primaire sans jamais donner quelques notions basiques de linguistiques qui permettrait de comprendre ce que l'on fait.

Jusqu'à un certain âge, je pensais encore naïvement qu'une langue étrangère c'était plus ou moins du français avec des mots différents... Je ne comprenais donc pas (comme beaucoup d'autres) pourquoi l'allemand avait des cas et surtout pourquoi il fallait les apprendre.

Du côté de l'anglais, je crois qu'une prof a un jour passée une demi-heure a nous expliquer des différences de prononciation, mais dans les 6 autres années d'anglais (collège et lycée) on nous a toujours fait lire des textes... bien évidemment on les lisait avec la valeur phonétique des lettres que l'on connaissait, c'est à dire les règles du français (d'où, à mon avis, la création de "l'accent français").

Du côté du français, pareil, des poèmes à apprendre, voir à composer, sans réel leçon préalable, et après un prof qui râle parce que nos vers sont foireux...
Pourtant, pour avoir passer quelques heures ce weekend sur Wikipédia à me renseigner là dessus, le sujet est complexe et intéressant.

Idem pour le grec ancien, il fallait apprendre les accents et les esprits sans broncher sans autre explication que "c'est comme ça". Alors que prendre quelques minutes à expliquer que c'était la trace d'une prononciation ancienne aurait pu faire passer la pillule, tout en amenant peut-être quelques élèves à se pencher sur la question, y compris pour sa propre langue.


Citation:
Je ne m'attendais vraiment pas à le voir surgir au coin de ce message Very Happy


En fait j'ai mis deux idées dans un texte, mais c'était cette dernière qui m'a en fait motivé à écrire. Il faut dire que je ne comprend fichtre rien à la poésie et à la littérature, donc si on peut attaquer ça sous un angle plus technique ça ne peut que me motiver à me pencher plus dessus.

Citation:
Mais en fin de compte, tu ne fais que constater des techniques de restitution et admirer leur utilisation par un phénomène culturel, non ? De mon humble point de vue c'est intéressant, mais ça reste théorique, il n'y a pas vraiment matière à discussion.


Oui.
Par contre on peut discuter de la pertinence de ce que je raconte, de poster des références voire même de partir sur un sujet relié (cf. supra) mais différent (un ami sur facebook a fait une comparaison sur les arts martiaux), poser d'autres constat. Bref, c'est un sujet ouvert.
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