Traitement du Japon dans les documentaires français
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<Fil divisé depuis celui "A la télé ce soir" qui a plus vocation à annoncer les programmes tv sur le Japon sans plus de débat.
On continuera ici l'intéressante discussion sur le traitement du Japon dans les documentaires français.
Bonne continuation.>
Il me semble qu'il y a déjà eu un reportage débile consacré à la même "école des cadres" sur M6... Oui, voilà, p. 58 du fil "A la télé ce soir".
C'est vraiment le genre de reportages totalement stupides, qui cherchent le truc japonais le plus bizarroïde possible. Si un reportage sur ce sujet pourrait avoir un (petit) intérêt s'il était diffusé au Japon, pour réfléchir à ce que ça signifie (sur la société, le monde du travail, ou je ne sais quoi), je ne vois vraiment pas l'intérêt de montrer ça en France, à des spectateurs qui n'ont vraisemblablement pas le background nécessaire pour le regarder avec une mise en perspective intéressante.
Non mais franchement, est-ce qu'ils n'ont jamais entendu parler des stages pour cadres en France, où les cadres sont obligés à faire du saut à l'élastique pour apprendre la prise de risque... Je suis sûre qu'il doit exister des trucs encore plus délirants encore.
Mais non, on préfère parler de ces jaunes si exotiques et si ridicules. Tout va bien, les bizarres sont les autres.
Je suis en train de regarder le reportage de France 2, et je dois avouer qu'il y a de bonnes attentions, par exemple lorsqu'ils font parler le gars dans sa famille. On se rend compte qu'il est un humain qui a du recul par rapport au délire de cette école.
Mais tout de même, quelle misère... Rah la la....
@Gaffophone: merci pour le tuyau.
Edit: toujours à propos de l'école des cadres, j'avais de plus en plus une grosse impression de déjà-vu... Du coup, j'ai cherché un peu mieux dans ma mémoire et dans le forum, et finalement je me suis rendu compte que le même reportage était déjà passé en mai 2009 dans Envoyé spécial. Il était signalé p. 49 de ce fil.
Je suis atterrée. Non seulement ils fabriquent de la soupe immonde, mais en plus ils nous la re-servent. _________________ Macte animo, generose puer, sic itur ad astra
Inscrit le: 17 Mai 2008 Pays, Ville: Tokyo, Toshima-ku
Note du Post : 3 Nombre d'avis : 1
Je suis d'accord TAMALA, les reportages d'émissions connues sont souvent à la recherche du truc le plus bizarre, surtout en ce qui concerne le Japon. Mais ce ne sont pas non plus des mensonges et on sait que bon nombre de japonais sont totalement soumis à leur patron. Toutefois oui, ils auraient dû prendre plus de recul, mieux expliquer que ce n'est pas partout comme ça. Car effectivement le français "moyen" qui n'y connait rien au Japon va prendre ça comme argent comptant !
Mais perso je trouve ça mieux que d'autres reportages que l'on peut voir sur TF1 ou M6 ! _________________ Un gaijin réunionnais qui tient son petit blog :
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Le problème avec les reportages sur le Japon, c'est qu'ils ont souvent comme point de départs un terme pseudo-sociologique bien accrocheur : on a eu récemment les freeters et les reki-jo sur Arte, mais on peut aussi mentionner les herbivores et autres... Or, tous ces termes n'ont pas été inventé par les occidentaux, mais bien par les Japnais eux-même.
Pas étonnant qu'on se retrouve avec des analyses caricaturales en France, car les médias japonais renvoient abondamment ces stéréotypes. Il ne faut pas oublier que la plupart des chaines télévisées japonaises sont purement commerciales, des sortes de TF1 avec programme grand public et publicité toutes les 10 minutes. Quel public ces chaines visent-elles le soir par exemple ? Les salarymen et les étudiants lessivés par une journée de travail. Autant de personnes qui n'auront aucune envie de s'intéresser à des études poussées, et qui préfereront consommer de l'information simple et pré-machée, bien caricaturale. Je pense qu'on peux extrapoler cette analyse à la presse ou à la radio.
A cela, on peut ajouter la propension des Japonais à aller vers le groupe, et non l'individu. Même les marginaux se sentent obligés d'appartenir à un groupe (cosplayers, otaku, etc.). Tout ça pour dire que malgré l'apparente superficialité des reportages français sur le Japon, ces émission renvoient une réalité : celle de la tendance des Japonais à mettre les gens dans des cases.
Aprés, c'est sûr, tout cela est trés artificiel, et il suffit de s'intéresser un tant soit peu à ces reportages pour voir que tous ces phénomènes de société sont trés superficiels : par exemple, dans le reportage sur les freeters, on constate en fait une grande diversité (les freeters volontaires, involontaires, en difficulté ou pas, etc.).
On peut toutefois dépasser le côté caricatural des reportages français sur le Japon : vu que les phénomènes présentés sont caricaturaux et exotiques, ils sont facilement analysables. Or, beaucoup de ces phénomènes sont aussi présents en France : le chômage des jeunes est un problème récurrent dans l'hexagone. Ces reportages caricaturaux sur le Japon ont donc le mérite de nous interroger sur des phénomènes que nous cotoyons en France, mais auquels nous ne prêtons pas ou plus attention (à force d'habitude).
Pas étonnant qu'on se retrouve avec des analyses caricaturales en France, car les médias japonais renvoient abondamment ces stéréotypes.
C'est surtout qu'un reportage qui colle aux clichés fera plus d'audience qu'un reportage qui les dément. Ca "rassure" le français moyen de voir que ce qui se passe ailleurs est pire que ce qui se passe ici, même s'il se rend compte que c'est une caricature, il la prendra au premier degré.
Si je peux rajouter juste une chose : arrêtez de regarder les reportages d'Envoyé Spécial, le niveau 0 du journalisme, où des types se baladent avec une caméra sur l'épaule, et prennent pour argent comptant tout ce que leur disent leurs invités/interviewés sans aucune investigation ni recherche derrière. Le journalisme a un niveau global médiocre en France, et ses représentants des chaines hertziennes sont les pires.
Bien sûr que ce phénomène de l'information spectacle est présent en France : c'est ce que sous-entendait mon allusion à TF1.
Nous sommes donc d'accord sur ce point : les médias grands publics, quels qu'ils soient et dans quelque pays que ce soit, ont une tendance à la caricature.
Ce que je souhaitais souligner dans mon post, c'était la superposition de deux visions caricaturales : la vision des médias japonais et celle des médias français. Car nous avons trop tendance, nous autres Japonophiles, à considérer que seuls les médias français sont en tort. Aveuglés que nous sommes par notre passion, nous sacralisons souvent le "Pays du Soleil levant", au détriment de tout regard critique.
Je suis donc, je le répète, totalement d'accord avec toi.
Par contre, je n'ai pas compris la réflexion que tu fais à la fin de ton post : comment peut-on prendre au premier degré une caricature, lorsque l'on sait que c'en est une ? C'est totalement contradictoire. La caricature, c'est du second degré. La comprendre, c'est dépasser le premier degré, à savoir la vision la plus évidente et la plus grossière, afin d'en analyser le sens. Un "Français moyen" qui comprendrait que tout cela n'est que caricature ne pourrait donc pas prendre cette même caricature au premier degré.
Exemple : Prenons une caricature de Sarkozy par Plantu. Sarkozy est souvent affublé d'un entonnoire sur la tête. Si on comprend que c'est une caricature, et c'est assez facile, on en déduit que Sarkozy mène une politique brouillonne, et non pas qu'il est réellement siphoné. De même, je ne crois pas qu'un "Français moyen" se dise que Sarkozy se promène réellement avec un entonnoire sur la tête.
(Mea culpa pour l'exemple : je n'avais rien d'autre en tête.)
Par contre, je n'ai pas compris la réflexion que tu fais à la fin de ton post : comment peut-on prendre au premier degré une caricature, lorsque l'on sait que c'en est une ? C'est totalement contradictoire. La caricature, c'est du second degré. La comprendre, c'est dépasser le premier degré, à savoir la vision la plus évidente et la plus grossière, afin d'en analyser le sens. Un "Français moyen" qui comprendrait que tout cela n'est que caricature ne pourrait donc pas prendre cette même caricature au premier degré.
Si, justement, parce que, comme je le dis au début de mon post, ça rassure.
De la même façon que les spectateurs d'une émission de télé réalité savent quasiment tous à quel point leur émission est scénarisée et les personnages ridicules qui y figurent surjouent, ils y croient quand même ou plutot se forcent à y croire car ça rassure et ça permet de se "défouler".
Un exemple plus bateau de ce que je dis ou essaie de dire : quand tu regardes un film, tu sais très bien que ce que tu vois n'est pas "réel", les cascades sont tournées avec des acteurs remplaçants, les effets spéciaux et trucages te font croire en une situation qui n'a rien à voir avec la réalité, et pourtant tu y crois, juste le temps du film. Par "croire", je ne dis pas que tu sais que bidule a bien sauté d'un immeuble à l'autre pour de vrai, mais tu suis l'histoire quand même, tu te fonds dans le film.
C'est la même chose pour ces reportages et c'est pour ça que je dis que le journalisme en France est au niveau zéro.
Pareil pour des reportages baclés ou bidonnés, le spectateur moyen se fout royalement de la réalité, il veut se rassurer et voir que ses croyances, mêmes les plus idiotes, sont vérifiées et prouvées, ça le rassure sur sa propre existence. C'est plus facile de regarder en bas vu d'en haut que l'inverse.
Après, loin de moi l'idée de sacraliser ce que font les médias japonais, je n'ai jamais dit qu'ils étaient irréprochables, loin de là. Je ne fais que parler des reportages diffusés en France sur le Japon ou les japonais.
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