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Sur la peine de mort, le Japon tient la corde

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Robert Patrick
5eme Dan
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Inscrit le: 27 Jan 2004
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Pays, Ville: Tôkyô, Japon

MessagePosté le: 14 Sep 2009 15:41    Sujet du message:

 Note du Post : 3.5   Nombre d'avis : 2
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Citation:
Si on laisse encore mourir les gens dans des conditions barbares ( il n'y a pas de mots )

Ah ouais, la pendaison c'est barbare ? ben faudra penser à essayer la lapidation et la chaise éléctrique, puis tu me diras ce que tu préfères, hein ?

Sinon la peine de mort au Japon, ça va, quoi, c'est pas comme si on était dans un film de SF où les mecs t'arrêtent et te tuent la semaine suivante.

Je vous rappelle que Asahara reconnu coupable des attentats au gaz sarin dans le métro de Tôkyo en 1995, bien que condamné à la peine de mort, est toujours bien vivant. Pareil pour Hayashi Masumi, condamnée en 2005 mais toujours vivante... On parle pas d'innocents accusés à tort, on parle de grands méchants qui savaient pertinemment ce qu'ils faisaient en perpétrant des crimes de masse.

Faudrait arrêter de voir la peine de mort et le Japon comme un pays où on éxécute un mec toutes les semaines.
Précisément parce que la peine de mort est une peine extrêmement lourde, on l'applique rarement. A contrario, la France ayant supprimé la peine de mort, on se retrouve avec une fin de spectre plus "légère" et donc des condamnations à de lourdes peines de prison plus fréquentes, puisqu'on n'a plus que ça sous la main...

Mon propos n'est pas de savoir si la peine de mort c'est bien ou mal, c'est juste de vous dire que je suis exaspéré par les gens qui parlent de la peine de mort :
1) sans avoir connu l'époque où elle était appliquée ou sans avoir vécu dans une culture dont elle fait partie
2) qui rangent la peine de mort dans le même sac Godwin du MAL ABSOLU que le nazisme, le racisme, la pédophilie, la zoophilie, etc.

La peine de mort au Japon, c'est pas la même peine de mort qu'en Arabie Saoudite, qu'en Corée du Nord, ou qu'aux Etats-Unis.
On ne l'applique pas pour les mêmes raisons, pas avec les mêmes critères et pas de la même façon.

Donc les effarouché(e)s, bossez un peu votre peine de mort avant de venir hurler au scandale sur FJ.
_________________
À la demande générale :Robert Patrick t'apprend le japonais
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Daggon
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Inscrit le: 03 Mai 2009
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Pays, Ville: France, quelque part prés du centre

MessagePosté le: 14 Sep 2009 15:51    Sujet du message:

 Note du Post : 4   Nombre d'avis : 1
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A priori oui, tout assassinat d'un être humain est un acte barbare. Donc que ce soit par pendaison ou n'importe quelle autre méthode, c'est toujours un acte barbare.

Ceci étant, quand on rajoute la période d'attente durant laquelle l'assassinat peut survenir à tout moment, là on peut définir cela comme un acte sadique.

Edit pour clarifier : je ne parle pas de l'utilité ou non de la peine de mort, ni d'être pour ou contre.

Edit bis :
Citation:
On parle pas d'innocents accusés à tort, on parle de grands méchants qui savaient pertinemment ce qu'ils faisaient en perpétrant des crimes de masse.

Ça, tu pourras le dire le jour ou les erreurs judiciaires auront disparu. Ce qui n'est pas prêt d'arriver. Donc ces gens sont reconnus coupables, mais la probabilité qu'il s'agisse d'innocents accusés à tort n'est pas nulle.
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jords
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MessagePosté le: 14 Sep 2009 16:41    Sujet du message:

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J'ai une petite question, en France, on a stoppé la peine de mort depuis 80, le milieu carcéral se dégrade et les prisons deviennent surpeuplées (Ndlr: les infos).Au Japon, elle est encore présente, y a-t-il des prisons surpeuplées ou un milieu carcéral qui se dégrade ? Peut être que certains ne trouverons aucuns rapports, cependant, j'aimerai savoir quand même si ces choses d'après vous sont liées.
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rototo
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Inscrit le: 01 Mai 2007
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MessagePosté le: 14 Sep 2009 16:54    Sujet du message:

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jords a écrit:
en France, on a stoppé la peine de mort depuis 80, le milieu carcéral se dégrade et les prisons deviennent surpeuplées (Ndlr: les infos).


Citation:
En 23 ans, 19 criminels de droit commun ont été guillotinés en France sous la Ve République (1958-1981), ce chiffre n'incluant pas les 25 exécutions de membres du F.L.N. algérien condamnés à la guillotine par des tribunaux militaires sur le territoire français (1958-1961).

http://fr.wikipedia.org/wiki/Peine_de_mort_en_France#Entre_1940_et_1981

Aucun lien donc, le nombre d'exécutions de la sentence capitale étant "trop faible" pour compenser la surpopulation carcérale.

Il y a actuellement plus de 12000 personnes en trop dans nos prisons : http://www.latribune.fr/depeches/reuters/previsions-alarmistes-sur-la-surpopulation-carcerale.html
Ce n'est pas la peine de mort qui changerait les choses.
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SeRvIeTsKy
1ere Dan
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Messages: 176
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Pays, Ville: Ibaraki-shi

MessagePosté le: 14 Sep 2009 17:22    Sujet du message:

 Note du Post : 4   Nombre d'avis : 3
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Afin de compléter tout ce qui a été écrit sur le système carcéral japonais pour les condamnés à mort, voici un article du Monde Diplomatique de juin 2007 très clair malgré sa longeur.

Citation:

Exécutions en série au Japon

Le nouveau premier ministre change de style mais pas de politique. A la différence de son prédécesseur, M. Shinzo Abe ne s’est pas rendu au sanctuaire Yasukuni, où sont enterrés des criminels de guerre japonais, mais il a envoyé un cadeau en hommage. L’arrivée de son ministre de la justice s’est traduite par une reprise des exécutions capitales – le précédent les avait abandonnées en raison de ses convictions bouddhistes. Des prisonniers parfois détenus depuis des décennies ont été pendus au cours des derniers mois.

Par Aurore Brien

Malgré des pressions internationales et depuis peu nationales, le Japon continue d’appliquer la peine capitale par pendaison. Le nombre d’exécutions a baissé par rapport aux années 1990 (onze depuis 2003) ; elles ont néanmoins tendance à repartir ces derniers temps. Selon un porte-parole du ministère de la justice, trois détenus ont été exécutés le 27 avril. Quatre prisonniers, dont deux septuagénaires, avaient subi le même sort le 25 décembre 2006. De plus, dans ce système judiciaire accusatoire où les aveux l’emportent sur les preuves, le nombre de condamnés à mort ayant épuisé tout recours augmente, passant de cinquante-trois en 2000 à quatre-vingt-seize en 2006.

A l’exception de la toute dernière, qui a eu lieu en pleine session parlementaire, la majorité des exécutions – signées par le ministre de la justice – ont lieu quand la Diète n’est pas en session, pour éviter tout débat et toute publicité. « Moins on en sait, mieux c’est » semble être la devise du ministère de la justice.

En fait, « le sujet est tellement tabou que la plupart des Japonais ne savent pas comment les condamnés sont exécutés », explique Mme Maiko Tagusari, avocate à Tokyo, lors d’une rencontre dans les bureaux de Nichibenren, l’Association des barreaux japonais. Ne relayant quasiment aucune information touchant à ce thème, les principaux médias ont une lourde responsabilité dans cette ignorance du public. Ils refusent souvent par crainte de perdre leur place au sein des kisha kurabu, les clubs de presse rattachés à toutes les grandes institutions, qui permettent l’accès prioritaire aux informations – dont ils ont le quasi-monopole –, au détriment des journalistes indépendants.

Toutefois, la procédure même d’exécution des prisonniers est dénoncée par plusieurs organismes, comme la Ligue parlementaire pour l’abolition de la peine de mort, créée en 1994 et comptant quatre-vingts membres sans distinction de parti. En effet, le condamné à mort, qui peut rester pendant plus de vingt-cinq ans en prison, est appelé à l’improviste le matin du jour de l’exécution, sans possibilité de contacter son avocat ou sa famille. Ce fut le cas pour l’un des exécutés de décembre 2006 : il était dans le quartier des condamnés à mort depuis plus de trente ans. Quand la sanction est considérée comme définitive (après les procédures d’appel), l’exécution peut avoir lieu même si le prisonnier a lancé une demande de révision de son procès ou d’amnistie, ces requêtes n’ayant aucun effet suspensif.

Député du Parti social-démocrate et secrétaire général de cette ligue, M. Nobuto Hosaka demande depuis 2003 un moratoire sur la peine capitale, qu’il propose de commuer en prison à vie. Un moratoire et non l’abolition car, estime-t-il, « il est pour l’instant réellement impossible d’obtenir un amendement abolissant la peine de mort ». La Ligue est d’ailleurs soutenue par Nichibenren.

En fait, depuis l’entrée en vigueur en 1947 de l’actuelle Constitution, les exécutions n’ont été suspendues qu’à quatre reprises : en 1964, sur décision du ministre de la justice de l’époque, un ancien criminel de guerre, qui déplorait l’exécution de ses amis ; quelques mois en 1968 (en échange du retrait d’un projet de loi sur la peine de mort) ; entre 1989 et 1993, sous l’influence du traité pour l’abolition de la peine de mort adopté par l’Organisation des Nations unies (ONU) en décembre 1989 (non ratifié par le Japon) ; puis pendant un an, d’octobre 2005 à septembre 2006, sous le mandat de M. Seiken Sugiura, précédent ministre de la justice, qui, bouddhiste, refusait de signer des ordres d’exécution.

Les pressions de l’Union européenne – notamment celles exercées par une délégation de la Commission européenne présidée par M. Bernard Zepter en décembre 2005 – et de l’ONU restent pour l’instant sans effet sur le pouvoir. Une enquête du gouvernement japonais (publiée en résumé dans The Japan Times), menée en 1999 sur un échantillon de trois mille six cents personnes, a montré que 80 % des sondés étaient favorables à la peine de mort, considéraient la sentence comme naturelle, ignoraient son recul dans d’autre pays – certains croyaient même que la France utilisait toujours la guillotine.

Des mesures sont donc envisagées par la Ligue pour mieux informer la population et tenter de changer les mentalités. Par exemple, inviter une star internationale connue afin que ses propos soient relayés par l’ensemble de la presse, dans l’espoir d’un « coup de pub » sans précédent pour les abolitionnistes...

De son côté, le Nichibenren a pris l’initiative inédite d’envoyer un questionnaire à soixante-dix-neuf condamnés à mort détenus dans sept prisons. Cinquante-huit ont répondu. Cette enquête réalisée en janvier 2006, et dont les principaux résultats ont été publiés dans Asahi Shimbun, révèle leurs conditions de vie. Un détenu vit isolé dans une cellule de quatre tatamis (deux mètres sur quatre), avec un WC, un évier et une fenêtre obscurcie l’empêchant de contempler le ciel. Quand il n’a pas d’activité, il doit se tenir assis sur le plancher. Il est filmé vingt-quatre heures sur vingt-quatre, la lumière restant allumée de 21 heures à 6 h 30 du matin pour éviter les suicides. Il lui est interdit de côtoyer d’autres détenus. Il prend sa douche seul. Il doit faire du sport seul, trente minutes deux fois par semaine, à l’intérieur ou sur le toit (deux mètres sur cinq), avec pour seul matériel une corde à sauter. Vingt-cinq pour cent de ces détenus déclarent ne recevoir aucune visite. L’un d’entre eux affirme n’en avoir pas eu depuis dix-sept ans. Pour ceux qui en bénéficient, seuls l’avocat ou la famille sont autorisés.

A la question « Que souhaiteriez-vous ? », les réponses reflètent un besoin d’amélioration immédiate des conditions de vie quotidiennes : regarder le ciel à travers les fenêtres des cellules, faire plus de sport à l’extérieur, dans un espace moins étroit, recevoir de la part de la famille des légumes ou des fruits – car la plupart des détenus sont atteints d’avitaminose due aux repas médiocres et sans crudités qui leur sont servis –, pouvoir éteindre la lumière pendant la nuit, parler avec d’autres détenus, recevoir la visite d’amis, ne plus subir la censure sur les correspondances. « Grâce à la pression du Nichibenren, une prochaine loi de réforme qui devrait être appliquée en juin répondra à certains des souhaits exprimés », affirme M. Yuichi Kaido, avocat très actif dans la défense du droit des prisonniers.

Pour justifier le fait que seules les entrevues avec la famille sont autorisées, les pouvoirs publics font valoir que cela permet aux condamnés à mort de garder la « paix du cœur » et d’accepter tranquillement leur « juste châtiment ». Beaucoup d’entre eux sont contraints de divorcer et n’ont plus aucun contact avec leurs proches. Quelques-uns décident d’avoir recours, par écrit, à un membre d’un groupe de soutien, ou à toute autre personne étrangère à leur famille. Mais toutes les lettres sont soumises à la censure par le personnel pénitentiaire et ne doivent pas excéder un certain nombre de pages. Elles peuvent être détruites si l’autorité considère qu’elles perturbent la « tranquillité » mentale du prisonnier.

L’aveu l’emporte sur la preuve

Confirmant l’apparition de troubles mentaux graves et de névroses causés par l’isolement et les longues périodes de détention, M. Kaido cite le cas d’« un condamné à mort [qui] s’est suicidé à cause de ces conditions de détention ». Selon lui, la nouvelle loi serait plus souple : elle stipulera que, si une personne contribue à la « stabilité mentale » du condamné à mort, elle aura le droit de lui rendre visite et de correspondre avec lui par courrier.

La réforme devrait aussi mieux garantir la confidentialité des entretiens entre l’avocat et le détenu. Pour l’instant, chaque entrevue est supervisée par un gardien de prison qui décide arbitrairement de la durée (de dix à trente minutes), et qui prend des notes. Le ministère de la justice affirme que, dans la plupart des cas, les entretiens n’auront plus lieu en présence d’un garde, sauf « en cas de nécessité ». Les défenseurs des droits des prisonniers espèrent que la nouvelle loi éclaircira ce terme ambigu de « nécessité ».

Autre gros point noir du système judiciaire japonais, les daiyo kangoku (substituts de prison). Ces cellules de détention ont été créées en 1908 au sein des commissariats de police pour pallier le manque de places dans les prisons. Même si, aujourd’hui, il n’y a plus de pénurie, ces daiyo kangoku sont toujours utilisés. Cela crée une confusion entre le système d’interrogatoire et le système de détention, provoquant de fait les aveux forcés de suspects incarcérés. Ceux-ci ne sont pas sous le contrôle de gardiens de prison, mais sous celui de policiers impliqués dans les procédures d’enquête.

« Le Nichibenren demande l’abolition des daiyo kangoku depuis trente ans, et le Comité international des droits de l’homme, depuis 1998 ! », lance l’avocat. Pourtant révisée en mai 2005, la loi sur les prisons a maintenu ce procédé qui permet à la police de détenir un suspect pendant vingt-trois jours consécutifs dans une cellule de commissariat plutôt qu’en centre de détention.

D’après la loi, le prévenu peut garder le silence et avoir un avocat, mais dans les faits ces droits ne sont pas respectés. Selon M. Kaido, « les policiers veulent absolument résoudre l’affaire, que les aveux soient vrais ou faux, car, s’ils les obtiennent, l’affaire est classée ».

Dans la justice japonaise, l’aveu l’emportant sur la preuve, le prévenu qui a avoué ne peut revenir sur ses déclarations devant le tribunal. Les pressions subies lors d’interrogatoires qui peuvent durer plus de dix heures par jour sont autant morales que physiques. Les enquêteurs troublent l’esprit du prévenu en lui montrant des articles de journaux le déclarant coupable, car la présomption d’innocence n’est que rarement respectée par les médias. Certains prévenus présentent des cicatrices ou des bleus sur le visage. « Dans 99 % des cas, le suspect est déclaré coupable », affirment Yu Terasawa et Miyake Katsuhisa, deux journalistes indépendants rencontrés à Tokyo. Ce que confirme, lors d’un entretien, Masami Ito, journaliste au Japan Times.

Lorsque le prévenu peut s’entretenir avec un avocat et qu’il dénonce le harcèlement dont il est victime, son avocat soumet ses déclarations à la cour. Souvent, les défenseurs prennent des risques pour prouver que leur client a été brutalisé. M. Kaido, par exemple, explique : « C’est interdit mais, quelquefois, s’il a des marques, j’utilise mon téléphone portable pour prendre des photos. » C’est dangereux, mais la preuve est néanmoins acceptée.

L’Association des barreaux japonais réclame l’enregistrement vidéo de toutes les procédures, ce qui diminuerait singulièrement les risques de confession forcée. Il suffit de lire quelques-uns des articles tirés du chapitre « Interrogatoire des suspects » du manuel d’enseignement de la police – gardé secret – pour comprendre l’ampleur des dérives et l’attitude abusive des enquêteurs : la « nécessité absolue d’obtenir des aveux » y est clairement indiquée. Pour cela, il faut « être patient et persister ; ne pas sortir de la salle d’interrogatoire avant que le suspect se confesse ; avoir des doutes sur ce que le suspect affirme ; c’est une défaite si vous [l’officier] sortez de la salle ; durant l’interrogatoire, [il faut] garder les yeux sur le détenu ».

Officiellement, M. Kaido n’établit pas de lien entre l’augmentation du nombre de condamnés à mort et le maintien de l’utilisation des daiyo kangoku. Il souligne néanmoins que les condamnés à mort ayant bénéficié de la révision de leur procès, puis libérés car déclarés innocents, avaient tous fait des aveux forcés dans les cellules de détention...

Une lueur d’espoir semble néanmoins s’offrir aux abolitionnistes : la loi du 28 mai 2004, qui entrera en vigueur en mai 2009 (les cinq ans de délai permettant au gouvernement d’informer les citoyens et de mobiliser le système judiciaire, explique-t-on), autorise des personnes à participer aux procès concernant des crimes « de sang » ou des actes considérés comme graves, en qualité de saiban-in (« juges profanes »). Entourés de trois juges professionnels, ces neuf jurés décideront de la culpabilité ou non de l’accusé, et choisiront la sentence, comme pour les procès d’assises en France. Un système juridique similaire a existé de 1923 à 1943, mais il a été suspendu, faute d’utilisation, car le prévenu pouvait alors refuser la présence du jury ; ce qui ne sera plus le cas en 2009.

« Grâce à ce système, les procès refléteront l’opinion générale. Nous espérons que la compréhension et la confiance du public en la justice seront renforcées. Les procès en seront accélérés », explique-t-on au ministère de la justice. Mais le système saiban-inest loin d’être populaire auprès de la population, qui ne souhaite pas endosser une telle responsabilité, ni perdre du temps dans des affaires criminelles qui « ne la regardent pas ». Selon un sondage réalisé en 2005 par le gouvernement japonais, les hommes seraient plus enclins à participer que les femmes, les urbains plus que les villageois, les patrons plus que les employés de la classe moyenne et que les femmes au foyer. Mme Kazuko Ito, chargée au sein de Nichibenren de promouvoir le système saiban-in, a conscience du handicap à surmonter et nous affirme : « Nous devons éduquer et encourager le peuple à participer et à comprendre comment rendre une sentence juste. » Cette formation passe par des brochures, des symposiums, des drama (feuilletons télévisés), le soutien des médias et la mise en place de programmes éducatifs dans les collèges et les lycées.

Mais cela ne fait pas disparaître les appréhensions. A la différence du gouvernement, le Nichibenren n’était pas partisan de la participation de jurés dans le choix de la peine. Entre une population majoritairement favorable à la peine de mort et la campagne médiatique affirmant que, grâce au système saiban-in, il sera possible et naturel d’appliquer la peine capitale, il reste peu de place pour le principe de la présomption d’innocence, qui existe dans les textes mais reste oublié dans les faits. L’association ne renonce pas pour autant et fait pression. Mme Ito précise d’ailleurs : « Avec la collaboration du célèbre Jinpachi Mori [auteur de mangas], nous tentons de médiatiser le système saiban-inet la présomption d’innocence à travers les mangas, qui sont lus par la totalité de la population japonaise. »

De son coté, la Ligue parlementaire pour l’abolition de la peine de mort souhaiterait aussi instaurer un débat général, ouvert à tous, autour de la question : pourquoi la peine de mort devrait-elle être appliquée ? Inviter des intellectuels, des personnes connues, des spécialistes avec des opinions divergentes permettrait, selon elle, de créer de vrais débats. « Cela prouverait au public que la peine capitale n’est pas la seule et unique solution », conclut le secrétaire général de la Ligue.

Il reste à attendre les résultats de l’application du système saiban-inpour savoir si le nombre de condamnés à mort continuera d’augmenter, ou bien, au contraire, s’il sera bénéfique aux partisans d’un moratoire, car l’abolition de la peine de mort est loin d’être à l’ordre du jour.


Pour ceux qui souhaitent connaitre les dernières dépèches, points marquant de l'actu sur ce sujet au Japon, parues ces dernières années sur ce sujet, allez sur le lien suivant (qui se réactualise):

http://www.peinedemort.org/National/pays.php?pays=4

Un rapport très détaillé sur les conditions de détentions:

http://www.jca.apc.org/stop-shikei/epamph/dpinjapan_e.html

Par contre, c'est un casse-tête pour savoir ce que souhaite proposer (ou pas) le PDJ sur la peine de mort. Il serait intéressant de savoir ce qu'il en est. Peut-être l'ami Hosaka arrivera à faire entendre au sein du PDJ sa voix malgré sa défaite aux élections législatives...
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ElectronLibre
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MessagePosté le: 18 Sep 2009 09:55    Sujet du message: Le débat sur la peine de mort relancé au Japon

 Note du Post : 3   Nombre d'avis : 2
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Source : Le Figaro

Régis Arnaud
18/09/2009

La nouvelle ministre de la Justice est connue pour ses positions abolitionnistes.

Le maigre camp des partisans de l'abolition de la peine de mort au Japon a reçu un signal favorable sans précédent du gouvernement d'alternance entré en fonction mercredi. Le nouveau premier ministre, Yukio Hatoyama, a choisi comme ministre de la Justice Keiko Chiba. Cette avocate proche d'Amnesty International est une partisane déclarée de l'abolition de la peine capitale, et veut ouvrir le débat sur le sujet. Une opinion rarement exprimée au Japon, qu'elle partage du reste avec le ministre des Services financiers, Shizuka Kamei. La cause de l'abolition est taboue dans l'Archipel malgré les conditions monstrueuses dans lesquelles est pratiquée la peine de mort. Les motifs de critique commencent dès la procédure pénale japonaise, entièrement fondée sur l'aveu, qui peut conduire à l'erreur judiciaire. Les condamnés, au secret pendant des dizaines d'années, ne connaissent jamais l'heure de leur châtiment et deviennent souvent fous. Ils sont exécutés par pendaison, et leur famille est avertie a posteriori, «pour leur bien», expliquent les bureaucrates du ministère de la Justice. Le cas le plus édifiant : celui d'Iwao Hakamada, un ancien boxeur renommé reconnu coupable du meurtre d'une famille de 4 personnes à Fukuoka (sud du Japon) en 1968 sur des présomptions. En 2006, un des trois magistrats qui l'a condamné, Norimichi Kumamoto, a violé le principe du secret des délibérations en déclarant publiquement qu'il l'avait toujours cru innocent. «J'ai toujours pensé que l'accusation était absurde. Mais je n'ai pas osé aller contre le magistrat principal, qui me dominait par son expérience», se lamente-t-il aujourd'hui. Iwao Hakamada est enfermé dans une cellule sans lumière de 6 mètres carrés depuis 41 ans. «Ses lettres sont celles d'un fou, avec des caractères écrits à la règle», confie sa sœur Hideko Hakamada, frêle vieille dame qui se bat pour sa libération. La Fédération nationale de boxe à laquelle appartenait son frère la laisse souvent entrer sur le ring avant les combats locaux, improbable apparition venue parler de compassion au public hurlant.

Exemple de la Corée du Sud


Il existe bien des parlementaires qui sont contre la peine de mort, mais ils gardent leurs noms secrets par peur d'une sanction électorale. Les différents sondages sur la question laissent apparaître un fervent soutien de l'opinion publique à la peine capitale. L'an dernier, le quotidien conservateur Yomiuri Shimbun, sous le titre «Démasquer la peine capitale», avait publié une série d'articles sur le sujet. Mais son ton, parfois compassionnel à l'égard des condamnés, avait provoqué un tel courrier de lecteurs furieux que le journal s'était senti contraint de publier une nouvelle série d'articles clairement favorables à la peine de mort. «La peine capitale pose la question du contrôle de l'État sur l'individu. C'est pour ça qu'elle n'est pas abordée chez nous, où l'État est très puissant», estime l'avocat Genichi Yamaguchi. Le Japon est pourtant peut-être le premier État abolitionniste de l'histoire : de 794 à 1185, sous l'ère Heian, selon une observance stricte du bouddhisme par l'Etat, la peine de mort fut interdite. Retenu par l'exemple américain, le Japon pourrait être influencé par celui de la Corée du Sud, qui observe un moratoire sur cette question depuis 1997.
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MessagePosté le: 22 Sep 2009 16:05    Sujet du message:

 Note du Post : 4   Nombre d'avis : 1
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jords a écrit:
J'ai une petite question, en France, on a stoppé la peine de mort depuis 80, le milieu carcéral se dégrade et les prisons deviennent surpeuplées (Ndlr: les infos).Au Japon, elle est encore présente, y a-t-il des prisons surpeuplées ou un milieu carcéral qui se dégrade ? Peut être que certains ne trouverons aucuns rapports, cependant, j'aimerai savoir quand même si ces choses d'après vous sont liées.


<hs>0/ Je ne comprend pas ton « Ndlr: les infos » [sic]. Je crois que tu t'es planté là.</hs>
1/ Il me semble que le milieu carcéral japonais tient pas mal de la maison de correction : tu vis au quotidien sous un régime militarisé, qui est supposé remettre les délinquants dans le droit chemin.
2/ Il faudrait savoir quels délits et crimes t'envoient en prison seulement en France mais pas au Japon, et inversement
3/ Il faudrait aussi avoir des chiffres sur les incarcérations d'étrangers, d'immigrés
4/ Et aussi la provenance des coffrés (pas le pays, mais la « cité » s'il y en a une, le milieu social, le métier)

Bref, il manque trop d'informations pour pouvoir comparer.
Je crois aussi qu'il y a des amendes pour certains délits (conduite en état d'ébriété par exemple) dont le coûti te font passer l'envie même de vouloir prendre le volant avec un coup dans le nez en trop.

P!
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eguchi
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MessagePosté le: 30 Sep 2009 09:02    Sujet du message: Re: Japon : Il faut que cessent les exécutions de prisonniers atteints de maladie mentale

 Note du Post : 3   Nombre d'avis : 1
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ElectronLibre a écrit:
[i]
Amnesty International a procédé à plusieurs études dans le monde qui montrent que les personnes ayant des troubles mentaux courent particulièrement le risque de finir dans le quartier des condamnés à mort. Les troubles mentaux peuvent favoriser la commission de crimes

FIN DE L'ARTICLE


J'ai des doutes sur la fiabilité des études faites par Amnesty international
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-Kaonashi-
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MessagePosté le: 09 Oct 2009 21:06    Sujet du message: Re: Japon : Il faut que cessent les exécutions de prisonniers atteints de maladie mentale

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eguchi a écrit:
ElectronLibre a écrit:
[i]
Amnesty International a procédé à plusieurs études dans le monde qui montrent que les personnes ayant des troubles mentaux courent particulièrement le risque de finir dans le quartier des condamnés à mort. Les troubles mentaux peuvent favoriser la commission de crimes

FIN DE L'ARTICLE


J'ai des doutes sur la fiabilité des études faites par Amnesty international

Pour quelle(s) raison(s) ?
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