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les "fansubbers"

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benkun
3eme Dan
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MessagePosté le: 19 Mar 2004 16:41    Sujet du message: les "fansubbers"

 Note du Post : 4   Nombre d'avis : 4
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Lu dans Liberation...

Le clan des sous-titreurs
Mordus d'animations japonaises, les «fansubbers» téléchargent leurs séries préférées, les traduisent et les rediffusent gratuitement sur le Net. Une activité amateur aux lisières de la légalité réalisée par les fans et pour les fans.


Par Marie LECHNER

vendredi 19 mars


«On donne de la gueule aux sous-titres, en faisant des versions karaoké des chansons, en changeant les couleurs en fonction de la personne qui parle...» Christophe, «fansubber» assionnés d'animation japonaise (dite japanim ou anime tout court), ces fans d'un genre particulier consacrent leur temps libre à sous-titrer les derniers dessins animés diffusés au Japon avant de les mettre gratuitement à disposition sur le Net. Le fansub, contraction de l'anglais fan-subtitling, bien qu'illégal, est toléré tant que la série n'est pas licenciée. Cette pratique, qui existe de façon artisanale et limitée depuis l'époque de la cassette VHS, a réellement explosé avec l'arrivée de l'ère digitale.

Christophe, 19 ans, vendeur dans un grand magasin, a commencé le sous-titrage tout seul dans sa chambre de la banlieue parisienne. En cherchant des méthodes sur le Net, il découvre le discret réseau des fansubbers qui l'initient à l'IRC (Internet Relay Chat). C'est là que la communauté des fans d'anime, linguistes amateurs et vidéo-éditeurs improvisés a élu domicile. «L'IRC a permis aux passionnés de se retrouver, de mettre en commun les ressources, de partager les fichiers», explique un fansubber sous couvert d'anonymat.

Organisés en «teams», les membres sont spécialisés dans l'une ou l'autre étape de la production. Première tâche : récupérer les fichiers vidéo bruts («raws») des animations. «Lors de la diffusion d'un nouvel épisode à la télé japonaise, les Japonais l'enregistrent en numérique et le postent sur le réseau souvent le jour même. Les raw-hunters sont chargés de récupérer ces fichiers pour les mettre à disposition des équipes de fansub», explique Christophe. En général, le lendemain de la diffusion japonaise, la première version américaine est disponible. «Le fansub américain, très réactif, est la plaque tournante du fansub international. Les versions françaises sont pour la plupart réalisées à partir des sous-titrages américains, rarement à partir de la version japonaise.» Aux Etats-Unis, le fansub est organisé comme une PME avec de nombreuses équipes (1). Le délai entre la sortie au Japon et l'apparition des premières versions sous-titrées en français excède rarement une semaine, surtout lorsque la série est très demandée.

Fidèles aux détails. Avant de se lancer, Christophe attend toujours d'avoir une seconde version anglaise pour confronter les traductions. «Des fois, il y a des petites blagues grivoises appréciées des Japonais, qui sont zappées par les Américains. Par exemple, à la question "pourquoi la petite fille n'est pas là ?", au lieu de traduire fidèlement par "elle a ses règles", ils ont traduit par "elle est en voyage scolaire". Ça change tout.» Le genre de détail auquel Christophe, qui prend des cours de japonais depuis un an et demi, est particulièrement attentif. Au moindre soupçon, il note les mots phonétiquement et vérifie dans son dico japonais. «On essaye de rester le plus fidèle possible, parfois on garde des mots comme sensei (professeur), des suffixes comme san, des onomatopées... Ce sont des versions qui respectent les fans, ce que les éditeurs ne font pas toujours.»

Après la traduction, place au «timing» qui consiste à caler les sous-titres avec les images. A chacun sa méthode, certains travaillent à partir d'une piste sonore, d'autres utilisent des petits logiciels qui permettent de faire la synchronisation. Suit l'«editing», la mise en forme du sous-titrage. C'est lors de cette phase cruciale que le fansub imprime sa marque et se distingue du DVD par l'utilisation de couleurs, de polices originales, d'effets visuels. «On cherche à donner de la gueule aux sous-titres, en faisant par exemple des versions karaoké des chansons du générique, en changeant les couleurs en fonction de la personne qui parle, en faisant bouger les titres au rythme de la musique.» Un check final permet de vérifier l'orthographe, le style, avant l'encodage et la mise à disposition sur le réseau IRC. Un canal plus opaque que le peer-to-peer, pour éviter l'invasion des non-initiés ou des pilleurs qui se servent sans rien en retour.

«Notre slogan, c'est par des fans, pour des fans, explique Christophe. Les fansubbers sont de vrais otaku qui consacrent tout leur temps libre et leur énergie à ça, pour mettre bénévolement à disposition des fans les animes les plus récentes. Quand je travaille tout seul, je peux consacrer vingt-quatre heures sans dormir à un épisode, afin qu'il soit dispo le plus vite possible, même si l'important, c'est de sortir une version de qualité.»

En France, le fansub explose depuis 2001, avec plus de 150 équipes recensées (2). «Elles se multiplient à un rythme incroyable depuis deux ans, explique le subber anonyme, de nombreuses personnes qui se contentaient de télécharger les vidéos ont sauté le pas et se sont mises à sous-titrer.» D'après Christophe, «si on cumule les teams, il y a environ 75 nouveaux épisodes par semaine. Les Etats-Unis eux en sortent une trentaine par jour.»

Certaines équipes se spécialisent dans les sous-genres comme les yaoi (animations sur l'homosexualité), d'autres ont l'exclusivité d'une série, mais en général, elles traduisent avant tout les séries qu'elles aiment : du shônen (pour les garçons comme le très populaire Naruto, 1 800 téléchargements à chaque épisode) au shojo (pour les filles, séries plus sentimentales comme Onegai Twins), en passant par les mechas (mettant en scène des robots genre Gundam), les comédies romantiques (Love Hina), quitte à ce que la même animation soit sous-titrée par différentes équipes concurrentes. Petits, les fansubbers ont baigné dans l'animation japonaise pendant les années fastes du Club Dorothée, bercés par les Chevaliers du zodiaque, le Docteur Slump, et autre Jeu, set et match. Depuis, à l'exception de quelques grosses productions commerciales, la japanim a quasi disparu des écrans français. Seule alternative, se rabattre sur les magasins spécialisés, et patienter souvent un à deux ans avant que la série n'apparaisse dans les rayons. «En France, il y a eu de vrais ratés, explique le subber anonyme, notamment la diffusion télévisée de séries comme City Hunter (Nicky Larson) ou Ken le Survivant à des gamins de huit ans. Les animes ont été cataloguées sexe et violence, alors que la production japonaise est pléthorique et variée : il y a des séries sur des petits animaux qui boivent du thé, des robots qui défendent la planète, des aventures sentimentales, sportives, c'est cet éclectisme qui en fait le charme. Grâce au fansub, chacun peut trouver sa série fétiche.»

Ethique. Au grand dam des éditeurs qui ont tendance à durcir leur attitude vis-à-vis du fansub, assimilé à du piratage pur et simple. Récemment un gros serveur, Aneia, a préféré fermer suite à une lettre de l'éditeur français Déclic Images, qui rappelait les équipes à l'ordre. Les fansubbers reconnaissent que leur pratique se situe aux lisières de la légalité. Mais ils ne se considèrent pas comme des pirates. «Le fansub s'est forgé une éthique, dès qu'une série est licenciée (qu'un éditeur en acquiert les droits), elle est abandonnée, assure le subber anonyme. Les liens permettant de télécharger le fichier d'une série licenciée sont effacés. Les vidéos sous-titrées ne doivent pas concurrencer le marché officiel, c'est la règle.» Pas toujours suivie à la lettre si l'on en croit les éditeurs. Par ailleurs, «le fansub peut s'avérer nuisible, car les gens qui téléchargent une série ne la rachètent pas forcément quand elle sort sur le marché français, explique le chargé des acquisitions à Déclic Images, c'est difficile de lutter contre l'immédiateté du fansub. Même si on essaie de réduire les délais de parution, dans le meilleur des cas, il faut compter un à deux ans». Ce qui ne l'empêche pas de reconnaître que «le fansub est un moyen de promotion très efficace». Les éditeurs japonais, peu regardants, l'ont compris depuis longtemps. «Notre but, se défend Christophe, c'est de promouvoir la japanim en France, de faire connaître les séries inédites au public francophone, d'inciter les éditeurs à sortir plus d'animes récentes et pas seulement des séries pour les vieux otaku, qui achètent Goldorak.»

(1) www.envirosphere.com
(2) www.animeka.com
http://totoro-news.hoshi-no-fansub.com
_________________
http://www.supercagouille.com/
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