le philosophe azuma hiroki,traduit par "génération otaku" ,aux éditions hachette littératures,suggère que les otaku expriment une mentalité "post-moderne",substituant à l'univers des "grands récits" des "microcrécits" ,sans plus de référence à un modèle premier,se générant les uns les autres ,à la manière d'un pur simulacre.
Les otaku ne refuseraient pas la "réalité" mais simplement,ils savent qu'elle n'existe plus dans un monde où tout est devenu copie et où l'on ne sait même plus s'il existe encore un original ;
Ils s'adaptent aux "pertes des référents" et tentent de donner un "sens" à leur vie".
loin d'une révolte nihiliste,leur attitude est à la fois un commentaire et une et une analyse du monde qui les environne...
C'est un peu vague, il faudrait quelques exemples concrets, mais néanmoins fort intéressant comme approche. _________________ Futur simple : j'aimerai
Conditionnel présent : j'aimerais
Imparfait : j'aimais
Passé simple : j'aimai
Inscrit le: 20 Oct 2007 Pays, Ville: Jiyuudenshirando
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Gaboriau:
Citation:
C'est un peu vague, il faudrait quelques exemples concrets, mais néanmoins fort intéressant comme approche
Je plussoie.
neptune 75,
Voudrais-tu nous parler:
de la crise des métarécits, c'est-à-dire des discours de légitimation produits par une autorité transcendante ?
de la décrédibilisation de ces grands récits auprès des jeunes générations occidentales par exemple, lesquelles générations auraient trouvé, dans la culture otaku, une forme d'élaboration de discours, de représentations de notre monde, un moyen de se raconter qui permet à ces générations de ne pas être re-territorialisées dans les dispositifs répressifs/de contrôle mis en place par l'establishment?
la culture otaku comme instrument d'une auto-définition de soi?
Ferais-tu allusion à quelqu'un comme Jean-François Lyotard?
Citation:
La condition postmoderne: rapport sur le savoir (1979)
Le savoir a connu des bouleversements importants au XXe siècle. Pour Lyotard, ces bouleversements marquent la fin du pouvoir hégémonique de ce qu'il appelle les métarécits de la modernité.
(...)
Lyotard annonce la fin des deux grands métarécits modernes: le métarécit de l'émancipation du sujet rationnel et le métarécit de l'histoire de l'esprit universel. La pensée moderne a longtemps été l'histoire d'un Sujet de la connaissance qui progressait dans sa quête de justice et d'avancement social; il y avait autrefois une autorité qui faisait de cette quête le récit d'une marche vers l'émancipation rationnelle.
wikipedia
Lyotard était dans la lignée de Jacques Derrida sur lequel Azuma Hiroki a fait sa thèse.
Je viens de trouver ce blog
(...)
Dans la mythologie otaku, souligne Hiroki Azuma, « l’individu n’est plus de mise. C’est la tribu qui prévaut. (…) Les jeux de rôle symbolisés dans Otaku rappellent une chose simple : à certaines époques, l’important n’est pas d’exister par et pour soi-même, mais sous et par le regard de l’autre. C’est l’autre qui décide ce que je suis ». L’auteur parle alors d’un narcissisme tribal.
Bien sûr, qui dit otaku ne dit pas déséquilibré mental. Mais seulement le fait qu’un principe de réalité virtuelle semble chasser celui de la réalité tout court. La pratique du « cosplay », de l’anglais « costume playing », qui consiste à se déguiser de la manière la plus ressemblante possible en héros de manga, va d’ailleurs dans le même sens.
(...)
Sailor Moon, Evangelion ou le déclin des grands récits… Les otakus ne rejettent pas toute forme de socialisation mais sont acculés à en élaborer de nouvelles qui, paradoxalement, valorisent les simulacres et la consommation des petits récits. La différence entre petit et grand récit ? L’infinie capacité à représenter le monde ; les petits récits n’étant qu’un ensemble de productions reflétant le même genre de représentations du monde.
Tu as dit que les otaku ne refusent pas la "réalité", neptune 75. Réalité entre guillemets, pourrais-tu nous donner plus de précisions sur ce que ce terme recouvre, dans l'ouvrage d'Azuma Hiroki?
Otaku is now thought to be one of the most important factors in any analysis of Japanese contemporary culture, not only because many artworks and industrial products that originated from otaku culture are internationally accepted, but because their mentalities are beginning to have a great influence on Japanese society.
(...)
The first and the simplest reason is that the otaku is widely regarded as an anti-social, perverted and selfish people who stick to computers, comics, and anime imagery without any real communication or social activities. This kind of prejudice has been prevailing since 1970s, but it was most strong in early 1990s because a famous serial killer in Tokyo, Tsutomu Miyazaki,
(...)
The second cause is that the otaku themselves have a strong collective hostility towards those who cannot or do not share their behaviors.
(...)
The third cause of the neglect of the otaku culture is the most remarkable and interesting, but more complicated. It is connected with a socio-psychological problem of Japanese post-war identity.
(...)
In addition, my point here is that it is the otaku culture that reflects most clearly this mixed, hybrid, bastardized condition; that is, the paradox that we cannot find any Japaneseness without post-war American pop culture. I guess most Japanese intellectuals are feeling a strong psychoanalytical resistance towards admitting this condition.
_________________ "Chez un homme politique, les études c'est quatre ans de droit, puis toute une vie de travers."
(Coluche)
Pour répondre à Electronlibre en ce qui concerne Lyotard:
Citation:
Best-seller au Japon, cet essai du philosophe japonais Hiroki Azuma a le mérite de prendre au sérieux le phénomène 'Otaku', nom donné à ces jeunes (et parfois moins jeunes) fans de mangas, de jeux vidéos et de dessins animés, qui ne vivent qu'entre eux et avec comme passion exclusive ces produits culturels dont ils ne cessent de produire et consommer les produits dérivés (figurines, fanzines, romans tirés de dessins animés, dessins animés tirés d'un personnage de manga, etc .). Véritables acteurs d'un phénomène en perpétuelle croissance depuis les années 1980, qui touche une frange significative de la jeunesse japonaise, leur 'mouvement' a créé un gigantesque marché et gagne aujourd' hui toutes les jeunesses occidentales, via le succès mondial du manga. Ce succès n'est-il pas le signe que la culture Otaku touche à quelque chose de profond de l'évolution de nos sociétés ? En analysant sans les juger les produits qui façonnent cette culture, Hiroki Azuma décèle, en s'appuyant sur les apports de la philosophie française contemporaine (Lyotard, Baudrillard.. .), certaines des grandes caractéristiques de la post-modernité (perte des repères, des Grands Récits, de la frontière entre l'original et la copie, entre auteur et consommateur, création en réseau, etc .). Parallèlement, il observe dans notre post-modernité les raisons profondes du succès grandissant de cette culture Otaku. Une culture très japonaise qu'on aurait tort de circonscrire au Japon...
J'avais feuilleté il y a quelques temps le livre en librairie et avait remarqué que l'auteur allait même jusqu'à considérer certains détails vestimentaires des personnages de Mangas/JVs/animés pour en tirer des interprétations psycho-sociologiques sur le comportement des Otakus.
Je ne vais pas aller plus loin dans la critique car je n'ai pas lu le livre et mes souvenirs sont assez vagues mais j'avais trouvé l'approche originale quoi qu'un peu capillotractée lors de certains passages.
Pour avoir écouté plusieurs fois ce journaliste/philosophe en conférence (au CERI) et avoir lu son premier ouvrage (celui traduit en langue française), je dois bien admettre qu’il présente et décrit le phénomène otaku avec beaucoup d’arguments assez novateurs. Même si l’on peut s’interroger quelques fois sur des raisonnements « un peu tirés par les cheveux » et une fin un peu ratée, il me serait difficile de ne pas conseiller cet ouvrage. Nonobstant, je pense qu’il faut se donner le temps de la lecture. Les premières pages demandent tout de même de bonnes notions de philo et un peu de socio pour être comprises. Il développe par la suite ses idées sur le concept de « Kyara » (Cara), de la fin des grands récits et des différences entre les générations d’otaku par exemple. Il a d’ailleurs bien du mal à définir ce terme multiforme.
Le concept de Kyara/Caractère (ou personnage), pour résumer rapidement, permet à Azuma de faire comprendre à ces lecteurs l’idée des personnages préfabriqués de toutes pièces (tels des legos) par les auteurs pour plaire le plus possible aux otaku. Ces pièces (petites ailes dans le dos, tel ou tel vêtement, type de coiffure, attitudes, etc.) sont issues de bases de données regroupant tous les caractères les plus reconnus. À chaque morceau correspondent un ou des caractères (mignonne, naïve, violente, triste, etc.). Ainsi crée, le personnage peut alors librement être utilisé sur tous les supports possibles (bd, série Tv, jeux vidéos, figurines, etc.) pour faire marcher le commerce. Il n’y a donc plus de créations, mais simplement des variations sur des éléments reconnus par les otaku pour les otaku. Le support et les récits ne sont guère importants. Ne compte que le phénomène d’attraction que dégage le personnage sur les futurs clients. Azuma ne renie pourtant en rien le travail de certains artistes qui continuent de choisir une autre manière de créer.
Encore une fois, l’on peut discuter de certaines idées ou d’arguments parfois faillibles, mais la grande majorité des idées émises par Azuma sont intéressantes et méritent que l’on achète/lise son ouvrage. Il est dommage que le message de neptune75 ne soit pas plus clair.
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