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TOKYO (AFP) - Après quatre ans de négociations difficiles, le Japon et l'Iran ont signé un accord de deux milliards de dollars pour exploiter conjointement le gisement pétrolier d'Azadegan, un des plus prometteurs du monde, en dépit de "la profonde inquiétude" de Washington.

L'accord a été paraphé mercredi soir à Téhéran. Un consortium japonais, dirigé par la compagnie d'exploration pétrolière Inpex, détiendra 75% du projet. Les Iraniens contrôleront les 25% restants via la firme d'Etat NIOC (National Iranian Oil Company) et une de ses unités, NICO, a précisé un porte-parole du ministère du Commerce lors d'une conférence de presse jeudi à Tokyo.

Cet accord doit permettre au Japon de s'assurer d'une source d'approvisionnement régulière de brut. L'Archipel importe presque la totalité de ses besoins en pétrole et a besoin de diversifier ses sources d'energie devant la rapide montée en puissance économique de la Chine.

Azadegan (nord-ouest de l'Iran) est considéré comme le gisement pétrolier le plus important du pays et ce projet comme le plus ambitieux onshore depuis la Révolution islamique de 1979.

C'est aussi le plus gros projet japonais dans le secteur pétrolier.

Selon la presse iranienne, les réserves du gisement sont estimées entre 35 et 45 milliards de barils. La presse japonaise cite le chiffre de 26 milliards de barils.

Le contrat a une durée de 12 ans et demi. La production doit démarrer en 2007.

"Il est prévu que la première production de pétrole aura lieu dans 40 mois au niveau de 50.000 barils par jour", selon un communiqué conjoint.

Les deux partenaires visent à atteindre une production de 150.000 barils par jours dans 52 mois, puis de 260.000 d'ici huit ans, précise ce texte.

Les deux tiers doivent être exportés vers le Japon, selon la presse iranienne.

Selon un responsable du ministère de l'Energie, il est "possible" que des entreprises américaines et européennes se joignent ultérieurement au projet.

Les négociations entre le Japon et l'Iran, qui ont noué des relations très étroites depuis des années, avaient commencé en 2000 mais avaient achoppé à plusieurs reprises.

L'Iran avait accordé des droits de négociation préférentiels au Japon qui s'est en retour engagé à garantir un crédit de 3 mds de dollars sur trois ans à Téhéran. Mais ces droits étaient arrivés à échéance en 2003 sans que le marché ait été conclu, la crise "nucléaire" iranienne ayant interféré.

Washington, qui avait tenté de convaincre Tokyo d'abandonner son projet en raison de ses soupçons concernant le programme nucléaire de Téhéran, s'est déclaré "déçu" mercredi par l'intention du Japon de participer au développement d'Azadegan. L'Iran est placé sous embargo économique par les Etats-Unis.

"Nous restons très préoccupés par les accords de ce genre et sommes déçus qu'ils puissent progresser", a déclaré le porte-parole du département d'Etat, Richard Boucher, indiquant que Washington avait prévenu Tokyo de son désaccord.

"Nous avons constamment fait valoir notre point de vue. Le gouvernement japonais est conscient de nos vues sur ce sujet", a-t-il déclaré.

"Le gouvernement japonais maintient fermement ses positions concernant les questions nucléaires de l'Iran", s'est efforcé de rassurer le ministère des Affaires étrangères. "Nous nous félicitons des récents engagements de l'Iran à coopérer avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA)", souligne un communiqué.

"Nous espérons vraiment que l'Iran respectera entièrement les résolutions de l'AIEA et ses obligations liées au Traité de non-prolifération (TNP), évitant ainsi des situations qui entraveront le développement des relations entre le Japon et l'Iran", conclut-il.