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" Kachigumi " et " Makegumi "

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Herikutsuya
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MessagePosté le: 23 Déc 2007 21:24    Sujet du message: " Kachigumi " et " Makegumi "

 Note du Post : 3.5   Nombre d'avis : 2
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En relation avec le topic de Lamentoc ' Caricature ou fait reel " et les interventions brillantes d'Electronlibre , je pense que la comprehension des termes de mon titre pourrait apporter des outils de reflexion au topic sus-cite mais par peur du hors-sujet , j'en cree donc un nouveau.
Pour les non-japonisants , que peut bien signifier ces mots ' barbares ' Kachigumi et Makegumi ?
Il faut savoir qu'on les entend dans de nombreuses conversations et les journaux se delectent de les employer tout comme chez nous avec ' France d'en haut ' et ' France d'en bas '.
" Kachigumi " et " Makegumi "signifient respectivement " Clan des gagnants " et " Clan des perdants " ( Decidement , on va dire que j'insiste ! ).
Comme ils existent et sont frequemment usites , il me semble donc important de savoir ce qui se cache derriere ces qualificatifs.
N'ayant pu le trouver par Internet , je vais donc maintenant vous faire un petit resume d'un article interessant traitant de la question de la revue Geo de fevrier 2007 auquel j'y ajoute quelques commentaires personnels( Ils seront ecrits en rouge ) :


" Kachigumi " et " Makegumi " ont surtout ete utilises des 1945 par la communaute japonaise vivant au Bresil pour distinguer ceux qui refusaient la defaite , Les Victoristes , et ceux qui semblaient se satisfaire d'etre des perdants " Makegumi ".
Ces expressions seront reutilisees apres la crise economique des annees 1990 par les medias afin de differencier les entreprises qui avaient survecu et celles qui n'avaient pu s'adapter.
Entreprises gagnantes : Celles qui avaient cible le nouveau marche des pauvres , les fameux ' Hyaku en shop ' ( ¥100 SHOP ) et les chaines de fast-food a bon marche mais aussi les Start-up de la telephonie , de l'Internet et de la communication qui avaient choisi d'employer peu de salaries et d'avoir beaucoup de sous-traitants voire meme d'embaucher un P.D.G non japonais ( Sony et le celebre Carlos Ghosn de Nissan qui remontera l'entreprise apres avoir pratique un tsunami de licenciements ).
Entreprises perdantes : Celles qui ne s'etaient pas armees pour la mondialisation ni delocalisees en Chine pour les taches les moins specialisees.
De l'entreprise , ces qualificatifs vont ensuite gagner la societe toute entiere.
La societe japonaise a toujours ete connue pour son esprit de competition mais guere pour son egalitarisme ( Ceci dit , le partage des plats que l'on mange entre amis dans les Isakayas notamment pourrait faire office d' argument pour affirmer le contraire.Ainsi , quelques japonais ont parfois pris cet exemple pour me montrer a quel point la societe francaise etait bien plus individualiste que la societe japonaise dont ils vantaient son sens du partage.)
Selon la sociologue Chie Nakane , la societe japonaise serait une societe verticale tres hierarchisee comme le montre de facon caricaturale Amelie Nothomb dans ' Stupeurs et Tremblements '.
Cependant , il y a 10 ans , personne ne faisait la distictinction entre " Gagnants " et " Perdants ".
D'ailleurs , au contraire d'aujourd'hui , on evitait d'etaler sa richesse ( Allez a Ashiya , Shugukawa Nord , Okamoto , Motomachi pour Kobe et Kita Shinchi pour Osaka et vous verrez que les voitures grand luxe s'affichent toute l'annee.)
Vous savez a peu pres tous sur ce forum que le ' fameux ' modele egalitaire japonais en prend un sacre coup lorqu'on fait reference aux Burakamin , Hinnin , Eta-Hinnin rejetes socialement encore aujourd'hui ( et qui fournissent moultes personnes aux effectifs des Yakusas , plus de 60 % des Yamaguchi en sont , Yakusas redoutes de la partie Ouest du Japon).Le quartier Nagata de Kobe est majoritairement compose de cette population discriminee depuis longtemps , c'est d'ailleurs la que l'aide Yakusa a ete la plus precieuse apres le tremblement de terre de 1995. De meme que les japonais d'origine coreenne installes depuis des siecles apportant bouddhisme , ecriture et epouses pour les empereurs entre autres.
Ceux-la ont deja pris conscience de leur statut de " perdant ".
Aujourd'hui , il faut y ajouter les personnes vivant en dessous du seuil de pauvrete , 15 % de la population japonaise en fevrier 2007 ( Je vous renvoie au post de Electronlibre avec les chiffres exacts et actuels.)
Qui compose cette societe d'en bas ' La Karyu Shakai ' ?
- Les ' Homeless ' ( A noter que le mot n'est pas japonais , dedouanement de responsabilite ) ?
On les retrouve dans les parcs , sur les bancs publics ( Qui disparaissent de plus en plus a Kobe depuis que j'y suis , notamment sur la Flower Road.Faisons deguerpir ces hommes qu'on ne saurait voir ? ) , sous les ponts de chemins de fer Jr a Osaka ou le long de la riviere Sumeda a Tokyo.
- Les journaliers ou chomeurs qui meurent dans l'indifference puisqu'ils n'ont aucune protection sociale.
Ce sont eux les grands perdants de la politique de licenciements massifs entre 1997 et 2004 sans mesure sociale ( Formation , reconversion.)
Le feu chauffeur de taxi devait appartenir a cette categorie.
- Ceux qui se contentent d'un repas par jour , environ 1 million de gens en fevrier 2007.
Ils n'ont pas de travail mais beneficient d'une aide sociale.
- Les familles surendettees dont les personnes qui les composent seraient 8000 a se donner la mort chaque annee.
- Ensuite , ceux exclus des statistiques , les NEET ou Nito ages entre 15 et 35 ans : Ni employes , ni etudiants , ni stagiaires.( Faites l'experience , demandez a votre entourage ce qu'ils pensent des NITO et vous vous rendrez compte a quel point ils sont mal consideres en general " Bande de paresseux qui passent leur vie a jouer aux Pachinko , etc... )
L'augmentation de la delinquance au Japon serait-elle la resultante de cette societe a 2 vitesses ? Doit-on proteger les hommes plutot que soutenir les entreprises ? ( FIN DU RESUME )



Voila donc 2 questions qui se posent a l'echelle mondiale.
On a beau parler de l'Harmonie japonaise ' , ce pays est touche par les memes maux que les autres pays industrialises a un degre moindre certes.Selon moi , le capitalisme cree des inegalites qui ne cesseront de croitre avec le temps , meme le Japon dans ses propres frontieres illustre ce fait.Des gouvernants nous disent que la creation de richesse profite a tous , alors buvons donc ces paroles en esperant ne pas se reveiller avec la gueule de bois.Le communisme ayant echoue , y'a t-il un meilleur systeme ? Et puis , dans mon cas , ai-je le droit de me plaindre , puisque je profite pleinement de ce systeme ?
En y reflechissant , le capitalisme finalement , n'est-ce pas une competition ?
Ca donnerait forcement des gagnants et des perdants , je me dis alors que les expressions ' Makegumi ' et ' Kachigumi ' ont de beaux jours devant elles.
La competition fait-elle progresser ? Est-elle utile ? Une societe sans inegalites ne serait-elle pas ennuyante a mourir ? La vie n'est-elle pas inegalitaire des le depart ? Une societe qui favorise les inegalites respecte-t-elle la vie de ses concitoyens ?
Au Japon , on a l'impression que le mot respect prend tout son sens , que la plupart des gens y sont gentils alors on se plait a y vivre.Naivete ?
On sait en effet que la societe japonaise ne respecte pas certains de ces membres qui la composent , comme tous les autres pays en fait.
On entend souvent ' le respect , ca se gagne ! ' , tiens on retrouve la competition.
Une foule de questions me viennent a l'esprit , je vous rassure , ce n'est guere pour vous pousser a faire Hara-Kiri , mais pour que les philosophes de ce forum eclairent ma pauvre lanterne.
Pour en revenir a mon sujet , le terme ' Makegumi ' s'est tellement etendu qu'il n'est pas rare de l'entendre pour qualifier des personnes qui se sentent tristes en particulier les femmes : Malheureuses en couples , femmes celibataires apres 30 ans , etc...
Sur ce , joyeux Noel a tous et desole pour la noirceur de certains propos.
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ElectronLibre
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MessagePosté le: 24 Déc 2007 08:22    Sujet du message:

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Le post d'Herikutsuya a permis de mettre en perspective le phénomène de paupérisation d'une frange de la population japonaise. Cet échange avait débuté sur le fil "Caricature ou fait réel?":
http://www.forumjapon.com/forum/viewtopic.php?t=17677
...fil sur lequel j'avais fourni une série de liens permettant d'accéder à des sites dont les données chiffrées sont, je crois, proches de la réalité.

La discussion m'a remis en mémoire un article que j'ai trouvé dans
Cahiers du Japon, n°104, été 2005. Cet article a été rédigé par Yamada Masahiro, professeur à l'université Gakugei de Tôkyô. Certains d'entre vous connaissent-ils cet article? Si non, les extraits que je vous livre vous donneront un aperçu de ceux que vivent les nouveaux marginaux du Japon; les données chiffrées étant indispensables mais non suffisantes pour comprendre ce qui a fondamentalement changé dans cette société.

Citation:
(...) Mais ce clivage statistique, quantitatif, ne reflète pas nécessairement le fossé qualitatif que les gens ressentent dans leur vie. Les Japonais ont de plus en plus conscience que l'écart se creuse. En témoigne notamment, la couverture des inégalités par les médias, et aussi l'attention que reçoivent, même en dehors du cercle étroit des spécialistes, des ouvrages universitaires consacrés à la rupture sociale, comme Nihon no keizai kakusa (les inégalités économiques au Japon, 1998), de Tachibanaki Toshiaki, Fubyôdô shakai Nihon (le Japon, une société d'inégalité, 2000) de Satô Toshiki et Kaisôka Nihon to kyôku kiki (La stratification du Japon et la crise de l'enseignement, 2001) de Kariya Takehiko.
Révélatrice aussi à cet égard est l'occurence de plus en plus fréquente dans les médias de termes tels que gagnants (kachigumi) et perdants (makegumi). (...) La population active est de plus en plus divisée entre d'un côté les gens qui ont un emploi fixe à plein temps et de l'autre la masse des "indépendants" (freeters), et des rapports des médias suggèrent que la seconde catégorie est elle-même en train de se subdiviser en "freeters gagnants" et "freeters perdants". (...) des expressions comme makeinu jinsei (une vie de chien perdant) et kachiinu jinsei (une vie de chien gagnant), tirées de Makeinu no tôboe (le hurlement du chien perdant), le livre de Sakai Junko publié en 2003, font désormais partie de notre vocabulaire usuel.
(...) la société est en train de se diviser en deux classes - une classe supérieure constituée de personnes ayant des perspectives d'avenir et une classe inférieure faite d'individus qui n'en ont pas. C'est ce phénomène que j'ai baptisé "inégalité des espérances".
Par "inégalité de statut", j'entends un écart qualitatif que les gens ne peuvent combler par une dose normale d'efforts. (...) le fossé qualitatif qui sépare le statut des travailleurs réguliers de celui des "indépendants" est beaucoup plus profond. Les freeters ont davantage de mal à acquérir un savoir-faire dans un métier particulier, à obtenir de la reconnaissance pour la tâche accomplie, à éprouver le sentiment de sécurité que procure la certitude que l'on continuera à avoir du travail et, dans le cas des hommes, à être considérés comme un partenaire éventuel en vue d'un mariage.
(...)
L'existence d'inégalités économiques et sociales ne suffit pas à générer le mécontentement social. L'échec des pays communistes et de diverses entreprises publiques dans le monde capitaliste nous enseigne que l'absence de disparités économiques peut inhiber l'envie de travailler. Mais des inégalités trop marquées risquent d'avoir le même effet.
(...)
La population active est de plus en plus scindée entre les gens qui ont un haut niveau de savoir-faire, et qui jouent donc un rôle de premier plan dans l'économie, et les travailleurs non qualifiés sur lesquels ils s'appuient. Les premiers peuvent compter sur un traitement favorable en échange des efforts qu'ils fournissent, qu'ils soient salariés ou travailleurs indépendants, alors que les seconds sont voués à rester à jamais dans la précarité. Les freeters, aussi dur qu'ils puissent travailler, n'ont pratiquement jamais accès au statut d'employé "nucléaire" d'une entreprise ou de travailleur indépendant respecté. C'est là que réside la source du creusement de l'inégalité des espérances qu'on observe au Japon.
(...)
L'approche qui consiste à encourager les gens à "persévérer dans l'effort" n'est pas plus satisfaisante. L'idée est que les personnes en situation d'échec resteront motivées pour peu qu'on leur donne d'autres occasions de tenter leur chance. C'est ainsi que les gagnants voient le monde, mais comme l'a dit un freeter que j'interrogeais: "J'en ai ras-le-bol qu'on me demande de persévérer dans l'effort." Quand ces gens-là bénéficient d'un complément de formation, tentent à nouveau leur chance et échouent derechef, cela ne fait que renforcer leur sentiment d'échec et les rapproche du désespoir.

D'après "Kibô kakusa shakai no tôrai", extrait du mensuel Chûô Kôron, décembre 2004, p.56-65. ... pour ceux qui d'entre nous qui lisent couramment le japonais et arriveraient à retrouver ce mensuel. J'ai mis en rouge certaines expressions qui ont attiré mon attention...mais c'est toute la citation que j'aurais dû peindre en rouge Laughing Laughing

Navré de n'avoir pu vous montrer l'article dans son intégralité, il comporte une petite partie historique montrant clairement ce qui a changé dans la société japonaise. L'auteur ne récuse pas la compétition. Mais quel sens donner à cette compétition lorsque les gagnants et les perdants sont toujours les mêmes, dans une situation dont le paramétrage demeure inchangé, et que les perdants n'arrivent pas à faire, dans leur vie professionnelle, le saut qualitatif qui leur procurerait plus de sécurité. Evidemment, Herikutsuya, la compétition fait progresser, on gagne en compétences et en expertise. Evidemment, l'inégalité existe dès le départ et c'est elle qui motive tous nos efforts pour ne pas être largués en cours de route et pour mieux vivre. L'inégalité est naturelle. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir ce que les sociétés humaines en font et comment chaque société l'interprète.

Rajout: Purée! J'étais sur le point d'oublier Embarassed : JOYEUX NOËL Ding dong à tous les forumeurs du site. Ravi d'échanger des idées avec vous. Smile
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remuka
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MessagePosté le: 24 Déc 2007 11:42    Sujet du message:

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Je veux juste régair à ça :
Citation:
La societe japonaise a toujours ete connue pour son esprit de competition mais guere pour son egalitarisme (...)
La perception de la société japonaise moderne (le qualificatif a son importance) comme particulièrement égalitariste, nulle besoin d'aller la chercher juste dans les izakaya. Jusqu'il y a quelques années, c'était cette conception qui prévallait pour beaucoup de monde, avec pour une forte majorité de la population un sentiment d'appartance à "la classe moyenne" (avec tout ce que ca peut vouloir dire). On parle là d'une impression des principaux intéressés, non d'un fait quantifiable, hein. Tu précises justement qu'il y a dix ans, personne ne faisait de distinction entre les exlus de la croissance et les autres... Wink (et prendre Nothomb comme référence pour une analyse sociologique, ça ne fait pas très sérieux).

Sinon je plussoie le contenu de ton message : au Japon on est champion pour faire semblant de ne pas voir ce qu'on a devant le nez, et prétendre que ça n'existe pas. Si on entend moins parler de la paupérisation d'une partie de la pouplation qu'en France par exemple, c'est que pour la plupart des gens, ça entre par une oreille, et ça ressort par l'autre (peut être en partie l'effet : distrayons l'attention avec des faits divers sordides dans les médias), ou qu'on refuse d'évoquer le sujet. Ici, les gens avec de l'argent nont pas honte de le dépenser de façon ostentatoire, c'est même limite bien vu (les Japonais marchent beaucoup à la jalousie... AH bon, les Français aussi Wink ). Et la pauvreté peut faire parfois l'impression d'être une tare...

Une partie des causes du problème est peut-être à chercher du côté de l'emploi en intérim : législation laxiste, facturation fantaisiste, campagnes limite mensongères (d'un part-time à un boulot de seishain ! - vous avez du voir ce genre de posters dans le train - le problème c'est que c'est généralement faux). Ces entreprises, véritables marchands de travail, exploite le rejet d'une partie de la population pour le modèle traditionnel (= un jeune diplomé gagne peu, va progresser très lentement, mais aura une certaine sécurité d'emploi : le problème est que la sécurité de l'emploi se fait de plus en plus rare), en leur vendant du rêve et une flexibilité qu'ils présentent comme du confort. Du confort, certes, mais du confort pour qui ? ...
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MessagePosté le: 24 Déc 2007 14:32    Sujet du message: Agences d'intérim, et tu trimes pour rien.

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remuka a écrit:
Une partie des causes du problème est peut-être à chercher du côté de l'emploi en intérim : législation laxiste, facturation fantaisiste, campagnes limite mensongères (d'un part-time à un boulot de seishain ! - vous avez du voir ce genre de posters dans le train - le problème c'est que c'est généralement faux). Ces entreprises, véritables marchands de travail, exploite le rejet d'une partie de la population pour le modèle traditionnel (= un jeune diplomé gagne peu, va progresser très lentement, mais aura une certaine sécurité d'emploi : le problème est que la sécurité de l'emploi se fait de plus en plus rare), en leur vendant du rêve et une flexibilité qu'ils présentent comme du confort. Du confort, certes, mais du confort pour qui ? ...


Ah! Réaction en chaîne, Remuka.
Je te suis quand tu parles du côté mensonger des publicités vantant les mérites des boîtes d'intérim. Comme tu l'as dit, et comme Herikutsuya semble le penser, le statut d'exclu au Japon a profondément changé. Il y a 10 ans, sinon un peu plus, on pouvait encore être classé parmi les exclus sans pour autant avoir perdu toutes ses chances de trouver un emploi à vie, surtout si on avait à son actif des études dans une université hyper-cotée. Mais, actuellement, ce n'est plus le cas: exclu plus qu'hier moins que demain?
Là où par contre je ne te comprends plus, c'est quand tu dis qu'une partie des causes du problème est à chercher du côté de l'emploi en intérim. Ou alors tes doigts ont fourché sur le clavier parce que tu étais aussi occupé à préparer les sapin de Noël.
L'emploi en intérim reste de l'emploi en intérim; ce n'est pas, je crois, la pièce défaillante du système. C'est le secteur de l'emploi à vie qui pose problème; c'est là que se font les plus gros profits, c'est là que se font également les réductions de personnel les plus drastiques qui soient, c'est là qu'on exploite au maximum ceux qui ont la "chance" de garder le boulot et ce afin de minimiser la part des nouvelles recrues en CDI. L'emploi en intérim pouvait encore être considéré, jadis, comme l'antichambre d'accès à un poste stable et rémunérateur dans une compagnie; du moins, c'est ce qu'on a cru. Aujourd'hui, c'est un chemin qui ne mène nulle part.
Ce ne sont pas les agences d'intérim qui modèlent le paysage économique d'un pays; elles servent certes du travail mais elles servent avant tout à maintenir l'illusion qu'il y a encore des portes de sortie. Elles ne sont qu'une façade. L'essentiel, ce sont les manoeuvres beaucoup plus sournoises effectuées par les compagnies côtées en bourse, compagnies qui n'arrêtent pas de redéfinir les règles du jeu sur le marché de l'emploi et, probablement, de transmettre leurs consignes aux agences d'intérim: "On veut des esclaves formatés comme-ci ou comme ça de mode! Surtout, évitez le profil X, on veut pas de problème avec, hein? Vous leur donnez de l'espoir mais pas trop quand même. Vous faites ce qu'on dit et votre commission sera plus conséquente!" (C'est pas une citation, j'essaie d'être sarcasto-cynique, ça me détend, pardon!)
Et comme les syndicats, si j'en crois ce que je lis et entends, présentent un encéphalograme plat, et que les mouvements de protestation sociale qui finissent par des défilés ne sont plus monnaie courante au Japon, il y a du souci à se faire. Moi, ce que je me demande, c'est: quand est-ce que les Japonais en auront marre de s'entendre conter des boniments et commenceront à secouer ouvertement le cocotier? Ben oui quoi, ça suffit la promotion à l'ancienneté et au seul diplôme, qu'on mette des compétents qui ont maîtrisé l'art de la survie aux postes stratégiques.
Euh! JE-ME-CALME. Oui, oui, c'est Noël. Je me calme.
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MessagePosté le: 24 Déc 2007 15:21    Sujet du message:

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A vrai dire, je ne vois pas trop en quoi nos propos sont divergents en fait... Tu dis que le problème est à chercher du côté des "emplois à vie", qui sont de moins en moins nombreux, et qui n'entrent à priori pas dans les couches de la population touchées par la paupérisation. Alors OK on leur met la pression plus qu'avant, mais ce sont généralement loin d'être les premiers à morfler lors d'une restructuration... D'ailleurs maintenant, le statut de seihsain, c'est au bout de combien de temps ? 2-3 ans de baito, et autant de keiyakushain ? Pour beaucoup de jeunes qui sortent d'universités correctes (sans être tôdai & co.), on peutgagner plus, plus vite avec les boites de haken. Et c'est la ou le bas blesse pour moi...

On vend du rêve aux intérimaires, qui espèrent pouvoir entrer dans une grosse boite, sachant qu'au final ils n'auront rien du tout, pas même de retraite. Et la dessus, l'Etat japonais qui crie à la précarisation de la jeunesse et le premier à leur servir la soupe...
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MessagePosté le: 24 Déc 2007 15:27    Sujet du message:

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Citation:
D'ailleurs maintenant, le statut de seihsain, c'est au bout de combien de temps ? 2-3 ans de baito, et autant de keiyakushain ? Pour beaucoup de jeunes qui sortent d'universités correctes (sans être tôdai & co.), on peutgagner plus, plus vite avec les boites de haken. Et c'est la ou le bas blesse pour moi...


Pourtant Remuka j'ai lu il y a quelques temps que les jeunes diplomés qui sortiront de l'uni en 2008 se sont vu offert (ou se verront offrir) en moyenne 2,5 propositions de contrat de seishain lors de leur recherche d'emploi. On y parlait même de certaines grosses boites qui invitaient les parents à une journée d'info avec buffet et cadeux afin que ceux-ci influence le choix de leur rejetons. Certes, j'imagines bien que les diplomés des unis réputées font monter la moyenne par rapport au reste, mais je me dis qu'avec une telle situation sur le marché du recrutement, la case "haken" est loin d'être un passage obligé. Alors ou se trouve la vérité et les vrais causes ?
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MessagePosté le: 24 Déc 2007 16:43    Sujet du message:

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Pour repondre a Electronlibre :
Justement , pourquoi le statut d'exclu a-t-il change ?
Parce qu'il y a eu une crise economique qui s'est traduite par des licenciements massifs.
Comme l'a souligne Remuka , les gens vivaient jusqu'alors avec le sentiment d'appartenir a une classe moyenne que je qualifierais pour ma part de plutot aisee , les billets de 10000 yens etaient moins rares qu'aujourd'hui pour la majeure partie de la population de l'epoque.
Seulement en 1997 , la realite l'a rattrapee ! Quelle realite ?
Et bien celle qu'on a beau s'appeler Japon, on n'en est pas moins dependant de la mondialisation.J'ai la naivete de penser que les lois du marche s'accompagnent toujours de crise economique , le Japon ayant montre alors qu'il ne faisait pas exception.
D'ailleurs , quelles en sont ses lois au marche mondial ?
Delocalisations , precarisation du travail , licenciements quand ca va mal et meme parfois quand ca va bien , etc... ( pour les aspects negatifs ) et augmentation des richesses en particulier celui du capital qui peut etre reinvesti ensuite , productivite , echanges commerciaux , competitivite si on considere que c'est un avantage , etc ... ( pour les aspects positifs ).
D'ou les entreprises ' Makegumi ' qui n'avait pu anticiper la crise.
Bref , on a licencie sans reconversion sociale dans certains cas.Pourquoi ?
Pour rendre le Japon competitif sur la scene internationale.Forcement , ca laisse des gens sur le carreau d'ou mon couplet sur l'utilite de la competition parce que , pour moi , ce n'est pas un probleme exclusivement japonais mais un probleme a l'echelle mondiale.
Citation:
Evidemment, Herikutsuya, la compétition fait progresser, on gagne en compétences et en expertise

Permettez-moi de ne pas etre forcement d'accord , cela depend sous quel angle on se place.D'accord , ca pourrait faire evoluer sur un plan technique et technologique mais qu'en est-il sur un plan humain et moral ?
Et puis , le progres a-t-il vraiment besoin de la competition ? Ne peut-on pas agir pour le bien de l'humanite sans pour autant vouloir vaincre un quelconque adversaire ?
Or dans le cadre d'un pays , l'adversaire n'est-il pas represente par les autres pays ? Si le pays en question regle sa propre pauperisation , cela ne signifierait-il pas qu'il en a cree chez les autres puisqu'il serait " vainqueur" ?
Les syndicats forment certes des groupes de pression mais a une echelle mondiale , que peuvent-ils ?
Si les syndicats japonais etaient forts , quel pouvoir auraient-ils sur les travailleurs thailandais bien heureux d'etre employe par une entreprise delocalisee ?Pourraient-ils empecher les delocalisations ? J'en doute.
Il y a bien eu le communisme et son ' Internationale ' mais force est de constater que cela a echoue.
Comme le conclut l'article de Geo , soit on protege les hommes et alors la competitivite risque d'en souffrir ou bien on soutient les entreprises et alors on s'expose a des inegalites croissantes a moins que les gouvernants qui estiment que la richesse profite a tous n'aient raison.
Voila ce que voulait souligner mon post en prenant pour base les termes ' Kachigumi ' et ' Makegumi ' , symbole de la competition pour moi.
Cette derniere est-elle profitable a l'interet commun ?
N'y voyez pas une reflexion de gauchiste , je n'ai personnellement aucune reponse , juste des questions.
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Dernière édition par Herikutsuya le 25 Déc 2007 03:06; édité 1 fois
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MessagePosté le: 24 Déc 2007 17:12    Sujet du message:

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Maitre K a écrit:
Pourtant Remuka j'ai lu il y a quelques temps que les jeunes diplomés qui sortiront de l'uni en 2008 se sont vu offert (ou se verront offrir) en moyenne 2,5 propositions de contrat de seishain lors de leur recherche d'emploi.
Je suis curieux de voir l'article ou tu as lu ça. Et à défaut, les universités en question, et les jobs proposés...

Alors effectivement, on recrute des jeunes diplomés. A 200 000 yen par mois pour un jeune diplomé (un peu plus pour les bonnes facs, nettement moins pour une jeune diplomée). Si tu vis seul à Tokyo, je te garantis que ça ne fait pas lourd. Et si tu es seishain, il faudra te taper les zangyou gratuites, faire passer les collègues plus agés (mais parfois moins capables) avant toi, fermer ta gueule des années, pour une sécurité de plus en plus aléatoire (et c'est bien ça le problème)...
Et en face, en haken, on te fait miroiter un meilleur salaire, des horaires à la carte, et la même insécurité - je comprends que les gens qui sortent d'une fac moyenne (sachant que tout les DRH se plaignent d'une baisse du niveau général des étudiants, même des facs dites "d'éilte", due en partie à la baisse de natalité) soient plus qu'hésistants à sacrifier leurs meilleures années pour un avenir de plus en plus incertain.

Maitre K a écrit:
On y parlait même de certaines grosses boites qui invitaient les parents à une journée d'info avec buffet et cadeux afin que ceux-ci influence le choix de leur rejetons.
Vu le prix des facs au Japon, normal qu'ils veulent en mettre plein les yeux aux paents avant que ceux-ci investissent toutes leurs économies la dedans il me semble...
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MessagePosté le: 25 Déc 2007 01:12    Sujet du message:

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Citation:
Je suis curieux de voir l'article ou tu as lu ça. Et à défaut, les universités en question, et les jobs proposés...


La dernière fois que j'ai vu ces chiffres mentionnés, c'était dans le journal économique qui passe sur TV-Osaka le soir à 23h00 (je suppose donc aussi TV-Tokyo). Une émission assez sérieuse en général. Mais ce n'était pas les seuls à avancer ces chiffres.

Une petite recherche sur le net me donne ceci:

http://www.works-i.com/flow/survey/bairitsu2008.html

J'ai pas encore eu le temps de tout lire, mais il me semble qu'il s'agit bien de ce dont on parle ici.

Citation:
Alors effectivement, on recrute des jeunes diplomés. A 200 000 yen par mois pour un jeune diplomé (un peu plus pour les bonnes facs, nettement moins pour une jeune diplomée). Si tu vis seul à Tokyo, je te garantis que ça ne fait pas lourd.


Oui mais, il ne fait pas oublier ce qui va avec le contrat de seishain: les bonus, l'aide au logement, le remboursement des transports, la participation aux assurances, les divers réductions auprès de partenaires etc... etc... Si on compare le salaire seul, effectivement le système haken peut sembler plus intéressant. Mais si on fait le décompte en profondeur avec les avantages et les économies "cachés", il est quand même évident qu'un statut de seishain est souvant plus intéressant.

Citation:
Vu le prix des facs au Japon, normal qu'ils veulent en mettre plein les yeux aux paents avant que ceux-ci investissent toutes leurs économies la dedans il me semble...


Heu... non, je ne parlais pas des facs mais de recruteurs qui invitent les parents de leur (peut-être) futurs employés afin de les convaincre que la société XYZ représente le meilleur avenir pour leur enfant. A ce stade, les futurs diplomés en sont à leur 3ème ou 4ème année de fac, ça fait longtemps qu'elles sont payées leurs études.
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MessagePosté le: 25 Déc 2007 04:09    Sujet du message:

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Nos propos ne sont pas divergents, Remuka. Je voulais juste dire que le problème ne vient pas, à proprement parler, des agences d'intérim. Comme tu l'as dit, il faut voir du côté des législations laxistes dont tu parles, législations qui ont été adoptées avec l'aval du gouvernement japonais, avec toute la propagande que nous savons; je te cite:
Citation:
Une partie des causes du problème est peut-être à chercher du côté de l'emploi en intérim : législation laxiste, facturation fantaisiste, campagnes limite mensongères (d'un part-time à un boulot de seishain ! - vous avez du voir ce genre de posters dans le train - le problème c'est que c'est généralement faux).


Ces agences d'intérim font leur blé parce que les exclus du système sont obligés de recourir à leurs services et y retournent plus d'une fois, faute d'accéder à un CDI. Parlant du statut des exclus, Herikutsuya,
Citation:
pourquoi le statut d'exclu a-t-il change ?
Parce qu'il y a eu une crise economique qui s'est traduite par des licenciements massifs.

... et, j'ajoute, parce que les entreprises encore dominantes sur le marché du travail en ont profité pour changer la donne. Elles se sont aperçues qu'elles peuvent fonctionner avec moins de main-d'oeuvre qu'auparavant et que, pour rester dans la course au profit, il vaut mieux recruter de la matière grise. Les exclus ont été transformés en variable que l'on ajuste en fonction des besoins de l'entreprise. En bref, les entreprises ont mis à profit la crise consécutive à l'éclatement de la bulle en 1990 pour modifier les règles du recrutement, avec pour conséquence la fragilisation du statut du salarié, en général, et la pérennisation du statut d'exclu pour la majorité des refoulés.

Et puis, Herikutsuya, dans ton premier post, tu avais parlé de compétition en alignant une série de questions questions que j'ai interprétées dans le cadre de notre discussion sur l'emploi et le non-emploi. Tu utilises les mots capitalisme, compétition, inégalités, forcément, je te réponds sur ce plan là, d'où mon:
Citation:
Evidemment, Herikutsuya, la compétition fait progresser, on gagne en compétences et en expertise.

Si on ne parle que de compétition dans un contexte économique, je crois que nous sommes d'accord. J'ai été clair, je crois, avec les mots compétences et expertises, ou alors je dois revoir mon dico. Si tu parles des effets de cette compétition sur les relations interpersonnelles et sur le vivre ensemble en société, ça élargit vachement le débat.
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