[Argetlamh]

Le Japon cherche de plus en plus à ouvrir ses centres de recherche vers l'étranger. Cela se manifeste notamment par une volonté de plus recourir à l'anglais même si, comme nous en avons parlé sur ce forum (lien), il y a encore beaucoup de chemin à faire.

Un récent article de Nature (Nature 447, 362-363, 24 Mai 2007, lien) nous révèle qu'un autre signe est la prochaine mise en place de "World Premier International Research Centers" (les demandes de budget sont finalisées cette semaine). L'objectif est de créer cinq centres, dont le financement sera compris entre 3 et 12 millions d'euros, pour une période pouvant aller jusqu'à 10 ans.

Ce projet ambitieux part d'un constat partagé par tous : la recherche japonaise souffre d'isolement, culturel, géographique, linguistique.
A première vue, les résultats sont pourtant plutôt bons (deuxième rang mondial en nombre de publications scientifiques entre 1996 et 2006), mais ils sont encore largement perfectibles : l'Allemagne atteint presque le même nombre avec moitié moins de financement, et le Japon n'est "que" cinquième en terme d'articles à fort impact.

Partant de ce constat (qui pourrait toutefois être contrasté en prenant en compte le fait que la recherche japonaise est souvent à visée industrielle, et que les grands succès de ce coté ne comptent pas en publications), les autorités ont décidé que les cinq centres, qui seront sélectionnés en Septembre par un panel international, serviront de vitrines de la recherche japonaise, et devront donc fortement attirer à l'international. En conséquence, le financement sera soumis à une condition de recrutement : 30% des 200 chercheurs devront être étrangers, de même que 10-20% de la vingtaine de responsables des recherches.

Ces centres s'inscriront dans une lignée qui reste pour l'instant une exception et dont les représentants actuels sont le Okinawa Institute of Science and Technology (qui a ouvert cette année et annoncé un objectif de recrutement de l'ordre de 50% d'étrangers), le RIKEN Center for Developmental Biology (CDB) de Kobe (qui a ouvert en 2002 et accueille 10% de chercheurs étrangers), et RIKEN Brain Science Institute (ouvert en 1997, pour qui la proportion s'élève à 20%).

Reste à surmonter un obstacle de taille, très bien résumé dans l'article par Douglas Sipp (responsable des relations internationales) : Les conditions de travail ne font pas tout. Tout l'environnement (circulaires en anglais, école pour les enfants, etc.) doit être plus facile à gérer pour les étrangers.

En bref, ça avance, pas à pas, mais il y a encore du chemin à faire.

[Argetlamh]

Les résultats ont été annoncés : cinq centres sont sélectionnés pour devenir des World Premier International Research Centers.
La répartition géographique est "intéressante", c'est beau la politique dans la recherche...

Enfin bref, voici les heureux gagnants :
- WPI Research Center for Atom-Molecule-Materials, Tohoku University.
- Institute for the Physics and Mathematics of the Universe, University of Tokyo.
- Institute for Integrated Cell-Material Sciences, Kyoto University.
- Osaka University Immunology Frontier Research Center, Osaka University.
- International Center for Materials Nanoarchitectonics, National Institute for Materials Science (Tsukuba).

La page web officielle vous fournira plus de détails sur la mission de chaque centre, si cela vous intéresse : en anglais, ou en japonais.